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Le tirailleur marocain Ben Bella, l’infiltré du FLN

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  • Le tirailleur marocain Ben Bella, l’infiltré du FLN

    Le général De Gaulle «avait programmé en juin 1958 la mise au pouvoir de Ben Bella dans quatre ans, avec l´espoir de conserver 70% du pétrole et d´avoir la main mise sur le Sahara» a révélé, dans une émission de radio, Jean Méo qui fut son chargé de mission (1958-1960), puis Pdg d’Elf-Erap (1964-1972).

    Voici donc une nouvelle pièce du puzzle historique algérien délivrée au compte-goutte, découverte par hasard. Le casse-tête de l’écriture de notre Histoire cause des migraines à plusieurs générations d’algériens devenus schizophrènes et paranoïaques à force de se triturer les méninges sur les causes de la déliquescence chronique d’un Etat construit par des putschs, impostures, trahisons, forfaitures, mensonges et corruption.

    Les moudjahiddines authentiques et les militants sincères de la génération de novembre savent beaucoup de choses mais ne disent rien. Tandis que la génération post-indépendance perd son temps à essayer de découvrir et de comprendre les vérités de notre glorieuse révolution dévoyée et de notre identité bafouée, selon les bribes d’information récoltées ici ou là.

    On n’avait pas prêté grande attention aux propos accusateurs de la veuve de Abane Ramdane qui avait déclaré à la presse que Ben Bella a été fabriqué par les Français: «Naturellement, ce sont les Français qui lui ont fait cette propagande pour lui donner un nom. C’est à partir de là que les Français ont préparé un président pour l’Algérie… La France voulait donner un chef à la Révolution algérienne, le plus bête des chefs. C’est la dernière farce que la France nous a faite.» (Liberté du 8-11-2002)

    Le personnage du marocain Ben Bella est un élément clé du bâclage de l’indépendance algérienne trahie par les manigances de De Gaulle et les complots des services secrets coloniaux.

    Ben Bella héros de guerre français

    Ben Bella Mohamed (son vrai nom) dit Ahmed, dit Hemimed, alias Abdelkader Mebtouche, alias Messaoud Meziani, serait né le 25 décembre 1916 (ou 1918), à Maghnia à la frontière algéro-marocaine. Fils de paysans marocains originaires de Marrakech, Embarek Ben Mahdjoub et SNP Fatma Bent El Hadj, propriétaires de terres agricoles et d’un café fondouk populaire. (1)

    Appelé sous les drapeaux français en 1937, il effectue son service militaire au 141e Régiment d'Infanterie Alpine (RIA) à Marseille où il devint sergent.

    Féru de football, il joua milieu de terrain dans l’équipe des Mitrailleurs 2.15 la saison 39-40. Il figure aussi dans l’historique des effectifs du club de l’Olympique de Marseille pour lequel il ne joua l’intégralité que d’un seul match officiel, où il marqua un but sur les 9 à 0 contre le FC Antibes. Ce passage éclair dans l’effectif de l’OM reste à ce jour un mystère. (2)

    Selon sa biographie officielle, il effectua la campagne de France en 39-40 durant laquelle il aurait obtenu une croix de guerre pour avoir abattu un stuka allemand dans le port de Marseille, ce qui reste à vérifier.

    Démobilisé, il est rappelé en 1943 et incorporé, non pas dans un régiment de tirailleurs algériens, mais au 5e Régiment de Tirailleurs Marocains (RTM), au sein de la 2e Division d'Infanterie Marocaine (DIM) au grade de sergent-chef, puis d'adjudant.

