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Corée du Nord : Troisième chapitre de la dynastie des Kim

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  • Corée du Nord : Troisième chapitre de la dynastie des Kim

    Le successeur désigné du «cher leader» Kim Jong-il, le fils cadet Kim Jong-un, pourrait apparaître au grand jour lors d’un congrès sans précédent qui s’est ouvert lundi
    L’après Kim Jong-il a commencé à Pyongyang. Depuis lundi, les représentants provinciaux du Parti des travailleurs nord-coréens sont arrivés dans la capitale pour participer à un congrès sans précédent depuis 1980. Un événement exceptionnel «qui brillera pour toujours dans les annales du Parti et de la Patrie», claironne la télévision d’Etat. Car l’objectif est de taille: «Elire de nouveaux dirigeants suprêmes», comme l’a annoncé, à la surprise générale, la Corée du Nord en juin dernier. La grande messe préparée en secret pourrait culminer, jeudi, par une parade militaire gigantesque le jour anniversaire de la fondation du régime.

    Prince rouge

    Le congrès doit ouvrir le troisième chapitre de la dynastie fondée par le «président éternel» Kim Il-sung, en 1948. Du jamais vu dans l’histoire communiste. Son petit-fils Kim Jong-un (photo non datée), âgé d’environs 27 ans, pourrait pour la première fois apparaître au grand jour, parient les spécialistes.

    Car, depuis plusieurs mois, les indices d’une accélération de la succession se multiplient. La population doit reprendre en chœur un hymne à la louange d’un mystérieux général. Et le Rodong Shinmun, l’organe du parti, évoque, depuis juin dernier, un énigmatique «centre du parti». Un nom de code qui avait déjà été utilisé par la propagande dans les années 1970 pour désigner Kim Jong-il avant qu’il ne soit officiellement adoubé. Le congrès exceptionnel pourrait être l’occasion d’un coming out pour le petit prince rouge dont la désignation est un secret de polichinelle à Pyongyang. Une étape intermédiaire avant un partage officiel du pouvoir avec son père en 2012, année du centenaire de la naissance de Kim Il-sung, prédisent certains experts.

    Kim Jong-il a choisi l’an dernier son troisième fils en grand secret pour lui succéder au lendemain de l’attaque cérébrale qui l’a frappé en août 2008. Ce jour-là, l’élite nord-coréenne a réalisé l’urgence de préparer la succession pour éviter un effondrement brutal du système, à la mort du «cher leader». Après avoir écarté son fils aîné Kim Jong-nam, fruit d’une relation non officielle, puis son second, Kim Jong-chol, jugé trop efféminé, Kim a jeté son dévolu sur son cadet qui aurait fait preuve de plus de tempérament.

    Elevé pendant plusieurs années dans une école internationale à Berne, sous la houlette de l’ambassadeur nord-coréen en Suisse, Ri Tcheul, le rejeton aura fort à faire pour s’imposer face aux caciques du régime, juge Andrei Lankov, de l’Université Kookmin. «La vieille garde l’a choisi parce qu’il est jeune et manipulable», juge le spécialiste russe.

    Ménager la vieille garde

    Mais pour Cheong Seong-chang, du Sejong Institute, le jeune homme aurait déjà assis son influence et serait de facto le numéro deux à Pyongyang. «Toutes les informations destinées à son père passent par lui», affirme Cheong, fin connaisseur des arcannes du régime. Une formation accélérée en coulisse qui rappelle encore celle de Kim Jong-il à la fin des années 1970 lorsqu’il avait bataillé pour s’imposer comme successeur, avant d’être officiellement désigné lors d’un congrès exceptionnel du Parti en 1980.

    Trente ans plus tard, le fils cadet du «cher leader» devrait seulement hériter d’un poste de niveau intermédiaire afin de ne pas hérisser la veille garde. Car dans un système communiste, le principe de succession dynastique ne coule pas de source et Kim doit progresser à pas de loup. «Parler de la succession est tabou à Pyongyang, car cela revient à insinuer que Kim Jong-il est affaibli», explique Ha Taekyung, président d’Open Radio for North Korea. Une délicate équation qui pourrait pousser le dictateur à garder encore quelque temps son fils dans l’ombre. «Mais, même s’il n’obtient pas de titre, cela ne remet pas en cause la succession. En Corée du Nord, le pouvoir réel n’est pas lié à la fonction», précise Zhang Liangui, professeur à l’Ecole du Parti, à Pékin. Le véritable enjeu du congrès pourrait être ailleurs, dans la bataille que se livrent les factions rivales pour contrôler l’héritier, juge un diplomate occidental.

    PAR SÉBASTIEN FALLETTI À SÉOUL
    LE TEMPS Mercredi 8 septembre 2010
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence
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