Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le mouvement Tea Party peut-il faire perdre les élections aux républicains ?

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le mouvement Tea Party peut-il faire perdre les élections aux républicains ?

    C'est le "cauchemar du Delaware" pour le magazine en ligne Slate, le "coup d'Etat du Tea Party" pour Politico. La victoire, mardi 14 septembre, de la candidate du Tea Party Christine O'Donnell dans la primaire républicaine du Delaware (Est) pour les élections de mi-mandat au Sénat est perçue par toute la presse américaine comme un "choc".

    Depuis 2009 et le début de leur lutte acharnée contre le plan de relance américain et les réformes de Barack Obama, les "insurgés" du Tea Party, comme les nomme le New York Times, ont acquis un poids inespéré dans le jeu politique américain. Cette dernière victoire d'un de leurs candidats marque un tournant décisif pour l'establishment du Parti républicain, qui va bientôt se trouver confronté à des choix complexes, estime la presse outre-Atlantique.

    LA DIFFICULTÉ À GAGNER LE SÉNAT

    Certes "la victoire [de Christine O'Donnell], presque inimaginable il y a encore quelques semaines, constitue l'une des plus grandes victoires du mouvement Tea Party et de ses militants", écrit le Washington Post. Mais elle n'est pas forcément une victoire pour les républicains, poursuit le journal. Le Grand Old Party (GOP) est en pleine campagne pour gagner la majorité dans les deux Chambres du Congrès américain lors des élections de mi-mandat, début novembre, et d'aucuns pensent que les candidats issus du Tea Party pourraient "mettre en danger les chances républicaines" dans certains Etats où ils espéraient prendre les sièges des démocrates.

    Un signe ne trompe pas : l'argent du Parti républicain n'ira pas à la campagne du Delaware. Christine O'Donnell sera bien la candidate officielle des républicains, mais elle n'aura pas son soutien financier. Une attitude qui sonne comme un aveu de son incapacité à remporter les élections en novembre, analyse le New York Times. En effet, la candidate soutenue par le Tea Party vient de remporter une bataille finalement très fermée, où seuls les électeurs ouvertement déclarés comme républicains ont pu s'exprimer ; alors que le Delaware compte un grand nombre d'électeurs "indépendants", plutôt modérés et capables de faire basculer l'Etat d'un côté ou de l'autre.

    Perçue comme très conservatrice économiquement, plaidant sans relâche contre les impôts, contre la réforme du système de santé proposée par Barack Obama et fervente défenseure de la morale (avec une campagne enflammée contre la masturbation), Christine O'Donnell devrait avoir du mal à gagner les suffrages centristes.

    Ce genre de candidatures, perçues comme "extrémistes", "complique des batailles qui auraient pu être faciles", remarque encore le New York Times. Sur dix-huit affrontements sénatoriaux qui s'annoncent serrés en novembre, le quotidien new-yorkais estime que onze d'entre eux vont être fortement influencés par le Tea Party. "Le chemin d'une victoire républicaine au Sénat s'est réduit au point de presque disparaître", analyse le site Politico.

    LA GUERRE DE SÉCESSION AU SEIN DU PARTI RÉPUBLICAIN

    Mais infliger une défaite aux démocrates n'est peut-être pas le but premier des leaders du mouvement Tea Party, analyse la presse américaine. Le mouvement chercherait plutôt à éliminer un à un les membres les moins conservateurs du Parti républicain. Après la défaite du parti aux élections de 2008, la droite américaine a en effet perdu une grande partie de son électorat. "Il n'en est resté qu'un noyau dur pensant que le Parti républicain avait perdu car il n'était pas assez conservateur, écrit le site Salon. Cette nouvelle base s'est trouvée un nom accrocheur et s'est attachée à nettoyer le parti des hommes politiques lui rappelant trop l'esprit de 2008."

    Le cas du Delaware est symbolique dans la mesure où le favori du Parti républicain, Michael Castle, jusqu'alors membre de la Chambre des représentants et candidat cette année au poste de sénateur, était l'un des rares représentants élus de l'aile modérée du parti. Il a ainsi toujours su gagner en captant les voix des électeurs indépendants et peut-être même de certains démocrates. Avec lui, c'est aussi "le dernier sénateur républicain sensible à la question du réchauffement climatique" qui disparaît, remarque le mensuel écologiste Grist.

    Pour le magazine de gauche Mother Jones, "la croisade droitière contre Castle semble plus symbolique que pragmatique (...). Il restait peu de cibles aussi tentante au sein du Grand Old Party : en tant qu'un des derniers républicains modérés du Congrès, Castle restait fidèle au centre droit (...). Si le réel but du Tea Party est de pousser le Parti républicain plus à droite – plutôt que de gagner autant de sièges que possible –, alors leur travail au Delaware est peut-être déjà accompli".

    Reste à savoir si cette polarisation ne profitera pas in fine aux démocrates. Certains d'entre eux y croient : "Avec les Tea Party, on ne parle pas de républicains comme les autres, raconte un militant démocrate au Christian Science Monitor. Quand vous expliquez clairement aux électeurs qui sont ces gens, ça leur fiche carrément la trouille."

    source : Le Monde
Chargement...
X