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Khaled reste le patron du raï !

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  • Khaled reste le patron du raï !

    En 2009, le Festival d'Ile-de- France avait invité la chanteuse franco-béninoise Angélique Kidjo, entourée d'invités, au Cirque d'hiver pour un hommage à la Sud-Africaine Myriam Makeba. L'édition 2010 propose Cafés d'Oran, une autre forme de retour à l'enracinement, un cabaret oranais mené par Khaled.

    Khaled est ballotté entre la variété française et le reggae, écartelé entre un sourire d'usager de dentifrice blanchissant et l'aura sulfureuse du raï - femmes et alcool. Des difficultés personnelles (indélicatesse avec le fisc, violences conjugales) l'avaient éloigné des projecteurs. Vendredi 24 septembre, sa réintégration parisienne ne se fait non pas sur le mode voyou, mais dans un babillage vertueux introduit par Maurice El Médioni, pianiste, juif d'Oran, ville quittée en 1962.
    Accolades, chansons en francarabe : c'est l'image d'un Maghreb confraternel, qui exista, que ces deux-là donnent en toute sincérité. Maurice El Médioni est un as de la broderie orientale, sur piano. Il développe un style tout en arabesques et volutes, mais s'y connaît aussi en boogie-woogie et mambo, héritages des soldats américains basés en Algérie depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
    La dichotomie de la musique oranaise moderne est matérialisée en scène par la division des musiciens : à gauche ceux de l'Afrique (oud, derbouka), en djellabas ; à droite les Occidentaux (basse, guitare, batterie). Le clavier synthétique étant tellement viscéralement attaché au raï moderne qu'il y en a un de chaque côté. Musique d'amusement (très belle prestation de Boutaiba Sghir, l'un des parrains du pop-raï, 65 ans, toute sa voix), musique de contestation (Cheba Zahouania, surdouée exaspérante à force de demander s'il "y a des Algériens dans la salle", oui, il y en a en quantité), musique de charme (Cheb Sahraoui, privé de son épouse Cheba Fadela avec qui il chantait en duo), le raï ne mérite pas l'enterrement de première classe que lui réservent les médias français.
    Edulcoré après la parution de tubes comme Aïcha, conçu en 1996 par Jean-Jacques Goldman, chanté en rappel de ces Cafés d'Oran, le raï a été aussi renvoyé dans les cordes faute de stars.
    Une véritable série noire. En 1994, Cheb Hasni est assassiné par des intégristes musulmans et le QG du raï, Oran, se vide de ses forces vives ; en 2006, la gardienne du temple, la mère de tous, Cheikha Rimitti, meurt à l'âge de 83 ans ; en 2006, Cheb Mami, l'héritier, prend la fuite après avoir provoqué par la violence l'avortement de son ex-compagne, et purge aujourd'hui une peine de cinq ans de prison.
    C'est dans une boîte de nuit branchée, aux Bains Douches, que Khaled était venu lancer son premier album, Kutché, enregistré en 1988 avec Safy Boutella, sous le regard attentif du producteur de télévision Martin Meissonnier. C'est ce dernier qui a rendu à Khaled ses envies de raï authentique, celui des campagnes et celui des cabarets de la corniche oranaise.
    En 2009, sortait un bel album, Liberté. Certes Khaled, 50 ans, a plus de difficulté à traverser les octaves qu'à ses débuts, éblouissants, au festival de raï de Bobigny en 1986. Mais sa prestation au Cirque d'hiver montre que c'est toujours lui le patron.

    Véronique Mortaigne (le monde )
    What the mind does not know, the eyes can not see
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