25 septembre 2010 163 views No Comment
L’Arabie saoudite face au double défi du sunnite Oussama Ben Laden (Al Qaida) et du chiite Hassan Nasrallah (Hezbollah). Part 2/2
1- Un parfait contre exemple dans les annales de la géostratégie mondiale
René Naba | 25.09.2010 | Paris
Paris 25 septembre 2010 - Multirécidiviste dans la diversion, L’Arabie saoudite encouragera Saddam Hussein à faire la guerre à l’Iran pour contenir la menace du fondamentalisme chiite, détournant ainsi la puissance irakienne du champ de bataille israélo-arabe. Dans une nouvelle tentative de déstabilisation de la Syrie, le principal allié arabe de l’Iran, l’Arabie favorisera une révolte sévèrement réprimée des Frères Musulmans syriens, à Hamas, en février 1982, à quatre mois d’une invasion israélienne du Liban fomentée par un tandem constitué par le premier ministre israélien Menahem Begin et Bachir Gemayel, chef des milices chrétiennes libanaises.
L’Arabie saoudite, le plus intransigeant ennemi d’Israël sur le plan théorique, aura ainsi opéré le plus grand détournement du combat arabe, soutenant l’Irak contre l’Iran dans la plus longue guerre conventionnelle de l’histoire contemporaine (1979-1988), le détournant du coup du champ de bataille principal, la Palestine, déroutant la jeunesse arabe et musulmane vers l’Afghanistan du champ de bataille palestinien. A coups de dollars et de Moudjahiddine, souvent des repris de justice dans leur propre pays, elle livrera bataille non pas contre Israël, mais à des milliers de kilomètres de là, à Kaboul, où plusieurs milliers de jeunes arabes et musulmans combattront pendant une décennie les forces athées communistes, tournant, par la même occasion, le dos à la Palestine, avec les encouragements d’intellectuels occidentaux trop heureux de l’aubaine. Cinquante mille arabes et musulmans, enrôlés sous la bannière de l’Islam, sous la houlette d’Oussama Ben Laden, officier de liaison des Saoudiens et des Américains, combattront en Afghanistan l’athéisme soviétique dans une guerre financée partiellement par les pétromonarchies du Golfe à hauteur vingt milliards de dollars, une somme équivalent au budget annuel du quart des pays membres de l’organisation pan arabe. En comparaison, le Hezbollah libanais avec un nombre de combattants infiniment moindre, estimé à deux mille combattants, et un budget dérisoire par rapport à celui engagé pour financer les arabes afghans, a provoqué des bouleversements psychologiques et militaires plus substantiels que la légion islamique dans le rapport des forces régional (6).
L’Afghanistan aura eu une fonction dérivative sur la jeunesse saoudienne et des diplomates américains ne chercheront pas à masquer cet aspect là du conflit. Contre-feux à la Révolution islamique iranienne qui menaçait le leadership saoudien, la guerre d’Afghanistan a permis à l’Arabie Saoudite de détourner le mécontentement de la jeunesse du problème palestinien vers la lutte anti-communiste (7), admettra ultérieurement sans ambages l’ambassadeur américain à Riyad, Chass Freeman. Le financement du Jihad anti-soviétique aurait, à lui seul, grevé le budget saoudien d’une somme sensiblement égale à la subvention financière allouée par l’Arabie saoudite aux «pays du champ de bataille», Egypte, Syrie et OLP (8), à titre de contribution à l’effort de guerre arabe.
L’Islam wahhabite agrégeant les dirigeants arabes sunnites dans une alliance proaméricaine (les principautés du golfe, la Jordanie, l’Egypte, le Maroc, la Tunisie), désignés dans le vocable populaire sous le terme méprisant des «Arabes de l’Amérique» (arab amérika) –l’axe de la modération pour les occidentaux- se laissera ainsi supplanter sur son propre terrain, l’islam combatif, par des islamistes nationalistes, le Hezbollah libanais, le Hamas et le Jihad palestinien. Féconde, l’alliance saoudo américaine dans la guerre contre l’Union soviétique en Afghanistan (1980-1989) a certes précipité l’implosion du bloc communiste, mais par leur alignement inconditionnel aux Etats-Unis, pourtant le meilleur allié stratégique de leur ennemi principal, Israël, en dépit d’ailleurs du mépris que les Américains affichaient à l’égard de leurs aspirations, les promoteurs de l’Islamisme politique principalement l’Arabie saoudite, l’Iran impériale de la dynastie Pahlévi, le Maroc et l’Egypte sadatienne) sinistré la zone accentuant sa dépendance et son retard technologique. Pis, la mainmise américaine sur l’Irak, que l’Arabie a encouragée, a favorisé l‘émergence d’un pouvoir chiite dans l’ancien capitale de l’empire abbasside, faisant planer sur l’Arabie saoudite, par son adossement à l’Iran Khomeyniste, le risque d’un enfermement chiite.
