Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La gestion de la demande en eau en Arabie saoudite*

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La gestion de la demande en eau en Arabie saoudite*

    Abdullah Bin ‘Umar dit :

    « J'entendis l'apôtre d'Allah dire : "Vous êtes tous les gardiens et les responsables de vos secteurs et des choses qui sont confiées à vos soins. L'imam (c' est-à-dire, le dirigeant) est le gardien de ses sujets et en est responsable ; l'homme est le gardien de sa famille et est responsable de ses membres. La femme est la gardienne de la maison de son époux et en est responsable. Un serviteur est le gardien des biens de son maître et en est responsable." A cela s'ajoutait ceci, je crois : "Un homme est le gardien de la propriété de son père et est responsable de cette propriété. Vous êtes tous les gardiens et les responsables de vos secteurs et des choses qui sont confiées à vos soins"»1.

    Ce hadith indique clairement qu'il incombe aux gouvernements d'assurer les besoins de base de la population, notamment l'eau.

    Comprenant ses devoirs, le gouvernement d'Arabie saoudite, lequel respecte, pour tous les aspects de la vie, les principes de la loi musulmane, ou la charia, créa des organismes spécialisés dans l'eau, chargés de la production, de la distribution et du traitement de l'eau du royaume, et ce, au cours des décennies suivant la deuxième guerre mondiale. Le ministère de l'Agriculture et de l'Eau (MAE) fut mis sur pied en 1953, avec la responsabilité de produire de l'eau répondant à la demande, tant en quantité qu'en qualité. La Saline Water Conversion Corporation (SWCC) devint en 1965 un organisme ministériel relevant du MAE, puis en 1974 une société indépendante au sein du MAE, assumant la responsabilité de la construction, de l'exploitation et de l'entretien des usines de dessalement consacrées à la production d'eau potable.

    L'Autorité chargée de l'eau et des eaux usées (AEEU) est un organisme indépendant du ministère des Affaires rurales et municipales ; cet organisme distribue l'eau potable, collecte et traite les eaux usées dans diverses villes et villages du royaume.

    * Je remercie l'Institut de recherche pétrolière et minérale de l'Université du roi Fahd de son aide pour cette recherche.

    1 Al-Bukhari 2.18.

    Plus récemment, le gouvernement a modifié l'approche du passé, à savoir augmenter l'offre afin de répondre à la demande. Pour protéger l'intérêt commun, qui constitue la base classique de la loi coutumière musulmane en matière d'eau, le gouvernement a adopté un train de mesures servant à protéger la durabilité des systèmes aquifères et des eaux souterraines. Les lois, la réglementation et la position islamique (fatwa) ont été formulées conformément à loi musulmane afin de s' attaquer aux problèmes de gestion de l'eau, y compris les mesures pour réduire la demande nationale d'eau et pour augmenter les ressources disponibles en eau.

    Selon la loi et la coutume islamiques, l'eau doit d'abord servir aux fins domestiques, ensuite aux animaux et, finalement, à l'agriculture. Le Prophète (pssl) mentionne que, parmi ceux « auxquels Allah ne parlera pas et qu'Il ne regardera pas le Jour de la résurrection : [...] un homme qui retient son eau excédentaire. Allah lui dira : "Je ne laisserai pas descendre aujourd'hui sur toi Ma grâce parce que tu as retenu le surplus de ce que tu n' avais pas créé"»2. En ce qui concerne les animaux, l'apôtre d'Allah dit : « Celui qui dans le désert creuse un puits et qu'il y a un pâturage autour de ce puits et aucune autre eau à proximité ne peut empêcher les animaux d'y étancher leur soif »3. Il dit aussi : « Nul ne devrait empêcher autrui d'apaiser la soif de ses animaux à l'aide de son eau excédentaire parce que cela les empêcherait de bénéficier d'un surplus d'herbe »4.

