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Al Fawda, Femmes cloîtrées dans leur solitude

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  • Al Fawda, Femmes cloîtrées dans leur solitude

    Décor sobre, rehaussé de quatre sortes de paravents et quatre femmes issues du milieu paysan, qui se retrouvent en ville, unies sous un même toit. Elles égrènent leurs souvenirs entre un passé joyeux et un avenir avorté.

    Quatre femmes auxquelles la vie a joué de drôles de mauvais tours. La première plus âgée est devenue veuve la veille de son mariage, la seconde a aimé un homme de son village qui l’a mise enceinte puis l’a rejetée, une troisième dont la famille a voulu la marier à un homme plus âgé que son père.

    Dans le village, on l’a surnommée Khadija bent hadj Mohamed Eleham qui s’est marié sept fois. Personnage étrange, celle-ci, vraisemblablement, a perdu ses cheveux dans un hammam à l’âge de 5 ans et a cessé de grandir.

    Khadija depuis, préfère s’appeler «Déjà», comme un bras d’honneur à son funeste destin, déjà entamé, à la fleur de l’âge. Enfin, la quatrième femme souffre de l’absence de son père mais n’a peur de personne et croit apercevoir à travers tous les hommes, son père.

    Si la pièce est truffée par moments de bribes d’humour et de digressions fantasques, le tragique prévaut dans tout le discours. Cependant, Fawda, l’intitulé de la pièce, ne parvient pas à s’élever au niveau de l’intention de l’auteur même si l’ébauche est à saluer vivement.

    Présentée mardi dernier au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, la pièce est composée de plusieurs monologues successifs. La vieille évoque sa jeunesse perdue, le temps où les hommes du quartier se disputaient pour elle jusqu’au jour fatidique où elle a perdu son fiancé. Toutes racontent leur peine, leurs frustrations, leur joie d’antan, entre nostalgie et décrépitude. Des femmes abandonnées dans une société qui ne pardonne pas.

    Nadia Talbi, Adila Bendimerad, Samia Meziane et Mounira Roubhi Fassia exhalent le sentiment de solitude et de désillusion qui existe en chacun de nous. Il y a celles qui ont peur de la vie sauf une qu’on croit sotte, Yasmine alias Samia Meziane dont l’image intacte de son feu père l’aide à résister contre vents et marées. Alors, si elle ne veut rien savoir de ce qui se passe autour, les autres la prennent pour folle. Ces femmes crient, gesticulent, vont dans tous les sens. Leur gestuelle est éloquente presque mue par une sorte de frénésie collective.

    Quatre femmes soudées dans le malheur, unies contre le mauvais sort. S’ajoute la pantomime à leur monologue qui, cependant, manque de consistance, de profondeur. Une image toutefois nous laisse un peu perplexe. Ces femmes portent souvent une bassine rouge à la main.

    Ce principe de laver son linge sale en famille est ici transfiguré, matérialisé, et bien réel. Ces femmes décrivent avec une sincérité leur vérité crue et leurs secrets les plus intimes.

    La cruauté de l’homme est invoquée à la scène.

    Son absence ici n’est pas fortuite mais souligne le conflit qui oppose l’homme à la femme dans notre société. Ces femmes crient leur révolte, leur détresse, leur SOS. «En intitulant cette pièce de la sorte, j’ai voulu mettre en évidence les contradictions provoquées par une succession d’accumulations (lesquelles ont des retombées psychologiques) et qui sont le résultat d’une certaine situation sociale, elle même façonnée par la culture et les traditions en vigueur», explique Al Aggoune Mohamed, metteur en scène de la pièce Al Fawda.

    Adaptée d’un texte de l’écrivain syrien Abd El Moun’âïm Amaïri, Al Aggoune Mohammed avoue que c’est l’audace de l’écrivain qui lui a plu. «Il est de notoriété publique que dans notre société, tout ce qui a trait à la femme ne peut assurément laisser indifférent. A la faveur de cette pièce théâtrale, nous avons voulu rendre compte d’une situation, d’un état de fait.»

    Selon le jeune metteur en scène, la pièce Al Fawda est empreinte de rationalisme, en vue de susciter la réflexion des spectateurs, à la manière de Bertold Brecht, ajoutant que le monologue constituait l’essentiel du spectacle. De son côté, la comédienne Adila Bendimerad, s’est dit «contente» d’avoir participé à cette pièce, précisant qu’en posant des problèmes pareils, le but recherché n’est pas de proposer des solutions mais de susciter le débat au sujet de l’exclusion sociale dont les femmes font l’objet. «C’est un spectacle qu’on a envie de défendre, pas seulement pour son aspect esthétique mais pour les idées qu’il expose», conclu-t-elle.

    Par l'Expression
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