L’alliance exclusive de l’Islam sunnite avec l’Amérique, si elle a assuré la tranquillité du trône wahhabite au cours d’un demi siècle tumultueux, n’a pas pour autant assuré sa pérennité. L’Arabie saoudite aura réussi le tour de force de gagner le respect du monde musulman, sans tirer un seul coup de feu contre Israël, sans obtenir la moindre concession des Américains sur la question palestinienne, en s’appliquant méthodiquement à détruire les vestiges du nationalisme arabe.
Mais le royaume qui aura lancé deux plans de paix pour le règlement du conflit israélo-arabe (Plan Fahd, en 1982, Plan Abdallah, en 2002), sans rencontrer le moindre écho tant du côté américain que du côté israélien, ne déviera jamais de sa ligne, malgré cette rebuffade, sans doute en raison du fait que, sur le plan subliminal, la dynastie wahhabite aura été le principal bénéficiaire du travail de sape opéré depuis trente ans par les Américains et les Israéliens pour réduire la résistance du noyau dur du monde arabo-islamique: la neutralisation de l’Égypte par le Traité de paix avec Israël (1979), la destruction de l’Irak (2003), l’étranglement de la Syrie (2004), la caramélisation de la Libye (2005), l’isolement de l’Iran (2006) au point qu’Israël apparaît en fin de compte comme le meilleur allié objectif des Wahhabites, rare conjonction de deux régimes théocratiques dans le monde, l’État hébreu n’étant démocratique que pour la fraction juive de sa population. Dans ce contexte, l’Organisation clandestine Al Qaida d’Oussama Ben Laden et la chaîne transnationale arabe Al-Jazira, apparaissent, rétrospectivement, comme des excroissances rebelles à l’hégémonie saoudienne sur l’ordre domestique arabe, tant dans le domaine politique que médiatique.
L’arme du pétrole qu’elle a brandi, lors de la guerre d’Octobre 1973, si elle lui a valu un prestige considérable dans le monde arabo musulman et restauré une juste rétribution du prix du carburant, a surtout fragilisé les économies de l’Europe et du Japon, des alliés naturels du monde arabe. Le prosélytisme religieux qu’elle a déployé en Asie centrale, dans les anciennes Républiques musulmanes soviétiques, lui a coupé la voie à une alliance avec la Russie en vue de faire pièce à l’hégémonie américaine. Camouflet supplémentaire qui témoigne des égarements de la stratégie saoudienne et de ses retombées néfastes sur l’espace arabe, le wahhabisme qui a combattu sans relâche l’Union soviétique, redevenue la Russie éternelle, voit se profiler, sous couvert de lutte contre le terrorisme, un dangereux mouvement de tenaille qui risque de l’enserrer, avec l’alliance tacite entre la Russie, Israël et les Etats-Unis à la faveur des attentats commis par les disciples de l’Arabie saoudite, les islamistes d’Al Qaida en Occident et les séparatistes tchétchènes en Russie Ossetie. Comble de cynisme révélateur néanmoins d’une grande frayeur: la tenue de la première conférence mondiale sur le terrorisme les 5 et 6 février 2005 à Riyad. Qu’une telle conférence se tienne dans la patrie du Djihad islamique, que le principal bailleurs de fonds planétaire des mouvements islamistes bénéficie, quatre ans après le raid anti-américain de septembre 2001n de la caution occidentale pour une telle opération de réhabilitation donne la mesure du désarroi des dirigeants wahhabites et de leur parrain américain.
