Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Pays du Golfe Arabie saoudite : Faris, fils de sans papiers, né sous un pont routier

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Pays du Golfe Arabie saoudite : Faris, fils de sans papiers, né sous un pont routier

    Dans la plupart des pétromonarchies du Golfe, les immigrés forment la majorité de la population. Arrivés comme main d’oeuvre avec l’essor pétrolier, leur présence reste considérée comme provisoire. Pourtant, ils ont eu des enfants, nés sur place, qui grandissent dans les pires difficultés.

    "Il doit y avoir des centaines de milliers de personnes qui vivent en Arabie saoudite sans papiers, ni même aucune nationalité ou identité. Il y a d'abord ceux qui sont venus à la Mecque et qui sont restés après la fin du pèlerinage. Certains ont eu des enfants, qui ont grandi et qui sont aujourd'hui adultes. Souvent leurs pères sont morts et ils n'ont plus aucun contact avec leurs pays d'origine. Ils forment une catégorie de la population qui n'a pas accès à l'éducation, ni à la santé, ni aux emplois publics.

    Il y a également des membres de tribus irakiennes ou koweïtiennes qui ont été attirés par les richesses pétrolières saoudiennes, ainsi que les immigrés venus via la Corne d'Afrique et le Yémen. [...] Ils travaillent au noir, ils sont prêts à se mettre au service de n'importe qui et ils échappent à tout contrôle. Faut-il leur donner des cartes de séjour longue durée ou la nationalité saoudienne ? Ou, pour certains d'entre eux, les renvoyer dans leurs pays d'origine ?" s'interroge le grand quotidien de la capitale Al-Riyadh.

    Par rapport à l'expulsion de ces enfants nés de parents immigrés à la Mecque, le journal L'Essor du Mali avait publié un petit reportage sur des jeunes débarqués à Bamako alors qu'ils n'y ont plus aucune attache. Selon ce journal, ils y trouveraient les pires difficultés d'adaptation. Et pour certains d'entre eux, vivraient à la marge de la société, voire auraient formé des bandes de malfaiteurs.

    En Arabie saoudite, l'endroit le plus emblématique est probablement le quasi-bidonville de la Karantina, à Djedda, et plus précisément le dessous du pont autoroutier qui le surplombe. Récemment, le quotidien Al-Watan y avait consacré un petit reportage : "Dans la chaleur étouffante, au milieu du vacarme provoqué par la circulation, envahis d'insectes et plongés dans une odeur nauséabonde, ce pont abrite un monde à part. De diverses nationalités et cultures, les femmes essaient de dormir sur des bouts de carton, les hommes jouent aux cartes. C'est là qu'est né Faris, de parents indonésiens. Il y a là des centaines de femmes enceintes qui donneront naissance à d'autres Faris. Son père explique les difficultés d'y élever un enfant : 'Pour ce qui est de la nourriture, des bienfaiteurs passent pour nous en distribuer. En revanche, le seul accès à l'eau, ce sont les mosquées environnantes. Mais elles sont fermées en dehors des heures de la prière.' Un autre témoin explique qu'ils sont donc contraints de faire leurs besoins en plein air. Plus loin, les femmes préparent à manger. Pas assez pour nourrir la quantité de personnes qui s'y trouvent."

    L'Arabie saoudite n'est pas le seul pays de la péninsule qui se trouvera confronté au problème d'enfants de la deuxième génération d'immigrés auxquels on refuse de donner un statut durable et définitif. Au Koweït aussi, le quotidien Al-Raï avait publié un article sur les orphelinats du pays, en constatant que "presque tous les enfants qui s'y trouvent ont les traits asiatiques".

    Il y a quelques années, un écrivain saoudien avait imaginé le destin d'un Saoudien né hors mariage et abandonné à la naissance[1]. Dans une société où le lignage reste fondamental pour permettre à l'individu de trouver sa place dans la société, son histoire ne pouvait être que tragique. Quant à Faris, né sous un pont d'autoroute à Djedda de parents indonésiens sans papiers, son histoire reste à écrire.

    [1] Youssef Mohaimeed : Loin de cet enfer, paru en 2003 en arabe et en 2007 chez Actes Sud.

    Philippe Mischkowsky
    Courrier International
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
Chargement...
X