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Ramadan en France
Des générations fières d’être musulmanes
Même si l’aléa du quotidien des Français, d’origine musulmane, demeure au gré des humeurs politiques, qui n’en ratent pas une pour les renvoyer à une «assignation à identité surveillée», on enregistre ces dernières années à une émergence de l’empreinte religieuse, principalement islamique.
Sans complexe, le processus du clos à l’ouvert, comme diraient les sociologues, est inscrit dans l’éveil des consciences et dans les comportements de ces générations longtemps repliées sur elles-mêmes, longtemps exclues, discriminées, malmenées et bafouées, leurrées par des frontons bidons… C’est comme si, après toutes les révolutions et les luttes contre les colonisations, aujourd’hui en France, on assiste à une seconde libération non moins importante bien sûr mais plus avenante de paix. Une libération des pratiques et de la foi. Une espèce de repos du guerrier.
Bien évidemment que les réflexes de la République sont très disproportionnés et parfois mêmes brutaux.
On aura toujours droit à des mises en avant des faits divers, façon hollywoodienne. On peut par exemple se réveiller sur des matraquages médiatiques sur les voyous de la banlieue saint-glin glin ou dîner sur le 20 heures d’un Pujadas qui annonce les dispositions de la déchéance de la nationalité aux Français de seconde zone…
Mais, le fils, le petit-fils et tous ceux qui vont suivre après sont imperturbables : la menace ne changera rien à leur religion, sous-entendu que c’est simplement cet aspect des «français d’origine…» qui dérange et c’est uniquement celui-là qui est visé. La vérité illustre le propos : aujourd’hui, ce sont 7/10 de Français musulmans qui réclament un local de prière sur leurs lieux de travail.
Ce sont 7/10 des Français musulmans toujours qui réclament un aménagement des horaires de travail durant le mois de ramadan. Le résultat aujourd’hui, c’est qu’un DRH ne peut interdire le port du foulard à une chef de service, ou celui de la barbe à un commercial dans une entreprise privée. L’enquête passionnante de Dounia et Lylia Bouzar, anthropologues du fait religieux, montre que l’on oscille en général entre un laxisme (par crainte de paraître raciste ou islamophobe) et des pratiques discriminatoires.
Or, il existe des règles de droit précises en la matière, et des balises élaborées par la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), mais elles restent méconnues tant des responsables que des salariés.
Il y avait une première génération de gens nés en France de confession musulmane, et on assiste à un changement. Autant ceux qui étaient immigrés étaient discrets, car ils n’étaient pas chez eux, autant aujourd’hui, évidemment la génération de Français n’a plus peur de faire ramadan et ne s’en cache plus.
On assume son ramadan, selon l’historienne Nadia Bouzar.
Et plus, l’islam est stigmatisé, plus la génération née en France va mettre en avant son islam pour montrer qu’elle n’a pas de choix à faire. Qu’elle peut être française et musulmane, qu’il n’y a pas d’incompatibilité.
Le jeune Indépendant
Samir Méhalla
Des générations fières d’être musulmanes
Même si l’aléa du quotidien des Français, d’origine musulmane, demeure au gré des humeurs politiques, qui n’en ratent pas une pour les renvoyer à une «assignation à identité surveillée», on enregistre ces dernières années à une émergence de l’empreinte religieuse, principalement islamique.
Sans complexe, le processus du clos à l’ouvert, comme diraient les sociologues, est inscrit dans l’éveil des consciences et dans les comportements de ces générations longtemps repliées sur elles-mêmes, longtemps exclues, discriminées, malmenées et bafouées, leurrées par des frontons bidons… C’est comme si, après toutes les révolutions et les luttes contre les colonisations, aujourd’hui en France, on assiste à une seconde libération non moins importante bien sûr mais plus avenante de paix. Une libération des pratiques et de la foi. Une espèce de repos du guerrier.
Bien évidemment que les réflexes de la République sont très disproportionnés et parfois mêmes brutaux.
On aura toujours droit à des mises en avant des faits divers, façon hollywoodienne. On peut par exemple se réveiller sur des matraquages médiatiques sur les voyous de la banlieue saint-glin glin ou dîner sur le 20 heures d’un Pujadas qui annonce les dispositions de la déchéance de la nationalité aux Français de seconde zone…
Mais, le fils, le petit-fils et tous ceux qui vont suivre après sont imperturbables : la menace ne changera rien à leur religion, sous-entendu que c’est simplement cet aspect des «français d’origine…» qui dérange et c’est uniquement celui-là qui est visé. La vérité illustre le propos : aujourd’hui, ce sont 7/10 de Français musulmans qui réclament un local de prière sur leurs lieux de travail.
Ce sont 7/10 des Français musulmans toujours qui réclament un aménagement des horaires de travail durant le mois de ramadan. Le résultat aujourd’hui, c’est qu’un DRH ne peut interdire le port du foulard à une chef de service, ou celui de la barbe à un commercial dans une entreprise privée. L’enquête passionnante de Dounia et Lylia Bouzar, anthropologues du fait religieux, montre que l’on oscille en général entre un laxisme (par crainte de paraître raciste ou islamophobe) et des pratiques discriminatoires.
Or, il existe des règles de droit précises en la matière, et des balises élaborées par la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), mais elles restent méconnues tant des responsables que des salariés.
Il y avait une première génération de gens nés en France de confession musulmane, et on assiste à un changement. Autant ceux qui étaient immigrés étaient discrets, car ils n’étaient pas chez eux, autant aujourd’hui, évidemment la génération de Français n’a plus peur de faire ramadan et ne s’en cache plus.
On assume son ramadan, selon l’historienne Nadia Bouzar.
Et plus, l’islam est stigmatisé, plus la génération née en France va mettre en avant son islam pour montrer qu’elle n’a pas de choix à faire. Qu’elle peut être française et musulmane, qu’il n’y a pas d’incompatibilité.
Le jeune Indépendant
Samir Méhalla