Qu'en est-il de la concrétisation des investissements en pétrodollars tant courtisés par le Maroc ? Si la presse s'est déjà faite l'écho des difficultés que rencontrent certains investisseurs, il n'en reste pas moins que la donne a changé : des difficultés existent, mais aujourd'hui le Maroc risque de perdre tout simplement ces investisseurs...! Si le premier projet d'Emaar, à savoir Tinjis, ne remporte pas le succès escompté, ce sont tous les autres investisseurs qui risquent de plier bagages, Emaar en tête. Vous savez, ils ne sont pas venus pour nos beaux yeux. Ils attendent de leur projet au Maroc du sonnant et du trébuchant.
Et si ce n'est pas le cas, ils n'hésiteront pas à reporter leur présence en Europe de l'Est, qui présente désormais un profil d'investissement très intéressant, en particulier avec les dernières adhésions en date, et le lot de subventions qu'elles apportent aux investissements d'envergure». Les montants annoncés des investissements en provenance du Moyen-Orient sont plus faramineux les uns que les autres. Ils se chiffrent en milliards de d'euros ! Et à chaque signature de convention d'investissement, l'étalage médiatique est plus qu'à la hauteur. Les groupes émiratis et saoudiens s'affichent en une de tous les journaux, le tapis rouge leur est déroulé, et tous les pontes du capitalisme marocain leur font la révérence. Seulement aujourd'hui, sont-ils encore les bienvenus ?
«Les investisseurs arabes n'apportent pas de pétrodollars. L'essentiel des investissements annoncés est levé et mobilisé sur la place financière casablancaise. Ils viennent au contraire au Maroc nous vendre leur nom, leur label d'entreprise globalisée, et leur savoir-faire. C'est à la limite s'ils ne nous demandent pas de leur verser leur marge avant même que leurs projets ne démarrent», nous avoue d'emblée un observateur averti. Ce constat est en réalité un secret de polichinelle, si ce n'est qu'il est révélateur de la logique qui anime les investisseurs arabes qui viennent au Maroc et qui, jusque-là, a été très peu mise en avant. «Les investisseurs arabes, et plus particulièrement les émiratis, sont très en avance sur nous.
Ils sont nés dans la globalisation, et sont véritablement dans l'économie virtuelle». Exemple. Si vous leur vendez un terrain en front de mer rubis sur ongle, ils vous démontent votre argumentaire pour la valorisation du terrain, de telle sorte que votre terrain ne vaut plus grand chose, du moins pas le prix que vous leur avez annoncé. Comment? À leurs yeux, un terrain en bord de mer ne constitue pas véritablement un avantage compétitif, car il n'est pas compliqué en soi à «fabriquer», puisqu'ils ont créé de toutes pièces des kilomètres de côtes. Et puis, dans la valorisation des projets qu'ils initient, ce qui compte le plus, ce qui a le plus de valeur, ce sont les concepts novateurs qu'ils apportent et la crédibilité qu'ils apposent aux projets. Leur argument: leur simple présence au Maroc attire d'autres investisseurs d'envergure internationale, non seulement du Moyen-Orient, mais aussi d'autres pays occidentaux. Sans compter que grâce à leur puissant réseau de distribution (Etats-Unis, Europe,…), le Maroc accède à une vitrine sur la scène internationale sans précédent.
«Il faut savoir que ce qui est important dans les projets immobiliers ou touristiques aujourd'hui, ce n'est pas le foncier, le bâtiment, ou le financement, mais la vente», explique un banquier d'affaires. En somme, les émiratis n'investissent pas, mais viennent vendre un réseau marketing, des techniques de ventes. «S'ils sont là, c'est grâce à Sa Majesté. Mais s'ils sont là, c'est surtout pour vendre les clés de leur business, leur pas-de-porte, en quelque sorte: ils misent quasiment «zéro». D'ailleurs de plus en plus, Emaar est devenu synonyme de mauvais payeur sur la place casablancaise», renchérit un fin connaisseur des businessmen émiratis. Et d'ajouter : «selon eux, ils viennent te «sauver», te mettre en orbite de l'économie globalisée, car ils s'estiment juste trop en avance sur nous». Et c'est là que le bât blesse. Car dès lors que l'on a en tête leur logique, et la vision qu'ils ont de leur présence au Maroc, l'origine des difficultés devient tout de suite plus claire: si les projets ne se font pas à leurs conditions (prix du foncier, financement, gouvernance en cas de partenariats), ils plient bagages.