    En Arabie saoudite, les utilisations industrielles et récréatives viennent, respectivement, en quatrième et cinquième places. l'ordre des deux dernières utilisations a été assigné conformément aux usages de la loi musulmane dans le pays et à l'aide de raisonnements plutôt que de la stricte doctrine. Ce chapitre décrit les ressources disponibles en eau en Arabie saoudite et la façon dont la demande est gérée à diverses fins, en conformité avec la loi musulmane.

    2 Al-Bukhari 3.557.

    3 Al-Bukhari 5550 (source : Hadith Encyclopedia).

    4 Al-Bukhari 9.92.

    Les ressources disponibles en eau

    Le royaume d'Arabie saoudite couvre une superficie d'environ 2,25 millions de kilomètres carrés, et ce territoire se trouve en majorité dans des régions arides. Les eaux de surface et souterraines sont limitées, le taux des précipitations est bas, et l'évaporation est élevée. La moyenne annuelle des pluies est de moins de 150 mm dans la majeure partie du pays. Au cours des deux dernières décennies, le royaume s'est beaucoup développé dans tous les secteurs, ce à quoi il faut ajouter une croissance démographique et une hausse du niveau de vie. La demande nationale annuelle d'eau a augmenté, de 2 352 millions de m3 en 1980 à environ 27 239 millions de m3 en 1990, puis à plus de 30 000 millions de m3 en 1992.

    Les ressources traditionnelles

    L'eau de ruissellement annuelle est estimée à environ 2 230 millions de m3 ; 185 barrages, d'une capacité totale de 775 millions de m3, servent à l'alimentation de la nappe et à la maîtrise des crues.

    L'eau souterraine est stockée dans plus de vingt aquifères à couches principales et secondaires, de divers âges géologiques (MAE 1984) ; la qualité de cette eau varie selon les sites et les aquifères. Les analyses isotopiques révèlent que l'eau souterraine fossile de ces aquifères est âgée de 10 000 à 32000 ans. Les réserves d'eau souterraine à une profondeur de 300 mètres sont estimées à environ 2 185 milliards de m3, et la recharge annuelle d'eau s'élève à 2762 millions de m3 (Al-Alawi et Abdulrazzak 1994 ; Dabbagh et Abderrahman 1997).

    Les ressources renouvelables d'eau souterraine sont principalement stockées dans des aquifères alluviaux peu profonds ainsi que dans des couches basaltiques d'épaisseurs et de largeurs diverses, que l'on retrouve surtout dans le sud-ouest. Ces aquifères contiennent près de 84 milliards de m3, et leur recharge annuelle est de 1 196 millions de m3.

    Les ressources non traditionnelles

    Trente-cinq usines de dessalement furent construites, à un coût approximatif de 10 milliards de dollars US ; elles produisent de l'eau potable à partir d'eau de mer et d'eau souterraine brute de la côte de la mer Rouge et du golfe Arabo-Persique, à l'aide de systèmes de distillation à plusieurs étages et d'osmose inverse (Bushnak 1997,93). Actuellement, l'Arabie saoudite est le plus grand producteur mondial d'eau dessalée ; sa production annuelle a frôlé les 795 millions de m3 et la capacité annuelle devrait atteindre environ 1 050 millions de m3 pour l'an 2000.

    Le coût unitaire du dessalement se situe à environ 0,70 dollar US ou 2,6 riyals saoudiens (RS) par m3 (1 $US = 3,751 RS) pour les grosses usines de dessalement (Bushnak 1997, 93). 3 à 4 RS devraient être ajoutés au coût total de l'eau pour le transport vers les villes et les villages. Ainsi, un mètre cube d'eau dessalée livrée à la maison coûte environ entre 5,5 et 6,6 RS.

