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Oran des souvenirs....

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    Liberation, 21/09/2010

    World . Cette semaine à Paris, Khaled et ses invités font revivre l’ambiance mythique du port algérien.


    Par BOUZIANE DAOUDI

    Khaled vient du Luxembourg (pour cause d’exil fiscal), Maurice El Médioni de Marseille (expatriation pied-noir), Cheb Sahraoui et Boutaïba Sghir de la région parisienne (fuite du GIA islamiste et migration économique), Cheba Zahouania d’Oran. Affiche prometteuse de la 21e saison du festival d’Ile-de-France, ces cinq gâchettes réaniment avec ces Cafés d’Oran un port qui n’existe plus, mythifié pour sa musique insubordonnée, souvent sulfureuse, comme La Nouvelle-Orléans, La Havane, Rio ou Kingston.
    Seul Maurice El Médioni, l’ancien (né en 1928), possède la vraie mémoire du lieu, ville cosmopolite où il rencontre à 14 ans les marines et GI du débarquement (1942) et leur musique, où Louis «Satchmo» Armstrong joue en 1947. Maurice El Médioni est subjugué par le boogie woogie, le fox-trot, le be-bop, le jazz, alors que la seconde ville de l’Algérie encore française danse sur les rythmes cubains, écoute les chansons de la métropole, le paso doble et le flamenco.
    Camp. Les indigènes juifs et musulmans vibrent aussi aux chants du Caire et du Maroc, aux sons de leur terroir, la poésie lyrique bédouine, l’improvisation raï délétère et féminine, le raffinement millénaire arabo-andalou dont l’oncle de Maurice, Messaoud Médioni, dit Saoud l’Oranais, fut un des maîtres avant de disparaître dans un camp nazi après son installation à Paris.
    Saoud accueillait dans son bistro de Derb Lihoud, le quartier juif d’Oran, les artistes musulmans pour des jam sessions bien arrosées jusqu’au bout de la nuit. L’administration coloniale interdisait aux cafetiers musulmans de vendre de l’alcool sous prétexte d’en protéger la population mahométane. Maurice El Médioni au piano et son pote musulman Blaoui Houari (né en 1926), parrain de la chanson oranaise moderne, à l’accordéon, animent les apéros dansants au café Salva en reprenant des succès américains et français.
    A la suite des «événements» (la guerre d’Algérie), El Médioni s’exile en 1961 en Israël avant de partir pour Marseille, la ville la plus oranaise de France, où sa résurrection musicale se fait en accompagnant dans les années 90 Reinette l’Oranaise (1915-1998) et l’Algérois Lili Boniche (1921-2008), anciens élèves de son oncle Saoud.
    En 1954, Cheikha Rimitti (1923-2006) enregistre d’une voix sépulcrale sur des cadences archaïques son premier disque, Charag gataâ («déchire lacère») : «Déchire lacère/ Rimitti recoudra/ Faisons nos mamours sous les couvertures/ Galipette sur galipette je ferai à mon amour tout ce qu’il voudra.» Le raï traditionnel est définitivement né et émeut tout le bled. Les hommes se l’accapareront, comme Bouteldja Belkacem et Boutaïba Sghir, alias Mohamed Affif, né en 1945 à Aïn-Témouchent, petite ville viticole à l’ouest d’Oran. Au tournant des années 60-70, il chante d’une voix madrée, dans l’orchestre du trompettiste Messaoud Bellemou, parrain du raï moderne, et fait les chaudes nuits de la Corniche oranaise, notamment au club malfrat, le Biarritz.
    Sérénité. C’est l’heure de gloire des cabarets de la côte où se produisent aussi les yéyé et autres rockers du cru. La jeune choriste de Boutaïba durant une dizaine de 45 tours, Cheba Fadela (curieusement absente du programme, née en 1962), s’y fera un nom en solo. Son futur mari, Cheb Sahraoui, est aux bongos (ils divorceront à la fin des années 90). Ancien du conservatoire d’Oran (le seul de sa génération à avoir étudié la musique), Mohamed Sahraoui (né en 1961), avec son timbre voilé, son sens de la mélodie et une sérénité à toute épreuve, devient vite à son tour l’un des plus célèbres ténors du raï nouveau.
    Cafés d’Oran au Cirque d’Hiver, rue Amelot, 75011. Vendredi et samedi à 20 h 30, dimanche à 16 h 30 (sans El Médioni). Dans le cadre du festival d’Ile-de-France (jusqu’au 10 octobre). Rens. : 01 58 71 01 10

  • #2
    J'ai pris des places...

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    • #3
      Saoud accueillait dans son bistro de Derb Lihoud, le quartier juif d’Oran, les artistes musulmans pour des jam sessions bien arrosées jusqu’au bout de la nuit.
      A proximité du Derb (quartier israélité), en contournant l'Opéra (Théatre Régional d'Oran Abdelkader Alloula), on trouve la rue de l'Aqueduc, le "quartier réservé". Les maisons closes de cette rue très discrète, et pour cause, ont été l'un des berceaux du raï moderne. Musique qui chantait à l'origine la marginalité en des mots crus, le raï moderne a peiné pour être accepté ans les milieux BCBG. Il lui a fallu faire des concessions aux convenances (voir les chansons "religieuses" de Khaled : reprise de "Sidi Boumediene", de "Allah ya Allah") pour forcer sa diffusion sur les ondes nationales et entrer dans les foyers.

      Certaines origines du raï moderne rappellent la naissance du jazz en Nouvelle Orléans.

      *Cafés d’Oran au Cirque d’Hiver : Pourquoi en Ile de France et pas à Oran ou Sidi Bel Abbes.
      "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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