Quelques extraits intéressants de discours et assertions d'hommes politiques qui renseignent sur une certaine vision du monde et son ordre.
La conception anglaise :
Discours de Joseph CHAMBERLAIN (1895) :
" Une nation est comme un individu : elle a ses devoirs à remplir et nous ne pouvons plus déserter nos devoirs envers tant de peuples remis à notre tutelle. C'est notre domination qui, seule, peut assurer la paix. la sécurité et la richesse à tant de malheureux qui jamais auparavant ne connurent ces bienfaits. C'est en achevant cette oeuvre civilisatrice que nous remplirons notre mission nationale, pour l'éternel profit des peuples à l'ombre de notre sceptre impérial (...)
Cette unité (de l'Empire) nous est commandée par l'intérêt : le premier devoir de nos hommes d'Etat est d'établir à jamais cette union sur la base des intérêts matériels (...)
Oui, je crois en cette race, la plus grande des races gouvernantes que le monde ait jamais connues, en cette race anglo-saxonne, fière, tenace, confiante en soi, résolue que nul climat, nul changement ne peuvent abâtardir et qui infailliblement sera la force prédominante de la future histoire et de la civilisation universelle (...) et je crois en l'avenir de cet Empire, large comme le monde, dont un Anglais ne peut parler sans un frisson d'enthousiasme (...) "
Malcolm MacDonald (1938) :
« Le but suprême de l’Empire britannique est l’expansion progressive de la liberté parmi tous les sujets de Sa Majesté dans quelque partie du monde qu’ils vivent. Cette expansion de la liberté est un processus lent, en devenir. Dans certains pays, il se manifeste plus vite que dans d’autres. (...) Dans les dominions, ce processus d’évolution a été mené à terme, et s’est terminé. A l’intérieur de l’empire colonial, le processus est toujours en cours. (...) Cela pourra prendre des générations, ou même des siècles, avant que les peuples de certaines parties de l’empire colonial puissent atteindre le self-government. Mais c’est un élément fondamental de notre politique, même pour les peuples les plus attardés d’Afrique, de les enseigner et de les encourager toujours à se rendre capables de se tenir un peu plus sûrement sur leurs jambes. »
La conception française :
Francis Garnier (1864) :
"Un pays comme la France, quand il pose le pied sur une terre étrangère et barbare, doit-il se proposer exclusivement pour but l'extension de son commerce et se contenter de ce mobile unique, l'appât du gain ? Cette nation généreuse dont l'opinion régit l'Europe civilisée et dont les idées ont conquis le monde, a reçu de la Providence une plus haute mission, celle de l'émancipation, de l'appel à la lumière et à la liberté des races et des peuples encore esclaves de l'ignorance et du despotisme. Eteindra-t-elle en ses mains le flambeau de la civilisation vis-à-vis des ténèbres profondes de l'Annam ?"
Jules FERRY (1890) :
"(...) Il n'y a pas de colonisation sans foi dans le lendemain, et ce qui manque le plus à nos pionniers d'Indo-chine, c'est la confiance dans la mère patrie.
(...) Croit-on rehausser de la sorte le renom de la démocratie française, et n'entend-on pas, de tous les coins de l'Europe monarchique, ce murmure dédaigneux et ces doutes qui s'élèvent sur l'aptitude du gouvernement républicain aux entreprises de longue portée qui exigent un esprit de suite, de la patience et du bon sens ? (...)
La France républicaine ne saurait commettre une plus grande faute que se renfermer dans un isolement découragé ou menaçant. Elle n'y gagnerait ni en sécurité ni en dignité, ni en puissance. (...)