    En outre, selon les estimations, près de 1000 millions de m3 d'eaux usées furent produites dans le pays en 1996, et cela devrait augmenter à 1 500 millions de m3 pour l'an 2000 (Ishaq et Khan 1997). Près de 41 % des eaux usées municipales sont traitées et, en 1997, environ 185 millions de m3 ou 18,5 % des eaux usées traitées étaient recyclées pour l'irrigation agricole, les espaces verts et les raffineries.

    La suite...
    Dernière modification par zek, 28 août 2010, 11h11.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    La gestion de la demande d'eau domestique

    Comme l'indiquent d'autres chapitres de cet ouvrage, y compris ceux d'Amery et de Kadouri et al., le Prophète (pssl) accorda à toute la population le droit à l'eau afin de prévenir la pénurie d'eau et d'empêcher l'eau de passer sous le contrôle d'une seule personne. Ce principe est particulièrement important pour l'Arabie saoudite, caractérisée par des ressources limitées et une demande qui augmente rapidement. La population totale de l'Arabie saoudite est passée d'environ 7,7 millions en 1970, à 11,8 millions en 1990, et l'on prévoit que ce total atteindra les 19 millions en 2010 si le taux annuel de croissance actuel de 3 % se maintient.

    Par conséquent, la demande en eau domestique a augmenté de 446 millions de m3 en 1980 à environ 1 563 millions de m3 en 1997 ; on prévoit qu'elle atteindra 2800 millions de m3 en 20 JO (Al-Alawi et Abdulrazzak 1994 ; Al- Tukhais 1997). C' est ce qui explique la construction à grande échelle d'usines de dessalement, lesquelles répondent actuellement à 46 % de la demande domestique.

    Comme l'indiquent toutefois les chapitres de Shah et d'Atallah dans cet ouvrage, l'accent fut également mis sur la conservation de l'eau dès le début de l'Islam. Afin de réduire la demande en eau domestique en Arabie saoudite, plusieurs mesures de contrôle et de conservation de l'eau ont été introduites. En voici un certain nombre:

    * En 1994, des tarifs pour l'eau furent introduits afin de sensibiliser davantage la population à la valeur de la production de l'eau. Le tarif par mètre cube d'eau potable est de 0,04 $US (0,15 RS) pour les cent premiers mètres cubes d'eau, de 0,27 $US (1 RS) pour les cent mètres cubes suivants, de 0,53 $US (2 RS) pour la troisième centaine de mètres cubes, de 1,07 $US (4 RS) pour la quatrième.

    Le coût de l'eau pour une famille de classe moyenne de six personnes vivant dans une petite maison avec jardin (si la consommation d'eau est d'environ 200 m3 par mois) – avec un revenu moyen de 4 000 RS par mois – est inférieur à 200 RS par mois (55 $US). Toutefois, la facture d'eau ne constitue qu' une petite fraction du coût réel de production et du transport de l'eau, lequel peut osciller entre 1 120 et 1 320 RS.

    * Les mesures nécessaires pour empêcher les fuites ont été mises en place afin de réduire au minimum les pertes d'eau dans les réseaux d'approvisionnement.

    * Il y a recyclage des eaux usées traitées ; par exemple, l'eau des ablutions est recyclée pour les cabinets d'aisance des deux mosquées sacrées : La Mecque et Médine.

    * L'eau très salée de Wadi Malakan, près de La Mecque, est utilisée à la place de l'eau dessalée dans les chasses d'eau des cabinets d'aisance de la sainte mosquée de La Mecque.

    La gestion de la demande en eau d'irrigation

    Les terres cultivées du royaume ont augmenté de moins de 0,4 million d'ha en 1971, à 1,62 million en 1992 (MAE 1992), et la consommation totale d'eau d'irrigation a augmenté, d'environ 1 850 millions de m3 en 1980, à 29826 en 1992 (tableau 1). La hausse de la valeur seuil du sol agricole a commencé en 1979. Chargé de veiller à ce qu' il y ait de l'eau disponible pour les divers besoins de la population, y compris l'irrigation, troisième priorité, le gouvernement a aidé financièrement les agriculteurs pour creuser des puits et introduire des systèmes d'irrigation modernes et efficients.