    Il côtoya dans la campagne d’Italie d’autres marocains qui vont devenir célèbres comme Mohamed Oufkir, Driss Ben Omar El Alami, des tirailleurs tunisiens… et des tirailleurs algériens, dont les adjudants Mohamed Boudiaf et Mostefa Ben Boulaïd, le caporal Krim Belkacem, le sergent Larbi Ben M'Hidi, Rabah Bitat, etc…

    Le sous-officier Ben Bella, âgé de 28 ans, avait les qualités des soldats marocains, «des guerriers rustiques, solides, courageux et faisant preuve d'un attachement infaillible à leurs chefs… capables d'endurer de très longues marches, en sachant parfaitement bien s'adapter aux exigences du combat, particulièrement dans la montagne. Ayant un sens inné de la manoeuvre et du terrain, ils possèdent une acuité visuelle étonnante, «l'oeil de crécerelle» (petit oiseau rapace diurne), leur permettant de distinguer le moindre déplacement adverse. Leur adresse au tir est également exceptionnelle. Autant de qualités qui vont s'exprimer, de façon encore plus éclatante qu'auparavant, dans la campagne d'Italie.» (3)

    Ben Bella se distingua par sa conduite héroïque et sa détermination lors de la fameuse bataille de Monte Cassino. Il aurait été cité quatre fois pour son comportement au combat dont deux fois à l'ordre de l'armée, seul ou avec son régiment.

    Ben Bella se voit remettre la Médaille militaire par le général De Gaulle en personne lors d'une prise d'armes en 1944, peu après la libération de Rome, qui consacre l'énorme sacrifice des soldats nord-africains en Italie.

    Il raconte, lui-même cet épisode particulier de sa rencontre avec De Gaulle: «La première fois que nous nous sommes rencontrés, c’était en avril 1944, en Italie, au nord du Monte Cassino. Il avait insisté, contre l’avis des Alliés, pour que le corps expéditionnaire français participe à cette campagne. La plupart des troupes venaient d’Afrique du Nord. J’appartenais à une unité d’élite, le 5e régiment de tirailleurs marocains (RTM), basé à El Malah. Cet hiver-là, le froid fut terrible. Nous progressions dans les montagnes, pied à pied, repoussant l’ennemi à la baïonnette, à la grenade, à l’arme automatique, parfois à coups de poignard… De Gaulle nous a gratifiés d’une visite spéciale. Il allait, disait-on, décorer cinq ou six officiers. Moi, le sous-off, je ne me sentais pas concerné. Juste avant la cérémonie, le colonel me fait chercher : «Comment, vous n’êtes pas prêt? Dépêchez-vous donc, on vous attend !» De Gaulle, ce jour-là, m’a remis la médaille militaire pour faits de guerre exceptionnels.» (Tribune publiée le 26/10/1995 par Le Monde).

    On peut lire dans les archives du Journal Officiel ce «fait de guerre exceptionnel» parmi d’autres dans la rubrique Indigènes. (Jo français du 19-11-1944, Décret du 9-11-1944 portant concession de médailles militaires).

    «BEN BELLA MOHAMED, mle 6269, sergent-chef, N° R. T. : remarquable de devoir et de courage. Le 31 mai 1944, chargé d’une mission dangereuse avec une section de premier échelon, l’a remplie avec succès. Pris sous un violent tir de canon automoteur, s’est porté au secours d’un tirailleur blessé. Malgré l’intensité du feu ennemi, n’a pas hésité à se reporter en avant pour assurer la liaison devenue précaire à la suite d’un bombardement intense et prolongé.»

    Le général Alphonse Juin, né à Annaba et surnommé l’Africain, commandant de la campagne d’Italie, a souligné les «brillants états de service» de Ben Bella. Comme beaucoup d’autres maghrébins, Ben Bella avait signé pendant la guerre son pacte de fidèle serviteur de la France et du gaullisme, «à l’insu de son plein gré».
    Si la vie n'est pas une partie de plaisir, l'alternative est pire.

  • #2
    Suite

    Infiltration et démantèlement de l’Organisation Spéciale

    La guerre terminée, Ben Bella, démobilisé en juillet 1945, rentre en Algérie et s'engage dans le mouvement nationaliste «à pas de loup».

    Il décrit lui-même son parcours militant sur le Procès-verbal de son audition établi le 12 mai 1950 par la police coloniale après son arrestation à Alger. Etonnement détaillé et précis, ce PV ressemble étrangement à un rapport de mission circonstancié.

