Par Siham Ali pour Magharebia à Rabat – 23/07/10
L'épidémie de SIDA connaît deux rythmes de croissance au Maroc : l'un pour la population globale, l'autre chez les professionnelles du sexe. Mais malgré les préoccupations d'une transmission de cette maladie par les prostituées, les campagnes de sensibilisation au "rapports protégés" rencontrent certaines résistances.
"Bien que la prostitution ait toujours existé au Maroc, elle est difficile à admettre par la société marocaine jugée conservatrice", explique la sociologue Ilham Berachi, qui ajoute que de nombreuses personnes voient ces efforts de sensibilisation à la prévention de la maladie comme un encouragement à la prostitution.
Pour les militants de la société civile, le dilemne est le suivant : comment changer les états d'esprit sans paraître favoriser la prostitution.
Salim Badaoui, un salarié de Rabat, fait partie de ceux qui critiquent les efforts faits par les organisations pour aider les prostituées. Il considèle les campagnes de sensibilisation au SIDA comme une incitation claire à la débauche.
"Nous sommes une société conservatrice et nous devons nous efforcer de conserver notre particularité", a-t-il expliqué à Magharebia. La prostitution est illégale et passible de prison au Maroc.
Mais comme le souligne la députée Fatima Moustaghfir, la prostitution a toujours existé dans toutes les sociétés du monde. Bien qu'il pénalise le phénomène, le Maroc a toujours connu une population de professionnelles du sexe.
"Il faut sensibiliser ces femmes pour qu’elles puissent se protéger contre les maladies et éviter qu’elles contaminent les autres", explique-t-elle.
Sur un population totale de 30 millions de personnes, le Maroc n'enregistre que près de 22 700 cas de VIH, avait expliqué l'an dernier le Dr Aziza Benanni, du ministère marocain de la Santé, mais les autorités espèrent empêcher toute augmentation.
Mieux sensibiliser aux risques du SIDA est également important à la fois pour les prostituées et leurs clients, souligne Abdelbari Zemzemi, député et imam.
Quand on les sensibilise, on ne les encourage pas. Au contraire, on les incite à bien connaître les dangers qu’elles encourent. Il s’agit plutôt d’une dissuasion", explique-t-il.
Pour Mourad Choumali, employé de banque, "chaque citoyen a le droit de savoir". Les prostituées, explique-t-il, sont un groupe vulnérable qui doit être éduqué pour éviter le pire.
Samira, une prostituée de 32 ans, explique que les gens devraient se garder de tout jugement hâtif. "Il faut qu’on sache que nous sommes aussi des êtres humains vulnérables", a-t-elle déclaré à Magharebia. "Nous respectons la société marocaine et nous ne dévoilons pas ce que nous faisons à nos familles et nos voisins car nous savons pertinemment que c’est inacceptable par la société."
"Ce sont les circonstances qui nous ont poussées à nous adonner à cette profession. Nous devons au moins être sensibilisées au lieu d’attraper le SIDA et diffuser la maladie au Maroc", affirme-t-elle. "Je n’ai jamais senti que les séances de sensibilisation soient une incitation à continuer dans la même voie."
Malgré les critiques, la société civile marocaine s'est engagée dans la lutte contre le SIDA. L’Association marocaine de lutte contre le SIDA (ALCS) et l’Organisation panafricaine de lutte contre le SIDA (OPALS) ont des programmes dédiés à ce qu’elles appellent "les professionnelles du sexe".
Elles organisent des sessions pour enseigner aux prostituées à se protéger et à éviter l'infection. Il apparaît en effet que plus le niveau d'éducation est important, plus l'usage de préservatifs est répandu.
Pour les femmes qui s'adonnent à la prostitution, ces ON^G apportent de nombreuses ressources. L'ALCS, par exemple, propose des sessions consacrées au planning familial, aux droits de l'Homme, au respect de soi-même, à l'usage correct de préservatifs et à la manière de persuader les clients de les utiliser.
Aïcha, 38 ans, se prostitue depuis l’âge de 20 ans. Elle explique à Magharebia qu'il n'est pas facile de convaincre ses clients d'utiliser un préservatif.
"Certains l’utilisent sans que je le demande, mais que la plupart des clients refusent de le porter. Je n’ai jamais pu exiger cela. Mais grâce à des séances de sensibilisation de l’ALCS, j’arrive récemment à persuader les clients à mettre le préservatif", explique-t-elle.
Pour les professionnelles du sexe qui n'ont jamais participé à ces sessions de formation, la situation est toute différente.
La plupart des travailleuses du sexe manquent des connaissances de base sur la manière de prévenir le SIDA et les autres maladies sexuellement transmissibles, a montré l'OPALS dans son enquête sur les prostituées marocaines réalisée en 2008.
Sur les quelque 500 professionnelles du sexe interrogées, 483 ont indiqué avoir eu plus de 50 clients en une seule semaine. Sans rien connaître des MST ni du SIDA.
Plus de 43 pour cent de ces prostituées n'utilisent aucune protection lors des rapports sexuels. Près de 30 pour cent d'entre elles n'ont jamais fréquenté l'école.