L’Arabie Saoudite est captive et victime de ses choix. Suprême humiliation est le fait que le président américain George W Bush, l’ancien salarié des firmes saoudiennes, ait été le plus ferme soutien au premier ministre le plus agressif d’Israël, au nom du fondamentalisme religieux précisément, allant même jusqu’à cautionner le confinement de Yasser Arafat, le chef légitime du peuple palestinien, et, à reconnaître à Ariel Sharon le droit de modifier unilatéralement le tracé des frontières internationales, au mépris de la légalité internationale. La revanche la plus cinglante à cet aveuglement pourrait être, symboliquement, le choix contraint qu’elle a dû se résigner de faire en baptisant sa nouvelle chaîne de télévision panarabe du nom d’«Al Arabia», un vocable qu’elle avait pourtant banni de son lexique diplomatique depuis un demi siècle, qu’elle reprend aujourd’hui à son corps défendant dans l’espoir de se faire entendre face à des concurrentes à la tonalité moins soumise à l’ordre américain. Ce pays qui consacrera l’essentiel de ses efforts à combattre plus qu’aucun autre pays le nationalisme arabe, allant jusqu‘à mettre sur pied l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), une structure de diplomatie parallèle concurrente de la Ligue arabe, se muera, curieusement, en chantre de l’arabisme dans la foulée du revers militaire israélien au Liban, l’été 2006, à la grande stupéfaction de la quasi-totalité des observateurs internationaux. L’apôtre de la fraternité islamique pendant un demi siècle, ce pays dont la bannière est illustrée pat la profession de foi cardinale de l’Islam, accusera, sans vergogne, la Syrie d’avoir pactisé avec l’Iran, la Perse antique, pays musulman certes mais non arabe, laissant planer la menace d’une nouvelle guerre de religion entre sunnites et chiites, musulmans arabes et non arabes, un comportement qui s’apparente à une mystification, illustration pathétique du désarroi du Royaume.Entre la dynastie Wahhabite et Ben Laden, la bataille dans l’ordre symbolique d’un conflit de légitimité.
L’implication d’un membre de l’entourage familial du Prince Bandar Ben Sultan, fils du ministre de la défense et président du Conseil national de sécurité, dans la réactivation des sympathisants d’Al Qaida tant en Syrie qu’au Nord Liban, dans la région du camp palestinien de Nahr el Bared, a donné la mesure de l’infiltration de l’organisation pan islamiste au sein des cercles dirigeants saoudiens, en même temps qu’elle fragilisait le Royaume vis-à-vis de ses interlocuteurs tant arabes qu’Américains.
L’Arabie saoudite face au double défi du sunnite Oussama Ben Laden (Al Qaida) et du chiite Hassan Nasrallah (Hezbollah). Part 2/2
1- Un parfait contre exemple dans les annales de la géostratégie mondiale
René Naba | 25.09.2010 | Paris
Paris 25 septembre 2010 - Multirécidiviste dans la diversion, L’Arabie saoudite encouragera Saddam Hussein à faire la guerre à l’Iran pour contenir la menace du fondamentalisme chiite, détournant ainsi la puissance irakienne du champ de bataille israélo-arabe. Dans une nouvelle tentative de déstabilisation de la Syrie, le principal allié arabe de l’Iran, l’Arabie favorisera une révolte sévèrement réprimée des Frères Musulmans syriens, à Hamas, en février 1982, à quatre mois d’une invasion israélienne du Liban fomentée par un tandem constitué par le premier ministre israélien Menahem Begin et Bachir Gemayel, chef des milices chrétiennes libanaises.
L’Arabie saoudite, le plus intransigeant ennemi d’Israël sur le plan théorique, aura ainsi opéré le plus grand détournement du combat arabe, soutenant l’Irak contre l’Iran dans la plus longue guerre conventionnelle de l’histoire contemporaine (1979-1988), le détournant du coup du champ de bataille principal, la Palestine, déroutant la jeunesse arabe et musulmane vers l’Afghanistan du champ de bataille palestinien. A coups de dollars et de Moudjahiddine, souvent des repris de justice dans leur propre pays, elle livrera bataille non pas contre Israël, mais à des milliers de kilomètres de là, à Kaboul, où plusieurs milliers de jeunes arabes et musulmans combattront pendant une décennie les forces athées communistes, tournant, par la même occasion, le dos à la Palestine, avec les encouragements d’intellectuels occidentaux trop heureux de l’aubaine. Cinquante mille arabes et musulmans, enrôlés sous la bannière de l’Islam, sous la houlette d’Oussama Ben Laden, officier de liaison des Saoudiens et des Américains, combattront en Afghanistan l’athéisme soviétique dans une guerre financée partiellement par les pétromonarchies du Golfe à hauteur vingt milliards de dollars, une somme équivalent au budget annuel du quart des pays membres de l’organisation pan arabe. En comparaison, le Hezbollah libanais avec un nombre de combattants infiniment moindre, estimé à deux mille combattants, et un budget dérisoire par rapport à celui engagé pour financer les arabes afghans, a provoqué des bouleversements psychologiques et militaires plus substantiels que la légion islamique dans le rapport des forces régional (6).