Il n'y a plus d'Europe, dit-on ; mais ne voit-on pas que c'est justement notre faiblesse ? Notre intérêt est qu'il y ait encore une Europe, et d'être partout où elle se rassemble. Délibérant sans nous, il y aurait péril que ce fût contre nous. (...) C'est pourquoi nous n'avons fait aucune difficulté de prendre notre part d'initiative et de direction dans la conférence africaine de 1884, destinée à régler pacifiquement la répartition progressive du continent noir entre les puissances européennes. Et la France n'en est pas revenue les mains vides. Dans le même temps, la diplomatie française avait pu grouper dans la question d'Egypte les trois grands Empires du continent, la Russie en tête, marchant d'accord avec la France. (...) La question du canal de Suez se posait devant le concert européen reconstitué, en face de l'Angleterre, engagée par ses promesses. Derrière la neutralisation du canal, l'Egypte neutralisée apparaissait en perspective. (...)
Quand à la doctrine de l'effacement, elle a donné sa mesure en 1882, le jour où la Chambre des députés, sous la parole ardente de M. Clemenceau, laissa l'Angleterre seule en Egypte en tête à tête avec le khédive. Ce fut là un grand naufrage ! (...) Et lorsque le drapeau britannique flottera sur toute la vallée du Nil, (...) la légèreté française comprendra peut-être quel dommage irréparable il a été fait à notre avenir, à notre race, à nos droits dans le monde par une politique à courte vue. (...)
Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles. (...) De 1815 à 1850, l'Europe était casanière et ne sortait guère de chez elle. L'expérience d'Alger n'était, à l'origine, qu'un acte de haute police méditerranéenne. Les archipels de l'océan Pacifique, les rivages de l'Afrique occidentale se colonisent pied à pied, timidement, et comme par hasard : c'était l'époque des annexions modestes et à petits coups, des conquêtes bourgeoises et parcimonieuses. Aujourd'hui, ce sont les continents que l'on annexe, c'est l'immensité que l'on partage, et particulièrement ce vaste continent noir (...) sur lequel la diplomatie d'aujourd'hui trace avec une activité fiévreuse ce qui s'appelle , en jargon moderne, « la limitation des sphères des intérêts respectifs ». (...)
La politique coloniale est fille de la politique industrielle. Pour les Etats riches, où les capitaux abondent et s'accumulent rapidement, où le régime manufacturier est en voie de croissance continue, attirant à lui la partie sinon la plus nombreuse, du moins la plus éveillée et la plus remuante de la population qui vit du travail de ses bras (...) l'exportation est un facteur essentiel de la prospérité publique, et le champ d'emploi des capitaux, comme la demande de travail, se mesure à l'étendue du marché étranger. (...)"
Albert Sarraut (1927)
« La puissance coloniale (de la France ) est un de ces éléments fondamentaux, dans le présent et dans l'avenir. (...) L'honneur de la colonisation française est précisément d'avoir totalement transfiguré l'esprit de l'entreprise coloniale, en la pénétrant du sens profond du droit humain. La colonisation n'est plus pour la France une opération à caractère mercantile, elle est essentiellement une création d'humanité si le colonisateur a le droit évident d'en recueillir de légitimes avantages, il considère - c'est la doctrine française - qu'elle n'est pas simplement un enrichissement universel, profitant à l'ensemble du patrimoine mondial, (...) à la fois la richesse morale et la richesse matérielle ; cet enrichissement d'humanité doit être fait et poursuivi dans l'acceptation et avec la collaboration des races que le colonisateur gouverne et qu'il a pour premier devoir d'accroître en valeur et en dignité humaine. (...) »
Arthur Girault (1927) :
« Quant aux indigènes, [l'assimilation] peut leur être soit favorable, soit défavorable : dans tous les cas, il tend à modifier considérablement leur situation antérieure. Que si l'on espère pouvoir leur inculquer nos idées et nos moeurs, alors on travaille avec ardeur à en faire des Français comme les autres : on les instruit, on leur accorde le droit de suffrage, on les habille à l'européenne, on substitue nos lois à leurs coutumes, on poursuit en un mot l'assimilation des indigènes. Mais si on désespère d'arriver à ce résultat, s'ils se montrent réfractaires à notre civilisation, alors, pour les empêcher de jeter une note discordante au milieu de l'uniformité générale, on les extermine et on les refoule. »
La conception anglaise :
Discours de Joseph CHAMBERLAIN (1895) :
" Une nation est comme un individu : elle a ses devoirs à remplir et nous ne pouvons plus déserter nos devoirs envers tant de peuples remis à notre tutelle. C'est notre domination qui, seule, peut assurer la paix. la sécurité et la richesse à tant de malheureux qui jamais auparavant ne connurent ces bienfaits. C'est en achevant cette oeuvre civilisatrice que nous remplirons notre mission nationale, pour l'éternel profit des peuples à l'ombre de notre sceptre impérial (...)
