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«Palestiniens et Israéliens négocient sur une base erronée»

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  • «Palestiniens et Israéliens négocient sur une base erronée»

    L’ancien ministre Yossi Beilin, sigicnataire de l’Initiative de Genève de 2003, n’attend aucune percée lors de la reprise des négociations entre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas le 2 septembre


    Figure centrale des accords de paix d’Oslo (1993), signataire de l’Initiative de Genève (le plan de paix alternatif de 2003) et personnalité emblématique du mouvement israélien pour la paix, l’ex-ministre israélien Yossi Beilin ne croit pas que la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens porteront leurs fruits.


    Pourquoi vous montrez-vous
    tellement sceptique?
    Yossi Beilin: Etant donné mon engagement en faveur du dialogue israélo-palestinien, le sommet prévu le 2 septembre à Washington devrait me faire sauter de joie, mais ce n’est pas du tout le cas. En fait ce qui se passe actuellement m’énerve profondément. Je trouve que l’administration américaine commet une erreur historique, qu’elle se conduit de manière irresponsable en poussant [le premier ministre israélien] Benyamin Netanyahou et [le président palestinien] Mahmoud Abbas à s’asseoir à la même table.
    Certes, à court terme, il s’agit d’une victoire diplomatique. Barack Obama aura réuni les deux leaders à la même table avec la caution du président [égyptien] Hosni Moubarak et du roi Abdallah de Jordanie. Mais que se passera-t-il d’iciäquelques mois lorsque tout le monde se rendra compte que les deux parties au conflit n’ont rien à se dire? Car c’est bien de cela qu’il s’agit: les Israéliens et les Palestiniens n’attendent pas la même chose de ces négociations. Les Américains les ont donc forcés à négocier sur une base erronée. D’un côté, Benyamin Netanyahou ne veut parler que de sécurité en obligeant en préambule l’Autorité palestinienne (AP) à reconnaître le «caractère juif» de l’Etat hébreu. A contrario, Mahmoud Abbas espère ouvrir les dossiers sensibles et régler les questions de fond: les frontières, la division de Jérusalem, le partage de l’eau, l’évacuation de la Cisjordanie, etc. On constate d’emblée qu’Israël et l’AP ne sont pas sur la même longueur d’onde.


    – A quoi attribuez-vous l’«erreur historique» de Barack Obama?
    A son inexpérience?
    – Je ne comprends pas l’administration Obama. La politique de George Bush avait le mérite d’être clair: elle consistait à dire «amen» à tout ce que faisait Ariel Sharon. Mais avec Barack Obama, c’est autre chose et je m’attendais à mieux. Je ne doute pas de sa bonne volonté et de son désir de voir la situation s’améliorer, mais quelque chose ne va pas.


    – L’idée d’un accord de paix permanent dans un délai d’un an que vient de lancer la secrétaire d’Etat Hillary Clinton semble pourtant séduisante…
    – Bien sûr que l’idée est intéressante. Si les partenaires en avaient vraiment l’envie, la paix pourrait d’ailleurs être réglée en quelques mois puisque tous les paramètres en sont connus de longue date. Ces conditions prévoient par exemple la création d’un corridor de libre circulation entre la Cisjordanie et la bande de Gaza. Mais peut-on l’envisager alors que le Hamas, qui ne participe pas au processus de paix et qui refuse de reconnaître le droit à l’existence d’Israël, est au pouvoir dans cette enclave?
    Les mêmes conditions prévoient également l’organisation d’un un échange territorial entre Israël, qui garderait ses grands blocs de colonies en Cisjordanie, et l’AP qui reçevrait des lopins de terre israélienne en compensation. Or, ces zones – dont le contour a déjà été dessiné – sont situées autour de la bande de Gaza et elles doivent y être intégrées. Ce qui est également impensable pour le moment.
    Si, par miracle, les négociations annoncées devaient donner des résultats concrets et si Israël acceptait de faire des concessions majeures, l’accord serait inapplicable sur le terrain en raison de la désunion des Palestiniens.


    – Que proposez-vous alors?
    – Il faut songer à envisager un accord intérimaire au lieu d’un accord permanent. Il serait transitoire et ne réglerait que quelques questions seulement. Cette solution ne me plaît guère et les Palestiniens n’en veulent pas non plus car ils craignent de voir l’intérimaire durer éternellement. Mais il n’y a pas d’autre alternative si nous voulons éviter de nous retrouver avec un nouvel échec du processus de paix sur les bras.


    – Croyez-vous à la reprise
    des violences?
    – Non, parce que les Palestiniens ne le veulent pas. Du moins, pas pour le moment. En revanche, lorsque le processus du 2 septembre va commencer à s’embourber, le Hamas va s’en donner à cœur joie contre Mahmoud Abbas en l’accusant de s’être fait berner. Quant à ce dernier, je le connais. Je le sais capable d’annoncer sa démission s’il se rend compte que ce nouvel épisode du processus de paix ne mène à rien. Après tout, il a déjà annoncé qu’il ne se représenterait plus pour un nouveau mandat et il n’a plus rien à perdre. La menace de démission est l’une des rares cartes dont il dispose encore pour pousser Benyamin Netanyahou à discuter sérieusement.


    – Pensez-vous que l’AP quittera vraiment la table des négociations si Israël ne prolonge pas le moratoire de dix mois sur les constructions dans les colonies de Cisjordanie qui expire le 26 septembre?
    – Je crois qu’il ne se passera rien le 26 septembre. Benyamin Netanyahou évitera de faire déclarations tonitruantes. Il adoptera un profil bas, mais son gouvernement autorisera la reprise des chantiers privés (de 400 à 500 maisons et appartements) interrompus par le moratoire sur les colonies. En revanche, il n’y aura plus de constructions publiques et les Palestiniens s’en accommoderont peut-être si les discussions progressent dans le cadre d’autres dossiers.
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