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Le week-end qui n'a rien changé

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    Un an après: Le week-end qui n'a rien changé
    par M. Saadoune


    Le 14 août 2009, les jours de repos hebdomadaire des Algériens ont changé. Un an après, ils ont adopté le nouveau régime qui n'a rien changé dans leurs habitudes. Pour les gains engrangés par l'économie, le bilan reste à faire. La réforme du «week-end» est- elle ratée ?

    A la rentrée 2008 et avec l'approbation silencieuse et intéressée de l'Etat, ArcelorMittal d'El-Hadjar, «NCA» de Rouiba et Air Liquide Algérie sont passés au week-end dit «semi-universel», c'est-à-dire au repos hebdomadaire le vendredi et samedi au lieu du jeudi et vendredi. Ils s'alignaient ainsi sur le repos des banquiers qui a été également adopté par des compagnies d'assurances et de téléphonie mobile. L'objectif était clairement annoncé: se rapprocher du week-end universel pour réaliser des gains financiers et/ou de productivité dans leurs rapports avec l'étranger.
    Le 14 août 2009, le week-end «semi-universel», soit vendredi-samedi, était généralisé à l'ensemble du pays. Techniquement, cela ne devait être qu'un décalage, le vendredi remplaçant le jeudi, avec une demi-journée de travail ouvrable. Avec une telle transposition, la majorité des Algériens en repos pouvaient accéder à des services publics ouverts (banques, administrations…). L'économie algérienne gagnait ainsi la totalité du jeudi et une demi-journée du vendredi. Elle se rapprochait de la norme universelle.
    L'Etat algérien, croyait-on, montrait ainsi - conformément d'ailleurs à une lecture stricte de la religion - que si la prière du vendredi était une obligation, le repos hebdomadaire ce même jour ne l'était pas. Le gouvernement avait tous les arguments religieux à opposer à d'éventuels contradicteurs islamistes ou fondamentalistes. Décréter le vendredi jour ouvrable, le désacraliser en quelque sorte, ne posait pas de problème religieux, mais il comportait un risque, réel, d'impopularité dans une société qui a pris des «habitudes».

    La sacralisation du vendredi

    Le gouvernement n'a pas osé toucher aux habitudes et donc au vendredi qui est ainsi sacralisé et rend difficile le passage pur et simple au week-end universel. Ainsi, un an, après l'entrée en vigueur du nouveau week-end, le gros des Algériens a tendance à répondre que «rien n'a changé» dès lors que le vendredi est toujours «préservé». Beaucoup regrettent même leur «jeudi» - qui n'a pas été remplacé par le samedi - où ils pouvaient aller à la banque et dans d'autres services publics.
    Désormais, ces actes sont pris, de fait, sur le temps de travail. Certains, cultivant l'optimisme, estiment que la généralisation de l'utilisation de la carte bancaire devrait suppléer au fait que désormais tout le monde s'est mis au «repos du banquier». Cela mettra encore du temps quand on apprend que plus de 50% des cartes bancaires distribuées en Algérie ne sont pas utilisées. Mais hormis ces désagréments, le week-end semi-universel, parce qu'il n'a pas touché aux habitudes, est désormais adopté par les Algériens.

    Heureux, les banquiers

    Ceux qui ont le plus profité du nouveau week-end sont les employés des banques: leurs familles se reposent les mêmes journées qu'eux. Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association bancaire et des établissements financiers (ABEF), estime que les établissements bancaires ont gagné au change. «Il n'y a plus de séparation entre le monde économique et bancaire, du fait qu'il y a optimisation des relations durant 5 jours par semaine». Dans le secteur économique, on se retrouve avec une diversité de week-ends même si le gros s'aligne sur la tendance générale du vendredi-samedi.
    Au plan économique, alors que des estimations - non officielles - chiffraient les pertes dues au «week-end spécifique» entre 500 et 600 millions de dollars, on n'a pas encore une évaluation de l'incidence économique d'une année de «week-end semi-universel». Abderrahmane Benkhalfa, de l'ABEF, a estimé qu'il y a un gain de productivité et les échanges entre entreprises de l'ordre de 20%.
    On peut supposer qu'avec le «gain» du jeudi, des progrès ont été effectivement enregistrés. Mais sur le fond, le but de la réforme était bien de tendre vers le week-end universel et il n'est pas sûr qu'on ait vraiment avancé. Le recul sur le vendredi en a fait une réforme inaccomplie et velléitaire. Pour les économistes, le gouvernement n'a fait que couper la poire en deux et l'Algérie continue à perdre de l'argent en s'abstenant de sauter le pas. La désacralisation du vendredi aurait pu préparer les Algériens dans ce sens pour peu que l'on organise les choses de manière à ce que la prière du vendredi puisse être aisément accomplie par les pratiquants.
    Quotidien d'Oran
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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