Taux d’intérêt: Le détail du marché à terme
· Déploiement au quatrième trimestre 2006
· Rentabilité pas avant «trois à quatre ans»
BONNE nouvelle pour les gestionnaires de fonds: Ils disposeront à partir du quatrième trimestre 2006 d’un marché à terme, qui leur permettra de se couvrire contre le risque de fluctuation des taux d’intérêt. C’est ce qu’a annoncé Amine Benabdeslem, président du directoire de la Bourse de Casablanca (1). D’ailleurs, les gestionnaires de fonds au Maroc concentrent environ 90% des actifs sous gestion dans les obligations.
Comme nous l’indiquions dans notre édition du lundi 13 mars, la bourse a décidé, dans le cadre d’une démarche progressive, de focaliser son attention sur le marché à terme de taux d’intérêt dans un premier temps avant d’élargir son offre à d’autres instruments.
Ce projet fait partie du plan «Future 2006» de développement de la place financière casablancaise et qui inclut, en plus du marché à terme, le recrutement de nouvelles sociétés à la cote et l’augmentation de la liquidité du marché. Il est en cours depuis deux ans. Et la Bourse a déjà organisé trois séminaires de formation pour les intervenants, en mars et novembre 2005, et un autre ce mois-ci. Le Trésor doit, cependant, donner son accord avant le déploiement prévu donc pour la fin de l’année dans la mesure où il reste le propriétaire du sous-jacent, les obligations d’Etat.
La Bourse affirme disposer de plusieurs atouts pour le lancement de ce marché. La réforme engagée en 1993 fait que, plus d’une décennie plus tard, la place financière dispose d’une réglementation jugée cohérente. La plate-forme électronique, empruntée à la Bourse pan-européenne Euronext, a fait ses preuves. D’ailleurs, celle dédiée au marché à terme est déjà achevée, selon Benabdeslem.
Le succès de ce marché repose sur plusieurs conditions, dont le professionnalisme des intervenants, les intermédiaires en valeurs du Trésor.
Le président du directoire de la Bourse met l’accent particulièrement sur la liquidité du marché secondaire des bons du Trésor et sur les moyens technologiques utilisés pour ce nouveau marché.
Les intervenants, à savoir les banques, la CDG et les sociétés de Bourse devront miser 50.000 DH pour leur adhésion. Ensuite, les contrats seront facturés 5 DH l’unité. En plus de l’obligation d’un dépôt de garantie, la Bourse procédera à l’institution d’un fonds de garantie qui couvrira le risque de contrepartie.
Le marché à terme de taux d’intérêt serait-il rentable pour la Bourse? Benabdeslem assure qu’il ne le sera pas avant «quatre à cinq ans». Le regain d’activité du marché actions l’y autorise. Le volume des transactions, qui génère une commission de 0,1% pour la Société de Bourse des valeurs de Casablanca (SBVC), que ce soit sur le marché central ou des blocs, est passé de 71,8 milliards de DH en 2004 à 148,5 milliards en 2005 (+107%). Et cette tendance se consolide en ce début d’année.
Cotation: 10h-15h30
D’UN nominal de 100.000 DH et négociés entre 10h et 15h30, les titres qui seront traités sur le marché à terme sont les échéances moyennes. C’étaient les plus répandues lors de l’amorce de la réflexion sur la création de ce marché, il y a deux ans.
Mais vu que le marché des BDT connaît un revirement de tendance vers les échéances longues, les responsables du projet affirment que la Bourse peut très bien procéder à des réajustements en fonction des besoins des opérateurs.
Comment ça marche
LES marchés dérivés se composent de deux compartiments: les marchés organisés et les marchés de gré-à-gré. Les instruments qui sont traités sur les premiers sont les forwards et les options.
Les swaps étant échangés exclusivement sur le marché de gré-à-gré. Les opérateurs marocains ont déjà recours aux instruments du marché de gré-à-gré pour, notamment, les devises. Les instruments échangeables sur les marchés dérivés ont comme produits sous-jacents les obligations (le cas du marché marocain en cours de constitution), les actions, les indices, les devises et les matières premières (pétrole, métaux, produits agricoles…).
Pour les obligations, le risque de taux est matérialisé dans le fait que les rendements évoluent inversement aux taux d’intérêt. Une hausse des taux d’intérêt tire les rendements vers le bas, et vice-versa.
Concrètement, les gestionnaires de fonds, qui ont convenu d’acheter des obligations à une date future et à prix fixé d’avance, peuvent se prémunir contre le risque de taux en vendant un contrat à terme (short). A l’opposé, ceux qui ont convenu de vendre des bons à un prix spécifié d’avance se couvrent en achetant un contrat à terme (long).
Le marché à terme est régulé par le système des marges calculées quotidiennement, et qui est une incitation aux opérateurs à honorer leurs engagements. Ce système repose sur la convention du marked-to-the-market, qui fait que l’acheteur et le vendeur doivent remettre ou recevoir de leurs courtiers, dans les 24h après chaque séance, la différence entre le nominal du contrat et le prix de clôture.
Les courtiers sont éventuellement compensés par la chambre de compensation. Cette dernière clôture tous les jours systématiquement en équilibre. Les marchés dérivés sont en général associés aux spéculateurs. Pour Benabdeslem, il ne fait aucun doute que ces acteurs seront présents, puisqu’ils font partie intégrante de ce type marché.
