J’ai lu votre diagnostic sur l’échec de Bouteflika en tant que transition du militaire vers le civil et je constate que vous avez décidément le don, superbement partagé avec Saïd Sadi, de vous dédouaner de vos responsabilités dans cette catastrophe.
N’avez-vous pas une part énorme dans le fait que cette illusion, cette pseudo- transition, s’est installée ? N’avez-vous pas joué un rôle majeur, vous et Saïd Sadi, dans la consolidation du régime de Bouteflika ? Le soutien que vous avez apporté, de 1999 à 2001, à la Concorde civile de Bouteflika, puis à sa politique, a déterminé toute la suite. Rappelez-vous que ce fut avec la caution des « démocrates » qui ont accepté de siéger avec les quatre partis constitutifs de la majorité gouvernementale, le FLN, le RND, le MSP et Ennahda, que Bouteflika a formé, le 24 décembre 1999, un gouvernement au sein duquel ses proches vont détenir pour dix ans les postes-clés, (Abdelatif Benachenhou aux Finances, Chakib Khellil à l'Energie, Hamid Temmar à la Participation et aux réformes, Yazid Zerhouni, ancien chef du contre-espionnage sous Boumedienne, à l’Intérieur pendant que l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia devient ministre de la Justice).
Plus concrètement, M. Redha Malek, ne croyez-vous pas que vous et Saïd Sadi, avez livré Mohamed Gharbi ?
Il faut peut-être rappeler, en effet, que ce « repenti » sur lequel a tiré Gharbi, Ali Merad, ex-militant du parti dissous, devenu chef régional de l’AIS puis commandant des phalanges de la mort, venait de bénéficier de l’amnistie de la Concorde civile en 2000, la Concorde qu’avait engagée Bouteflika en 1999 avec l’aide des militaires et…des démocrates du RCD et de l’ANR.
Pensez, M. Redha Malek, qu’avant de tirer, le 11 février 2001, sur le repenti islamiste qui déclarait vouloir l'assassiner, Mohamed Gharbi, moudjahid et patriote, aujourd’hui condamné à mort, était depuis longtemps un homme seul.
Vous l’aviez lâché.
Nous l’avions déjà abandonné.
Abandonné à ses perplexités, puis à ses angoisses et enfin, à sa colère. Mohamed Gharbi ne reconnaissait plus l’Algérie pour laquelle il avait pris les armes en 1956 puis en 1994, quand il constitua le premier Groupe de légitime défense (GLD) de la région.
Rappelez-vous, M. Malek, que c’est à cette époque que s’est installée la politique capitularde. Vous aviez choisi de « soutenir les généraux » que vous fustigez aujourd’hui. Un soutien obscur. Il n’est un secret pour personne aujourd’hui que la politique dite de « concorde civile » prônée par Bouteflika, n’a servi que de couverture politique à des accords conclus auparavant entre une branche l’armée algérienne et l’AIS (Armée Islamique du Salut). Les décideurs algériens, allergiques à toute solution politique à la crise qui secoue le pays depuis 1991 - car conscients du rapport logique entre une véritable solution et le départ du régime - ont conclu des accords avec le groupe terroriste de Madani Mezrag en juillet 1997, et cela dans des conditions très obscures.
Si l’histoire n’oubliera pas votre action durant la guerre de libération, elle n’oubliera pas non plus votre défaillance, pour ne pas dire trahison, durant les deux premières années du règne Bouteflika, trahison (comme celle du RCD et de Saïd Sadi) qui a fortement contribué à l’enracinement du clan Bouteflika à la tête de l’Etat algérien. En un mot, à duper l’opinion sur la réalité de la « transition du militaire vers le civil »
Venant de Saïd Sadi, la « collaboration » de l’année 2000-2001 avec Bouteflika, relève d’une exécrable ambition des petits clercs. Mais venant de vous, d’un homme historique, elle a légitimé le travestissement de la mémoire, elle a aidé Boutefilka, comme le dit l’historien, à réorganiser «la mémoire collective après 40 ans de confusion idéologique et de perte d’une histoire réelle… pour occuper pratiquement seul un espace symbolique et imaginaire, celui de la nation et du nationalisme ».