L’Afghanistan aura eu une fonction dérivative sur la jeunesse saoudienne et des diplomates américains ne chercheront pas à masquer cet aspect là du conflit. Contre-feux à la Révolution islamique iranienne qui menaçait le leadership saoudien, la guerre d’Afghanistan a permis à l’Arabie Saoudite de détourner le mécontentement de la jeunesse du problème palestinien vers la lutte anti-communiste (7), admettra ultérieurement sans ambages l’ambassadeur américain à Riyad, Chass Freeman. Le financement du Jihad anti-soviétique aurait, à lui seul, grevé le budget saoudien d’une somme sensiblement égale à la subvention financière allouée par l’Arabie saoudite aux «pays du champ de bataille», Egypte, Syrie et OLP (8), à titre de contribution à l’effort de guerre arabe.
L’Islam wahhabite agrégeant les dirigeants arabes sunnites dans une alliance proaméricaine (les principautés du golfe, la Jordanie, l’Egypte, le Maroc, la Tunisie), désignés dans le vocable populaire sous le terme méprisant des «Arabes de l’Amérique» (arab amérika) –l’axe de la modération pour les occidentaux- se laissera ainsi supplanter sur son propre terrain, l’islam combatif, par des islamistes nationalistes, le Hezbollah libanais, le Hamas et le Jihad palestinien. Féconde, l’alliance saoudo américaine dans la guerre contre l’Union soviétique en Afghanistan (1980-1989) a certes précipité l’implosion du bloc communiste, mais par leur alignement inconditionnel aux Etats-Unis, pourtant le meilleur allié stratégique de leur ennemi principal, Israël, en dépit d’ailleurs du mépris que les Américains affichaient à l’égard de leurs aspirations, les promoteurs de l’Islamisme politique principalement l’Arabie saoudite, l’Iran impériale de la dynastie Pahlévi, le Maroc et l’Egypte sadatienne) sinistré la zone accentuant sa dépendance et son retard technologique. Pis, la mainmise américaine sur l’Irak, que l’Arabie a encouragée, a favorisé l‘émergence d’un pouvoir chiite dans l’ancien capitale de l’empire abbasside, faisant planer sur l’Arabie saoudite, par son adossement à l’Iran Khomeyniste, le risque d’un enfermement chiite.
L’alliance exclusive de l’Islam sunnite avec l’Amérique, si elle a assuré la tranquillité du trône wahhabite au cours d’un demi siècle tumultueux, n’a pas pour autant assuré sa pérennité. L’Arabie saoudite aura réussi le tour de force de gagner le respect du monde musulman, sans tirer un seul coup de feu contre Israël, sans obtenir la moindre concession des Américains sur la question palestinienne, en s’appliquant méthodiquement à détruire les vestiges du nationalisme arabe.
Mais le royaume qui aura lancé deux plans de paix pour le règlement du conflit israélo-arabe (Plan Fahd, en 1982, Plan Abdallah, en 2002), sans rencontrer le moindre écho tant du côté américain que du côté israélien, ne déviera jamais de sa ligne, malgré cette rebuffade, sans doute en raison du fait que, sur le plan subliminal, la dynastie wahhabite aura été le principal bénéficiaire du travail de sape opéré depuis trente ans par les Américains et les Israéliens pour réduire la résistance du noyau dur du monde arabo-islamique: la neutralisation de l’Égypte par le Traité de paix avec Israël (1979), la destruction de l’Irak (2003), l’étranglement de la Syrie (2004), la caramélisation de la Libye (2005), l’isolement de l’Iran (2006) au point qu’Israël apparaît en fin de compte comme le meilleur allié objectif des Wahhabites, rare conjonction de deux régimes théocratiques dans le monde, l’État hébreu n’étant démocratique que pour la fraction juive de sa population. Dans ce contexte, l’Organisation clandestine Al Qaida d’Oussama Ben Laden et la chaîne transnationale arabe Al-Jazira, apparaissent, rétrospectivement, comme des excroissances rebelles à l’hégémonie saoudienne sur l’ordre domestique arabe, tant dans le domaine politique que médiatique.
