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Le 20 aout 1955 à Constantine-ville et ses environs

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  • Le 20 aout 1955 à Constantine-ville et ses environs

    Nous connaissons à peu près ce qui s'est passé le 20 aout 1955 dans le Nord-constantinois (Skikda; Annaba,Mila,El-milia etc.) sur lequel il a été écrit beaucoup de choses(on n'écrira jamais assez) même de la part des colonisateurs eux-mêmes.
    faisons maintenant un crochet par Constantine-ville et ses environs.
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    Le moudjahed Aouati qui se rendait à la réunion préparatoire du 20 août présidée par Zighoud recevra de la part de ce dernier un contre ordre transmis oralement par Cheikh Belkacem* qui l' informait qu'il devait demeurer à Constantine. Après ces deux importantes réunions, Si Messaoud revint dans les environs de Constantine. Il prit sans tarder attache avec les responsables locaux qu'il avait laissés en regagnant le maquis : Aouati Mostapha et Zaamouche Ali dit Wolf. Il les rencontra du côté de Chaabat Erassas chez Tayeb Bouzitouna. Boudjebir Ahcene et Kerris Belkacem se joignirent à eux pendant deux jours et deux nuits. Ils étudièrent la mise sur pied des actions préconisées par Zighoud Youcef : Zaamouche et Boudjebir pénétrèrent plusieurs fois à l'intérieur de la ville pour des missions spéciales « recueil d'informations, collecte d'armes et des effets vestimentaires » À signaler que la femme de Si Messaoud Sellama, Fatima Zohra était aussi présente.

    Entre temps, beaucoup d'évènements s'étaient succédés à Constantine agitée, inquiète et désemparée . Le commissaire Central Pinelli n' avait de cesse de crier à la face de ses adjoints Grassert Commissaire Principal de la PRG [2] et de Parat Commissaire Divisionnaire de la PJ [3] , son insatisfaction quant à la lutte contre la rébellion dans la capitale de l'Est algérien.

    Le parfait cloisonnement et le secret qui entourait l'organisation de Constantine fonctionnaient à merveille, même si Zaamouche se promenait armé dans son fief du terrain Sabatier notamment, au niveau du café Bouden en particulier.
    Les rafles nocturnes préconisées n'aboutirent qu'à l'arrestation de paisibles citoyens arrachés à leurs foyers en pleine nuit, laissant derrière eux désolation et pleurs. Ainsi Lambert, par cette action, a voulu convaincre Pinnelli qu'il tenait l'information sur les lieux des rassemblements. Les autorités coloniales appréhendaient beaucoup plus une action de grève générale à l'approche du 125 ème anniversaire de la prise d'Alger, le 5 juillet 1830, d'où l'organisation de ces rafles en direction de l'avenue de Roumanie jusqu'au Pont du Diable et le terrain Sabatier en contre bas de l'avenue du 11 novembre.
    Ces opérations qui durèrent de deux heures du matin à l'aube ramèneront plus de 800 personnes au stade Turpin. Elles étaient surtout des actions psychologiques en direction de la population.

    Du côté des militaires, juillet et août 1955 étaient des mois de parade. Le général Laurillot, nouveau commandant en chef de la Xème région militaire, était arrivé en grande pompe à Constantine, après l'imposant défilé militaire à Oued Hamimine et son passage par l'avenue Anatole France, place Lamorcière, le Boulevard de l'Abîme lui donna un aperçu sur la capitale de l'Est, indomptable depuis les évènements du 30 avril 1955. Il est à signaler que même les généraux Jouhaud et Tessier choisirent d'effectuer leur inspection à Constantine plutôt que dans les Aurès, durant cette période.

    La leçon du 6 mai avait porté au sein de l'OPA et Si Messaoud avait instauré un cloisonnement strict : il ne fallait frapper que lorsque l'on était sûr d'aboutir et la plupart des Fidais [5] étaient de l'OS et du MTLD , rompus donc à la loi du secret.