L’heure était aux euphories, aux discours creux de Bouteflika, à la Concorde civile et aux retournements de veste.
Gharbi n’en croyait pas ses oreilles ! Huit ans après avoir repris les armes (en 1993) pour défendre l’Algérie, prise d’assaut par les groupes terroristes qui semaient mort et désolation dans sa ville, Souk Ahras, huit ans après avoir créé un groupe d’auto-défense (qui atteindra le nombre de 300 membres) pour traquer les phalanges islamistes, voilà que les chefs et membres de ces phalanges de la mort allaient bénéficier de la grâce amnistiante, avec la bénédiction du président et de partis anti-intégristes !
Mohamed Gharbi était déjà un homme seul quand il entendit à Béjaïa, le président Bouteflika déclarer à Béjaïa qu’« un terroriste est algérien comme tous les autres » et, ce vendredi 03 septembre 1999, M. Said Sadi dans une conférence de presse au siège de son parti à Alger, annoncer et expliquer le soutien de son parti par un « OUI » actif à la politique de « concorde civile » de Bouteflika et déclarer que « dès le départ, le RCD a noté que cette loi sur la concorde civile était du point de vue juridique acceptable »
Du point de vue juridique ? Mais toutes les compromissions historiques sont emballées dans un empaquetage « acceptable du point de vue juridique » ! Pressés de soutenir Bouteflika et de participer au prochain gouvernement, le RCD et l’ANR apportaient la caution des résistants, c’est-à-dire de gens comme Gharbi, à une entreprise de trahison nationale.
Vous et Saïd Sadi aviez fait un usage frauduleux et dévalorisant du discours « éradicateur » ; vous avez brouillé la réalité ; vous avez aidé à duper l’opinion…
Ce fut votre première grande forfaiture : vous et le RCD aviez lancé l’illusion que les combattants anti-terroristes, les familles de victimes et les catégories sociales les plus opposées à l’islamisme, (et dont vous étiez supposés être les porte-voix) avaient fini par faire corps avec la politique de Bouteflika ! Vous aviez unilatéralement considéré l’approbation du peuple algérien à « la concorde civile » comme « une leçon sévère » à « ceux qui se revendiquent de Sant Egidio » Dans un contexte de contrôle absolu des médias lourds, il suffisait pour le pouvoir de mettre Redha Malek et Saïd Sadi sur haut-parleur et d’étouffer les voix récalcitrantes, pour créer cette illusion. Ainsi, nous n’entendrons pas les associations de familles victimes du terrorisme récuser la démarche présidentielle, nous ne saurons rien du communiqué de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVITAD) affirmant n’avoir donné aucune "procuration ni au Président de la République, ni au Parlement, ni au reste du peuple pour pardonner aux assassins", nous ignorerons tout de la déclaration de "Djazaïrouna" dénonçant "l'impunité" qu'accorderait aux "terroristes" les projets d'Abdelaziz Bouteflika. Nous écouterons, en revanche, et à profusion, le docteur Sadi clamer à la télévision que « la loi sur la Concorde civile va rendre leur dignité aux Algériens », qu’elle est l’exacte contraire de la plate forme de Rome qui mettait l’Etat en situation d’abdication », que « la remise des armes se fera sans conditions », que « La justice passera à chaque fois que les auteurs des crimes de sang seront identifiés. » et que « jamais il n’y aura de reconstitution légale » de l’ex-FIS » (dans une interview qu’il a accordé au quotidien le Matin du 10/11-09-1999)
Oui, vous aviez joué un rôle majeur dans l’enracinement du régime de Bouteflika. C’était le temps où l’’ENTV et toutes les salles d’Alger s’ouvraient brusquement au RCD et à l’ANR ! Le chef de l’Etat lui-même exhortait les Algériens à aller écouter le chef du RCD : « Je salue le civisme des députés RND, FLN et MSP qui ont assisté au meeting de Said Sadi à la salle Ibn Khaldoun », clamera Bouteflika le 13 septembre à partir d’Oran.