    Le gouvernement a également aidé les agriculteurs à programmer la mobilisation de l'eau d'irrigation de façon adéquate afin d'éviter les utilisations excessives. Selon une évaluation préliminaire, le coût de la production d'eau d'irrigation à partir de puits à des profondeurs inférieures à 400 mètres se situerait entre 0,20 et 0,50 RS pour de grands projets d'irrigation.

    Le tableau 2 montre que l'eau souterraine non renouvelable d'aquifères profonds et peu profonds fournissait en 1992 approximativement 28576 millions de m3 pour l'irrigation. Cela représentait 94 % de l'utilisation totale d'eau d'irrigation et 90 % de toute la production nationale en eau utilisée en Arabie saoudite. Le nombre total de puits artésiens a augmenté, d'environ 26000 en 1982 à quelque 52500 en 1990. De plus, des centaines voire des milliers de puits de production étaient fortement regroupés dans certaines régions rurales. Dans plusieurs régions agricoles, le pompage excessif a eu des effets négatifs sur les niveaux et la qualité de l'eau souterraine.

    Par conséquent, l'amélioration de la gestion de l'eau souterraine et la réduction de la consommation de l'eau d'irrigation, surtout pour la culture du blé, sont devenues essentielles au maintien de la productivité et de la qualité à long terme des aquifères. Comprenant ce grave problème et après consultation auprès des érudits musulmans responsables et des spécialistes de l'agriculture, de l'économie et de l'eau, le gouvernement a adopté plusieurs mesures et élaboré une réglementation devant améliorer la gestion de la demande en eau, de même que protéger et conserver les ressources en eau.

    La réglementation relative au creusement de puits

    « Le Prophète dit : "Le musulman est celui dont les gens ne redou-tent ni la langue ni la main. Un muhajir [émigrant de La Mecque à Médine pour accompagner le Prophète (pssl)] est celui qui s' abstient de faire ce que Dieu a interdit"»5. Cela signifie que la loi musulmane interdit au musulman de causer du tort aux autres, y compris à sa communauté. En outre, le Prophète (pssl) reconnut que la propriété des puits ou de toute autre source d'eau devait s' accompagner de la possession d'une certaine bordure de terrain (harim), sur laquelle le creusement d'un autre puits ne pouvait être autorisé. Cela devait empêcher les répercussions négatives sur la qualité et la quantité de l'eau du puits.

    Compte tenu de cette tendance islamique générale, un décret royal était publié en 1980 afin de régir le creusement de puits et de protéger les aquifères contre l'exploitation et la pollution. Des permis spéciaux doivent être délivrés au préalable par le MAE pour creuser ou approfondir un puits. Ces travaux doivent alors être exécutés conformément aux plans approuvés et sous la supervision du MAE. Les propriétaires de puits et les entreprises de creusement sont pénalisés s' ils ne respectent pas ce décret.

    La diminution de l'aide relative au prix du blé

    La culture dominante en Arabie saoudite est celle du blé, dont le total des terres cultivées s'élevait en 1992 à 907 309 ha, ou 56 %. Quant aux cultures de fourrage, de légumes et de fruits, elles occupaient respectivement 18,7 et 6 % de toutes les superficies agricoles. La production de blé de 4,25 millions de tonnes, en 1992, dépassait de beaucoup la demande nationale prévue de 1,22 million de tonnes (MAE 1990), ce qui a retardé la diversification de la production agricole et débouché sur une consommation non nécessaire de volumes importants d'eau souterraine : en 1992, la demande d'irrigation pour le blé était de 9 895 millions de m3 ou de 33 % de la consommation nationale totale d'eau d'irrigation.

