Par Abdelmadjid Bouzidi
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L’économie tunisienne est souvent présentée par les institutions financières internationales, forums internationaux et autres publications internationales spécialisées comme une économie performante, compétitive et presque prospère.
Pourtant, à y regarder de plus près, on peut y déceler nombre de fragilités qui rappellent tout simplement celles qui caractérisent les économies du Sud qui peinent à «émerger» comme ont pu le faire les «BRIC» et autres «dragons» asiatiques.
Quelques données chiffrées
Economie tunisienne AlgérieAgrégats200820092010(Prévision)2009Taux de croissance4,53,13,83,2PIB44,943,543,5152(En mds de USD) PIB/hbt (en USD)4.3464.1714.1224.850Investissement brut (En % PIB)25,924,827,418%IDE4,83,53,40,8(En % PIB) Epargne brute (en % PIB)22,121,822,954%Réserves de changes (En mds USD)910,610,1147,2Dette extérieure totale (En mds USD)20,621,419,93,92Dette publique totale (En% PIB)43,342,843,37,5Commentaires
1) La croissance est atone et reste insuffisante pour résorber le chômage important (14,5 %) qui frappe surtout les jeunes diplômés.
2) La dette extérieure est importante (le double des réserves de changes) même si pour l’instant elle reste soutenable.
3) La balance commerciale est déficitaire : le taux de couverture a été de 75,2 % en 2009 et sera de 73,2 % en 2010 (prévision).
La Tunisie importe plus qu’elle n’exporte alors même que le moteur principal de sa croissance économique est censé être constitué par les exportations. En fait, les exportations tunisiennes restent à fort contenu d’importations.
La Tunisie réexporte plus qu’elle n’exporte : son industrie est une industrie de bout de chaîne : assemblage, finition, légère transformation.
4) La croissance économique est tirée principalement par les services marchands : transports, tourisme, services bancaires... et l’industrie manufacturière de bout de chaîne.
Structure du PIB
Secteurs20092010Agriculture et pêche8,98,4Industrie manufacturière17,115,9Industrie non manufacturière14,415,7Services marchands4343,5Services non marchands16,616,55) La Tunisie est fortement dépendante, dans ses relations économiques et commerciales, de l’Union européenne. Celle-ci représente 76 % des recettes d’exportation de biens de la Tunisie, 84 % de ses recettes de tourisme, 88 % des transferts des Tunisiens à l’étranger et 73 % des entrées d’IDE (2007/2008). On comprend, dès lors, comment tout ralentissement de l’activité au sein de l’Union européenne a des conséquences négatives sur l’économie tunisienne, comme cela a été le cas en 2009 et risque de l’être encore en 2010.
6) La croissance économique en Tunisie repose beaucoup plus sur les exportations que sur le marché intérieur dont la taille, tant physique que financière, est insuffisante pour assurer dans la durée une croissance forte. Or, nous venons de voir que les exportations tunisiennes présentent deux fragilités :
a/ Elles sont à fort contenu d’importations
b/ Elles sont peu diversifiées tant du point de vue des produits que des partenaires géographiques (principalement l’Union européenne).
En pourcentage du PIB, la balance commerciale de la Tunisie est structurellement déficitaire.
Solde de la balance commerciale (En % du PIB)
200820092010-8,9-8,5-10,9
7) Pour assurer des taux de croissance satisfaisants, «la Tunisie considère sa politique d’ouverture comme un axe fondamental, et ce, malgré la crise économique internationale » (dixit le FMI). «Le but des autorités est d’accroître les échanges commerciaux au-delà de ses marchés traditionnels... A cet effet, la Tunisie a conclu un accord commercial préférentiel avec l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et poursuit des négociations avec la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne et du Proche-Orient» (FMI). Nous pouvons ajouter pour notre part que dans le cadre des tentatives de construction du Maghreb économique, la Tunisie reste le pays le plus actif.
8) Dans le cadre de la diversification de son économie et de l’extension de son spectre d’exportation, la Tunisie développe actuellement les secteurs de services à haute valeur ajoutée (Tic, services de santé, services aux entreprises, logistique) en utilisant la main-d’œuvre qualifiée disponible. Dans ce cadre, des réformes dans le système universitaire sont engagées pour former davantage de spécialistes en sciences et technologies.
9) Enfin, il faut aussi mentionner la nouvelle stratégie industrielle de la Tunisie qui repose essentiellement sur la sous-traitance, l’off-shoring, l’intégration dans les chaînes de valeur internationales.
A. B.
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