N’avez-vous pas une part énorme dans le fait que cette illusion, cette pseudo- transition, s’est installée ? N’avez-vous pas joué un rôle majeur, vous et Saïd Sadi, dans la consolidation du régime de Bouteflika ? Le soutien que vous avez apporté, de 1999 à 2001, à la Concorde civile de Bouteflika, puis à sa politique, a déterminé toute la suite. Rappelez-vous que ce fut avec la caution des « démocrates » qui ont accepté de siéger avec les quatre partis constitutifs de la majorité gouvernementale, le FLN, le RND, le MSP et Ennahda, que Bouteflika a formé, le 24 décembre 1999, un gouvernement au sein duquel ses proches vont détenir pour dix ans les postes-clés, (Abdelatif Benachenhou aux Finances, Chakib Khellil à l'Energie, Hamid Temmar à la Participation et aux réformes, Yazid Zerhouni, ancien chef du contre-espionnage sous Boumedienne, à l’Intérieur pendant que l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia devient ministre de la Justice).
Plus concrètement, M. Redha Malek, ne croyez-vous pas que vous et Saïd Sadi, avez livré Mohamed Gharbi ?
Il faut peut-être rappeler, en effet, que ce « repenti » sur lequel a tiré Gharbi, Ali Merad, ex-militant du parti dissous, devenu chef régional de l’AIS puis commandant des phalanges de la mort, venait de bénéficier de l’amnistie de la Concorde civile en 2000, la Concorde qu’avait engagée Bouteflika en 1999 avec l’aide des militaires et…des démocrates du RCD et de l’ANR.
Pensez, M. Redha Malek, qu’avant de tirer, le 11 février 2001, sur le repenti islamiste qui déclarait vouloir l'assassiner, Mohamed Gharbi, moudjahid et patriote, aujourd’hui condamné à mort, était depuis longtemps un homme seul.
Vous l’aviez lâché.
Nous l’avions déjà abandonné.
Abandonné à ses perplexités, puis à ses angoisses et enfin, à sa colère. Mohamed Gharbi ne reconnaissait plus l’Algérie pour laquelle il avait pris les armes en 1956 puis en 1994, quand il constitua le premier Groupe de légitime défense (GLD) de la région.
Rappelez-vous, M. Malek, que c’est à cette époque que s’est installée la politique capitularde. Vous aviez choisi de « soutenir les généraux » que vous fustigez aujourd’hui. Un soutien obscur. Il n’est un secret pour personne aujourd’hui que la politique dite de « concorde civile » prônée par Bouteflika, n’a servi que de couverture politique à des accords conclus auparavant entre une branche l’armée algérienne et l’AIS (Armée Islamique du Salut). Les décideurs algériens, allergiques à toute solution politique à la crise qui secoue le pays depuis 1991 - car conscients du rapport logique entre une véritable solution et le départ du régime - ont conclu des accords avec le groupe terroriste de Madani Mezrag en juillet 1997, et cela dans des conditions très obscures.
Si l’histoire n’oubliera pas votre action durant la guerre de libération, elle n’oubliera pas non plus votre défaillance, pour ne pas dire trahison, durant les deux premières années du règne Bouteflika, trahison (comme celle du RCD et de Saïd Sadi) qui a fortement contribué à l’enracinement du clan Bouteflika à la tête de l’Etat algérien. En un mot, à duper l’opinion sur la réalité de la « transition du militaire vers le civil »
Venant de Saïd Sadi, la « collaboration » de l’année 2000-2001 avec Bouteflika, relève d’une exécrable ambition des petits clercs. Mais venant de vous, d’un homme historique, elle a légitimé le travestissement de la mémoire, elle a aidé Boutefilka, comme le dit l’historien, à réorganiser «la mémoire collective après 40 ans de confusion idéologique et de perte d’une histoire réelle… pour occuper pratiquement seul un espace symbolique et imaginaire, celui de la nation et du nationalisme ».
