Le besoin de se ressourcer

[sentenza]

Bonjour à tous,

On dit souvent que l'on ressent le besoin d'aller "au Bled" pour se ressourcer.
Mais que va t-on chercher réellement ? Pourquoi ce besoin ?

Pour ma part, je le ressens presque quotidiennement. Je vis en France depuis mon enfance, ait la double nationalité, une double culture, mais pense constamment au pays où je suis né, au pays dont la culture et la langue m'ont été transmises par mes parents dès mon plus jeune âge. C'est ce que j'appelle "les racines", élément indissociable d'un individu.
Ainsi dès que je me retrouve dans un quartier à Paris où l'on parle les langues d'Algérie, je me sens mieux. Lorsque j'écoute la musique qui a baigné mon enfance, je me retrouve à Alger ou Tizi. Quand je déguste un plat traditionnel auquel je n'ai goûté depuis longtemps, les saveurs m'emportent du côté de la Vallée de Sébaou ou de la ville des genêts.
C'est pourquoi je ressens ce besoin de me ressourcer malgré beaucoup d'aspects négatifs de notre pays.

Qu'en est il pour vous ?

[momo.05]

quoi dire sentenza...........l'estomac qui se noue quand il tarde de partir.........ce besoin est innexpliquable..........je comprend pas non plus...........et meme n'ayant aucune raison a priori!

[coccidz]

sentenza , je vis en algerie depuis toujours , il m'est arrivé de changer de quartier et de villes , quand j'ai envi de me ressourcer je revient toujours au quartiers de mon enfance et aux lieux qui ont marqués celle ci , je retrouve en eux un reméde a tout mes maux du moment et je me console en me disant quil fut un temps ou j'etais heureuse en me contentais de peu .

[sentenza]

je me console en me disant quil fut un temps ou j'etais heureuse en me contentais de peu

Tout à fait coccidz, nous nous contentions de peu pour être heureux, nous divertir. Aujourd'hui, nous vivons dans une société où l'on pousse à consommer, à renouveler fréquemment nos équipements, finalement où le matériel prend peu à peu le dessus sur les relations humaines.

[Zacmako]

Sans vouloir te contrarier, l’ancien, c’est l’inverse qui se produit pour moi.
C’est en étant du côté nord de la méditerranée que je me ressource.
Est-ce à cause de la routine du quotidien ici au bled ? est-ce le fait de changer de ‘’têtes’’, d’habitude et de paysage ? je ne sais pas…

[mistaaywa]

moi ca commence a partir avec les annèès ce que tu ressens

[sentenza]

Bonjour Zac,

Je ne dis pas que je pourrais vivre en Algérie, et en l'état actuel des choses, j'en serai incapable. Et je comprends totalement la souffrance d'une grande partie de la jeunesse algérienne qui aspire à un meilleur avenir.
Mais il y des choses que l'on ne peut retrouver qu'au pays, et je dirai qu'une cure périodique est nécessaire.

[Zacmako]

Bonjour Sentenza

Mais il y des choses que l'on ne peut retrouver qu'au pays, et je dirai qu'une cure périodique est nécessaire.

Oh oui, ça c'est indispensable et parfois inexplicable. Chez nous on dit à propos de celà : ''Laarouk tédjéb'' (l'appel des racines).
Surtout au niveau des petits villages, loin des bruits de la ville, sentir l'air frais du matin avec, en toile de fond, l'odeur du pain cuit à la maison et cette odeur de café juste moulu et minutieusement préparé par grand mère ou par la tante, entendre au loin le beuglement de la vache du cousin, son seul bien, ou encore regarder ces quelques chèvres qui s'apprêtent à rejoindre le pâturage, fondre dans le brouillard du petit matin, suivre du regard ces mômes, cartable à la main mais encore à moitié endormis, courir vers l'école avant que le vieux gardien n'en ferme les grilles...

[YSN]

On a changé de domicile 4 fois avec mes parents, et à ce jour je suis marié et vis seul. Mais bizarement lorsque je reve d'une maison, je me retrouve toujours dans la 1ère (celle de mon enfance).

Ahhh, les souvenirs gravés ...

Je pense que c'est pareil pour le pays Zac, une sorte de maison d'enfance pleine de souvenirs, de baume, de tradition et de sécurité (celle des parents).