L’arme du pétrole qu’elle a brandi, lors de la guerre d’Octobre 1973, si elle lui a valu un prestige considérable dans le monde arabo musulman et restauré une juste rétribution du prix du carburant, a surtout fragilisé les économies de l’Europe et du Japon, des alliés naturels du monde arabe. Le prosélytisme religieux qu’elle a déployé en Asie centrale, dans les anciennes Républiques musulmanes soviétiques, lui a coupé la voie à une alliance avec la Russie en vue de faire pièce à l’hégémonie américaine. Camouflet supplémentaire qui témoigne des égarements de la stratégie saoudienne et de ses retombées néfastes sur l’espace arabe, le wahhabisme qui a combattu sans relâche l’Union soviétique, redevenue la Russie éternelle, voit se profiler, sous couvert de lutte contre le terrorisme, un dangereux mouvement de tenaille qui risque de l’enserrer, avec l’alliance tacite entre la Russie, Israël et les Etats-Unis à la faveur des attentats commis par les disciples de l’Arabie saoudite, les islamistes d’Al Qaida en Occident et les séparatistes tchétchènes en Russie Ossetie. Comble de cynisme révélateur néanmoins d’une grande frayeur: la tenue de la première conférence mondiale sur le terrorisme les 5 et 6 février 2005 à Riyad. Qu’une telle conférence se tienne dans la patrie du Djihad islamique, que le principal bailleurs de fonds planétaire des mouvements islamistes bénéficie, quatre ans après le raid anti-américain de septembre 2001n de la caution occidentale pour une telle opération de réhabilitation donne la mesure du désarroi des dirigeants wahhabites et de leur parrain américain.
L’Arabie Saoudite est captive et victime de ses choix. Suprême humiliation est le fait que le président américain George W Bush, l’ancien salarié des firmes saoudiennes, ait été le plus ferme soutien au premier ministre le plus agressif d’Israël, au nom du fondamentalisme religieux précisément, allant même jusqu’à cautionner le confinement de Yasser Arafat, le chef légitime du peuple palestinien, et, à reconnaître à Ariel Sharon le droit de modifier unilatéralement le tracé des frontières internationales, au mépris de la légalité internationale. La revanche la plus cinglante à cet aveuglement pourrait être, symboliquement, le choix contraint qu’elle a dû se résigner de faire en baptisant sa nouvelle chaîne de télévision panarabe du nom d’«Al Arabia», un vocable qu’elle avait pourtant banni de son lexique diplomatique depuis un demi siècle, qu’elle reprend aujourd’hui à son corps défendant dans l’espoir de se faire entendre face à des concurrentes à la tonalité moins soumise à l’ordre américain. Ce pays qui consacrera l’essentiel de ses efforts à combattre plus qu’aucun autre pays le nationalisme arabe, allant jusqu‘à mettre sur pied l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), une structure de diplomatie parallèle concurrente de la Ligue arabe, se muera, curieusement, en chantre de l’arabisme dans la foulée du revers militaire israélien au Liban, l’été 2006, à la grande stupéfaction de la quasi-totalité des observateurs internationaux. L’apôtre de la fraternité islamique pendant un demi siècle, ce pays dont la bannière est illustrée pat la profession de foi cardinale de l’Islam, accusera, sans vergogne, la Syrie d’avoir pactisé avec l’Iran, la Perse antique, pays musulman certes mais non arabe, laissant planer la menace d’une nouvelle guerre de religion entre sunnites et chiites, musulmans arabes et non arabes, un comportement qui s’apparente à une mystification, illustration pathétique du désarroi du Royaume.Entre la dynastie Wahhabite et Ben Laden, la bataille dans l’ordre symbolique d’un conflit de légitimité.
L’implication d’un membre de l’entourage familial du Prince Bandar Ben Sultan, fils du ministre de la défense et président du Conseil national de sécurité, dans la réactivation des sympathisants d’Al Qaida tant en Syrie qu’au Nord Liban, dans la région du camp palestinien de Nahr el Bared, a donné la mesure de l’infiltration de l’organisation pan islamiste au sein des cercles dirigeants saoudiens, en même temps qu’elle fragilisait le Royaume vis-à-vis de ses interlocuteurs tant arabes qu’Américains.
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