Le journaliste du quotidien espagnol El Pais, Ignacio Cembrero, n'en revient toujours pas de ce qui lui est arrivé. Ses ordinateurs portables installés à son domicile, ses messageries mail ainsi que certains ordinateurs du quotidien ont été piraté à l'aide d'un virus dit «cheval de Troie». Après dépôt de plainte du journaliste et du journal d'El Pais, le dossier a été confié à la brigade de recherches technologiques. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'attaque vient d'un serveur de la télévision algérienne Les faits remontent à la soirée du mardi 7 septembre 2010.
Le journaliste Ignacio Cembrero, 56 ans, spécialiste du Maghreb au quotidien El Pais, reçoit un mail avec un fichier attaché. En réalité, le message contient un virus dit «cheval de troie» (troyan), un logiciel qui, une fois installé dans la machine, permet à une personne de prendre le contrôle à distance de l'ordinateur. Bref, un acte de piraterie informatique. En deux trois mouvements, les ordinateurs du journaliste ainsi que certains autres de la rédaction d'El Pais passent sous le contrôle du pirate.
Le lendemain, mercredi 8 septembre, à 11 heures du matin, le standard du quotidien espagnol reçoit un coup de fil d'une téléphone portable dont le numéro a été «masqué». L'interlocuteur qui se fait passer pour Ignacio Cemberero fait part au chef de service informatique d'El Pais de sa difficulté à accéder à ses messageries mail. Aussi, il lui demande de changer les codes d'accès à ses comptes . Le technicien s'exécute. Le piège se referme. Le pirate prend ainsi le contrôle total des ordinateurs du reporter.
Mandat judiciaire
Lorsque Ignacio Cemberero découvre les dégâts, il décide d'alerter la police espagnole. Une plainte accompagnée de rapports techniques sur les manœuvres engagées par le pirate est déposée auprès de la brigade de recherches technologiques de la police judiciaire de Madrid. Un mandat devra être délivré par un juge madrilène dans le courant de cette semaine afin d'engager une procédure judiciaire. El Pais refuse de faire le moindre commentaire sur ces informations alors que l'intéressé explique à DNA qu'il n'est en mesure de s'exprimer sur l'affaire. Selon une source proche du journal espagnol, les investigations sont en cours.
L'attaque provient d'un serveur de l'ENTV
D'où provient l'attaque qui a ciblé les ordinateurs du journaliste ? Selon les premiers éléments de l'enquête, celle-ci provient d'une adresse IP (Internet Protocol, c'est à dire le numéro qui identifie chaque ordinateur connecté à Internet) domiciliée en Algérie. «Les policiers savent exactement que l'attaque émane d'un organisme d'État en Algérie», affirme à DNA une source proche de l'enquête. Précisément d'un serveur de la télévision algérienne. Toutefois, précise la même source, l'attaque pourrait également venir des Pays-Bas. «Il n'y a 20 % de chance que celle-ci soit accréditée comme étant l'origine de cet acte de piraterie», souligne la même source qui n'a pas souhaité être identifiée. Pourquoi et qui veut bien nuire à ce journaliste, réputé pour être un expert dans les affaires du Maghreb?
Un reporter qui s'est distingué par ses scoops
Outre ses reportages sur le Maroc, une interview de Mohamed VI réalisée en janvier 2005, ses articles sur le Sahara occidental, Ignacio Cembrero passe pour être l'un des journalistes les mieux informés les prises d'otages d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). C'est ainsi qu'il a sorti de nombreux scoops sur l'enlèvement de deux humanitaires espagnols en Mauritanie le 29 novembre 2009 par un groupe d'Al Qaïda.
Après plus de huit mois de captivité, ces derniers ont été relâchés contre le paiement d'une rançon par le gouvernement espagnol de prés de 7 millions d'euros. Bien introduit auprès d'un réseau opaque d'intermédiaires gravitant autour de la nébuleuse des groupes armés d'Al Qaïda, le journaliste d'El Pais a ainsi pu raconter les différentes phases de tractations qui ont abouti à la libération des deux humanitaires. C'est là où résiderait l'explication de l'attaque qui a ciblé les ordinateurs et les messageries mail d'Ignacio Cembrero.
L'oeuvre d'un hacker? Peu probable
S'agit-il d'un acte de malveillance de la part d'un hacker, un internaute indélicat, ou plutôt d'une opération diligentée par un organisme agissant pour le compte des services secrets algériens ou d'un autre service de renseignements étrangers? La première hypothèse est difficile à soutenir. Si le piratage était l'œuvre d'un hacker qui a déjà pris le contrôle des ordinateurs du journaliste, l'appel téléphonique adressé au service informatique d'El Pais en date du mercredi 8 septembre 2010 s'avèrerait dans ce cas non nécessaire. Reste alors la seconde hypothèse, celle d'une action menée par une officine des services secrets ou par un intermédiaire agissant pour.
