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Maroc - Ex-ministres : y a-t-il une vie après le pouvoir ?

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  • Maroc - Ex-ministres : y a-t-il une vie après le pouvoir ?

    L’exil doré
    Après avoir connu l’ivresse du pouvoir, ils ont su rebondir… en attendant de revenir ?
    ***
    Abderrahman Youssoufi, l’ermite de Cannes

    « Youssoufi n’a pas à rougir de ses résultats économiques. » Youssoufi est l’unique ministre d’un gouvernement marocain à avoir eu les honneurs de Jean-Pierre Tuquoi, le sulfureux spécialiste du Maroc au journal Le Monde. C’est dire que le personnage fait partie de ces grands hommes d’Etat dont le charisme et la droiture ont marqué la scène politique nationale, au cours de la législature du gouvernement d’alternance qui a pris fin avec la nomination de Driss Jettou, en 2002.

    Aujourd’hui, celui qui a qualifié la nomination du gouvernement technocrate de Jettou de « coup d’Etat contre la démocratie » s’est complètement retiré. « L’ermite de Cannes » ne met fin à sa retraite qu’à l’occasion de l’enterrement d’un de ses compagnons de lutte ou encore d’une figure marquante de la politique au Maroc. On l’a vu brosser un tableau nostalgique de l’intellectuel à la mort de son ami Jabri, par exemple. A la question concernant ses « fameuses mémoires » à venir, le personnage vous répond avec un sourire qui peut tout aussi bien dire « mêlez-vous de ce qui vous regarde ».
    A. E. A.

    Fouad Ali El Himma, le retour par la politique

    « A quoi joue Fouad Ali El Himma ? » La question taraude toute la classe politique qui ne sait sur quel pied danser avec l’ex-patron du ministère de l’Intérieur. Quand l’homme quitte ce département en 2002 pour « se consacrer » à l’avenir de son patelin natal, soutenant que sa démarche ne répond à aucun agenda politique, on est bien tenté de le croire. Sauf que, s’il n’est pas forcément focalisé sur la primature en 2012, FAH agit comme s’il était déjà en… 2012. Aujourd’hui, tous les signes d’une âpre bataille pour la primature sont là.

    Le PAM fonctionne aujourd’hui à la manière d’un « Shadow Cabinet » britannique, où le noyau dur des Akhchichine, Bennadi et autres Benchemass planche sur des sujets d’actualité brûlante. Seule certitude : quelques jours avant la rentrée parlementaire, le PAM se réorganise en vue des futures échéances électorales. Et pour l’instant, aucun poids lourd de ce parti ne tient la comparaison devant l’enfant chéri du sérail pour piloter un gouvernement en cas de victoire (probable) du PAM aux législatives prochaines.
    A.
    E. A.

    Nabil Benabdellah, fin diplomate

    On le croyait à terre après un passage mouvementé à la tête de l’ambassade du Maroc en Italie, on le retrouve à la tête d’un parti. Nabil Benabdellah file le parfait amour avec le PPS. Normal, le nouveau patron du parti communiste peut envisager l’avenir avec sérénité : au prochain gouvernement, le PPS qui s’en sort toujours, au minimum, avec un ou deux postes ministériels, ne trouvera pas d’autre candidat plus intéressant que cet homme à la faconde intarissable, doté d’un réel entregent. Benabdellah a un discours séduisant, il manie la langue de bois à merveille et a, de surcroît, déjà occupé le poste de communicateur en chef du gouvernement et de ministre de la Communication sous le gouvernement Jettou en 2002. De là à ce que les camarades le plébiscitent pour en remplacer un autre à la tête de ce département, il n’y a qu’un pas que les intéressés se gardent de franchir pour l’instant. En attendant, Benabdellah, qui se défend de courir après le maroquin, explique qu’il « fait tout simplement de la politique autrement ».  
    A. E. A.

