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Une Imposture française

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  • Une Imposture française

    Le Canard Enchaîné décrit le livre Une Imposture française, de Nicolas Beau (journaliste au Canard Enchaîné) et Olivier Toscer (du Nouvel Observateur), comme étant un antivirus pour l'épidémie BHL (Bernard-Henri Lévy). Un livre si critique vis-à-vis du coriace BHL à l'égo démesuré, que ce dernier a tenté sans succès de le faire censurer !

    ===
    "Une Imposture française" en librairie

    Avec l'autorisation des éditions Les Arènes, qui publient l'ouvrage, le Quotidien Perm@nent nouvelobs.com propose ci-dessous des extraits d'un chapitre consacré aux rapports entre BHL et le journal L'Express.

    "BERNARD-HENRI Lévy passe une bonne partie de son temps à se protéger de la critique libre. Comme l'a écrit joliment Philippe Lançon dans Libération, l'écrivain « borde son personnage comme un lit d'appelé 1».
    L'énergie qu'il a mise à torpiller la première biographie non-autorisée le concernant, écrite par Philippe Cohen, fait figure d'exemple à montrer dans les écoles de communication à fins d'édification. Ou dans les écoles de journalisme indépendant, à fins d'avertissement.

    Dès le départ, Bernard-Henri Lévy, averti par ses réseaux, craint que le lancement de ce livre soit assuré en exclusivité par un grand hebdomadaire, en l'occurrence L'Express. L'écrivain va donc commencer par concentrer ses efforts pour approcher le patron de l'hebdomadaire, Denis Jeambar. En le séduisant ou en l'intimidant, c'est selon.

    Quelques semaines avant la sortie de la biographie de Cohen, notre stratège appelle Jeambar : « Venez donc dîner vendredi à la maison, il y aura Graydon Carter (le patron du magazine new-yorkais branché Vanity Fair2, nda), et quelques amis. » Refus poli. Du coup, l'écrivain, inquiet, va se replier sur son plan B : jouer sur les faiblesses supposées du directeur de L'Express. À cette époque, le Tout-Paris donne Denis Jeambar menacé. Sa mésentente supposée avec le puissant actionnaire du journal Serge Dassault pourrait lui coûter son poste, spécule-t-on dans les salons. Bernard-Henri Lévy s'engouffre dans la brèche... et fait passer le message via le chroniqueur médias du journal, Renaud Revel.

    « On me dit que Luc Ferry, l'ancien ministre de l'Éducation, aurait la préférence de Dassault pour remplacer Jeambar à la tête de L'Express... Je connais bien Dassault, je peux intercéder en la faveur de Jeambar, s'il le souhaite. » Quelques jours plus tard, nouveau coup de fil à Renaud Revel : « La nouvelle rumeur, c 'est que mon ami François Pinault et Serge Dassault ont pris langue, ils pourraient regrouper Le Point et L'Express dans une même structure. Jeambar veut-il que je lui sécurise son poste ? » Pas de réponse. Le patron de L'Express refuse tout net de solliciter la haute protection du parrain Bernard.

    Ardisson, Pivot : même combat...

    Troisième tentative, donc, plus directe celle-là. « BHL a pris directement langue avec Jeambar à propos de la publication éventuelle d'extraits de la biographie dans L'Express. Lequel lui a fait savoir en retour qu'il était d'accord pour lui accorder une certaine place dans le journal pour répondre aux éventuelles accusations que contiendrait le livre », révèle un journaliste proche du patron de la rédaction de L'Express3 ».
    Ça y est ! À force de harcèlement, l'écrivain a obtenu la garantie de pouvoir répondre dans le numéro du journal qui contiendra des extraits de la biographie honnie. Deux ans plus tôt, pourtant, L'Express avait publié en exclusivité les extraits les plus saignants d'une autre enquête choc en forme de réquisitoire sur le journal Le Monde4-... sans estimer devoir donner à ses dirigeants la même faculté de faire entendre leur défense.
    Bernard-Henri Lévy apprécie la faveur dont il bénéficie. Et le fait savoir par e-mail au directeur de L'Express dont il salue le fair-play et l'élégance. « BHL lui a alors assuré qu'il serait à ses côtés si les dissensions avec l'actionnaire Dassault s'envenimaient», explique-t-on au sein de la rédaction de l'hebdomadaire.

