En instance de divorce et menacée d'expulsion, elle dit ses craintes
Amina a peur de la burqa
En Algérie, sa famille pratique un islam rigoriste qui s'assortit de privation des libertés individuelles.
La nouvelle est tombée lundi. Un vrai coup de massue pour Amina Bensmain. Le récépissé de demande de carte de séjour de cette jeune Algérienne de 24 ans n'a pas été renouvelé par la préfecture de Loire-Atlantique. La voilà sans-papiers, contrainte de mettre un terme prématuré à son CDD d'auxiliaire de vie sociale en maison de retraite et dans l'attente douloureuse d'une décision administrative d'obligation de quitter le territoire français.À la réception de ce document, Amina disposera d'un délai d'un mois pour former un recours devant le tribunal administratif. L'éloignement d'office ne pourra se faire tant que le juge n'aura pas statué. Un sursis qui ne rassure guère Amina.
« Je suis d'une famille musulmane très traditionnelle. Mon oncle, qui fait office de chef de famille depuis le départ de mon père il y a plusieurs années, est partisan d'un islam qui n'a rien de modéré, s'inquiète la jeune femme originaire de Sidi Bel Abbès. Si je retourne là-bas, il m'obligera à porter la burqa, m'empêchera de sortir, me présentera aux yeux de tout le monde comme une infidèle qui s'est mariée à un Occidental, puis qui a divorcé ».
L'idée même de ces entraves aux libertés de la femme terrifie Amina. La jeune femme est arrivée en France en janvier 2008 pour « suivre son amour » français, rencontré en Algérie. Ils se sont mariés en décembre de la même année. Mais leur relation s'est rapidement dégradée, au point de se séparer en décembre dernier. Amina quitte alors Mouzillon et trouve refuge à la Bottière, à Nantes, dans un appartement de l'Association nationale d'entraide féminine (Anef). Cette rupture la prive de fait de titre de séjour.
« Un choix courageux »
« Elle s'est retrouvée dans une situation très délicate, explique Cynthia de SOS Femmes, association qui accompagne les femmes victimes de violence conjugale. Soit elle restait au domicile de son mari pour pouvoir garder ses papiers, soit elle partait en estimant que sa situation était devenue intolérable. Elle a été courageuse et a fait ce deuxième choix. Mais, aujourd'hui, elle doit apporter les preuves de violences physiques qu'elle a subies ». Des éléments difficiles à fournir.
« Une loi très récente (Ndlr : du 9 juillet 2010) va améliorer la protection des étrangers victimes de violences conjugales, mais les décrets d'application ne sont pas encore parus », précise Me Fleur Pollono, l'avocate de la jeune Algérienne. D'ici là, Amina vit dans la crainte d'une possible expulsion.
Jérôme Jolivet
« Si je retourne là-bas, mon oncle m'empêchera de sortir »
presseocean
Amina a peur de la burqa
Le titre de séjour d'Amina, 24 ans et séparée de son ex-mari français, n'a pas été renouvelé par la préfecture de Loire-Atlantique. Photo Arnaud Jaffré
En Algérie, sa famille pratique un islam rigoriste qui s'assortit de privation des libertés individuelles.
La nouvelle est tombée lundi. Un vrai coup de massue pour Amina Bensmain. Le récépissé de demande de carte de séjour de cette jeune Algérienne de 24 ans n'a pas été renouvelé par la préfecture de Loire-Atlantique. La voilà sans-papiers, contrainte de mettre un terme prématuré à son CDD d'auxiliaire de vie sociale en maison de retraite et dans l'attente douloureuse d'une décision administrative d'obligation de quitter le territoire français.À la réception de ce document, Amina disposera d'un délai d'un mois pour former un recours devant le tribunal administratif. L'éloignement d'office ne pourra se faire tant que le juge n'aura pas statué. Un sursis qui ne rassure guère Amina.
« Je suis d'une famille musulmane très traditionnelle. Mon oncle, qui fait office de chef de famille depuis le départ de mon père il y a plusieurs années, est partisan d'un islam qui n'a rien de modéré, s'inquiète la jeune femme originaire de Sidi Bel Abbès. Si je retourne là-bas, il m'obligera à porter la burqa, m'empêchera de sortir, me présentera aux yeux de tout le monde comme une infidèle qui s'est mariée à un Occidental, puis qui a divorcé ».
L'idée même de ces entraves aux libertés de la femme terrifie Amina. La jeune femme est arrivée en France en janvier 2008 pour « suivre son amour » français, rencontré en Algérie. Ils se sont mariés en décembre de la même année. Mais leur relation s'est rapidement dégradée, au point de se séparer en décembre dernier. Amina quitte alors Mouzillon et trouve refuge à la Bottière, à Nantes, dans un appartement de l'Association nationale d'entraide féminine (Anef). Cette rupture la prive de fait de titre de séjour.
« Un choix courageux »
« Elle s'est retrouvée dans une situation très délicate, explique Cynthia de SOS Femmes, association qui accompagne les femmes victimes de violence conjugale. Soit elle restait au domicile de son mari pour pouvoir garder ses papiers, soit elle partait en estimant que sa situation était devenue intolérable. Elle a été courageuse et a fait ce deuxième choix. Mais, aujourd'hui, elle doit apporter les preuves de violences physiques qu'elle a subies ». Des éléments difficiles à fournir.
« Une loi très récente (Ndlr : du 9 juillet 2010) va améliorer la protection des étrangers victimes de violences conjugales, mais les décrets d'application ne sont pas encore parus », précise Me Fleur Pollono, l'avocate de la jeune Algérienne. D'ici là, Amina vit dans la crainte d'une possible expulsion.
Jérôme Jolivet
« Si je retourne là-bas, mon oncle m'empêchera de sortir »
presseocean
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