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Des ministres et des chiffres

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    Des ministres et des chiffres

    Décidément, nos ministres ne savent vraiment pas compter. S’il est vrai que ce n’est pas eux qui calculent les chiffres des activités de leurs secteurs, ils ne font rien comme travail sur les rapports qui leur sont présentés. Cette semaine, nous avons eu droit à le vérifier par deux fois. La première fois c’était concernant le Salon international du livre d’Alger (Sila), d’octobre-novembre 2009, qui aurait accueilli pas moins de un million cinq cent mille personnes.
    Soit, si le compte est bon, cent vingt mille visiteurs par jour, ce qui fait quinze mille hommes, femmes et enfants par heure, en moyenne. Considérant la surface consacrée aux exposants, il aurait fallu que les gens se marchent les uns sur la tête des autres pour pouvoir seulement arpenter les allées aménagées entre les stands. Si des stands pouvaient trouver place.
    La seconde fois, ce sont les calculs scabreux concernant les aides aux nécessiteux durant le ramadhan. Le ministre en charge de la Solidarité nationale aurait pu prendre le temps de compulser les dossiers qui lui ont été remis avant de venir s’épancher devant la presse. Il avait jusqu’à la fin du mois.
    Il vient donc nous annoncer que 5 millions de repas seront servis et que 1 600 000 couffins seront distribués durant le mois de jeûne. Pour marquer l’importance de l‘opération, il nous fait part de la consistance de l’enveloppe financière qui a été consacrée. Elle s’élèverait à 3 milliards de dinars, un chiffre rond. Puis il va même dans le détail. Le coût du couffin varierait entre 3 500 et 5 000 DA. On ignore ce que coûte le repas, alors on va juste s’occuper du coût des couffins. On ne va même pas faire une moyenne entre le moins coûteux et le plus coûteux. On va prendre le moins cher et vérifier le montant global. Autrement dit, estimer la dépense publique comme s’il n’y avait que les plus «petits couffins». Hypothèse basse par excellence, les un million six cent mille couffins aurait coûté cinq milliards six cent millions de dinars. Faites la multiplication, c’est ce que cela donne. Soit deux milliards six cent millions de dinars de plus. La différence représente, à quelque chose près, l’enveloppe officielle que le ministre a annoncée.
    Rappelons que n’ont pas été comptés les cinq millions de repas et que c’est à partir du couffin le moins cher que l’estimation est faite. Qu’est-ce qui a bien dû se passer ? Avec trois milliards de dinars et les coûts unitaires déclarés, toujours en hypothèse basse, on aurait plus qu’environ neuf cent mille bénéficiaires, sans les restos et leurs convives.
    Les réponses possibles se trouvent dans la chaîne administrative qui préside à la gestion de la pauvreté qui ne brille pas par la rigueur et dans sa hiérarchie ministérielle qui ne vaut pas mieux, dans le domaine. Le même ministre nous informe que les demandeurs d’aide sont moins nombreux de soixante mille, cette année. Après les estimations à l’emporte-pièce, on se demande comment il peut être aussi précis sur la baisse de la demande d’aide. Il se garde bien sûr d’en tirer que la pauvreté a diminué, même si l’allusion n’est pas gratuite et que la suggestion est patente. Les déboires de son prédécesseur et du ministre des Affaires religieuses, sur la question, ont dû être pour quelque chose dans cette prudence.
    On peut même dire que soixante mille pauvres de moins ce n’est pas très significatif. D’autant que l’évolution démographique peut avoir éliminé par les décès une bonne part d’entre eux ou que les absents étaient malades ou tout simplement que les comptes, ceux de l’an dernier et ceux d’aujourd’hui sont faux, au même titre que les montants présentés pour les couffins du ramadhan.
    Ce qui pourra rassurer un jour, c’est lorsqu’il sera question d’autre chose que de nourriture, pour parler de pauvreté. Car tant que nous sommes encore à essayer de faire manger tout le monde, c’est que tout ne va pas comme cela devrait être. A commencer par avoir une administration qui fait son travail et qui sait, surtout, compter.
    Le Jour d'Algérie
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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