Divergence de points de vue avec... l'ONA
Si l'on prend le cas d' Emaar, au-delà des projets qu'elle développe en propre, elle est également en partenariat avec l'ONA, au moins dans deux autres projets. L'un, à Marrakech (Amelkis II), l'autre est celui de Bahia Bay. Avoir un partenaire de l'envergure de l'ONA est a priori une garantie pour voir ses projets se réaliser dans de «bonnes conditions». Seulement, à l'heure actuelle, «ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a déjà eu un arbitrage sur ce projet, les émiratis ont déjà envoyé une lettre au cabinet royal. Le litige concernait l'évaluation du terrain qui appartenait à l'ONA», nous révèle une source proche du dossier. Les relations seraient tellement tendues entre l'ONA et Emaar, que cette dernière aurait dernièrement nommé un directeur marocain exclusivement dédié aux relations avec l'ONA.
«De même sur le projet de villas autour du golf d'Amelkis, les choses ne se passent pas comme elles le devraient, dans la mesure où l'ONA développe en propre des projets similaires à ceux qu'elles réalisent en partenariat avec Emaar, et qui plus est à Amelkis même», souligne la même source. Etre à la fois concurrent et partenaire, semble de toute évidence poser problème. «D'autant plus que l'ONA aime être maître à bord de ses projets, preuve en est s'il en fallait encore, son récent divorce avec ses partenaires historiques français : Axa et Auchan. La politique force des réflexes qui ne sont pas naturels», finit par lâcher notre source.
Dubaï Holding n'est pas non plus en reste. Au-delà des rumeurs concernant leur retrait de Amwaj, par ailleurs maintes fois démenti, «c'est un désaccord au sujet de la ligne architecturale qui, aujourd'hui, semble opposer les différents partenaires de la société d'aménagement chargée du projet Amwaj, qui disposerait du meilleur lot parmi tous ceux composant la Vallée du Bouregreg. Cela dit, ce n'est que la partie visible du problème», nous confie un proche du dossier. La presse a même titré sur un éventuel retrait de Sama Dubaï du projet de la Marina de Casablanca, sans que cela ne suscite aucune réaction des parties impliquées dans le projet. Mais Emaar ne rencontrerait pas que des difficultés liées à son partenariat avec l'ONA. «Sur Saphira (projet d'aménagement de la corniche de Rabat, la séquence III de la Vallée du Bouregreg), Emaar rencontre des difficultés d'ordre technique», nous affirme-t-on de source interne.
Il s'agirait tout d'abord des «complications» dues à la nature même de l'ensemble du projet de la Vallée du Bouregreg. Là encore, les médias se sont déjà emparés de la problématique, notamment via la contestation des bidonvillois et autres associations de protection de l'environnement… Même les permis de construire posent des problèmes auxquels ne s'attendaient pas les émiratis, car dans leur pays, toutes les portes leur sont ouvertes, «dans la mesure où les responsables des grands groupes émiratis occupent également des fonctions gouvernementales ou administratives ». C'est dire leur influence. Seulement, ces groupes venus du Moyen-Orient font aussi face à des difficultés plus «terre à terre », bien loin des jeux d'influence et compagnie.
La suite...
Et si ce n'est pas le cas, ils n'hésiteront pas à reporter leur présence en Europe de l'Est, qui présente désormais un profil d'investissement très intéressant, en particulier avec les dernières adhésions en date, et le lot de subventions qu'elles apportent aux investissements d'envergure». Les montants annoncés des investissements en provenance du Moyen-Orient sont plus faramineux les uns que les autres. Ils se chiffrent en milliards de d'euros ! Et à chaque signature de convention d'investissement, l'étalage médiatique est plus qu'à la hauteur. Les groupes émiratis et saoudiens s'affichent en une de tous les journaux, le tapis rouge leur est déroulé, et tous les pontes du capitalisme marocain leur font la révérence. Seulement aujourd'hui, sont-ils encore les bienvenus ?
«Les investisseurs arabes n'apportent pas de pétrodollars. L'essentiel des investissements annoncés est levé et mobilisé sur la place financière casablancaise. Ils viennent au contraire au Maroc nous vendre leur nom, leur label d'entreprise globalisée, et leur savoir-faire. C'est à la limite s'ils ne nous demandent pas de leur verser leur marge avant même que leurs projets ne démarrent», nous avoue d'emblée un observateur averti. Ce constat est en réalité un secret de polichinelle, si ce n'est qu'il est révélateur de la logique qui anime les investisseurs arabes qui viennent au Maroc et qui, jusque-là, a été très peu mise en avant. «Les investisseurs arabes, et plus particulièrement les émiratis, sont très en avance sur nous.
Ils sont nés dans la globalisation, et sont véritablement dans l'économie virtuelle». Exemple. Si vous leur vendez un terrain en front de mer rubis sur ongle, ils vous démontent votre argumentaire pour la valorisation du terrain, de telle sorte que votre terrain ne vaut plus grand chose, du moins pas le prix que vous leur avez annoncé. Comment? À leurs yeux, un terrain en bord de mer ne constitue pas véritablement un avantage compétitif, car il n'est pas compliqué en soi à «fabriquer», puisqu'ils ont créé de toutes pièces des kilomètres de côtes. Et puis, dans la valorisation des projets qu'ils initient, ce qui compte le plus, ce qui a le plus de valeur, ce sont les concepts novateurs qu'ils apportent et la crédibilité qu'ils apposent aux projets. Leur argument: leur simple présence au Maroc attire d'autres investisseurs d'envergure internationale, non seulement du Moyen-Orient, mais aussi d'autres pays occidentaux. Sans compter que grâce à leur puissant réseau de distribution (Etats-Unis, Europe,…), le Maroc accède à une vitrine sur la scène internationale sans précédent.
