2010-09-02
[Nazim Fethi] La réduction des effectifs de salariés contraint de nombreuses entreprises algériennes à fermer leurs portes durant le Ramadan.
C'est devenu une mauvaise habitude en Algérie : chaque fête religieuse est synonyme d’un fort taux d’absentéisme et d’une baisse sensible des services publics indispensables.
Consommateurs mécontents et employés peu qualifiés pourraient avoir prochainement encore plus de raisons de se plaindre.
Le taux d'absentéisme durant les quatre premiers jours du Ramadan a battu tous les records, si l'on en croit les estimations de la Caisse nationale d'assurance sociale (CNAS).
"Les congés maladie ont été dix fois plus importants que d’habitude", a expliqué à Magharebia Rachid Sadmi, un cadre de la CNAS. Il ne cache pas ses inquiétudes.
"A l’approche de l’Aïd, ce sera pire."
L'aveu est de taille, sachant que ces chiffres ne reflètent pas l'ensemble des carences en personnel. Comme l'explique Sadmi, "les assurés de la CNAS sont souvent les travailleurs du secteur public, de l’administration en général, et le secteur privé et les commerces sont rarement déclarés auprès de cette organisme."
"Beaucoup de salariés bénéficient de la couverture de leur hiérarchie et n’ont même pas besoin de recourir aux congés maladie pour les fêtes religieuses", souligne-t-il.
Omar Demdoum, employé de banque à Alger, est furieux. "Chaque année c’est la même histoire. Tous ceux qui habitent ou qui ont des familles en dehors d’Alger partent passer l’Aïd là-bas et nous laissent assurer la permanence tous seuls", explique-t-il à Magharebia.
"Chaque année, c’est moi et deux collègues habitant Alger qui assurons le travail tous seuls, pendant une semaine. Ce n’est pas juste. Et lorsqu’on parle au patron, il nous répond qu’il ne peut pas retenir les gens de force, surtout pour une occasion pareille."
Pour tenter de faire tourner les entreprises, l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA) a lancé une campagne de sensibilisation durant la semaine qui a précédé le Ramadan. Objectif : les quelque 1,3 million patrons de commerces en Algérie.
"Pas question de fermer les commerces durant les fêtes. Nous n’avons pas le droit de sanctionner les consommateurs", a déclaré le porte-parole de l'UGCAA El Hadj Tahar Boulenouar.
Mais les bonnes intentions sont une chose. La réalité est différente.
"J’ai beau essayer de trouver des jeunes habitant Alger pour ne pas avoir à fermer pendant les fêtes, rien à faire, je suis obligé, chaque année, de baisser le rideau", confesse Ramdane Dali, propriétaire d'un restaurant dans l'une des rues les plus commerçantes d'Alger.
"C’est vrai que ça fait mal au cœur, mais je n’ai pas d’autre choix", concède-t-il.
Saleha Merakchi, une enseignante, se plaint également des salariés qui disparaissent durant le Ramadan. "Aucun moyen de transport n’est disponible et si par malheur vous tombez malade, il n'y a personne pour vous soigner, sinon les jeunes stagiaires. Ce n’est pas normal que tout le monde parte et laisse son poste."
Et elle a un autre motif de colère.
"Aucune boulangerie ne travaille pendant les fêtes. Où trouver le pain et les gâteaux ?"
Les Algériens ont battu cette année un nouveau record d'absentéisme à l'occasion du Ramadan. A l'approche de l'Aïd el-Fitr, les citoyens s'inquiètent de l'incidence sur les services publics.
Par Nazim Fethi pour Magharebia à Alger – 02/09/10 [Nazim Fethi] La réduction des effectifs de salariés contraint de nombreuses entreprises algériennes à fermer leurs portes durant le Ramadan.
C'est devenu une mauvaise habitude en Algérie : chaque fête religieuse est synonyme d’un fort taux d’absentéisme et d’une baisse sensible des services publics indispensables.
Consommateurs mécontents et employés peu qualifiés pourraient avoir prochainement encore plus de raisons de se plaindre.
Le taux d'absentéisme durant les quatre premiers jours du Ramadan a battu tous les records, si l'on en croit les estimations de la Caisse nationale d'assurance sociale (CNAS).
"Les congés maladie ont été dix fois plus importants que d’habitude", a expliqué à Magharebia Rachid Sadmi, un cadre de la CNAS. Il ne cache pas ses inquiétudes.
"A l’approche de l’Aïd, ce sera pire."
L'aveu est de taille, sachant que ces chiffres ne reflètent pas l'ensemble des carences en personnel. Comme l'explique Sadmi, "les assurés de la CNAS sont souvent les travailleurs du secteur public, de l’administration en général, et le secteur privé et les commerces sont rarement déclarés auprès de cette organisme."
"Beaucoup de salariés bénéficient de la couverture de leur hiérarchie et n’ont même pas besoin de recourir aux congés maladie pour les fêtes religieuses", souligne-t-il.
Omar Demdoum, employé de banque à Alger, est furieux. "Chaque année c’est la même histoire. Tous ceux qui habitent ou qui ont des familles en dehors d’Alger partent passer l’Aïd là-bas et nous laissent assurer la permanence tous seuls", explique-t-il à Magharebia.
"Chaque année, c’est moi et deux collègues habitant Alger qui assurons le travail tous seuls, pendant une semaine. Ce n’est pas juste. Et lorsqu’on parle au patron, il nous répond qu’il ne peut pas retenir les gens de force, surtout pour une occasion pareille."
Pour tenter de faire tourner les entreprises, l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA) a lancé une campagne de sensibilisation durant la semaine qui a précédé le Ramadan. Objectif : les quelque 1,3 million patrons de commerces en Algérie.
"Pas question de fermer les commerces durant les fêtes. Nous n’avons pas le droit de sanctionner les consommateurs", a déclaré le porte-parole de l'UGCAA El Hadj Tahar Boulenouar.
Mais les bonnes intentions sont une chose. La réalité est différente.
"J’ai beau essayer de trouver des jeunes habitant Alger pour ne pas avoir à fermer pendant les fêtes, rien à faire, je suis obligé, chaque année, de baisser le rideau", confesse Ramdane Dali, propriétaire d'un restaurant dans l'une des rues les plus commerçantes d'Alger.
"C’est vrai que ça fait mal au cœur, mais je n’ai pas d’autre choix", concède-t-il.
Saleha Merakchi, une enseignante, se plaint également des salariés qui disparaissent durant le Ramadan. "Aucun moyen de transport n’est disponible et si par malheur vous tombez malade, il n'y a personne pour vous soigner, sinon les jeunes stagiaires. Ce n’est pas normal que tout le monde parte et laisse son poste."
Et elle a un autre motif de colère.
"Aucune boulangerie ne travaille pendant les fêtes. Où trouver le pain et les gâteaux ?"
Commentaire