    5 Al-Bukhari 1.9.

    En 1993, le gouvernement réduisit la zone de culture du blé admissible au soutien des prix, la ramenant à 25 % de sa taille antérieure. Il entendait ainsi réduire la production de blé et la placer au niveau de la consommation annuelle, encourager les agriculteurs à diversifier leur production et diminuer la consommation d'eau d'irrigation. l'économie d'eau devait être d'environ 7400 millions de m3 par année ou de 25 % (avec une hypothèse de réduction de 75 % des terres consacrées au blé). En fait, la superficie productrice de blé a connu une baisse de quelque 325000 ha entre 1992 et 1994. Et comme le démontre le tableau 2, en dépit du maintien de l'approvisionnement en eau des autres sources de 1992 à 1997, la réduction des subventions pour la production de blé a entraîné une réduction de l'eau pompée à des aquifères non renouvelables, de 28576 millions de m3 à 15376 millions de m3.

    Cette diminution eut d'heureux effets sur les niveaux et la qualité de l'eau souterraine dans différentes zones productrices de blé du royaume. Des mesures sur le terrain des niveaux des nappes, dans des puits d'observation d'un vaste aménagement hydro-agricole dans la province de l'Est, ont indiqué une remontée après la réduction de la zone productrice de blé, soit de 20 à 30 % par rapport à l'abaissement de la surface enregistré les années antérieures. Récemment, le MAE annonçait des effets positifs semblables sur les niveaux d'eau souterraine dans d'autres régions du royaume, à la suite de la réduction de la culture du blé.

    La suite...
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

    Commentaire


    • #3
      La réutilisation des effluents d'eaux pour l'irrigation

      Des millions de mètres cubes d'effluents d'eaux usées étaient autrefois produits puis rejetés sans être réutilisés. Aucune raison technique ne justifiait cette façon de faire ; mais il n'y avait pas de certitude que la pureté des effluents était conforme aux exigences de l'Islam, même après l'élimination des impuretés par un traitement adéquat. Après des enquêtes et des discussions longues et approfondies avec des spécialistes et des scientifiques, une position islamique (fatwa) sur la question fut publiée par le Conseil des érudits musulmans responsables (CLIS) d'Arabie saoudite, en 1978. Cette position islamique officielle (CLIS 1978) disait :

      « L'eau usée impure peut être considérée comme de l'eau pure et semblable à l'eau pure initiale si son traitement à l'aide de techniques de pointe réussit à en éliminer les impuretés en matière de goût, de couleur et d'odeur, comme en témoignent des experts honnêtes et compétents. Cette eau peut alors servir à laver le corps, aux ablutions, et peut même être utilisée comme eau potable. S'il y a des répercussions négatives sur la santé humaine après son utilisation directe, il est alors préférable d'éviter de s'en servir non pas parce qu'elle est impure mais pour éviter de causer du tort aux êtres humains. Le CLIS préfère ne pas l'utiliser comme eau potable (dans la mesure du possible) afin de protéger la santé et de ne pas aller à l'encontre des habitudes humaines.

      Cette position islamique démontre la nature dynamique et la sagesse de la loi islamique devant l'évolution des besoins de la communauté musulmane. Elle marqua un pas important dans la réutilisation des effluents d'eau usée, et ce à différentes fins, selon son degré de traitement : par exemple, eau potable, eau d'ablution, eau de lavage, eau d'irrigation restrictive ou non restrictive. Actuellement, quelque 9 000 ha de dattiers et de culture fourragère près de Riyad sont irrigués à l'aide d'environ 146 millions de m3 d'effluents d'eau usée. Les eaux usées sont aussi réutilisées pour irriguer les espaces verts, les arbres et la pelouse de parcs municipaux dans différentes villes, comme Dhahran, Djeddah, Jubail, Riyad et Taif.