Tarek HALIM
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(1) C’était lors d’un colloque relatif à la gestion de l’épargne collective organisé le 8 et 9 mars à Casablanca par l’école Polyfinance.
http://www.leconomiste.com/article.html?a=69299
· Déploiement au quatrième trimestre 2006
· Rentabilité pas avant «trois à quatre ans»
BONNE nouvelle pour les gestionnaires de fonds: Ils disposeront à partir du quatrième trimestre 2006 d’un marché à terme, qui leur permettra de se couvrire contre le risque de fluctuation des taux d’intérêt. C’est ce qu’a annoncé Amine Benabdeslem, président du directoire de la Bourse de Casablanca (1). D’ailleurs, les gestionnaires de fonds au Maroc concentrent environ 90% des actifs sous gestion dans les obligations.
Comme nous l’indiquions dans notre édition du lundi 13 mars, la bourse a décidé, dans le cadre d’une démarche progressive, de focaliser son attention sur le marché à terme de taux d’intérêt dans un premier temps avant d’élargir son offre à d’autres instruments.
Ce projet fait partie du plan «Future 2006» de développement de la place financière casablancaise et qui inclut, en plus du marché à terme, le recrutement de nouvelles sociétés à la cote et l’augmentation de la liquidité du marché. Il est en cours depuis deux ans. Et la Bourse a déjà organisé trois séminaires de formation pour les intervenants, en mars et novembre 2005, et un autre ce mois-ci. Le Trésor doit, cependant, donner son accord avant le déploiement prévu donc pour la fin de l’année dans la mesure où il reste le propriétaire du sous-jacent, les obligations d’Etat.
La Bourse affirme disposer de plusieurs atouts pour le lancement de ce marché. La réforme engagée en 1993 fait que, plus d’une décennie plus tard, la place financière dispose d’une réglementation jugée cohérente. La plate-forme électronique, empruntée à la Bourse pan-européenne Euronext, a fait ses preuves. D’ailleurs, celle dédiée au marché à terme est déjà achevée, selon Benabdeslem.
Le succès de ce marché repose sur plusieurs conditions, dont le professionnalisme des intervenants, les intermédiaires en valeurs du Trésor.
Le président du directoire de la Bourse met l’accent particulièrement sur la liquidité du marché secondaire des bons du Trésor et sur les moyens technologiques utilisés pour ce nouveau marché.
Les intervenants, à savoir les banques, la CDG et les sociétés de Bourse devront miser 50.000 DH pour leur adhésion. Ensuite, les contrats seront facturés 5 DH l’unité. En plus de l’obligation d’un dépôt de garantie, la Bourse procédera à l’institution d’un fonds de garantie qui couvrira le risque de contrepartie.
Le marché à terme de taux d’intérêt serait-il rentable pour la Bourse? Benabdeslem assure qu’il ne le sera pas avant «quatre à cinq ans». Le regain d’activité du marché actions l’y autorise. Le volume des transactions, qui génère une commission de 0,1% pour la Société de Bourse des valeurs de Casablanca (SBVC), que ce soit sur le marché central ou des blocs, est passé de 71,8 milliards de DH en 2004 à 148,5 milliards en 2005 (+107%). Et cette tendance se consolide en ce début d’année.
Cotation: 10h-15h30
D’UN nominal de 100.000 DH et négociés entre 10h et 15h30, les titres qui seront traités sur le marché à terme sont les échéances moyennes. C’étaient les plus répandues lors de l’amorce de la réflexion sur la création de ce marché, il y a deux ans.
Mais vu que le marché des BDT connaît un revirement de tendance vers les échéances longues, les responsables du projet affirment que la Bourse peut très bien procéder à des réajustements en fonction des besoins des opérateurs.
Comment ça marche
LES marchés dérivés se composent de deux compartiments: les marchés organisés et les marchés de gré-à-gré. Les instruments qui sont traités sur les premiers sont les forwards et les options.
Les swaps étant échangés exclusivement sur le marché de gré-à-gré. Les opérateurs marocains ont déjà recours aux instruments du marché de gré-à-gré pour, notamment, les devises. Les instruments échangeables sur les marchés dérivés ont comme produits sous-jacents les obligations (le cas du marché marocain en cours de constitution), les actions, les indices, les devises et les matières premières (pétrole, métaux, produits agricoles…).
Pour les obligations, le risque de taux est matérialisé dans le fait que les rendements évoluent inversement aux taux d’intérêt. Une hausse des taux d’intérêt tire les rendements vers le bas, et vice-versa.
Concrètement, les gestionnaires de fonds, qui ont convenu d’acheter des obligations à une date future et à prix fixé d’avance, peuvent se prémunir contre le risque de taux en vendant un contrat à terme (short). A l’opposé, ceux qui ont convenu de vendre des bons à un prix spécifié d’avance se couvrent en achetant un contrat à terme (long).
Le marché à terme est régulé par le système des marges calculées quotidiennement, et qui est une incitation aux opérateurs à honorer leurs engagements. Ce système repose sur la convention du marked-to-the-market, qui fait que l’acheteur et le vendeur doivent remettre ou recevoir de leurs courtiers, dans les 24h après chaque séance, la différence entre le nominal du contrat et le prix de clôture.
Les courtiers sont éventuellement compensés par la chambre de compensation. Cette dernière clôture tous les jours systématiquement en équilibre. Les marchés dérivés sont en général associés aux spéculateurs. Pour Benabdeslem, il ne fait aucun doute que ces acteurs seront présents, puisqu’ils font partie intégrante de ce type marché.
Tarek HALIM
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(1) C’était lors d’un colloque relatif à la gestion de l’épargne collective organisé le 8 et 9 mars à Casablanca par l’école Polyfinance.
http://www.leconomiste.com/article.html?a=69299
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