    «J'ai commencé à faire de la politique juste après ma démobilisation. Je me suis inscrit aux AML (Amis du manifeste et de la liberté) mais je n'avais aucune fonction particulière ni aucune responsabilité. Aux élections municipales de fin 1945 ou début 1946, je me suis présenté sur une liste d'union indépendante. J'ai été élu et c'est quelques mois après cela que j'ai été sollicité par le PPA pour entrer dans le parti et organiser une section politique à Maghnia.» (4)

    Contrairement à ce que rapporte plusieurs dictionnaires et biographies sommaires, Ben Bella n’a jamais «contribué à la fondation de l'Organisation spéciale (OS)», mais l’a rejoint après sa création, décidée par le Congrès du PPA-MTLD en février 1947.

    Il le confirme lui-même dans le fameux PV : «j'ai rencontré Madjid. Je le voyais pour la première fois. Il m'a dit dans les grandes lignes ce que le parti attendait de moi. Une organisation paramilitaire, super clandestine venait d'être créée et le parti me mettait à la disposition de cette formation… C'est au cours de contacts successifs que Madjid m'a expliqué le détail de ma mission.» (4)

    Le nom de Ben Bella aurait été «recommandé» pour ses compétences militaires par ses anciens compagnons d’armes algériens ou marocains de la campagne d’Italie.

    Ce Madjid, dont Ben Bella ne connaissait pas l’identité exacte à l’époque, était Hocine Aït-Ahmed qui devint chef d’état-major de l’OS, remplaçant Mohamed Belouizdad souffrant de tuberculose. Il fut qualifié dans le PV par Ben Bella «d’élément trouble et perturbateur».

    La propagande coloniale de l’époque avait fait un «tapage médiatique» sur le rôle-clé de Ben Bella présenté à la fois comme «cerveau et chef du commando» de l’attaque de la Poste d’Oran dans la nuit du 4 au 5 avril 1949, qui rapporta plus de trois millions de francs. Cette version continue à être reprise de nos jours par les médias et des livres d’histoire. Il n’en est rien. C’est encore Ben Bella lui-même qui le reconnaît : «C'est au cours d'une réunion de l'état-major de l'OS, à Alger, que Madjid nous a fait connaître l'intention du parti d'attaquer la poste d'Oran, pour se procurer de l'argent… Il m'a chargé de trouver sur place, à Oran, un local où nous pourrions en toute quiétude mettre sur pied le plan de réalisation d'une telle opération… A plusieurs reprises, je vous ai parlé de l'attaque à main armée perpétrée contre la poste d'Oran. Je viens de vous dire qu'il s'agissait d'une manifestation de l'OS, que ce coup de force avait été tenté pour satisfaire aux exigences des trublions politiques du M.T.L.D. Je vais donc par le détail vous dire tout ce que je sais sur cet attentat.» (4)

    Ben Bella affirme qu’il n’a jamais été question qu’il fasse partie du commando, ni même Aït-Ahmed: «Pour ma part, je devais rejoindre Alger deux ou trois jours avant la date et revenir à Oran par le train de jour qui arrive à quinze heures. Madjid, lui, devait rentrer à Alger la veille, en prenant le train qui part d'Oran à vingt-deux heures environ. Ces consignes ont été scrupuleusement respectées et le 5 avril vers 13h je suis arrivé à Oran… C'est par le journal du soir Oran-Soir que j'ai connu le montant du vol et appris certains autres détails. Je devais reprendre le train du soir pour rendre compte de ma mission à Madjid… Dès le matin, j'étais rentré à Alger par le train de la veille, au soir, j'ai pris contact avec Madjid auquel j'ai rendu compte de ma mission. Là, se terminait mon rôle. Par la suite, j'ai appris par Madjid lui-même que l'argent avait été transporté chez Boutlelis où le député Khider devait en prendre livraison… Le produit du vol a été entièrement versé au MTLD par Khider» (4)