[Zakia]

Pour ma part je suis née ne Belgique mais j'ai vécu aussi en Algérie.

Que dire? Je me rends compte au fil du temps que j'ai besoin des deux. Je ne peux renier ce que m'a donné la Belgique en termes d'éducation, d'emploi de qualité de vie, etc. Je peux encore moins renier et refouler ce qui fait ce que je suis au plus profond de moi : une algérienne pétrie de la culture de mes parents, des valeurs qu'ils m'ont inculquées, de l'amour de la terre de leurs ancêtres et des miens.
Me ressourcer? Je ne peux le faire que là-bas, ce là-bas auquel je suis viscéralement attachée, auquel je retournerai pour lui donner ce que je peux quand bien même on dira qu'il ne me le rendra pas. Ce n'est pas vrai : là-bas je suis chez moi, personne ne me le dispute, personne ne me dit tu n'es pas d'ici. Là-bas c'est chez moi, terre nourricière des miens qui d'ailleurs y sont pratiquement tous. Il suffit que je tende ma joue au sol de ma terre là-bas, ma terre algérienne pour y puiser des forces et l'apaisement. Aucun autre endroit au monde ne peut me donner ça.
Aucune plage, aucune ville, aucun paysage au monde ne peut me remuer comme me remue le paysage accidenté de mon Algérie. Pas d'images d'Epinal, pas d'angélisme, en bonne algérienne que je suis, je suis râleuse, j'ai plus souvent qu'à mon tour envie de baffer certains de mes concitoyens et leur faire une tête au carré, je râle souvent dès que je pose un pied mais je souris aussi aux progrès qui se font. Lentement au gré de certains mais pourtant réels et bien là.

J'ai en permanence chez moi un peu de terre mêlée de quelques cailloux venant des alentours de Tlemcen. J'y tiens, je passe régulièrement la main dans cette terre de chez moi que le vent a balayé, que le soleil a chauffé, que la pluie a enrichi. Je caresse ces petits cailloux, sorte de lien invisible qui, au quotidien, me relie à "ardh jdadi"

[Fella]

...Le besoin de se ressourcer est inexplicable, tout simplement je n'arrive pas à m'y faire à l'étranger, Alger m'interpelle à tout instant et sans relâche.
Je suis née et j'ai grandi, mes études et mon éducation se sont imprégnées dans l'algérois, ici, il ne manque rien à mon quotidien, mais dans ma vie elle-même il y'a ce besoin constant d'être avec les miens, toute ma famille, mes amis, mes proches....
je n'arrive surtout pas à concevoir cette souffrance de nostalgie et en parler là simplement, ma gorge se serre et mes larmes arrivent....
J'habite dans un quartier très calme d'où l'impression que tout est figé! à alger,le bruit les cris des vendeurs ambulants, les enfants qui jouent au ballon, la rue qui vie...ce contraste certe me fait mal, le silence me fait trop mal....le besoin de se ressourcer ne sera jamais éphémère pour moi....

[Zacmako]

J'habite dans un quartier très calme d'où l'impression que tout est figé! à alger,le bruit les cris des vendeurs ambulants, les enfants qui jouent au ballon,

Fella, ayay n'tbadlou ounzidék edrahém...

[mistaaywa]

mdrrrrr zak andek zahr ghir enta tu sais pas profiti

[absent]

Bonjour,

A la lecture de ton topic sentenza, j'ai pensé au livre d'Amin Maalouf "Origines" qu'il commence magistralement par cette phrase" d'autres que moi auraient parlé de "racines"!!!

Il dit que ce n'est pas son vocabulaire. Pour lui, les racines s'enfouissent dans le sol, se contorsionnent dans la boue, s'épanouissent dans les ténèbres; elles retiennent l'arbre captif dès sa naissance, et le nourrissent au prix d'un chantage : 'Tu te libères, tu meurs'...

Il faut faire comme Amin Maalouf et parler d'origine...Un repère libérateur qui nous incite à aller encore plus loin. Y retourner est juste pour se rappeler d'où nous venons mais le sentiment d'attachement n'est pas déterminant.

Les racines est un vocable de faibles. Sois-en fort mon fils.

[Histo]

Me ressourcer ne me suffit plus , mnt c'est plus vouloir retourner que aller me ressourcer.