Aux États-Unis, un petit nouveau s’est glissé dans la liste des fournitures scolaires : le papier toilette. Crise oblige, certains États n’hésitent plus à exiger des parents qu’ils fournissent un rouleau à côté de la trousse. Une idée incongrue, voire impensable, en France ? Pas tant que ça…
Le papier toilette dans le cartable. Une idée insolite qui pourrait bien devenir une réalité en France. Dans certains États américains, le papier hygiénique figure déjà dans la fameuse liste de fournitures scolaires. Objectif ? Économiser, naturellement. Ainsi, produits ménagers ou marqueurs pour les professeurs sont désormais à la charge des parents, au même titre que les crayons, les cahiers ou les feutres. Une situation qui interpelle Marie, originaire de Cachan (Val-de-Marne). À quarante ans, cette maman de quatre enfants ne comprend pas que l’on demande aux parents d’apporter du papier toilette à l’école ! « Avec deux enfants au collège et un en maternelle, si l’on me demandait d’apporter des rouleaux pour l’année, je pense que cela ferait une petite somme… sans parler du côté décalé ! » tonne-t-elle. Un constat que partage Myriam, trente et un ans, institutrice dans le Val-d’Oise depuis cinq ans. « Demander aux élèves d’apporter leur rouleau me semble inadapté », estime-t-elle. Les rouleaux pourraient en effet rapidement devenir envahissants. « Les enfants iraient en récréation avec le rouleau à la main ? » lance-t-elle, un brin ironique. Sans parler des épidémies de gastro-entérites et maladies bénignes en tout genre… « Non, vraiment, la situation serait ingérable. Ça ferait un peu camping, quand même. » Parole d’instit’ ! Reste qu’en période de crise, les politiques pourraient s’inspirer de l’expérience américaine. C’est bien connu, il n’y a pas de petites économies.
En France, écoles maternelles et primaires relèvent de la compétence de la municipalité. Le collège est sous la responsabilité du Conseil général, le lycée du Conseil régional. En haut de la pyramide, l’État, à travers le ministère de l’Éducation nationale, répartit l’ensemble des moyens. À Foix (Ariège), le budget 2010 prévoit une enveloppe annuelle de 2 021 euros par élève. Une somme relativement importante pour une commune de moins de 10 000 habitants. Parmi les dépenses couvertes : l’entretien des écoles et des sanitaires, donc la fourniture du papier hygiénique. Et tout est fait pour assurer les meilleures conditions d’hygiène aux élèves.
Du moins en théorie. Car en pratique, les choses sont loin d’être satisfaisantes. Selon Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, « la question du papier toilette, c’est du déjà-vu ! » En cause, les fortes disparités communales, toutes les municipalités n’ayant pas les mêmes priorités. Le fonctionnement de l’école primaire est donc directement soumis aux crédits des mairies. Et les inégalités sont très marquées. « Dans ce domaine, les différences vont de un à dix. C’est ce qu’indique notre enquête, menée en 2001 », explique Sébastien Sihr, secrétaire général de la SNUIPP, le syndicat d’enseignants majoritaire. Du côté des parents d’élèves, le problème des coûts scolaires renvoie à la notion de gratuité de l’école publique. « Un rapport de la Cour des comptes pointait, déjà en 2008, que la gratuité de l’école était remise en cause par toutes ces pratiques », note Jean-Jacques Hazan.
« Dans notre école, c’est la gardienne qui veille au grain », explique Myriam. C’est elle qui repère et contacte les services municipaux en cas de besoin. « Pour la grippe A, l’an dernier, nous étions régulièrement fournis en solution désinfectante. La seule chose que nous nous permettons de demander aux parents en dehors des fournitures scolaires, ce sont des mouchoirs jetables », précise-t-elle. Davantage par commodité que par souci d’économie. Une exigence qui ne gêne pas les familles. D’autant que les établissements scolaires disposent de subventions supplémentaires allouées par les collectivités, permettant de financer une palette d’outils pédagogiques.
Pour résumer, il existe trois lignes budgétaires dont le montant varie en fonction des collectivités. Le « budget classe », à raison de 30 euros par élève, couvre les affiches, le papier à photocopier, les cahiers de cycle, les feutres, les craies… Le « budget bibliothèque », 600 euros dans l’école de Myriam, permet d’acheter des séries de livres, des dictionnaires… Enfin, le « budget investissements », pour tous les achats de matériel électronique (rétroprojecteur, caméra, appareil photo, etc.) : « L’an dernier, j’ai eu 1500 euros », se souvient Myriam. Une somme à dépenser entre juin et octobre. Passé ce délai, l’enveloppe est rendue à la municipalité. Dans ces conditions, il serait presque impensable de demander aux parents de fournir du papier hygiénique. Selon la jeune institutrice, théoriquement, « les fournitures scolaires ne sont pas censées générer de grosses dépenses pour les parents. Je demande le minimum. Cahier du jour, trousse complète, agenda, sans oublier un bon cartable. Les parents s’en sortent au maximum avec 50 euros». Une situation permise par le niveau des crédits versés par la mairie. Selon Sébastien Sihr, « les inégalités de crédits obligent certains établissements à solliciter les parents, par exemple en augmentant les cotisations à la coopérative ». Et cette situation n’arrange personne. Le SNUIPP vient d’ailleurs d’interpeller l’Éducation nationale à ce sujet. Parmi ses propositions, la création d’un fonds de péréquation abondé par l’État. Objectif ? Aider les communes déshéritées à mieux respecter un article de la Constitution : celui concernant la gratuité de l’école.