    Le commando d’attaque de la Poste était composé de «Djelloul (Bakhti) Nemiche employé à la poste d'Oran, Ahmed Bouchaib, Boudjemaa Souidani, Mohammed Ali Khider (à ne pas confondre avec le député du même nom), Omar Haddad et d'autres militants. Khider fut chargé par Lahouel de se rendre à Oran pour transporter la somme à Alger. Conscient de l'enjeu, Khider utilisa sa voiture parlementaire, toujours protégée par la cocarde bleu, blanc, rouge pour accomplir sa mission. L'argent fut versé à la trésorerie du Parti. La police ne connaîtra les véritables auteurs, que bien plus tard…» (5)

    Quelques semaines après cette spectaculaire opération, Ben Bella se retrouve propulsé à la tête de l’OS à la faveur de la «crise berbériste» qui provoqua une purge au sein du MTLD et la mise à l’écart d’Aït-Ahmed et des kabyles.

    «Le chef national de l'OS, Madjid, est passé au berbérisme et le parti, en la personne de Khider, m'a chargé de m'occuper de l'OS… en juillet-août 1949… C'est à lui et à lui seul que je rendais compte de l'activité de la formation paramilitaire. C'est de lui et de lui seul que je recevais les directives et les consignes. Aucune décision grave, aucune réforme importante n'était prise sans en référer au député Khider. C'est d'ailleurs lui, qui, chaque mois, me remettait les fonds nécessaires à la rétribution des permanents de l'OS.» (4)

    Durant la courte chefferie de Ben Bella, l’OS n’entreprendra aucune action importante. Et le temps que Ben Bella connaisse tous les rouages de l’organisation,… l’OS fut démantelée au printemps 1950.

    La plupart des responsables de l’OS entreront en clandestinité, mais «Ben Bella, chef d'Etat-major de l'OS, fut appréhendé le 12 mai 1950 dans son refuge à Alger. Il était armé. Il n'avait pas pris la précaution de changer de domicile alors que l'alerte était chaude.» (5)

    Avant son limogeage, Ait Ahmed avait rédigé une brochure intitulée “L'attitude du militant devant la police”, définissant le comportement en cas d'arrestation pour conserver le secret sur l'existence de l'OS, de ses membres et les caches d'armes. Ben Bella n’a donc pas respecté ces consignes et s’est mis tout de suite à table en livrant toute l’organisation.

    «Toutes ces arrestations en chaîne -environ 500- opérées en mars-avril-mai 1950, amenèrent le démantèlement de l'OS et la saisie d'un nombreux matériel: mitraillettes, chargeurs, pistolet, cheddite, cordon bickford, mèche lente, détonateurs, amorces, grenades de modèles variés, postes émetteurs radio, documents, manuels militaires. L'Administration avait des preuves concrètes de l'existence organique de l'OS, de son armement, de sa structure hiérarchique et de sa subordination étroite au PPA-MTLD». (5)
    Si la vie n'est pas une partie de plaisir, l'alternative est pire.

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    • #3
      Le général De Gaulle «avait programmé en juin 1958 la mise au pouvoir de Ben Bella dans quatre ans,
      ca commence tres mal...
      De Gaulle jusqu'en 59, ne jurait que par l'Algérie française...

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      • #4
        accp toujour anti ouest?
        Tout systeme logique est nécéssairement incomplet

        Gödel

        Commentaire


        • #5
          suite

          Evasion rocambolesque

          Les quatre procès collectifs de l’Organisation Spéciale qui se tiennent de janvier 1951 à mars 1952 vont être l’occasion de mettre en valeur Ben Bella et surdimensionner son rôle par rapport aux autres responsables (Aït-Ahmed, Boudiaf, Ben Tobbal, Ben Boulaïd, Bitat, Ben M’Hidi, Didouche, …).

          La presse coloniale brosse un portrait flatteur de Ben Bella comme «Chef de l’Organisation».

