Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les inondations au Pakistan, une catastrophe pour l'économie

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les inondations au Pakistan, une catastrophe pour l'économie

    Le Pakistan n'a pas fini de faire le décompte des dégâts des inondations survenues ces dernières semaines. Selon la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, certes, la récolte de blé a été abondante et se trouve en lieu sûr, mais 3,2 millions d'hectares de riz, de maïs, de coton (un tiers des "arbres à laine"), de canne à sucre et de vergers ont été ravagés, soit 14 % de la surface en culture. Au moins 200 000 animaux domestiques (vaches, buffles, moutons, chèvres, ânes) sont portés disparus et 723 000 maisons ont été détruites ou endommagées.

    Dans un pays où l'agriculture pèse 20 % du produit intérieur brut (PIB) et emploie 40 % de la population active, l'impact s'annonce dramatique. Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, a estimé que les revenus agricoles du pays en seraient amputés d'un milliard de dollars (790 millions d'euros) à court terme. Et l'on s'attend à ce que les récoltes des deux ou trois prochaines années pâtissent sévèrement de la destruction des infrastructures.

    "L'impact sera aussi fort sur le budget national, explique Masood Ahmed, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI), car la reconstruction coûtera plusieurs milliards de dollars. Cette progression des dépenses s'ajoutera à un déficit budgétaire déjà élevé en raison de recettes fiscales médiocres : celles-ci représentent 10 % du PIB – l'un des taux les plus faibles du monde – quand les dépenses budgétaires représentent 20 % du PIB. Après le recours à divers financements, il demeure un déficit de 5 % du PIB financés entre autres par la banque centrale et le système bancaire, ce qui provoque une inflation forte."

    IMPORTER AU PRIX FORT

    "Ces inondations sont la dernière plaie dont le Pakistan avait besoin ! souligne Jean-Didier Oth, coordonnateur régional de l'Agence française de développement (AFD) pour la zone. Il était déjà extrêmement vulnérable aux chocs externes en raison de l'absence de ressources naturelles. Depuis 2006, il vit une crise énergétique due à la hausse du prix des hydrocarbures, ce qui se traduit par des coupures de courant préjudiciables à la population comme à une industrie textile fragile. Dès que les eaux se seront retirées, le Pakistan reviendra à sa situation de stress hydrique que le réseau de canaux d'irrigation mal entretenu ne permettra pas de corriger. Ils devront donc importer des denrées et au prix fort en raison de la dévaluation de la roupie."

    Le fait d'être l'un des pays les plus aidés de la planète en raison de sa position géostratégique – le Congrès américain a voté en septembre 2009 le principe d'une aide de 7,5 milliards de dollars – ne suffira pas à le tirer d'affaire : selon l'Office météorologique du Royaume-Uni (UKMO), le changement climatique pourrait diviser par deux ses rendements céréaliers, alors qu'un doublement attendu de sa population d'ici à 2050 (400 millions d'habitants ?), en ferait le troisième pays le plus peuplé derrière l'Inde et la Chine.

    Mais il faut parer au plus pressé et éviter une famine qui menace quelque 6millions de personnes. "Depuis lundi 23 août, le FMI travaille avec les représentants pakistanais pour voir quelles mesures leur gouvernement envisage de prendre pour amortir le choc budgétaire dû aux inondations : créer des impôts temporaires ? Restructurer leurs dépenses ? Réduire les 3 milliards de dollars de déficit de leurs entreprises publiques ?", explique Masood Ahmed.

    "Au vu de leurs propositions pour consolider leurs finances, non seulement nous poursuivrons le programme de prêts en cours dont 7,5 milliards de dollars sur 11 ont été déjà déboursés, annonce-t-il, mais nous verrons s'il y a besoin de financements supplémentaires aux côtés des aides déjà effectuées par la communauté internationale, dont la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement."


    Par Le Monde
Chargement...
X