Disparitions forcées en Algérie
Passionnant débat à Paris entre intellectuels
le 13.09.10
© Salim M.
Quelques familles portant le portrait de leurs proches disparus
Une soirée commémorative du 10e anniversaire de la création du Collectif des familles de disparus a eu lieu à Paris. Des historiens, sociologues et personnalités de la société civile ont animé un débat passionnant et parfois passionné.
Paris
De notre bureau
La question des disparitions forcées en Algérie est liée à la démocratisation de la société et du système politique, ont avancé les intervenants à la soirée commémorative du 10e anniversaire de la création du Collectif des familles de disparus en Algérie, notamment l'historien et ancien membre de la direction du FLN, Mohamed Harbi, et le professeur en droit international, Madjid Bencheikh. «La question des disparus ne peut avancer que si elle est liée à une cause politique, la cause de la démocratie et à une mobilisation en ce sens», a affirmé Mohamed Harbi à la faveur d'un débat dense, jeudi dernier à l'Espace Reuilly à Paris dont nous rapportons quelques éléments.
L'Algérie reconnaît 8023 disparus, a-t-il été avancé. Toutefois, les autorités algériennes «continuent à s'opposer à la reconnaissance et surtout à la mise en place d'une justice transitionnelle dont le mandat serait de reconnaître et de mettre à jour la vérité parce que sans vérité la douleur ne sera jamais apaisée», a indiqué la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen. Pour Mohamed Harbi, «c'est un combat qui va s'inscrire dans la durée. Or, la recomposition de la société algérienne est favorable à la reconduction de l'autoritarisme. On le voit bien à la multiplication des forces de répression qui atteignent aujourd'hui près de 500 000 personnes. Par ailleurs, sur le plan politique, la situation n'est guère brillante. La compétition sociale a pour enjeu non pas le contrôle de l'Etat mais l'obtention des faveurs de celui-ci». Et d'affirmer que «l'autoritarisme est indissociable des caractéristiques de la nomenklatura algérienne plus soucieuse d'intérêts particuliers que des intérêts de la nation», mais se disant toutefois convaincu que «la chaîne des drames que connaît l'Algérie depuis trop longtemps», que «les traumatismes qui l'ont meurtrie finiront bien par s'arrêter un jour pour peu que nous arrivions à éclairer l'opinion et que les forces nationales et internationales agissent en ce sens».
Madjid Bencheikh, professeur de droit international et ancien président d’Amnesty International Algérie, considère que «les familles de disparus ont non seulement réussi à impulser des actions sans doute parce qu'elles étaient déterminées, mobilisées par la recherche de la vérité, mais aussi, d'une manière plus générale, parce qu'il s'agit d'une cause juste». A ses yeux, le combat des familles de disparus est «un élément d'un combat plus global et pour que ceux qui ont disparu en Algérie ne le soient pas pour rien».
Et il estime que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale est «le résultat d'une analyse qui fait croire à une victoire sur la violence, elle n'est pas le résultat d'une recherche des causes qui ont conduit l'Algérie à connaître cette violence. Cette manière de faire a abouti à un échec. Le terrorisme n'est pas éradiqué, la réconciliation nationale espérée ne semble pas produire de résultats en ce qui concerne la paix sociale».
Passionnant débat à Paris entre intellectuels
le 13.09.10
© Salim M.
Quelques familles portant le portrait de leurs proches disparus
Une soirée commémorative du 10e anniversaire de la création du Collectif des familles de disparus a eu lieu à Paris. Des historiens, sociologues et personnalités de la société civile ont animé un débat passionnant et parfois passionné.
Paris
De notre bureau
La question des disparitions forcées en Algérie est liée à la démocratisation de la société et du système politique, ont avancé les intervenants à la soirée commémorative du 10e anniversaire de la création du Collectif des familles de disparus en Algérie, notamment l'historien et ancien membre de la direction du FLN, Mohamed Harbi, et le professeur en droit international, Madjid Bencheikh. «La question des disparus ne peut avancer que si elle est liée à une cause politique, la cause de la démocratie et à une mobilisation en ce sens», a affirmé Mohamed Harbi à la faveur d'un débat dense, jeudi dernier à l'Espace Reuilly à Paris dont nous rapportons quelques éléments.
L'Algérie reconnaît 8023 disparus, a-t-il été avancé. Toutefois, les autorités algériennes «continuent à s'opposer à la reconnaissance et surtout à la mise en place d'une justice transitionnelle dont le mandat serait de reconnaître et de mettre à jour la vérité parce que sans vérité la douleur ne sera jamais apaisée», a indiqué la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen. Pour Mohamed Harbi, «c'est un combat qui va s'inscrire dans la durée. Or, la recomposition de la société algérienne est favorable à la reconduction de l'autoritarisme. On le voit bien à la multiplication des forces de répression qui atteignent aujourd'hui près de 500 000 personnes. Par ailleurs, sur le plan politique, la situation n'est guère brillante. La compétition sociale a pour enjeu non pas le contrôle de l'Etat mais l'obtention des faveurs de celui-ci». Et d'affirmer que «l'autoritarisme est indissociable des caractéristiques de la nomenklatura algérienne plus soucieuse d'intérêts particuliers que des intérêts de la nation», mais se disant toutefois convaincu que «la chaîne des drames que connaît l'Algérie depuis trop longtemps», que «les traumatismes qui l'ont meurtrie finiront bien par s'arrêter un jour pour peu que nous arrivions à éclairer l'opinion et que les forces nationales et internationales agissent en ce sens».
Madjid Bencheikh, professeur de droit international et ancien président d’Amnesty International Algérie, considère que «les familles de disparus ont non seulement réussi à impulser des actions sans doute parce qu'elles étaient déterminées, mobilisées par la recherche de la vérité, mais aussi, d'une manière plus générale, parce qu'il s'agit d'une cause juste». A ses yeux, le combat des familles de disparus est «un élément d'un combat plus global et pour que ceux qui ont disparu en Algérie ne le soient pas pour rien».
Et il estime que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale est «le résultat d'une analyse qui fait croire à une victoire sur la violence, elle n'est pas le résultat d'une recherche des causes qui ont conduit l'Algérie à connaître cette violence. Cette manière de faire a abouti à un échec. Le terrorisme n'est pas éradiqué, la réconciliation nationale espérée ne semble pas produire de résultats en ce qui concerne la paix sociale».
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