          Sur les 363 militants arrêtés, 252 seront jugés, mais la justice française tient à protéger les «traîtres», en imposant le huis clos par un jugement de la Cour d’appel: «Tous les membres de l’association paramilitaire ne sont pas actuellement hors d’état de nuire et poursuivent leurs activités. Qu’il importe en conséquence de ne pas permettre, par un débat public, aux malfaiteurs non encore arrêtés de se rendre exactement compte de ce qui a pu être découvert par nos services de police, ni de ce qui a été révélé par les prévenus, d’une part, …, d’autre part, pour éviter que des vengeances ne soient exécutés contre les prévenus ou leurs familles…». (6) Les responsables de l’OS en fuite ne sauront donc pas, au moment du procès, jusqu’à quel point Ben Bella les avait dénoncé et dévoilé tous les ressorts de l’organisation. Deux ans après son arrestation et à peine le procès était-il terminé, que Ben Bella s'évade «miraculeusement» en avril 1952 de la prison de Blida, d’où il parvient à gagner tranquillement Le Caire via Marseille, Paris et la Suisse.

          Cette évasion est évoquée dans le livre d’un cousin de Abane Ramdane: «Evasion rocambolesque de Ben Bella de la prison militaire de Blida en 1952 arrangée par les autorités coloniales en échange de sa coopération. Cet épisode opaque de l’itinéraire militant de Ben Bella lui sera sévèrement reproché par ses camarades de l’OS et du MTLD, notamment par Abane Ramdane qui l’accusera d’avoir trahi en livrant toute l’Organisation à la police française sans avoir subi la moindre violence.» (7)

          Pour Yacef Saadi, la compromission de Ben Bella ne fait aucun doute. «Troublante évasion ! Chez les anciens on en parle encore. Ben Bella s'évade, qui plus est de la prison de Blida. À l'époque où il était président de la République, un ancien inspecteur principal de la DST, Mohand Ousmer le connaît fort bien. Il n'hésitera pas à répandre des informations sur “l'évasion” de Ahmed Ben Bella de cette prison de Blida dont il disait qu’elle avait été plus ou moins arrangée pour permettre à ce dernier d'arriver au Caire et ne pas manquer la grande effervescence populaire qui avait envahi les rues à la faveur de la déposition du roi Farouk par les “officiers libres”. Mais le plus important dans les propos de l'ancien officier de la DST, c'est la version qu'il donne quand il affirme que parmi les gens qui composaient la délégation extérieure du MTLD à cette époque-là, Ben Bella avait été retourné par les services spéciaux français souffrant alors d'un manque critique de renseignements sur la nouvelle direction politique de l'Égypte des militaires.» (8)

          Au Caire, Ben Bella ne perd pas de temps et c’est par l’entremise du major Fathi Dib, chef des services secrets égyptiens qu’il est présenté à Nasser, gagne sa confiance et se met à son service au nom du panarabisme.

          L’historiographie coloniale est très romancée : «Ben Bella voyage beaucoup entre l'Égypte et le Maroc, alors en pleine effervescence, l'Italie et l'Espagne. Il échappe de peu à des attentats organisés par les services secrets français (une bombe est déposée dans son bureau du Caire; un agent des services secrets tente de l'abattre dans le hall d'un hôtel) et gagne une réputation de baraka». (9)

          Cet exil au Caire de Ben Bella, Khider et Aït-Ahmed leur octroie une participation «honorifique» dans le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (C.R.U.A.) créé en mars 1954. Mais ne leur permettra pas de figurer dans la liste du Groupe de 22, réunis à Alger le 25 juin 1954, qui décideront du principe du déclenchement de la révolution armée et délégueront cette initiative à un groupe de six: Boudiaf, Ben Boulaïd, Ben M’Hidi, Didouche, Bitat et Krim, qui deviendront les six «chefs historiques» du FLN.

          L’intégrité de ces hommes ne fait aucun doute puisque la préparation et le déclenchement des opérations militaires du 1er Novembre, qui a ébranlé le pouvoir colonial, s’effectueront dans le plus grand secret, auquel même les trois du Caire n’auront pas accès.

