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Les olives en bour, une vraie production bio, mais pas certifiée

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  • Les olives en bour, une vraie production bio, mais pas certifiée

    Depuis quelques années le secteur oléicole marocain fait l’objet d’une promotion et d’un soutien remarquables de la part des institutions et services agricoles.
    Jusqu’ici, que ce soit au niveau de la Recherche&Développement, des subventions, des séminaires, des publications…, ce soutien s’est adressé presque exclusivement à la partie la plus intensive, la plus moderne du secteur oléicole. Pourtant, que ce soit du point de vue de la surface, du volume de production, de la population concernée, la part du secteur extensif reste considérable. Sur 560.000 hectares plantés en oliviers, 100.000 sont situés dans le bour favorable et 200.000 en montagne, pour seulement 220.000 hectares d’oliveraies irriguées à vocation intensive.
    Le phénomène d’alternance, particulièrement marqué dans le système extensif, entraîne une production irrégulière et généralement faible. Son seul atout est, paradoxalement, son archaïsme : il est en effet exempt d’engrais, de pesticides, consomme peu à peu d’énergie fossile, il est irrigué à partir de sources, ou n’est pas irrigué du tout. Certains vergers jouent un rôle important dans la lutte antiérosive car ils occupent des versants qui, autrement, seraient voués à une céréaliculture improductive et destructrice des sols.
    En bref, l’archaïsme du secteur oléicole est une faiblesse car il est responsable de sa faible productivité mais il est aussi à l’origine de multiples atouts: sa non-utilisation des herbicides, insecticides, engrais, forages, profonds, le rend autonome, respectueux de l’environnement, respectueux en particulier des nappes phréatiques sur lesquelles son prélèvement est marginal. En fait il s’agit d’une production «biologique» au sens propre du terme, à un détail près: elle n’est pas certifiée.
    Le marché de l’agriculture biologique, le plus valorisé au niveau international, lui, reste donc fermé et cette production est écoulée en marchandise «tout venant» avec une faible marge au producteur. Ceci représente un important manque à gagner pour les agriculteurs et le secteur oléicole en général.
    Un gisement de valeur ajoutée existe. Il peut être exploité à peu de frais à condition de mettre en place de façon concertée et créative un cadre, des instances et des procédures adaptées à la structure foncière éclatée du secteur oléicole traditionnel.
    Comparée à la création ex-nihilo de vergers hyper intensifs que l’on doit équiper de forages, de systèmes d’irrigation localisée, la simple certification des oliveraies traditionnelles en mode biologique libérerait un potentiel considérable pour un coût très limité car l’infrastructure de production (le verger) existe déjà.
    Comme toujours en matière de vulgarisation, quelques «agrégats-modèles» répartis dans les principales zones oléicoles joueraient le rôle de pionniers pour affiner le modèle.



    La marche à suivre



    Le processus de conversion pourrait être le suivant:
    - Les transformateurs, propriétaires d’huileries ou conserveries, eux-mêmes certifiés en bio, joueraient le rôle d’agrégateurs, achèteraient la production d’olives à des prix incitatifs et participeraient au financement des procédures de certification et de contrôle, ce financement étant transféré progressivement à la charge des agriculteurs.
    Dans ce schéma, le rôle de l’Etat serait double:
    1) Elaboration du cadre de réglementation du mode de production biologique d’olives et d’huile d’olives. Sensibilisation des agriculteurs à travers les DPA et Chambres d’agriculture.
    2) Subvention à l’approvisionnement en olives des agrégateurs-transformateurs. En effet, ceux-ci devront payer leurs olives à un prix légèrement au-dessus du marché pour constituer un réseau de fournisseurs. Tant qu’ils ne seront pas certifiés, ils ne pourront pas répercuter ce surcoût sur le prix de l’huile ou des olives de conserve. Par conséquent, tant que l’ensemble de l’agrégat agriculteurs-transformateurs ne sera pas certifié, le transformateur fonctionnera avec une marge faible, soit pendant 2 ou 3 ans. L’Etat peut intervenir pour soutenir le fonctionnement du transformateur pendant ces quelques campagnes.


    Yassine Jamali
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