    Pour ne pas rester à la traîne, le préfet Dupuch, exaspéré par l'inefficacité des Commissaires Pinelli, Lambert, Sanmarcelli et des remous dans le chef lieu du département, et en vertu de l'état d'urgence, se rabattit sur les militants MTLD toujours en ville comme;Boudjenana Ahcene, Zertit Abdeslam, Zerdani Ferhat, Laidouni Rabia, Meziani Aissa, Salhi Boudjema, Chersaya Habbas, Boussaboua Chaabane, Hami Mohamed et Aissa, Nouara Ramdane, Haddad Abdelkader, Abderrahim Tahar, Merkouche Khalifa, Benouar Cherif, Zaâf Larbi, Cherah Rabah dit Messaoud, Rehab Mohamed, Bentalha Kamel , Kechid Lounis, Rezzak Mohamed dit Bensaad, Bousseboua Ali, Bouanane Messaoud, Saadouni Amor, Beloum Said, Merkouche Mohamed Cherif, Saci Rabah, Arab Abdellah , Boudiaf Rabah, Zertit Amar, Ayadi Mohamed, Bounemeur Messaoud, Daksi Zoubir dit Bendal, Kahoul Mostapha. .

    Le 23 juillet 1955, il les assigna à résidence. C'est ainsi que, tour à tour, ils seront mis en arrestation et dirigés vers le camp Cheblel, près de M'sila. Ces personnes arrêtées et déplacées, Dupuch, Allard et Lavaud, les patrons de la ville semblaient rassurés. Pour preuve, Constantine était en dehors des troubles qui continuaient à sévir dans le reste du département.
    Ils allaient se rassurer plus encore en élaborant « un plan de défense de la ville de Constantine » et pour juger de l'efficacité des services de sécurité, ils déclenchèrent une opération à blanc baptisée « OPERATION TULIPE » , dont le PC opérationnel fut installé à la préfecture. Elle eut pour théâtre les quartiers européens : le Coudiat, Bellevue, le centre-ville . Elle n'avait pour but que de donner un sentiment de sécurité à la population européenne de plus en plus inquiète.
    Pour cela, il fut procédé à un simulacre d'attaque contre la sous-préfecture et au dépôt de deux bombes au cinéma ABC. En cette fin de juillet 1955, Dupuch n'avait rassuré que lui-même puisqu'il vivra quelques jours plus tard la terrible explosion révolutionnaire qui allait se produire sur la partie Nord de son département et bouleversera les données du problème algérien.

    Voici les faits que rapportèrent rapidement Aouati Mostepha et Zaâmouche Ali à Si Messaoud Boudjeriou, dans la maison de Tayeb Bouzitounam : Comme la plupart des assaillants allait venir du maquis, Si Messaoud décida de rassembler les Fidayounes Constantinois et les quelques armes ramenées du quartier Djazarine par Boudjebir pour le soir du 19 août 1955. C'est ainsi que le 19 au crépuscule, les trois taxis habituels conduits par Tabouche Said, Boudjeriou Mostepha dit Salah, Boukerrou Brahim , s'ébranlèrent vers Djebel Ouach. Le risque était grand, la seule route existante devant passer au milieu du camp Fray. Miraculeusement, le soldat qui gardait la barrière fut surpris à la veille du samedi soir par l'arrivée de trois véhicules remplis de personnes habillées en paysans (gandoura et chichanes ), n'a pas eu le temps de réagir. Tabouche* descendit de la « 15 légère » , se donna un air d'ivrogne, expliqua qu'ils allaient à une fête et lui tendit des bouteilles « Pils » qu'il avait pris la précaution de ramener avec lui. « Allez , avancez ! » Si Messaoud eut chaud. La barrière se leva et les 3 véhicules s'ébranlèrent vers El Kef Lakhal. Belghit Garmi embusqué derrière un talus non loin de la ferme des Boukhelkhal, autre lieu de rassemblement, après les mesures de sécurité d'usage, héla le groupe dirigé par Zaamouche qu'il reconnut par sa voix roulant les « R ». Toute la troupe se dirigea à pied vers la Mechta Hamaida chez les Boudersa où était prévue la réunion. Rassemblés dans trois gourbis, ils attendirent Zighoud Youcef.