      Autres mesures de réduction de la demande en eau

      Le MAE a envisagé l'installation de compteurs d'eau sur les pompes des fermes afin de réduire au minimum le pompage excessif et les pertes d'eau. Il y a aussi la possibilité de déplacer une partie de la culture fourragère et céréalière, à partir des zones à forte consommation d'eau d'irrigation vers celles à faible consommation, ce qui devrait permettre d'économiser des quantités importantes d'eau d'irrigation. Le MAE est actif dans l'éducation du public à la valeur de la conservation de l'eau, et ce, à travers les médias d'information et les établissements d'enseignement.

      La gestion de la demande en eau industrielle

      Bien que les industries n' utilisent qu' un faible volume d'eau, certaines d'entre elles requièrent des qualités particulières d'eau ; les conséquences environnementales d'une mauvaise gestion des eaux usées industrielles représentent un danger important. La demande industrielle en eau a augmenté, d'environ 56 millions de m3 par année, en 1980, à 192 millions de m3 en 1990 ; on prévoit que la croissance aboutira à quelque 500 millions de m3 en 2010 (Al-Alawi et Abdulrazzak 1994, et les estimations de l'auteur). La demande croissante est satisfaite principalement par le dessalement coûteux dans certaines industries, en particulier celle de l'alimentation, bien que l'eau souterraine réponde aux besoins d'autres types d'industries.

      La demande industrielle varie d'une région à l'autre du royaume. Dans certaines usines, il y a recyclage d'une partie des effluents. Toutefois, l'élimination non contrôlée des eaux usées a des effets néfastes sur l'environnement et sur l'eau souterraine.

      La législation et les mesures suivantes permettront dorénavant d'améliorer la gestion de la demande en eau industrielle.

      * Afin de réduire au minimum la demande industrielle en eau, de maximiser le recyclage des eaux usées et de protéger l'environnement, le gouvernement a créé de grandes villes industrielles à différents endroits du royaume. Chaque ville compte des dizaines ou des centaines d'usines. Les eaux usées industrielles sont recueillies, traitées et recyclées dans chacune des villes au niveau de l'usine pour les besoins industriels et pour ceux des espaces verts. Les villes industrielles ont des spécifications en matière de qualité des eaux usées collectées des usines.

      * Des cycles fermés d'eau ont été instaurés dans les usines afin de réduire au minimum l'élimination des eaux usées, de réduire le pompage de l'eau souterraine et de protéger l'environnement. Avec cette approche, l'eau usée est transformée en condensats de bonne qualité, par l'évaporation à basse température, sous vide. Cette technologie est apparue dans de grandes usines en 1995 (Abderrahman 1997) .

      Conclusions

      Depuis sa création il y a environ cent ans, le royaume d'Arabie saoudite a respecté les préceptes islamiques, ou la charia, pour tous les aspects de la vie. Selon la charia, l'eau constitue l'élément principal de la préservation de la vie et de la sécurité de la nation. Le gouvernement a compris les problèmes découlant de la combinaison de conditions climatiques arides, de réserves d'eau limitées, de la croissance accélérée de la demande en eau ; il a mis en place des organismes spécialisés, chargés de la production et de la distribution de l'eau, adopté une réglementation, des mesures et une position islamique (fatwa), le tout compatible avec les préceptes de l'Islam, afin de parvenir à une gestion efficace de la demande en eau dans l'intérêt de la collectivité et de la préservation de ses ressources naturelles.

      Cela fut mis en œuvre en consultation permanente avec les érudits musulmans ainsi que les spécialistes de l'eau, de l'agriculture, de la planification et de l'économie. Parmi les exemples de réglementation figurent la réduction de la demande domestique en eau grâce à la mise en vigueur de nouvelles politiques de tarification de l'eau, de mesures de détection, de contrôle et de réparation des fuites, de sensibilisation accrue du public à la valeur de l'eau. La réduction de l'aide à la production du blé, qui a engendré une diminution d'environ 25 % de la demande en eau d'irrigation, constitue un autre exemple. En outre, grâce à la position islamique officielle (fatwa) permettant de recycler les effluents d'eau usée, surtout pour l'irrigation, des millions de mètres cubes d'effluents traités ont pu être réutilisés à cette fin, chaque année.