          C’est Roger Wybot, lui-même qui l’explique. Directeur du Bureau Central de Renseignements et d'Action (BCRA) lors de la seconde guerre mondiale, puis Directeur de la Surveillance du Territoire (DST) de 1944 à 1959, il est entre autres, Commandeur de la Légion d'honneur, Commandeur du Ouissam Alaouite (Maroc), Grand Officier du Nicham Iftikar (Tunisie).

          «Mitterrand, ministre de l'Intérieur, me fait téléphoner aussitôt ce jour-là par son directeur de cabinet adjoint, qui se lance dans une longue tirade accusatrice :

          - Vous savez ce qui se passe en Algérie ? C'est proprement incroyable ! Des éléments étrangers, venus de l'extérieur, viennent d'y débarquer pour fomenter des troubles et provoquer une véritable rébellion. C'est absolument inadmissible ! Comment se fait-il que vous n'ayez pas prévu cette action étrangère ? La DST n'a pas fait son travail.

          Je le laisse parler sans l'interrompre puis, lorsqu'il arrive au bout de son discours indigné, je réplique froidement :

          - “J'ai le sentiment d'un léger malentendu. Tout d'abord, pour ma part, je ne crois pas à une intervention étrangère. L'explication est trop commode. Que des fonds, des armes, soient parvenus d'ailleurs, c'est probable. Mais c'est en Algérie même que le mouvement de révolte s'est développé, structuré, entraîné.

          Ce n'est pas Le Caire qui est passé à l'action, mais le “CRUA.” A ce propos, je vous suggère de vous reporter à mon rapport de mars 1954. Tout ce qui arrive aujourd'hui y était annoncé, les chefs de la rébellion nommés, les effectifs, méthodes, intentions, plans analysés. Ce document complet, il est sur le bureau du ministre de l'Intérieur depuis cinq mois.

          les tirailleurs de l’Armée d’Afrique.

          Il faut remonter aux différentes campagnes, notamment la fameuse bataille de Monte Cassino, menée par le Corps Expéditionnaire Français, pour comprendre comment se sont forgés chez des soldats algériens, marocains, tunisiens, sénégalais,… l’amour du drapeau français, la fierté du devoir accompli, la loyauté et le dévouement à leurs chefs au détriment de leur propre pays.

          Ils ont subi un véritable lavage de cerveau dans une époque trouble et complexe du 20e siècle dominée par le colonialisme, le nazisme, le fascisme, le stalinisme, l’impérialisme qui glorifiaient la supériorité de l’homme Blanc et semaient la terreur.

          Enrôlés de force ou engagés volontaires, les jeunes maghrébins et africains sortaient de leurs conditions de paysans pauvres et illettrés pour découvrir subitement le pouvoir des armes, de l’ordre et la discipline militaires.

          Le réalisateur algérien Rachid Bouchareb a réveillé les consciences en réalisant un film exceptionnel, Indigènes, sorti en 2006, qui retrace l’épopée des soldats indigènes de l’Armée d’Afrique. (15)

          Les officiers français d’élite, qui ont commandés les goumiers et les tirailleurs seront ensuite versés dans les services secrets (DST, SDECE, Service Action, 11e choc, …). Ils n’avaient aucun mal à recruter ou retourner leurs compagnons d’armes maghrébins, leurs enfants ou leurs petits-enfants, et les convaincre de trahir leurs pays… en défendant «la mère-patrie de nos ancêtres les Gaulois».

          Par contre, les combattants qui ont manifesté un esprit rebelle intact et un attachement viscéral à la défense de leur terre lorsque leur véritable patrie les a appelés au devoir, seront vite neutralisés ou assassinés.

          Cela explique aussi l’acharnement des services français à écarter sournoisement mais énergiquement la revendication berbériste, en encourageant le panarabisme nassérien, tout-venant idéologique où n’importe qui pouvait se fondre.