L’heure était aux euphories, aux discours creux de Bouteflika, à la Concorde civile et aux retournements de veste.
Gharbi n’en croyait pas ses oreilles ! Huit ans après avoir repris les armes (en 1993) pour défendre l’Algérie, prise d’assaut par les groupes terroristes qui semaient mort et désolation dans sa ville, Souk Ahras, huit ans après avoir créé un groupe d’auto-défense (qui atteindra le nombre de 300 membres) pour traquer les phalanges islamistes, voilà que les chefs et membres de ces phalanges de la mort allaient bénéficier de la grâce amnistiante, avec la bénédiction du président et de partis anti-intégristes !
Mohamed Gharbi était déjà un homme seul quand il entendit à Béjaïa, le président Bouteflika déclarer à Béjaïa qu’« un terroriste est algérien comme tous les autres » et, ce vendredi 03 septembre 1999, M. Said Sadi dans une conférence de presse au siège de son parti à Alger, annoncer et expliquer le soutien de son parti par un « OUI » actif à la politique de « concorde civile » de Bouteflika et déclarer que « dès le départ, le RCD a noté que cette loi sur la concorde civile était du point de vue juridique acceptable »
Du point de vue juridique ? Mais toutes les compromissions historiques sont emballées dans un empaquetage « acceptable du point de vue juridique » ! Pressés de soutenir Bouteflika et de participer au prochain gouvernement, le RCD et l’ANR apportaient la caution des résistants, c’est-à-dire de gens comme Gharbi, à une entreprise de trahison nationale.
Vous et Saïd Sadi aviez fait un usage frauduleux et dévalorisant du discours « éradicateur » ; vous avez brouillé la réalité ; vous avez aidé à duper l’opinion…
Ce fut votre première grande forfaiture : vous et le RCD aviez lancé l’illusion que les combattants anti-terroristes, les familles de victimes et les catégories sociales les plus opposées à l’islamisme, (et dont vous étiez supposés être les porte-voix) avaient fini par faire corps avec la politique de Bouteflika ! Vous aviez unilatéralement considéré l’approbation du peuple algérien à « la concorde civile » comme « une leçon sévère » à « ceux qui se revendiquent de Sant Egidio » Dans un contexte de contrôle absolu des médias lourds, il suffisait pour le pouvoir de mettre Redha Malek et Saïd Sadi sur haut-parleur et d’étouffer les voix récalcitrantes, pour créer cette illusion. Ainsi, nous n’entendrons pas les associations de familles victimes du terrorisme récuser la démarche présidentielle, nous ne saurons rien du communiqué de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVITAD) affirmant n’avoir donné aucune "procuration ni au Président de la République, ni au Parlement, ni au reste du peuple pour pardonner aux assassins", nous ignorerons tout de la déclaration de "Djazaïrouna" dénonçant "l'impunité" qu'accorderait aux "terroristes" les projets d'Abdelaziz Bouteflika. Nous écouterons, en revanche, et à profusion, le docteur Sadi clamer à la télévision que « la loi sur la Concorde civile va rendre leur dignité aux Algériens », qu’elle est l’exacte contraire de la plate forme de Rome qui mettait l’Etat en situation d’abdication », que « la remise des armes se fera sans conditions », que « La justice passera à chaque fois que les auteurs des crimes de sang seront identifiés. » et que « jamais il n’y aura de reconstitution légale » de l’ex-FIS » (dans une interview qu’il a accordé au quotidien le Matin du 10/11-09-1999)
Oui, vous aviez joué un rôle majeur dans l’enracinement du régime de Bouteflika. C’était le temps où l’’ENTV et toutes les salles d’Alger s’ouvraient brusquement au RCD et à l’ANR ! Le chef de l’Etat lui-même exhortait les Algériens à aller écouter le chef du RCD : « Je salue le civisme des députés RND, FLN et MSP qui ont assisté au meeting de Said Sadi à la salle Ibn Khaldoun », clamera Bouteflika le 13 septembre à partir d’Oran.
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