«Il faut savoir que ce qui est important dans les projets immobiliers ou touristiques aujourd'hui, ce n'est pas le foncier, le bâtiment, ou le financement, mais la vente», explique un banquier d'affaires. En somme, les émiratis n'investissent pas, mais viennent vendre un réseau marketing, des techniques de ventes. «S'ils sont là, c'est grâce à Sa Majesté. Mais s'ils sont là, c'est surtout pour vendre les clés de leur business, leur pas-de-porte, en quelque sorte: ils misent quasiment «zéro». D'ailleurs de plus en plus, Emaar est devenu synonyme de mauvais payeur sur la place casablancaise», renchérit un fin connaisseur des businessmen émiratis. Et d'ajouter : «selon eux, ils viennent te «sauver», te mettre en orbite de l'économie globalisée, car ils s'estiment juste trop en avance sur nous». Et c'est là que le bât blesse. Car dès lors que l'on a en tête leur logique, et la vision qu'ils ont de leur présence au Maroc, l'origine des difficultés devient tout de suite plus claire: si les projets ne se font pas à leurs conditions (prix du foncier, financement, gouvernance en cas de partenariats), ils plient bagages.
Divergence de points de vue avec... l'ONA
Si l'on prend le cas d' Emaar, au-delà des projets qu'elle développe en propre, elle est également en partenariat avec l'ONA, au moins dans deux autres projets. L'un, à Marrakech (Amelkis II), l'autre est celui de Bahia Bay. Avoir un partenaire de l'envergure de l'ONA est a priori une garantie pour voir ses projets se réaliser dans de «bonnes conditions». Seulement, à l'heure actuelle, «ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a déjà eu un arbitrage sur ce projet, les émiratis ont déjà envoyé une lettre au cabinet royal. Le litige concernait l'évaluation du terrain qui appartenait à l'ONA», nous révèle une source proche du dossier. Les relations seraient tellement tendues entre l'ONA et Emaar, que cette dernière aurait dernièrement nommé un directeur marocain exclusivement dédié aux relations avec l'ONA.
«De même sur le projet de villas autour du golf d'Amelkis, les choses ne se passent pas comme elles le devraient, dans la mesure où l'ONA développe en propre des projets similaires à ceux qu'elles réalisent en partenariat avec Emaar, et qui plus est à Amelkis même», souligne la même source. Etre à la fois concurrent et partenaire, semble de toute évidence poser problème. «D'autant plus que l'ONA aime être maître à bord de ses projets, preuve en est s'il en fallait encore, son récent divorce avec ses partenaires historiques français : Axa et Auchan. La politique force des réflexes qui ne sont pas naturels», finit par lâcher notre source.
Dubaï Holding n'est pas non plus en reste. Au-delà des rumeurs concernant leur retrait de Amwaj, par ailleurs maintes fois démenti, «c'est un désaccord au sujet de la ligne architecturale qui, aujourd'hui, semble opposer les différents partenaires de la société d'aménagement chargée du projet Amwaj, qui disposerait du meilleur lot parmi tous ceux composant la Vallée du Bouregreg. Cela dit, ce n'est que la partie visible du problème», nous confie un proche du dossier. La presse a même titré sur un éventuel retrait de Sama Dubaï du projet de la Marina de Casablanca, sans que cela ne suscite aucune réaction des parties impliquées dans le projet. Mais Emaar ne rencontrerait pas que des difficultés liées à son partenariat avec l'ONA. «Sur Saphira (projet d'aménagement de la corniche de Rabat, la séquence III de la Vallée du Bouregreg), Emaar rencontre des difficultés d'ordre technique», nous affirme-t-on de source interne.
Il s'agirait tout d'abord des «complications» dues à la nature même de l'ensemble du projet de la Vallée du Bouregreg. Là encore, les médias se sont déjà emparés de la problématique, notamment via la contestation des bidonvillois et autres associations de protection de l'environnement… Même les permis de construire posent des problèmes auxquels ne s'attendaient pas les émiratis, car dans leur pays, toutes les portes leur sont ouvertes, «dans la mesure où les responsables des grands groupes émiratis occupent également des fonctions gouvernementales ou administratives ». C'est dire leur influence. Seulement, ces groupes venus du Moyen-Orient font aussi face à des difficultés plus «terre à terre », bien loin des jeux d'influence et compagnie.
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