          Que des marocains et tunisiens aient participé à la guerre de libération, c’est une excellente chose, tout comme les maghrébins l’ont fait pour combattre le nazisme durant la seconde guerre mondiale. Mais qu’ils accèdent aux plus hautes responsabilités de l’Etat algérien par l’imposture et le mensonge en cachant leur véritable identité dans les conditions que l’on sait, c’est une grave anomalie historique qui continue de persister en 2010.

          Il est temps d’ouvrir les archives coloniales et militaires et que les cinéastes, universitaires, historiens ou non, se mettent au travail et au devoir de mémoire.

          Saâd Lounès

          (1) http://encyclopedie-afn.org/index.php/BEN_BELLA

          (2) Alain Pecheral – La grande histoire de l’OM – Ed. Prolongations – 2007

          http://www.om-passion.com/effectif_425_ben-bella.html

          (3) http://www.edulyautey.org/~marocomb/...p?lng=fr&pg=74

          (4) PV d’audition de Ben Bella du 12 mai 1950 publié par La Tribune le 21-11-2002 http://rouina.*******.com/repertoirehtml/benbella.html

          (5) http://rouina.*******.com/repertoire...ines1ernov.htm

          (6) Sharon Elbaz - L'avocat et sa cause en milieu colonial. La défense politique dans le procès de l'Organisation spéciale du Mouvement pour le triomphe des libertés en Algérie (1950-1952)

          (7) Belaid Abane «L’Algérie en guerre, Abane Ramdane et les fusils de la rébellion» L’Harmatan - Paris – 2008

          (8) Yacef Saadi - Article publié par le quotidien Liberté du 11-11-2002 http://www.webzinemaker.com/admi/m9/...ubr=2&id=61847

          (9) http://www.larousse.fr/encyclopedie/...en_Bella/98828

          (10) Philippe Bernert, «Roger Wybot et la bataille pour la DST», Presse de la Cité, Paris 1975.

          (11) Conférence de presse du Général de Gaulle du 11-04-1961

          http://www.ina.fr/histoire-et-confli...gaulle.fr.html (pour écouter ce passage aller directement vers la fin de l’entretien 1h07 sur 1h31)

          (12) Le putch de Ben Bella et le Clan d'Oujda sur le GPRA été 1962 http://www.youtube.com/watch?v=SWy_ivKPVHU

          (13) Ferhat Abbas - L’indépendance confisquée, 1962-1978, Flammarion, Paris, 1984

          (14) http://forumdesdemocrates.over-*********/35-index.html

          (15) Documentaire sur le film Indigènes

          http://www.dailymotion.com/video/xl0...d-roschdy-samy
          >
          Si la vie n'est pas une partie de plaisir, l'alternative est pire.

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          • #6
            accp toujour anti ouest?
            Pas du tout mon ami, bien au contraire. Ma vie personnelle n'interesse personne ici mais s'il pouvait en etre autrement, tu verrais que tu te trompes massivement !
            Si la vie n'est pas une partie de plaisir, l'alternative est pire.

            Commentaire


            • #7
              en tout cas tes reflexions laissent y penser ,comme la par exp

              amicalement

              Citation:
              aujourd'hui les mêmes pensées que l'Emir Abdelkader à Ghazaouet, Messali à Tlemcen ou Bouteflika partout où il va : «Ce peuple ne mérite pas qu'on lui donne un pays et un cœur ou même des chaussures»
              Ce pays a certainements de meilleurs références que celles citees ci-dessus.

              __________________

              http://www.algerie-dz.com/forums/sho...d.php?t=180269
              Tout systeme logique est nécéssairement incomplet

              Gödel

              Commentaire


              • #8
                De Gaulle jusqu'en 59, ne jurait que par l'Algérie française...
                Ca, c'etait le discours officiel. Il ne pouvait pas le depart se heurter au pieds-noirs et a l'armee, il lui fallait d'abord consolider son pouvoir. De Gaulle savait que si la France restait, ce n'est l'Algerie qui serait devenu francaise mais c'est la France qui serait devenue musulmane compte tenue de l'evolution demographique.

