Le dégraissage de l'Etat socialiste a commencé à Cuba. Le premier objectif est de licencier 500 000 travailleurs du secteur public d'ici au premier trimestre 2011. A terme, il s’agit de supprimer 1,3 million d’emplois "superflus", soit un quart de ceux occupés par la population active. Des listes circulent déjà dans les entreprises.
L’annonce n'a été faite ni par le gouvernement de Raul Castro, ni par le parti unique, mais par la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC), seul syndicat autorisé, chargé de faire passer la pilule dans l’opinion. Dans une déclaration du 13 septembre, la CTC admet que le "succès" de l'opération dépendra du "consensus social obtenu par la pertinence économique et politique de ce pas", qui rompt avec le dogme socialiste du plein-emploi.
Un document interne qui circule dans les "instances" du pouvoir à La Havane, depuis fin août, a été diffusé par l’agence Associated Press, le 14 septembre. Ce "power point" de 26 pages utilise un langage technocratique truffé de citations de Raul Castro. Il attribue la nécessité du dégraissage au coût des salaires, à l'insuffisante productivité, à l'inefficacité de l’économie, à l'indiscipline et au manque de motivation des travailleurs.
Parmi les "options" proposées aux licenciés, ce document avance les coopératives et le "travail à son propre compte". A ce jour, l'Etat emploie près de 5 millions de Cubains. Les travailleurs indépendants ne sont que 150 000. Le "chronogramme" du dégraissage commence par des secteurs aussi sensibles que l’agriculture, la santé publique, l'alimentation, le tourisme et l'industrie sucrière. Une allocation de chômage sera versée pendant un à cinq mois, selon l'ancienneté.
Un "nouveau système d’impôts, plus personnalisé et rigoureux" sera mis en place, portant sur les revenus individuels, les ventes, les contrats de travail et les charges sociales. Aucune précision n'a été apportée quant à l'accès au crédit et au financement, l'importation de matières premières monopolisée par l'Etat ou la charge fiscale.
C’est peu dire qu'un demi-siècle de castrisme n'a pas formé les Cubains à l'esprit d'entreprise. "Le paternalisme de ce gouvernement totalitaire a inculqué l’attentisme et l'inertie dans une population dépourvue de la possibilité de travailler selon ses capacités, ses qualifications et sa créativité", note Miriam Leiva, journaliste indépendante à La Havane.
Changer la donne en six mois est un défi. "Si des possibilités de gagner honnêtement sa vie ne s’ouvrent pas rapidement, cela pourrait provoquer de fortes tensions sociales, qui ne sauraient être réglées par la répression", avertit Mme Leiva.
La privatisation, qui ne dit pas son nom, s'accompagne de facilités pour l'investissement étranger. Un décret d'août propose des garanties de 99 ans aux entreprises étrangères qui voudront construire des resorts, des terrains de golf ou des marinas. En revanche, les paysans auxquels des terres ont été remises en usufruit disposent de contrats de dix ans.
Selon un diplomate européen en poste à La Havane, les secteurs rentables passent sous la coupe du Groupe d’administration d’entreprises (Gaesa), la holding des forces armées, dirigée par le colonel Luis Alberto Rodriguez, marié à la fille aînée de Raul Castro, Debora. "Il y a une composante dynastique discrète mais réelle en œuvre à Cuba", assure ce diplomate.
La façade socialiste sera "démantelée", ajoute-t-il. Selon lui, "l'unification du taux de change [deux monnaies circulent à Cuba] mettra à genoux les entreprises publiques non compétitives". Et de conclure: "L'étape suivante, ce sera l'appropriation des actifs par les élites au pouvoir, essentiellement les militaires et leur parentèle."
source : Le Monde
L’annonce n'a été faite ni par le gouvernement de Raul Castro, ni par le parti unique, mais par la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC), seul syndicat autorisé, chargé de faire passer la pilule dans l’opinion. Dans une déclaration du 13 septembre, la CTC admet que le "succès" de l'opération dépendra du "consensus social obtenu par la pertinence économique et politique de ce pas", qui rompt avec le dogme socialiste du plein-emploi.
Un document interne qui circule dans les "instances" du pouvoir à La Havane, depuis fin août, a été diffusé par l’agence Associated Press, le 14 septembre. Ce "power point" de 26 pages utilise un langage technocratique truffé de citations de Raul Castro. Il attribue la nécessité du dégraissage au coût des salaires, à l'insuffisante productivité, à l'inefficacité de l’économie, à l'indiscipline et au manque de motivation des travailleurs.
Parmi les "options" proposées aux licenciés, ce document avance les coopératives et le "travail à son propre compte". A ce jour, l'Etat emploie près de 5 millions de Cubains. Les travailleurs indépendants ne sont que 150 000. Le "chronogramme" du dégraissage commence par des secteurs aussi sensibles que l’agriculture, la santé publique, l'alimentation, le tourisme et l'industrie sucrière. Une allocation de chômage sera versée pendant un à cinq mois, selon l'ancienneté.
Un "nouveau système d’impôts, plus personnalisé et rigoureux" sera mis en place, portant sur les revenus individuels, les ventes, les contrats de travail et les charges sociales. Aucune précision n'a été apportée quant à l'accès au crédit et au financement, l'importation de matières premières monopolisée par l'Etat ou la charge fiscale.
C’est peu dire qu'un demi-siècle de castrisme n'a pas formé les Cubains à l'esprit d'entreprise. "Le paternalisme de ce gouvernement totalitaire a inculqué l’attentisme et l'inertie dans une population dépourvue de la possibilité de travailler selon ses capacités, ses qualifications et sa créativité", note Miriam Leiva, journaliste indépendante à La Havane.
Changer la donne en six mois est un défi. "Si des possibilités de gagner honnêtement sa vie ne s’ouvrent pas rapidement, cela pourrait provoquer de fortes tensions sociales, qui ne sauraient être réglées par la répression", avertit Mme Leiva.
La privatisation, qui ne dit pas son nom, s'accompagne de facilités pour l'investissement étranger. Un décret d'août propose des garanties de 99 ans aux entreprises étrangères qui voudront construire des resorts, des terrains de golf ou des marinas. En revanche, les paysans auxquels des terres ont été remises en usufruit disposent de contrats de dix ans.
Selon un diplomate européen en poste à La Havane, les secteurs rentables passent sous la coupe du Groupe d’administration d’entreprises (Gaesa), la holding des forces armées, dirigée par le colonel Luis Alberto Rodriguez, marié à la fille aînée de Raul Castro, Debora. "Il y a une composante dynastique discrète mais réelle en œuvre à Cuba", assure ce diplomate.
La façade socialiste sera "démantelée", ajoute-t-il. Selon lui, "l'unification du taux de change [deux monnaies circulent à Cuba] mettra à genoux les entreprises publiques non compétitives". Et de conclure: "L'étape suivante, ce sera l'appropriation des actifs par les élites au pouvoir, essentiellement les militaires et leur parentèle."
source : Le Monde
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