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Monsanto prépare les OGM de demain

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  • Monsanto prépare les OGM de demain

    Céréales à l'infini. Au coeur du Midwest américain, Saint Louis (Missouri), siège de la société Monsanto, est cernée par les plantes transgéniques. C'est dans sa banlieue, à Chesterfield, que se trouve, avec ses 300 chercheurs, le principal centre de recherche de l'agrochimiste américain, sur les 14 dont il dispose dans le monde. Les toits des bâtiments sont couverts de serres, dans la touffeur desquelles poussent des centaines de plants de maïs transgénique, testés pour leur capacité à repousser des insectes ravageurs ou à tolérer des pesticides - les fonctions classiques des OGM. Mais aussi capables d'être plus digestes, de croître avec moins de nitrates, ou d'embellir sous la sécheresse - ce qui est plus futuriste.

    "Ces plants sont les rescapés d'un processus de sélection sévère", indique Gary Barton, porte-parole retraité de Monsanto, qui encadre les visites. Leurs descendants devront faire leurs preuves en champ, dans les fermes alentour, ou dans l'autre hémisphère, pour gagner quelques saisons dans le développement du produit final, avant de prétendre passer les barrières réglementaires américaines, puis étrangères.

    Secret industriel oblige, Monsanto reste très discret sur l'origine des gènes qui commandent ces nouvelles fonctions végétales. Il est vrai qu'il en coûte entre 50 et 100 millions de dollars pour développer un nouveau caractère. De fait, entre la découverte d'un gène d'"intérêt" et l'éventuelle commercialisation d'un OGM le contenant, il se passe en moyenne plus de dix ans.

    Dans les étages inférieurs du centre, on trouve 122 chambres climatisées. "Il s'agit de la plus grande installation au monde, indique Gary Barton. La climatisation et l'éclairage coûtent à eux seuls 4 millions de dollars d'électricité par an." Le laboratoire dispose d'une grande banque de protéines (8 000) issues de la bactérie Bacillus thurigiensis (Bt), utilisée depuis des décennies dans l'agriculture biologique pour tuer les chenilles.

    Ces molécules Bt sont directement testées sur des oeufs d'insectes, manipulés par des batteries de robots. Les gènes de celles qui tueront les larves seront insérés dans le génome des plantes. Monsanto dispose, en outre, d'une base de données de quelque 730 000 gènes végétaux. C'est dans ce réservoir que la firme puise pour alimenter son "pipeline" d'innovations pour ses variétés de maïs, coton, soja ou encore colza transgénique.

    EXPÉRIENCES EN CHAMP

    Justement, où en sont les OGM capables de supporter la sécheresse et de pousser sans produits azotés, promis depuis des années par les industriels ? "Ces applications sont sorties du laboratoire et expérimentées en champ, répond Robb Fraley, vice-président chargé de la technologie chez Monsanto. Nous sommes en phase de test, d'études réglementaires. Ces produits devraient être commercialisés d'ici cinq à sept ans."

    Ce pionnier des biotechnologies végétales présente inlassablement aux investisseurs l'état d'avancement du portefeuille d'innovation de Monsanto. Dans son pipeline, la firme prépare donc des OGM de seconde génération, améliorant les caractéristiques de ses best-sellers, les OGM Bt (insecticides) et les plantes tolérantes à son désherbant vedette, le Round Up. L'objectif est de combiner ces différents gènes, d'allonger leur période d'activation pour simplifier la gestion de ses champs par l'agriculteur.

    Des maïs enrichis en lysine, favorisant la fabrication de muscle par le bétail, sont sur le point d'être commercialisés. Tout comme du soja produisant moins de mauvais gras ("Trans-Fat"), tandis qu'un soja enrichi en Omega-3, "qui ne sent pas le poisson", est plus en amont dans le pipeline.

    Robb Fraley voit d'un mauvais oeil la future législation française, qui pourrait imposer aux agriculteurs cultivant des OGM d'alimenter un fonds de garantie pour dédommager leurs voisins en cas de contamination. "Il est dommage que des coûts additionnels soient imposés aux agriculteurs qui choisissent ces technologies", regrette-t-il. Mais il reste confiant sur l'avenir des OGM en Europe : "A mesure que les subventions à l'agriculture s'amenuiseront, les exploitants voudront des variétés offrant de meilleurs rendements à moindre coût", pronostique-t-il.

    En revanche, pas question pour lui de mettre dans le domaine public les données qui pourraient renseigner le public sur la toxicité éventuelle des OGM. Greenpeace a dû faire intervenir un tribunal allemand pour obtenir une étude consacrée aux effets sur les rats de l'ingestion d'un maïs transgénique, le Mon 863 (Le Monde du 23 avril 2004). Si les consommateurs voulaient accéder à d'autres études toxicologiques, "cela devrait être discuté au cas par cas, tranche Robb Fraley. Car notre compagnie n'a certainement pas l'intention de rendre publiques des données confidentielles qui sont la clé du succès de nos produits."

    Chiffres

    Surfaces.

    En 2005, 21 pays ont cultivé des plantes génétiquement modifiées sur 90 millions d'hectares (soit 6 % des 1 500 millions d'hectares de terres cultivées sur la planète). Les Etats-Unis concentrent 55 % des surfaces cultivées, suivis par l'Argentine (19 %), le Brésil (10 %), le Canada (6,5 %), la Chine (3,6 %). En Europe, 5 pays sont concernés : l'Espagne (58 000 hectares), le Portugal, l'Allemagne, la France, et la République tchèque (quelques centaines d'hectares).

    Plantes.

    Le soja, le maïs, le colza et le coton sont les principales plantes génétiquement modifiées cultivées. Dans 71 % des cas, ces plantes sont conçues pour être résistantes à un herbicide. Dans 18 % des cas, elles sont résistantes à des insectes ravageurs.

    Par Le monde
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