                Commentaire


                • #9
                  Citation:
                  aujourd'hui les mêmes pensées que l'Emir Abdelkader à Ghazaouet, Messali à Tlemcen ou Bouteflika partout où il va : «Ce peuple ne mérite pas qu'on lui donne un pays et un cœur ou même des chaussures»
                  Ce pays a certainements de meilleurs références que celles citees ci-dessus.
                  Malheureusement pour toi, l'histoire est implacable et l'immense majorite du peuple Algerien et presque tous les intellectuels Algeriens persistent a penser que ce ne sont pas du tout les meilleurs references !
                  Fais un tour dans les ouvrages d'histoires et reviens me voir
                  Dernière modification par emyou, 10 septembre 2010, 19h55.
                  Si la vie n'est pas une partie de plaisir, l'alternative est pire.

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                  • #10
                    Article orienté qui n’a pour seul but que de salir un individu à des fins obscures.

                    Ben Bella Mohamed (son vrai nom) dit Ahmed, dit Hemimed, alias Abdelkader Mebtouche, alias Messaoud Meziani, serait né le 25 décembre 1916 (ou 1918), à Maghnia à la frontière algéro-marocaine. Fils de paysans marocains originaires de Marrakech, Embarek Ben Mahdjoub et SNP Fatma Bent El Hadj, propriétaires de terres agricoles et d’un café fondouk populaire. (1)
                    Le personnage du marocain Ben Bella est un élément clé du bâclage de l’indépendance algérienne trahie par les manigances de De Gaulle et les complots des services secrets coloniaux.
                    Ben Bella est d’origine marocaine, et alors !!!!!!!!!!!
                    Il est né à Maghnia à une époque où ces maudites frontières (crées pas les colons) n’existaient pas encore, époque où les deux peuples vivaient en bon voisinage, loin des polémiques et des clivages malsains qu’on peut lire sur ce forum.

                    Sarko est d’origine hongroise, le peuple francais l’a élu haut la main…


                    On n’avait pas prêté grande attention aux propos accusateurs de la veuve de Abane Ramdane qui avait déclaré à la presse que Ben Bella a été fabriqué par les Français: «Naturellement, ce sont les Français qui lui ont fait cette propagande pour lui donner un nom. C’est à partir de là que les Français ont préparé un président pour l’Algérie… La France voulait donner un chef à la Révolution algérienne, le plus bête des chefs. C’est la dernière farce que la France nous a faite.» (Liberté du 8-11-2002).
                    Quel crédit peut-on accorder sur le plan Historique aux déclarations de la veuve de Abane Ramdane ?


                    Féru de football, il joua milieu de terrain dans l’équipe des Mitrailleurs 2.15 la saison 39-40. Il figure aussi dans l’historique des effectifs du club de l’Olympique de Marseille pour lequel il ne joua l’intégralité que d’un seul match officiel, où il marqua un but sur les 9 à 0 contre le FC Antibes. Ce passage éclair dans l’effectif de l’OM reste à ce jour un mystère. (2)
                    …il ne manquait que la couleur de son caleçon que l’auteur a omis de citer.
                    Dernière modification par sako, 10 septembre 2010, 21h49.

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                    • #11
                      Malheureusement pour toi, l'histoire est implacable et l'immense majorite du peuple Algerien et presque tous les intellectuels Algeriens persistent a penser que ce ne sont pas du tout les meilleurs references !
                      Fais un tour dans les ouvrages d'histoires et reviens me voir

                      ___________________________________________
                      alors trouve moi un personnage de la trempe de l'EMIR,Abdelkader ou de celui qui preceda MESSALI dans le militantisme actif au debut du 20ieme siecle ,et que tout sesefforts furent reccuperes par le FLN qui trouva la voie toute tracee par clui_ci
                      Tout systeme logique est nécéssairement incomplet

                      Gödel

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