L'article récent de MSN sur le sujet m'a rappelé pas mal de souvenirs de survivant, et c'est vrai que c'est un sujet dont on parle pas beaucoup.
Le problème, c'est que pour les bizuts, l'enjeu est énorme, il s'agit d'un évènement qui conditionnera leur vie dans la promo pour les prochaines années (deux à quatre ans). Dans certaines école, réussir les épreuves de la journée de l'intégration est la garantie de l'entrée dans le club des anciens élèves, et donc de l'accès à un coup de pouce pour sa carrière.
Du coup, en lisant ça je trouve que le fait de faire le tour de la ville portant un sac poubelle au dessus de ses vêtements et faire la quête dans les magasins en chantant les chansons paillardes classiques, c'est de la gnognote
Grand classique des écoles d'ingé.
Du côté des responsables de l'école (directeur, enseignant), c'est silence radio. Parfois on fait signer aux élèves une charte (d'interdiction de bizutage), mais Dieu seul sait où ça finit (et qui la lit vraiment).
Chaque rentrée scolaire nous rappelle le bizutage. Pratiques scandaleuses pour certain, rituel festif pour d'autres, le bizutage est interdit et puni par la loi Royal depuis 1998. Pourtant, ces actes d'humiliation existent encore dans les grandes écoles et les classes préparatoires françaises sous couvert de week-end d'intégration.
Si le mot "bizutage" a disparu du langage, les pratiques d'humiliation restent les mêmes. Parmi les grands classiques : strip-tease et jeux à boire.
Mais des rites plus humiliants, moralement et psychologiquement, ont fait leur apparition :
simulation d'acte sexuel, être enfermé, cagoulé dans un placard, ... Et des expériences dégradantes de plus en plus gores dont les bizutés se souviennent avec malaise et dégoût ...
D'autres pratiques plus dangereuses sont aussi recensées : en septembre 2007, par exemple, un jeune bizut n'avait pas d'autre choix que de courir nu comme un ver sur les rails du tramway à Nice.
Mais des rites plus humiliants, moralement et psychologiquement, ont fait leur apparition :
simulation d'acte sexuel, être enfermé, cagoulé dans un placard, ... Et des expériences dégradantes de plus en plus gores dont les bizutés se souviennent avec malaise et dégoût ...
D'autres pratiques plus dangereuses sont aussi recensées : en septembre 2007, par exemple, un jeune bizut n'avait pas d'autre choix que de courir nu comme un ver sur les rails du tramway à Nice.
Bien qu'interdites, les scènes de bizutage sont légion sur le web. On y découvre des étudiants portant l'uniforme d'Hitler, d'autres la tête plongée dans les toilettes... De nombreuses vidéos et photos ont d'ailleurs été relayées sur le site préventif sos-bizutage.com afin d'informer et protéger les futures victimes.
Durant les week-ends d'intégration, l'alcool coule à flot. "Aujourd'hui, on devient potes parce qu'on a vomi ensemble", ironise Lucie, diplômée de l'EDHEC Business School (L'étudiant, septembre 2010). L'alcool comme ciment des amitiés ? Pour les plus fragiles, il faut avoir le foie bien accroché : les bitures commencent dans les moyens de transport, bus ou train, et se poursuivent tout le long du week-end avec des jeux à boire, comme boire le plus rapidement possible. Pour en sortir indemne, mieux vaut vomir tout de suite ou simuler le coma éthylique.
Les bizuteurs seraient-il sexistes ? Oui. Au programme de ces demoiselles : attouchements explicites, combat de boue, simulation d'actes sexuels ou strip-tease... Paul, étudiant en 1ère année, raconte : "Il fallait faire quelque chose de trash pour gagner des points dans la course. Nous étions libres d'imaginer notre épreuve " (L'étudiant, septembre 2010)
Les filles sont aussi soumises aux épreuves les plus cruelles. Un applaudimètre élimine les filles "les plus moches" pour élire les plus canons. Ce sont souvent ces dernières qui ont l'immense privilège d'intégrer l'équipe au détriment des autres : la discrimination à l'embauche commence à l'école.
Les filles sont aussi soumises aux épreuves les plus cruelles. Un applaudimètre élimine les filles "les plus moches" pour élire les plus canons. Ce sont souvent ces dernières qui ont l'immense privilège d'intégrer l'équipe au détriment des autres : la discrimination à l'embauche commence à l'école.
Les bizuts subissent une pression psychologique élevée, allant du harcèlement moral au chantage à l'exclusion ou encore aux procédés d'intimidation... Et pour les plus courageux, ceux qui refusent ou qui dénoncent, c'est l'assurance de vivre une année de cauchemar, de traque, et d'exclusion : "On recherche les traîtres qui se sont plaints, les rumeurs courent les couloirs." [Paroles de bizutés - source : CNCB]. Selon le Comité national contre le bizutage, ce rite est apparenté à une secte qui utilise des procédés de manipulation similaires tels que : " privation de sommeil, perturbation de l'alimentation... qui font accepter aux nouveaux de manière insidieuse des choses qu'ils n'auraient pas acceptées en d'autres circonstances.
Le bizutage est un délit puni par la loi du 18 juin 1998 qui stipule que "les cas de violences, de menaces ou d'atteintes sexuelles, le fait pour une personne d'amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et socio-éducatif est puni de 6 mois d'emprisonnement et de 7500 euros d'amende". Les victimes de bizutage peuvent donc poursuivre en justice les bizuteurs et leurs complices mais ignorent trop souvent leurs droits. Au regard de la loi, un étudiant volontaire pour se déshabiller devant ses camarades est bien victime d'un bizutage.
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