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Et pour un demi-siècle de grosse bouffe, la peine est de combien, Monsieur le juge ?
Par Hakim Laâlam
Football. Coup de théâtre ! Benchikha va faire appel à…
Bon ! Là, nous avons enfin le tarif ! Trois ans de prison et une forte amende pour un casse-croûte et une bouteille d’eau. Et maintenant que nous avons enfin le tarif, le barème, grâce à notre justice indépendante, nous pouvons nous poser les bonnes questions. Si l’on est condamné à trois ans de prison et à une forte amende pour avoir mangé un petit casse-croûte et bu quelques gouttes d’eau tiède, logiquement, de manière raisonnée, sans passion, sans s’énerver, on peut se demander fort légitimement à quelle peine doit-on se voir condamner si l’on a mangé un gros sandwich et bu beaucoup, très beaucoup. Quand j’écris «gros sandwich», il faut bien comprendre mon propos. Je parle d’un très très gros sandwich. Un sandwich tellement gros qu’on le dirait sans fin. C’est simple, le cuisinier chargé de composer ce sandwich-là a commencé son œuvre en 1962. Certains disent même que le boulot en cuisine a débuté bien avant cette date. C’est dire si ce casse-dalle est énorme. En plus, phénomène bizarre, anomalie ou manifestation relevant de l’extraordinaire, plus on le mange ce casse-croûte, plus on croque dedans, plus il donne l’impression de s’allonger. Saisissant, n’est-ce pas ? Les deux mecs d'Aïn-El-Hammam, chopés en train de bouffer leur casse-croûte, l’ont eux-mêmes avoué. Manger leur en-cas ne leur a pris que dix minutes à tout casser. Par contre, bouffer dans le grand sandwich, celui qui est apprêté en cuisine depuis 1962, ça n’a pas de fin. On a beau eu essayer de chronométrer la durée de ce repas, rien ! Le banquet s’est ouvert un jour, ça on en est sûr aujourd’hui, mais depuis, la table n’a pas été levée ni débarrassée. Les convives qui se sont auto-invités ne se sont toujours pas levés. Pis ! Selon des témoignages de vauriens planqués sous la table dans l’espoir de ramasser quelques miettes, la plupart des boustifailleurs, des bouffeurs refusent carrément de quitter la table. Ce qui, en soi, pose certains problèmes d’ordre pratique. Mangeant là, se repaissant là, ils y font également le reste, tout le reste découlant logiquement de ce banquet sans fin. D’où cette odeur nauséabonde qui flotte au-dessus de nos têtes depuis la date du début du buffet non-stop. Alors, je repose la question au regard de tous les désagréments cités plus haut : à combien doit-on être logiquement condamné si l’on bouffe sans arrêt depuis 1962, sachant que par ailleurs, deux quidams ont vu un procureur requérir contre eux trois ans de prison ferme parce qu’ils ont cassé la graine pendant dix petites minutes, sans même salir les lieux ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Le Soir d'Algérie
Par Hakim Laâlam
Football. Coup de théâtre ! Benchikha va faire appel à…
…Saâdane pour le seconder !
Bon ! Là, nous avons enfin le tarif ! Trois ans de prison et une forte amende pour un casse-croûte et une bouteille d’eau. Et maintenant que nous avons enfin le tarif, le barème, grâce à notre justice indépendante, nous pouvons nous poser les bonnes questions. Si l’on est condamné à trois ans de prison et à une forte amende pour avoir mangé un petit casse-croûte et bu quelques gouttes d’eau tiède, logiquement, de manière raisonnée, sans passion, sans s’énerver, on peut se demander fort légitimement à quelle peine doit-on se voir condamner si l’on a mangé un gros sandwich et bu beaucoup, très beaucoup. Quand j’écris «gros sandwich», il faut bien comprendre mon propos. Je parle d’un très très gros sandwich. Un sandwich tellement gros qu’on le dirait sans fin. C’est simple, le cuisinier chargé de composer ce sandwich-là a commencé son œuvre en 1962. Certains disent même que le boulot en cuisine a débuté bien avant cette date. C’est dire si ce casse-dalle est énorme. En plus, phénomène bizarre, anomalie ou manifestation relevant de l’extraordinaire, plus on le mange ce casse-croûte, plus on croque dedans, plus il donne l’impression de s’allonger. Saisissant, n’est-ce pas ? Les deux mecs d'Aïn-El-Hammam, chopés en train de bouffer leur casse-croûte, l’ont eux-mêmes avoué. Manger leur en-cas ne leur a pris que dix minutes à tout casser. Par contre, bouffer dans le grand sandwich, celui qui est apprêté en cuisine depuis 1962, ça n’a pas de fin. On a beau eu essayer de chronométrer la durée de ce repas, rien ! Le banquet s’est ouvert un jour, ça on en est sûr aujourd’hui, mais depuis, la table n’a pas été levée ni débarrassée. Les convives qui se sont auto-invités ne se sont toujours pas levés. Pis ! Selon des témoignages de vauriens planqués sous la table dans l’espoir de ramasser quelques miettes, la plupart des boustifailleurs, des bouffeurs refusent carrément de quitter la table. Ce qui, en soi, pose certains problèmes d’ordre pratique. Mangeant là, se repaissant là, ils y font également le reste, tout le reste découlant logiquement de ce banquet sans fin. D’où cette odeur nauséabonde qui flotte au-dessus de nos têtes depuis la date du début du buffet non-stop. Alors, je repose la question au regard de tous les désagréments cités plus haut : à combien doit-on être logiquement condamné si l’on bouffe sans arrêt depuis 1962, sachant que par ailleurs, deux quidams ont vu un procureur requérir contre eux trois ans de prison ferme parce qu’ils ont cassé la graine pendant dix petites minutes, sans même salir les lieux ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Le Soir d'Algérie
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