    Reconversions économiques

    Ils ont accepté de baisser leur salaire pour faire de la politique. Mais quand on est dans le business, on sait qu’un portefeuille ministériel, c’est aussi un bon investissement…
    ***
    Adil Douiri investit plus vite que son ombre

    Après son passage à la tête du tourisme, entre 2002 et 2007, Adil Douiri renoue avec ses premières amours en créant la société d’investissement Mutandis. Othman Benjelloun, Mohamed Hassan Bensalah, Zouheir Bennani et Driss Jettou le soutiendront dans cette aventure. Même des investisseurs français et espagnols comme Inveravante se laisseront séduire par le projet. Deux ans après sa création, Mutandis ne lève pas moins de 1,3 milliard de dirhams pour accélérer le rythme de ses acquisitions.

    Son expérience à la tête du département de l’Artisanat donnera à Douiri l’idée de jeter son dévolu sur Amira Bougies (bougie décorative), Akkal (poterie et céramique de luxe) et Via Notti (linge de maison). Mutandis enchaîne les acquisitions dans l’industrie des détergents (Distra et Maxis), puis dans la conserve de poissons (LGMC) et l’industrie plastique (CMB Plastique), sans oublier l’industrie de la bière (Brasseries du Maroc). Si tout va bien, Mutandis ira en Bourse entre 2011 et 2012 pour continuer à financer sa croissance. Loin de la politique, Douiri reste le patron des jeunes économistes istiqlaliens. Il garde un œil sur les finances publiques qu’il a rêvé de diriger et a toujours une bonne suggestion à faire à celui dont il convoite la place !
    K. E. H.

    Driss Jettou, amours déçues

    Comme il fallait s’y attendre, Driss Jettou n’a eu aucun mal à retrouver sa vie d’industriel. Nommé chef de gouvernement entre 2002 et 2007, le créateur des célèbres magasins de chaussures Au Derby délèguera cette activité à ses proches. En homme d’affaires averti, il n’hésite pas à explorer, après son départ en 2007, de nouveaux créneaux comme le capital investissement avec son poulain, Adil Douiri, ou encore la logistique et la promotion immobilière.

    En association avec son partenaire étranger de toujours dont il garde soigneusement secret le nom, il monte en 2008, le fonds d’investissement Mutéo. Il acquiert alors des participations dans Mutandis de Adil Douiri et prévoit de concrétiser un parc logistique et industriel, complété par un lotissement pour logements résidentiels. Le site de 81 hectares, qui se trouve à cheval entre Hay Hassani (zone urbaine) et Nouaceur (zone rurale), déclenche une levée de boucliers. Le litige qui oppose les promoteurs du projet au ministère de l’Equipement défrayera la chronique. Ce dernier y prévoit la construction d’une artère rapide entre l’aéroport Mohammed V et Dar Bouazza. L’affaire est toujours en suspens.
    M. K.

    Khalid Alioua : immobilier, la nouvelle vocation

    Décidément, l’ex-ministre socialiste de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique du gouvernement Driss Jettou, a plusieurs cordes à son arc. En avril 2009, à peine débarqué du CIH que Khalid Alioua tentera de remettre à flot cinq ans durant avec plus ou moins de succès, le voilà qui se lance dans la promotion immobilière. Son expérience à la tête de la banque publique, leader historique du financement de l’immobilier, lui sera, sans nul doute, utile pour faire fructifier rapidement son investissement et, pourquoi pas, saisir les meilleures opportunités.

    Effaçant d’un trait le scandale qui avait entaché son mandat à la tête du CIH, à propos du rachat d’un appartement à un prix inférieur à celui du marché, Alioua crée une société familiale, Iskan Opportunities, avec une mise de départ de 300 millions de dirhams. Iskan Opportunities serait actuellement en train de se constituer une assiette foncière pour lancer dans les meilleurs délais ses premiers projets immobiliers. On peut se demander s’il s’agit d’une reconversion sincère : Khalid Alioua a-t-il définitivement tourné la page de la politique ou bien garde-t-il l’espoir de revenir au devant de la scène publique ? Rendez-vous en 2012.  

    M.K.


    Il n’y a rien de plus fragile qu’une carrière politique. Ce qui n’empêche pas les ex-ministres de courir le strapontin. Plongée dans les entrailles du pouvoir.
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