      Le recyclage des eaux usées industrielles traitées a été encouragé et adopté par diverses usines. D' autres mesures ont été introduites en vue de contrôler le forage de puits et de surveiller la consommation d'eau au niveau des exploitations agricoles afin d'éviter le pompage excessif et de protéger les aquifères. Les agriculteurs sont en outre encouragés à se servir de systèmes d'irrigation modernes et à adopter une programmation de l'irrigation afin de réduire au minimum la demande en eau. Par tous ces moyens reposant sur les principes de l'Islam en matière de gestion de la demande en eau, l'Arabie saoudite a réussi à répondre aux besoins croissants en eau et à protéger les ressources en eau.

      Cela démontre que la réglementation islamique est suffisamment dynamique, souple et raisonnable pour permettre de relever les défis auxquels les nations musulmanes font face, autrement dit des problèmes vitaux tels que celui de l'eau.

      Références bibliograhiques

      Abderrahman, W. A., 1997, « The Use of Closed Water Cycle in Industrial Plants in Saudi Arabia », dans Proceedings of the Conference on Development and Environmental Impact, 21–23 September, Ministère des Affaires municipales et rurales, Riyad.

      Al-Alawi, M. et Abdulrazzak, M., 1994, « Water in the Arabian Peninsula : Problems and Perspectives », dans P. Rogers et P. Lydon (éd.), Water in the Arab World : Perspectives and Progress, Division of Applied Sciences, Université d'Harvard, Cambridge, Mass.

      Al- Tukhais, A. S., 1997, « Water Resources and Agricultural Production in Saudi Arabia : Present and Future », dans Water Resources and Its Utilization in Saudi Arabia : Proceedings of the First Saudi Conference on Agricultural Sciences, 25–27 March 1997, Collège d'agriculture, Université du roi Saud, Riyad.

      Bushnak, A., 1997, « Water Desalination and Wastewater Reuse : Review of the Technology, Economics and Applications in the ESCWA Region », Expert Group Meeting on Development of Non-Conventional Water Resources and Appropriate Technologies for Groundwater Management in the ESCWA Member Countries, 27–30 October, Manama, Bahrain, Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO)/ONU, Beyrouth.

      CLIS (Conseil des érudits musulmans responsables), 1978, « Judgement Regarding Purifying Wastewater : Judgement no. 64 on 25 Shawwal, 1398 AH, Thirteenth Meeting of the Council of Leading Islamic Scholars (CLIS) during the second half of the Arabic month of Shawwal, 1398 AH (1978) », Taif : Journal of Islamic Research, n ° 17, p.40–41.

      Dabbagh, A. E. et Abderrahman, W. A., 1997, « Management of Groundwater Resources un der Various Irrigation Water Use Scenarios in Saudi Arabia », Arabian Journal of Science and Engineering, n° 22 (numéro spécial sur les ressources en eau dans la péninsule Arabique), p. 47–64.

      Ishaq, A. M. et Khan, A. A., 1997, « Recharge of Aquifers with Reclaimed Wastewater : A Case for Saudi Arabia », Arabian Journal for Science and Engineering, n° 22, p. 133–41 (numéro spécial sur les ressources en eau dans la péninsule Arabique).

      MAE (Ministère de l'Agriculture et de l'Eau), 1984, Water Atlas of Saudi Arabia, MAE, Riyad.

      – 1992, Agricultural Statistical Year Book, vol. 7, MAE, Ministère de l'Agriculture et de l'Eau, Ministère des Études économiques et statistiques, Riyad.

      MP (Ministère de la Planification), 1990, Fifth Development Plan, MP,

      Walid A. Abderrahman
      CRDI
      Dernière modification par zek, 28 août 2010, 11h27.
      Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

      Commentaire

      Chargement...
      X