L'épidémie de SIDA connaît deux rythmes de croissance au Maroc : l'un pour la population globale, l'autre chez les professionnelles du sexe. Mais malgré les préoccupations d'une transmission de cette maladie par les prostituées, les campagnes de sensibilisation au "rapports protégés" rencontrent certaines résistances.
"Bien que la prostitution ait toujours existé au Maroc, elle est difficile à admettre par la société marocaine jugée conservatrice", explique la sociologue Ilham Berachi, qui ajoute que de nombreuses personnes voient ces efforts de sensibilisation à la prévention de la maladie comme un encouragement à la prostitution.
Pour les militants de la société civile, le dilemne est le suivant : comment changer les états d'esprit sans paraître favoriser la prostitution.
Salim Badaoui, un salarié de Rabat, fait partie de ceux qui critiquent les efforts faits par les organisations pour aider les prostituées. Il considèle les campagnes de sensibilisation au SIDA comme une incitation claire à la débauche.
"Nous sommes une société conservatrice et nous devons nous efforcer de conserver notre particularité", a-t-il expliqué à Magharebia. La prostitution est illégale et passible de prison au Maroc.
Mais comme le souligne la députée Fatima Moustaghfir, la prostitution a toujours existé dans toutes les sociétés du monde. Bien qu'il pénalise le phénomène, le Maroc a toujours connu une population de professionnelles du sexe.
"Il faut sensibiliser ces femmes pour qu’elles puissent se protéger contre les maladies et éviter qu’elles contaminent les autres", explique-t-elle.
Sur un population totale de 30 millions de personnes, le Maroc n'enregistre que près de 22 700 cas de VIH, avait expliqué l'an dernier le Dr Aziza Benanni, du ministère marocain de la Santé, mais les autorités espèrent empêcher toute augmentation.
Mieux sensibiliser aux risques du SIDA est également important à la fois pour les prostituées et leurs clients, souligne Abdelbari Zemzemi, député et imam.
Quand on les sensibilise, on ne les encourage pas. Au contraire, on les incite à bien connaître les dangers qu’elles encourent. Il s’agit plutôt d’une dissuasion", explique-t-il.
Pour Mourad Choumali, employé de banque, "chaque citoyen a le droit de savoir". Les prostituées, explique-t-il, sont un groupe vulnérable qui doit être éduqué pour éviter le pire.
Samira, une prostituée de 32 ans, explique que les gens devraient se garder de tout jugement hâtif. "Il faut qu’on sache que nous sommes aussi des êtres humains vulnérables", a-t-elle déclaré à Magharebia. "Nous respectons la société marocaine et nous ne dévoilons pas ce que nous faisons à nos familles et nos voisins car nous savons pertinemment que c’est inacceptable par la société."
"Ce sont les circonstances qui nous ont poussées à nous adonner à cette profession. Nous devons au moins être sensibilisées au lieu d’attraper le SIDA et diffuser la maladie au Maroc", affirme-t-elle. "Je n’ai jamais senti que les séances de sensibilisation soient une incitation à continuer dans la même voie."
Malgré les critiques, la société civile marocaine s'est engagée dans la lutte contre le SIDA. L’Association marocaine de lutte contre le SIDA (ALCS) et l’Organisation panafricaine de lutte contre le SIDA (OPALS) ont des programmes dédiés à ce qu’elles appellent "les professionnelles du sexe".
Elles organisent des sessions pour enseigner aux prostituées à se protéger et à éviter l'infection. Il apparaît en effet que plus le niveau d'éducation est important, plus l'usage de préservatifs est répandu.
Pour les femmes qui s'adonnent à la prostitution, ces ON^G apportent de nombreuses ressources. L'ALCS, par exemple, propose des sessions consacrées au planning familial, aux droits de l'Homme, au respect de soi-même, à l'usage correct de préservatifs et à la manière de persuader les clients de les utiliser.
Aïcha, 38 ans, se prostitue depuis l’âge de 20 ans. Elle explique à Magharebia qu'il n'est pas facile de convaincre ses clients d'utiliser un préservatif.
"Certains l’utilisent sans que je le demande, mais que la plupart des clients refusent de le porter. Je n’ai jamais pu exiger cela. Mais grâce à des séances de sensibilisation de l’ALCS, j’arrive récemment à persuader les clients à mettre le préservatif", explique-t-elle.
Pour les professionnelles du sexe qui n'ont jamais participé à ces sessions de formation, la situation est toute différente.
La plupart des travailleuses du sexe manquent des connaissances de base sur la manière de prévenir le SIDA et les autres maladies sexuellement transmissibles, a montré l'OPALS dans son enquête sur les prostituées marocaines réalisée en 2008.
Sur les quelque 500 professionnelles du sexe interrogées, 483 ont indiqué avoir eu plus de 50 clients en une seule semaine. Sans rien connaître des MST ni du SIDA.
Plus de 43 pour cent de ces prostituées n'utilisent aucune protection lors des rapports sexuels. Près de 30 pour cent d'entre elles n'ont jamais fréquenté l'école.
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