Par : Nadia Moula
source : yahoo
Le papier toilette dans le cartable. Une idée insolite qui pourrait bien devenir une réalité en France. Dans certains États américains, le papier hygiénique figure déjà dans la fameuse liste de fournitures scolaires. Objectif ? Économiser, naturellement. Ainsi, produits ménagers ou marqueurs pour les professeurs sont désormais à la charge des parents, au même titre que les crayons, les cahiers ou les feutres. Une situation qui interpelle Marie, originaire de Cachan (Val-de-Marne). À quarante ans, cette maman de quatre enfants ne comprend pas que l’on demande aux parents d’apporter du papier toilette à l’école ! « Avec deux enfants au collège et un en maternelle, si l’on me demandait d’apporter des rouleaux pour l’année, je pense que cela ferait une petite somme… sans parler du côté décalé ! » tonne-t-elle. Un constat que partage Myriam, trente et un ans, institutrice dans le Val-d’Oise depuis cinq ans. « Demander aux élèves d’apporter leur rouleau me semble inadapté », estime-t-elle. Les rouleaux pourraient en effet rapidement devenir envahissants. « Les enfants iraient en récréation avec le rouleau à la main ? » lance-t-elle, un brin ironique. Sans parler des épidémies de gastro-entérites et maladies bénignes en tout genre… « Non, vraiment, la situation serait ingérable. Ça ferait un peu camping, quand même. » Parole d’instit’ ! Reste qu’en période de crise, les politiques pourraient s’inspirer de l’expérience américaine. C’est bien connu, il n’y a pas de petites économies.
En France, écoles maternelles et primaires relèvent de la compétence de la municipalité. Le collège est sous la responsabilité du Conseil général, le lycée du Conseil régional. En haut de la pyramide, l’État, à travers le ministère de l’Éducation nationale, répartit l’ensemble des moyens. À Foix (Ariège), le budget 2010 prévoit une enveloppe annuelle de 2 021 euros par élève. Une somme relativement importante pour une commune de moins de 10 000 habitants. Parmi les dépenses couvertes : l’entretien des écoles et des sanitaires, donc la fourniture du papier hygiénique. Et tout est fait pour assurer les meilleures conditions d’hygiène aux élèves.
Du moins en théorie. Car en pratique, les choses sont loin d’être satisfaisantes. Selon Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, « la question du papier toilette, c’est du déjà-vu ! » En cause, les fortes disparités communales, toutes les municipalités n’ayant pas les mêmes priorités. Le fonctionnement de l’école primaire est donc directement soumis aux crédits des mairies. Et les inégalités sont très marquées. « Dans ce domaine, les différences vont de un à dix. C’est ce qu’indique notre enquête, menée en 2001 », explique Sébastien Sihr, secrétaire général de la SNUIPP, le syndicat d’enseignants majoritaire. Du côté des parents d’élèves, le problème des coûts scolaires renvoie à la notion de gratuité de l’école publique. « Un rapport de la Cour des comptes pointait, déjà en 2008, que la gratuité de l’école était remise en cause par toutes ces pratiques », note Jean-Jacques Hazan.
« Dans notre école, c’est la gardienne qui veille au grain », explique Myriam. C’est elle qui repère et contacte les services municipaux en cas de besoin. « Pour la grippe A, l’an dernier, nous étions régulièrement fournis en solution désinfectante. La seule chose que nous nous permettons de demander aux parents en dehors des fournitures scolaires, ce sont des mouchoirs jetables », précise-t-elle. Davantage par commodité que par souci d’économie. Une exigence qui ne gêne pas les familles. D’autant que les établissements scolaires disposent de subventions supplémentaires allouées par les collectivités, permettant de financer une palette d’outils pédagogiques.
Pour résumer, il existe trois lignes budgétaires dont le montant varie en fonction des collectivités. Le « budget classe », à raison de 30 euros par élève, couvre les affiches, le papier à photocopier, les cahiers de cycle, les feutres, les craies… Le « budget bibliothèque », 600 euros dans l’école de Myriam, permet d’acheter des séries de livres, des dictionnaires… Enfin, le « budget investissements », pour tous les achats de matériel électronique (rétroprojecteur, caméra, appareil photo, etc.) : « L’an dernier, j’ai eu 1500 euros », se souvient Myriam. Une somme à dépenser entre juin et octobre. Passé ce délai, l’enveloppe est rendue à la municipalité. Dans ces conditions, il serait presque impensable de demander aux parents de fournir du papier hygiénique. Selon la jeune institutrice, théoriquement, « les fournitures scolaires ne sont pas censées générer de grosses dépenses pour les parents. Je demande le minimum. Cahier du jour, trousse complète, agenda, sans oublier un bon cartable. Les parents s’en sortent au maximum avec 50 euros». Une situation permise par le niveau des crédits versés par la mairie. Selon Sébastien Sihr, « les inégalités de crédits obligent certains établissements à solliciter les parents, par exemple en augmentant les cotisations à la coopérative ». Et cette situation n’arrange personne. Le SNUIPP vient d’ailleurs d’interpeller l’Éducation nationale à ce sujet. Parmi ses propositions, la création d’un fonds de péréquation abondé par l’État. Objectif ? Aider les communes déshéritées à mieux respecter un article de la Constitution : celui concernant la gratuité de l’école.
Par : Nadia Moula
source : yahoo
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