Cette unité (de l'Empire) nous est commandée par l'intérêt : le premier devoir de nos hommes d'Etat est d'établir à jamais cette union sur la base des intérêts matériels (...)
Oui, je crois en cette race, la plus grande des races gouvernantes que le monde ait jamais connues, en cette race anglo-saxonne, fière, tenace, confiante en soi, résolue que nul climat, nul changement ne peuvent abâtardir et qui infailliblement sera la force prédominante de la future histoire et de la civilisation universelle (...) et je crois en l'avenir de cet Empire, large comme le monde, dont un Anglais ne peut parler sans un frisson d'enthousiasme (...) "
Malcolm MacDonald (1938) :
« Le but suprême de l’Empire britannique est l’expansion progressive de la liberté parmi tous les sujets de Sa Majesté dans quelque partie du monde qu’ils vivent. Cette expansion de la liberté est un processus lent, en devenir. Dans certains pays, il se manifeste plus vite que dans d’autres. (...) Dans les dominions, ce processus d’évolution a été mené à terme, et s’est terminé. A l’intérieur de l’empire colonial, le processus est toujours en cours. (...) Cela pourra prendre des générations, ou même des siècles, avant que les peuples de certaines parties de l’empire colonial puissent atteindre le self-government. Mais c’est un élément fondamental de notre politique, même pour les peuples les plus attardés d’Afrique, de les enseigner et de les encourager toujours à se rendre capables de se tenir un peu plus sûrement sur leurs jambes. »
La conception française :
Francis Garnier (1864) :
"Un pays comme la France, quand il pose le pied sur une terre étrangère et barbare, doit-il se proposer exclusivement pour but l'extension de son commerce et se contenter de ce mobile unique, l'appât du gain ? Cette nation généreuse dont l'opinion régit l'Europe civilisée et dont les idées ont conquis le monde, a reçu de la Providence une plus haute mission, celle de l'émancipation, de l'appel à la lumière et à la liberté des races et des peuples encore esclaves de l'ignorance et du despotisme. Eteindra-t-elle en ses mains le flambeau de la civilisation vis-à-vis des ténèbres profondes de l'Annam ?"
Jules FERRY (1890) :
"(...) Il n'y a pas de colonisation sans foi dans le lendemain, et ce qui manque le plus à nos pionniers d'Indo-chine, c'est la confiance dans la mère patrie.
(...) Croit-on rehausser de la sorte le renom de la démocratie française, et n'entend-on pas, de tous les coins de l'Europe monarchique, ce murmure dédaigneux et ces doutes qui s'élèvent sur l'aptitude du gouvernement républicain aux entreprises de longue portée qui exigent un esprit de suite, de la patience et du bon sens ? (...)
La France républicaine ne saurait commettre une plus grande faute que se renfermer dans un isolement découragé ou menaçant. Elle n'y gagnerait ni en sécurité ni en dignité, ni en puissance. (...)