    Vu l'importance de Constantine sur l'échiquier politique, il avait tenu à assister à la réunion. Après avoir libéré les responsables des autres secteurs, il demanda à cheikh Belkacem Kerris d'haranguer les combattants en leur récitant certains versets du coran, et, en présence de Si Messaoud, il appela un à un les combattants pour les faire juger.
    Satisfait des préparatifs et des Constantinois, il s'en alla dans la nuit sur son cheval, accompagné de Chouchane Ali, en précisant que ce n'est pas un hasard si l'insurrection du 1er novembre 1954 avait lieu à minuit et celle du 20 Août à midi. Il laissa Boudjeriou, Aouati, Zaamouche, Kherrouche, face à leur responsabilité historique d'assurer à nouveau l'attaque de Constantine.

    Les groupes furent constitués : pour l'attaque de la ville de Constantine, en plus de quelques-uns uns des fidayines Constantinois, des djounouds de l'ALN, des Moussebilines furent intégrés aussi. Les objectifs avaient été définis lors de la réunion de la veille. Dès l'aube, en file indienne, ils prirent les sentiers vers la ville distante d'une vingtaine de kilomètres, après que Si Messaoud eut retiré les papiers d'identité aux assaillants et porté leurs noms sur un registre et placé des guetteurs sur les différentes crètes.

    Ce qui se passera ce jour à Constantine démontrera le degré de responsabilité, d'organisation et de réflexion des responsables de la ville.
    1er groupe : à sa tête Kerboua Abdelhamid faubourg El Kantera.
    2éme groupe : à sa tête Zaamouche Said dit Sebti avenue Bienfait
    3éme groupe : à sa tête Si Mostefa Filali rue Thiers.
    4éme groupe : à sa tête Kherrouche Abdelhamid mission spéciale.
    5éme groupe : à sa tête Laàfa Amor mission spéciale.
    6éme groupe : à sa tête Lakher Salah groupe des bombes.
    7éme groupe : à sa tête Kerris Belkacem pose de drapeaux sur les mosquées.

    8éme groupe : à sa tête Hacene Boudjebir (mission spéciale).
    A la hauteur du Faubourg Lamy, les groupes de disloquèrent. Si Hacène Boudjebir, suivi de Bouhafs Ahmed dit Babaille, Hamdani Bentobal, Said Boukhenfouf dit Ghermoul, Belabed Tahar descendit à la hauteur du monument aux morts longeant le ravin. Quand ils passèrent près des calèches, à la sortie du pont suspendu, si Hacène jeta un coup d'œil à sa montre : il était 7 h du matin, ce samedi 20 août 1955, journée qui s'annonçait harassante et difficile après une nuit d'insomnie.
    Les ordres étaient clairs : pas de distinctions, ni de quartiers pour les collaborateurs et les forces de l'ordre notamment.

    Ceux qui étaient désignés pour abattre les hommes de la 3ème force devaient le faire sans rémission.

    Les objectifs connus, chacun était dans l'attente de l'heure fatidique et se préparait intérieurement à ce grand et historique événement. Si Hacène pressa le pas en remontant par la rue Damrémont. Il descendit ensuite la rue du 26ème de ligne en direction de la rue Chevalier, chez le militant Meguenani Ahmed, suivi des autres hommes du groupe.


    Notes :interview de Abdelmadjid Kahlaras et Brahim Chibout à la revue El Djeich,
    Salah Boubnider (futur chef de wilaya 2 après Lakhdar Bentobbal), Hacène Bouderbala dit si Tahar El Annabi (futur officier dans la W2), Abdelmadjid Kahlaras (futur officier dans la W2), Chahid Messaoud Boudjeriou (futur chef de la ZONE 5 W 2), Loucif Rabah dit Beloucif si Rabah el Ouma (futur officier dans la W 2).

    (la suite nous relate certaines actions en détail.Vue leur longueur, je me suis donc abstenu de la poster).



    Si les attentats du 30 avril 1955 ont déclenché la bataille de Constantine, le 20 août 1955 embrasera toute l'Algérie

    Ahmed Boudjeriou (chercheur en histoire)
    Dernière modification par Sitchad, 24 août 2010, 18h56.
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