Silence! ça tourne en rond !

[Iska]

Silence ! Ça tourne en rond !Par Hakim Laâlam

Dernière trouvaille des terroristes. Actionner les bombes par SMS. Une information à laquelle j’accorde beaucoup de…

…crédit !

Arrêtons de casser du sucre sur le dos des députés et cessons de faire croire aux gens que les «élus de le peuple» ne travaillent pas. Non ! Ils travaillent. Ils travaillent même d’arrache-pied depuis jeudi dernier. Je dois d’ailleurs admettre que l’hémicycle était plein à craquer. Au début, j’étais plutôt étonné par cette affluence inhabituelle. Mais, quand j’ai jeté un coup d’œil sur l’ordre du jour, j’ai vite compris l’engouement soudain et quasi frénétique de nos députés pour le boulot : ils bossent sur l’avant-projet de loi sur le… cinéma ! Ahhhhhh ! Le cinéma ! Voilà bien là un sujet qui passionne au plus haut point les élus. Le cinéma est un secteur stratégique. Le cinéma est central dans la vie de la nation, et donc, dans celle des députés. Chez eux, le cinéma n’est pas un loisir, une occupation, un gadget dont il faut laisser la charge au premier venu. Le cinéma est chose sérieuse qui doit revenir aux professionnels. Et qui mieux que nos parlementaires pour s’exprimer en professionnels sur le cinéma, hein, je vous le demande ? Moi, très honnêtement, ça me rassure de savoir que le cinéma est entre les mains des députés de l’APN. Là, au moins, cet art échappe aux mimines malhabiles et gauches des amateurs. Le cinéma, les «élus de le peuple» le pratiquent depuis des lustres et des lampadaires ! Bien avant les superproductions de la défunte ONCIC, les députés faisaient déjà leur cinéma. En pionniers, ils ont lancé en Algérie les techniques de la mise en scène, de la direction d’acteurs, de la réalisation, des gros plans, des travelings, des coupes, des rushs, des montages, des bandes sonores, des doublages, des synchronisations, des postsynchronisations, des copies, du maquillage, des effets spéciaux, des effets spécieux, des cascades, des doublures, des figurants, du bruitage, des retouches, des partitions, des arrangements, du financement pré et pos-production et autres aspects de cet univers tellement immense et magique qu’est le cinéma. Le cinéma, vu côté députés, n’a jamais connu la crise. Tous les ans — que dis-je ? — tous les mois, voire toutes les semaines qui composent les sessions parlementaires, les élus nous font leur cinéma. A guichets fermés. Totalement fermés. Silence, ça tourne. En rond ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

Le Soir d'Algérie