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Reza Yasmina ou la vie pratique

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    J'ai résumé ce qui va suivre d'un article trouvé dans Lire, un magazine que je lis rarement. Pas qu'il ne soit intéressant, au contraire. Disons, que la littérature en soi n'est plus mon fort. Cette anecdote au sujet de François Mitterand, un passionné de littérature, est assez réconfortante en ce qui me concerne; sa fille, ayant essayé de le convertir à la philosophie avoue avoir eu beaucoup de mal! « Pour lui, à partir de Kant et de Hegel, cela devenait un peu trop hermétique. . . Cela le faisait sourire. Il préférait les classiques comme Rousseau, Voltaire, Diderot ou même Platon. »

    Cette fois, dans ce Lire du mois de septembre 2005, je suis tombé sur des textes qui ont titillé ma curiosité. Celui de Reza Yasmina, notamment, de mère polonaise et de père aux origines perses. Elle a écrit un livre intitulé 'Dans la luge d'Arthur Schopenhauer', «critique au vitriol de l'intellectuel incapable de réconcilier ce qu'il enseigne et sa propre vie.»

    Généralement, sur les forums, on parle inlassablement (mais là j'exagère) de Nietzsche, Bourdieu, Sartre, Foucault, Derrida, mais Schopenhauer, c'est plus rare. Et pourtant! Il y en a même qui prétendent commenter Nietzsche mais sont incapables de résumer la pensée d'un de ses anciens maîtres.



    Voici quelques lignes de Lire à propos de ce livre: «'Dans la luge d'Arthur Schopenhauer' est une belle illustration de ce mouvement, radical, enclenché ces dernières années par quelques philosophes, et qui propose un retour à une philosophie praticable, conçue comme un art de vivre et non comme une suite de théories dissociables de la pratique.»

    Hé! Voilà ce que je proclame depuis des années! Sur plusieurs sites, je me suis évertué à essayer de prouver par de nombreux exemples que l'auteur d'une œuvre ne doit pas en être dissocié. Rarement, (je devrais peut-être écrire 'jamais'), je n'ai eu un feed-back favorable. Dernièrement, j'ai même pris des exemples concrets de philosophes comme Sartre ou Nietzsche qui préconisaient qu'une telle disposition d'esprit devait être jointe à nos actes; or, dans les faits, c'était tout autre chose.

    Une personne qui aimait la philosophie, à en croire la passion avec laquelle il en parlait, m'avait demandé si je suivais l'actualité philosophique? À vrai dire, je vis pratiquement en ermite, je ne suis absolument rien; je ne regarde ni la télé et n'écoute que rarement la radio. Comme j'aime feuilleter les magazines à certains moments, je me procure de temps à autres des journaux d'actualités, L'Express ou le Nouvel Obs., souvent vieux de plusieurs mois. Je dois aussi préciser que je ne fais partie d'aucun courant de pensée quel qu'il soit et qu'on ne peut me caser nulle part. Je demeure pour la grande majorité un mouton noir, ou pour le dire passivement, une énigme.

    Mais revenons à Reza au lieu de parler de moi. (Quoique là est justement le point: j'essaye d'ajuster ma vie à mes principes et à le démontrer.) Dans Lire, on écrivait entre parenthèses, à propos d'un retour d'une philosophie praticable, (cette idée, profondément grecque, revient au goût du jour grâce aux travaux de Pierre Hadot, Lucien Jerphagnon, et Michel Onfray, notamment.)

    Reza décrit dans son livre philosophique (que je n'ai pas lu) un professeur, Ariel Chipman, un universitaire renommé qui toute sa vie enseigna Spinoza, c'est-à-dire professa la joie et la suprématie de la raison. Vaincu par l'accablement domestique, terrassé par le réel, il ne peut désormais plus «saquer» cette philosophie à laquelle il consacra tous ses instants et dont les théories sont démenties par le réel.

    «Mais pourquoi Spinoza plutôt que Kant ou Hegel?» lui demande-t-on.

    Sa réponse: «On aimerait bien, dans un monde idéal, pouvoir adhérer aux théories de Spinoza. [---] Pour Spinoza, la seule vertu est la joie, la puissance que peut apporter la grande joie. Mais une chose m'est apparue: ça ne tient pas! Je veux dire: organiquement, ça ne tient pas! La condition humaine est plus forte que cela hélas! [---] Toute théorie devrait être confrontée au vécu –et en disant cela de cette manière, je donne l'impression de théoriser! Mais j'essaye de montrer dans ce livre qu'une théorie qui peut se développer en parallèle du vécu ne vaut rien. C'est le problème de l'Université. [---] Je dirais que c'est la position même des intellectuels qui me gêne parce qu'elle est extérieure à la vie.»
    Dernière modification par akiles, 17 mars 2006, 21h13. Motif: image
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