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Arabie saoudite: un système scolaire qui faisait la fierté du Golfe

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  • Arabie saoudite: un système scolaire qui faisait la fierté du Golfe

    Qu'y a-t-il de commun entre la plus proche conseillère de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, les princesses du Qatar et moi-même? Trois fois rien, dirait-on: quand nous étions jeunes, nous avons toutes fréquenté les écoles manarat d'Arabie saoudite.

    Lancées à titre expérimental dans les années 80, ces écoles mixtes ont vraiment été un "phare" (manarat) - pour bien des d'élèves. A l'époque, beaucoup trop d'écoles du pays n'étaient que des vaches à lait mises en place par des expatriés, débitant des diplômes dévalués et des diplômés qui se prenaient pour une élite. Ou alors c'étaient les nombreuses madrasas (écoles religieuses) à orientation wahabite, visant à endoctriner les enfants plutôt qu'à leur apprendre les principes d'une réflexion critique.

    Le début de l'aventure ce fut le lancement de la manarat, dans le cadre d'un projet plus vaste, par le prince Mohammed Al Faisal Al Saoud, qui appartenait à un groupe réformiste proche de la famille royale. C'est lui qui a enrôlé mes parents pour organiser la direction stratégique du projet, et ce fut à Tawfiq al Shawi, qui était une autorité juridique en Egypte en matière de démocratie, de promouvoir le projet auprès des responsables politiques saoudiens.

    Ma mère commença par reconnaître les talents d'une institutrice, qui allait devenir l'une des plus proches amies de notre famille. Aisha Abdullah est une afro-américaine convertie à l'islam. Elle est grande, et parle avec un fort accent sudiste. Son stoïcisme, son calme imposant en ont fait la directrice d'une école manarat à Djedda, à laquelle elle imposa une direction ferme.

    Des amateurs, beaucoup trop habitués à exploiter leurs relations, à grand renfort de wasta (réseaux et pistons), mirent sa carrière en jeu, jouant sur la carte raciale. Mais elle n'en eut cure. Elle n'avait pas été choisie pour son flair politique ni pour son aptitude à s'aplatir devant une famille royale arrogante. Madame Aisha, comme on l'appelle souvent encore après toutes ces années, a réussi à faire courber la tête et à discipliner des centaines d'enfants gâtés.

    La manarat voulait éliminer les concepts de fortune, de classe, de race et de nationalité dans un projet égalitaire rassemblant, avec des élèves saoudiens, des expatriés d'Afrique, d'Asie et d'Europe. Les cours étaient donnés en anglais et en arabe. D'un bout à l'autre du pays, d'Al Khobar à Djedda, les écoles étaient toutes construites sur le même modèle: murs blanchis à la chaux et frais dallage de marbre. Les filles d'ouvriers y étudiaient au coude à coude avec la royauté, sans distinctions de race, de classe ni de fortune.

    Tous les moyens étaient mis en œuvre pour créer une institution d'enseignement tournée vers la liberté de pensée et l'innovation. On offrait des salaires élevés et non imposables à des enseignants de tous les coins du monde. Des manuels neufs arrivaient chaque année pour chaque élève, des bourses généreuses subventionnaient les familles qui ne pouvaient pas payer les frais de scolarité. Jamais il n'a été question d'y faire de l'argent.

    Tout au contraire, l'instruction dispensée par la manarat visait à surmonter les inégalités dans une région où le faible taux d'alphabétisation est un facteur d'arriération sociale. Les résultats étaient manifestes. Selon les barèmes de notation britanniques, les élèves ont obtenu les meilleures notes de tout le Moyen-Orient dès les premières années de fonctionnement des manarat.

    Issus parfois des familles les moins instruites, les diplômés quittaient l'Arabie saoudite vers un grand avenir, vers les meilleures universités américaines, la carrière diplomatique, la politique. Huma Abedin, conseillère de Mme Clinton est un de ces exemples de réussite.

    Puis la manarat est tombée en déclin, en raison surtout d'une politique de “saoudisation” qui a remplacé les cadres étrangers par des saoudiens. La saoudisation avait certes son intérêt. Mais plus personne n'a été capable de reprendre les commandes après Mme Aisha. La manarat, naguère si brillante, n'est plus aujourd'hui qu'une école défaillante comme les autres.

    Bien qu'elle ait perdu aujourd'hui sa qualité exceptionnelle, pour de multiples raisons, il serait bon de réfléchir à ses origines et à ses intentions dans le cadre d'une réforme de l'enseignement dans la région du Golfe. La manarat a réussi pendant des années parce qu'elle fonctionnait selon le principe de l'égalité des chances dans une région essentiellement inégalitaire et figée. Parce qu'elle avait quelques enseignants remarquables, engagés, convaincus de l'importance de l'éducation, qui ne ménageaient pas leur temps, comme Omar Abdullah Nasseef, aujourd'hui président de l'Organisation de la Conférence islamique. Il assistait en personne aux entretiens d'embauche des professeurs dans les fauteuils en cuir du bureau de l'attaché culturel saoudien.

    Que nous apprend la réussite de la manarat à ses débuts? Si nous considérons ces écoles du Golfe où le par cœur règne en maître, la réforme est peut-être mal engagée. Elle ne privilégie pas le potentiel de la diversité et l'ambition. J'entends souvent dire qu'il est impossible de motiver et d'inspirer les jeunes des pays du Golfe. Mais je n'accepte pas ce verdict. Les diplômés de la manarat sont là pour le prouver.

    Si l'Arabie saoudite était capable d'offrir un enseignement aussi remarquable, il y a quelques dizaines d'années, il est possible d'en faire autant tout de suite. Les pays du Golfe, dès aujourd'hui, sans regard nostalgique sur les gloires passées d'une Arabie d'un autre temps, sont capables de produire leurs propres érudits.

    Habiba Hamid
    CGNEWS
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Qu'y a-t-il de commun entre la plus proche conseillère de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, les princesses du Qatar et moi-même? Trois fois rien, dirait-on: quand nous étions jeunes, nous avons toutes fréquenté les écoles manarat d'Arabie saoudite.
    Hillary a étudié en arabie ?

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    • #3
      Hillary a étudié en arabie ?
      C'est écrit dans le texte

      "Huma Abedin, conseillère de Mme Clinton est un de ces exemples de réussite."
      Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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      • #4
        Puis la manarat est tombée en déclin, en raison surtout d'une politique de “saoudisation” qui a remplacé les cadres étrangers par des saoudiens. La saoudisation avait certes son intérêt. Mais plus personne n'a été capable de reprendre les commandes après Mme Aisha. La manarat, naguère si brillante, n'est plus aujourd'hui qu'une école défaillante comme les autres.
        La répétition grandeur nature de ce qui va arriver la Saudi king university machin...

        Ils ambitionnent toujours de détrôner Harvard en 2020?
        « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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        • #5
          Puis la manarat est tombée en déclin, en raison surtout d'une politique de “saoudisation” qui a remplacé les cadres étrangers par des saoudiens.
          Çela me fait penser à l'Arabisation forcé en Algérie, qui a été contre productif puisque forcé et rapide, alors que les deux langues auraient pu cohabité.

          Une grande partie des cadre francophones du system éducatif algériens ont émigré en France, une des conséquence de la fuite des cerveaux et de la deterioration du system éducatif algérien.

          Envoyé par Zakia
          La répétition grandeur nature de ce qui va arriver la Saudi king university machin...

          Ils ambitionnent toujours de détrôner Harvard en 2020?
          Non, ils ont compris la leçon, les cours seront donnés en anglais et en arabe comme dans la manarat.
          Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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