Il n'y a plus d'Europe, dit-on ; mais ne voit-on pas que c'est justement notre faiblesse ? Notre intérêt est qu'il y ait encore une Europe, et d'être partout où elle se rassemble. Délibérant sans nous, il y aurait péril que ce fût contre nous. (...) C'est pourquoi nous n'avons fait aucune difficulté de prendre notre part d'initiative et de direction dans la conférence africaine de 1884, destinée à régler pacifiquement la répartition progressive du continent noir entre les puissances européennes. Et la France n'en est pas revenue les mains vides. Dans le même temps, la diplomatie française avait pu grouper dans la question d'Egypte les trois grands Empires du continent, la Russie en tête, marchant d'accord avec la France. (...) La question du canal de Suez se posait devant le concert européen reconstitué, en face de l'Angleterre, engagée par ses promesses. Derrière la neutralisation du canal, l'Egypte neutralisée apparaissait en perspective. (...)
Quand à la doctrine de l'effacement, elle a donné sa mesure en 1882, le jour où la Chambre des députés, sous la parole ardente de M. Clemenceau, laissa l'Angleterre seule en Egypte en tête à tête avec le khédive. Ce fut là un grand naufrage ! (...) Et lorsque le drapeau britannique flottera sur toute la vallée du Nil, (...) la légèreté française comprendra peut-être quel dommage irréparable il a été fait à notre avenir, à notre race, à nos droits dans le monde par une politique à courte vue. (...)
Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles. (...) De 1815 à 1850, l'Europe était casanière et ne sortait guère de chez elle. L'expérience d'Alger n'était, à l'origine, qu'un acte de haute police méditerranéenne. Les archipels de l'océan Pacifique, les rivages de l'Afrique occidentale se colonisent pied à pied, timidement, et comme par hasard : c'était l'époque des annexions modestes et à petits coups, des conquêtes bourgeoises et parcimonieuses. Aujourd'hui, ce sont les continents que l'on annexe, c'est l'immensité que l'on partage, et particulièrement ce vaste continent noir (...) sur lequel la diplomatie d'aujourd'hui trace avec une activité fiévreuse ce qui s'appelle , en jargon moderne, « la limitation des sphères des intérêts respectifs ». (...)
La politique coloniale est fille de la politique industrielle. Pour les Etats riches, où les capitaux abondent et s'accumulent rapidement, où le régime manufacturier est en voie de croissance continue, attirant à lui la partie sinon la plus nombreuse, du moins la plus éveillée et la plus remuante de la population qui vit du travail de ses bras (...) l'exportation est un facteur essentiel de la prospérité publique, et le champ d'emploi des capitaux, comme la demande de travail, se mesure à l'étendue du marché étranger. (...)"
Albert Sarraut (1927)
« La puissance coloniale (de la France ) est un de ces éléments fondamentaux, dans le présent et dans l'avenir. (...) L'honneur de la colonisation française est précisément d'avoir totalement transfiguré l'esprit de l'entreprise coloniale, en la pénétrant du sens profond du droit humain. La colonisation n'est plus pour la France une opération à caractère mercantile, elle est essentiellement une création d'humanité si le colonisateur a le droit évident d'en recueillir de légitimes avantages, il considère - c'est la doctrine française - qu'elle n'est pas simplement un enrichissement universel, profitant à l'ensemble du patrimoine mondial, (...) à la fois la richesse morale et la richesse matérielle ; cet enrichissement d'humanité doit être fait et poursuivi dans l'acceptation et avec la collaboration des races que le colonisateur gouverne et qu'il a pour premier devoir d'accroître en valeur et en dignité humaine. (...) »
Arthur Girault (1927) :
« Quant aux indigènes, [l'assimilation] peut leur être soit favorable, soit défavorable : dans tous les cas, il tend à modifier considérablement leur situation antérieure. Que si l'on espère pouvoir leur inculquer nos idées et nos moeurs, alors on travaille avec ardeur à en faire des Français comme les autres : on les instruit, on leur accorde le droit de suffrage, on les habille à l'européenne, on substitue nos lois à leurs coutumes, on poursuit en un mot l'assimilation des indigènes. Mais si on désespère d'arriver à ce résultat, s'ils se montrent réfractaires à notre civilisation, alors, pour les empêcher de jeter une note discordante au milieu de l'uniformité générale, on les extermine et on les refoule. »
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