La délivrance d'un mandat judiciaire permettra d'en savoir davantage. S'il est difficile de déterminer l'origine de coup de fil reçu par El Pais mercredi 8 septembre, en revanche, les policiers espagnols sont sûres d'une chose : le mail à l'origine du virus qui a pris le contrôle des ordinateurs du journaliste émane d'un serveur de l'ENTV.
Lundi, 27 Septembre 2010, 10:17 | Samy Ousi-Ali
Le journaliste Ignacio Cembrero, 56 ans, spécialiste du Maghreb au quotidien El Pais, reçoit un mail avec un fichier attaché. En réalité, le message contient un virus dit «cheval de troie» (troyan), un logiciel qui, une fois installé dans la machine, permet à une personne de prendre le contrôle à distance de l'ordinateur. Bref, un acte de piraterie informatique. En deux trois mouvements, les ordinateurs du journaliste ainsi que certains autres de la rédaction d'El Pais passent sous le contrôle du pirate.
Le lendemain, mercredi 8 septembre, à 11 heures du matin, le standard du quotidien espagnol reçoit un coup de fil d'une téléphone portable dont le numéro a été «masqué». L'interlocuteur qui se fait passer pour Ignacio Cemberero fait part au chef de service informatique d'El Pais de sa difficulté à accéder à ses messageries mail. Aussi, il lui demande de changer les codes d'accès à ses comptes . Le technicien s'exécute. Le piège se referme. Le pirate prend ainsi le contrôle total des ordinateurs du reporter.
Mandat judiciaire
Lorsque Ignacio Cemberero découvre les dégâts, il décide d'alerter la police espagnole. Une plainte accompagnée de rapports techniques sur les manœuvres engagées par le pirate est déposée auprès de la brigade de recherches technologiques de la police judiciaire de Madrid. Un mandat devra être délivré par un juge madrilène dans le courant de cette semaine afin d'engager une procédure judiciaire. El Pais refuse de faire le moindre commentaire sur ces informations alors que l'intéressé explique à DNA qu'il n'est en mesure de s'exprimer sur l'affaire. Selon une source proche du journal espagnol, les investigations sont en cours.
L'attaque provient d'un serveur de l'ENTV
D'où provient l'attaque qui a ciblé les ordinateurs du journaliste ? Selon les premiers éléments de l'enquête, celle-ci provient d'une adresse IP (Internet Protocol, c'est à dire le numéro qui identifie chaque ordinateur connecté à Internet) domiciliée en Algérie. «Les policiers savent exactement que l'attaque émane d'un organisme d'État en Algérie», affirme à DNA une source proche de l'enquête. Précisément d'un serveur de la télévision algérienne. Toutefois, précise la même source, l'attaque pourrait également venir des Pays-Bas. «Il n'y a 20 % de chance que celle-ci soit accréditée comme étant l'origine de cet acte de piraterie», souligne la même source qui n'a pas souhaité être identifiée. Pourquoi et qui veut bien nuire à ce journaliste, réputé pour être un expert dans les affaires du Maghreb?
Un reporter qui s'est distingué par ses scoops
Outre ses reportages sur le Maroc, une interview de Mohamed VI réalisée en janvier 2005, ses articles sur le Sahara occidental, Ignacio Cembrero passe pour être l'un des journalistes les mieux informés les prises d'otages d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). C'est ainsi qu'il a sorti de nombreux scoops sur l'enlèvement de deux humanitaires espagnols en Mauritanie le 29 novembre 2009 par un groupe d'Al Qaïda.
Après plus de huit mois de captivité, ces derniers ont été relâchés contre le paiement d'une rançon par le gouvernement espagnol de prés de 7 millions d'euros. Bien introduit auprès d'un réseau opaque d'intermédiaires gravitant autour de la nébuleuse des groupes armés d'Al Qaïda, le journaliste d'El Pais a ainsi pu raconter les différentes phases de tractations qui ont abouti à la libération des deux humanitaires. C'est là où résiderait l'explication de l'attaque qui a ciblé les ordinateurs et les messageries mail d'Ignacio Cembrero.
L'oeuvre d'un hacker? Peu probable
S'agit-il d'un acte de malveillance de la part d'un hacker, un internaute indélicat, ou plutôt d'une opération diligentée par un organisme agissant pour le compte des services secrets algériens ou d'un autre service de renseignements étrangers? La première hypothèse est difficile à soutenir. Si le piratage était l'œuvre d'un hacker qui a déjà pris le contrôle des ordinateurs du journaliste, l'appel téléphonique adressé au service informatique d'El Pais en date du mercredi 8 septembre 2010 s'avèrerait dans ce cas non nécessaire. Reste alors la seconde hypothèse, celle d'une action menée par une officine des services secrets ou par un intermédiaire agissant pour.
La délivrance d'un mandat judiciaire permettra d'en savoir davantage. S'il est difficile de déterminer l'origine de coup de fil reçu par El Pais mercredi 8 septembre, en revanche, les policiers espagnols sont sûres d'une chose : le mail à l'origine du virus qui a pris le contrôle des ordinateurs du journaliste émane d'un serveur de l'ENTV.
Lundi, 27 Septembre 2010, 10:17 | Samy Ousi-Ali
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