    La menace Express vient d'être circonscrite. Dans son numéro du 10 janvier 2005 - qui affiche en une un portrait ténébreux de Bernard-Henri Lévy - les extraits de la biographie non-autorisée sont suivis en contrepoint de pas moins de quatre pages d'entretiens avec le maître, au lieu des deux prévues initialement.

    Lors de sa rencontre avec les journalistes du magazine, l'écrivain avait, en effet, réalisé un véritable numéro de charme et introduit, dans ses réponses, quelques éléments d'autocritique inédits. Une première. Le journal avait donc légitimement décidé de lui accorder plus de place que prévu... sauf qu'à la relecture, Bernard-Henri Lévy, en maître censeur, avait ensuite supprimé tous les passages un tantinet iconoclastes qui ne seront donc jamais portés à l'attention des lecteurs5. Dommage car la pensée brute de l'écrivain n'était pas dénuée d'intérêt, comme on peut le voir avec cet extrait original relatif à ses propres petites recettes marketing pour « vendre » ses livres dans les émissions de variétés.

    « Cette émission (d'Ardisson) est un des rares lieux à la télévision où vous pouvez parler pendant vingt minutes d'un livre sans vous faire interrompre. Là-dessus, il faut être clair : quand on a le souci de la bataille des idées, il faut la livrer sur le terrain où cela se passe. Je veux bien me battre dans les pages de La Nouvelle Revue française ou du Débat.
    Parfait et très plaisant pour le narcissisme, très bon pour la Maison de la Culture, mais efficacité nulle6. »

    « Cela, je l'ai compris dès 1972. J'avais fait un premier livre sur le Bangladesh en jouant le jeu de l'Université, en respectant les règles du milieu, refusant de me compromettre à la télévision. Résultat zéro ! Je n'ai pas brisé le silence sur le malheur de ce peuple. J'ai alors décidé qu 'il fallait changer du tout au tout et aller là où l'on se fait entendre. Ce que j'ai fait avec La Barbarie à visage humain chez Bernard Pivot. Eh bien, aujourd'hui, Bernard Pivot s'appelle Thierry Ardisson ! Mon livre sur les guerres qui n'intéressent personne, même pas les journaux, a intéressé 100. 000 lecteurs grâce à deux émissions : celle de Michel Drucker et celle de Thierry Ardisson. C'est comme ça, qu'on le veuille ou non. »
    « Bernard Pivot s'appelle Thierry Ardisson. » Le propos, à défaut de sonner « intello », a le mérite du réalisme.

    Trop d'ailleurs au goût de l'écrivain qui, après relecture, exige donc de gommer sa reconnaissance à Michel Drucker et préfère faire semblant d'insister sur sa tristesse de devoir en passer par des émissions de divertissement pour faire connaître son œuvre. Ce qui donne, dans L'Express :
    « C'est surtout l'un de ceux (T. Ardisson, nda) qui, à la télévision, vous laissent le temps de dire ce qu'il y a dans vos livres : dans le climat actuel, l'existence de pareils espaces de liberté n'est pas négligeable ! Maintenant, la question de fond des médias, je vais vous raconter une histoire. Quand je reviens, il y a trente ans, du Bangladesh, quand j'en rapporte ce paquet d'informations et d'impressions dont je brûle de témoigner et fais mon premier livre, je joue, comme vous dites, le jeu de l'Université et des revues, je respecte les règles du milieu, je montre patte blanche, je fais bien attention à ne pas me commettre à la télévision. Résultat : zéro. J'ai écrit ce livre pour rien. Je n'ai contribué en rien à briser le silence autour des ancêtres des victimes du tsunami.

    Eh bien, c'est ce jour-là que je comprends qu 'il y a quelque chose de pourri au royaume des systèmes traditionnels de légitimation et de médiatisation. C'est ce jour-là, dans la tristesse et la rage, que je me jure que l'on ne m'y reprendra plus et que, si j'écris, un jour, d'autres livres, j'irai les défendre là où ça se passe, là où le message risque d'être entendu. »

    (c) Permanent nouvelobs.com

  • #2
    un antivirus pour l'épidémie BHL


    L'humour et le sens de la formule percutante et juste. Très drôle
    Merci nassim.

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    • #3
      BHL et les "intellectuels" français...de vrais somnifères.
      La mauvaise langue n'est jamais à court d'inventions !

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