Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La reconnaissance d'Israël comme Etat juif dure à vendre

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La reconnaissance d'Israël comme Etat juif dure à vendre

    Au catalogue du 'bazar moyen-oriental' des exigences et conditions de paix, Benjamin Netanyahu a ajouté un nouvel article: la nécessité pour les Palestiniens de reconnaître Israël en tant qu'Etat juif.

    Le Premier ministre israélien en a fait lundi la condition préalable à la mise en oeuvre de la reconduction du moratoire sur la construction de nouvelles colonies juives en Cisjordanie, exigée par les Palestiniens pour poursuivre les pourparlers de paix directs.

    Ce moratoire partiel de 10 mois, concédé par Benjamin Netanyahu sous la pression de Washington pour favoriser la reprise du dialogue direct entre les deux camps interrompu depuis l'hiver 2008-09, a expiré fin septembre sans que le chef du gouvernement israélien accepte sa reconduction tacite.

    Le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a du coup suspendu le dialogue, a exclu sur-le-champ la nouvelle exigence de Benjamin Netanyahu, à savoir "que les dirigeants palestiniens affirment sans équivoque qu'ils reconnaissent Israël comme la patrie du peuple juif".

    Selon l'entourage de Mahmoud Abbas, non seulement elle heurte les 20% d'Israéliens d'origine arabe et dénie de facto le "droit au retour" des réfugiés des guerres de 1948 et 1967, mais en outre elle n'a jamais été imposée à l'Egypte et à la Jordanie avant de conclure la paix avec Israël.

    "LES PALESTINIENS PAS PRÊTS"

    Que Benjamin Netanyahu, soumis aux pressions de Washington pour que les pourparlers de paix débouchent sur du concret, cherche à obtenir des Palestiniens une concession de fond en échange d'un simple décision administrative de sa part nourrit le scepticisme des observateurs sur les chances de progrès du processus.

    Mais cette anicroche dissimule un enjeu fondamental.

    De source israélienne, on dit Benjamin Netanyahu soucieux de trancher le noeud de 60 ans de conflit, en le représentant comme le résultat du combat des Juifs pour être reconnus en tant que peuple à part entière avec des droits nationaux sur leur patrie historique.

    "Ce n'est pas à cause des colonies qu'il n'y pas de paix. C'est à cause de la réticence des leaders arabes palestiniens, depuis l'aube du sionisme, d'en arriver ne serait-ce qu'à une partition du territoire" (de la Palestine), a assuré le vice-Premier ministre israélien Moshe Yaalon.

    "Ils ne sont pas prêts à proclamer que ce serait la fin du conflit et le classement des revendications visant Israël", a-t-il soutenu au micro de la radio de l'armée, sous-entendant que le rejet par Abbas de la nouvelle exigence de Netanyahu équivalait à un aveu en ce sens.

    La demande de reconnaissance d'Israël comme Etat juif avait été formulée initialement par Ehud Olmert, le prédécesseur de Netanyahu, et approuvée à l'époque par le président George Bush mais Washington s'est gardé jusqu'à présent d'exiger une telle concession palestinienne, même si Barack Obama a lui-même évoqué l'"Etat juif d'Israël"

    "OFFRE DE SUICIDE POLITIQUE À ABBAS"

    Ayant dû céder le contrôle de Gaza au Hamas en 2007 et confronté au maillage intense des colonies en Cisjordanie, Mahmoud Abbas éprouve des difficultés à ancrer les contours du futur Etat arabe palestinien et peu nombreux sont ceux qui le voient, dans ces conditions, reconnaître la judaïté de l'Etat d'Israël.

    Très critiqué par le Hamas et certains dirigeants arabes radicaux pour sa supposée faiblesse dans les tractations avec Israël, le président palestinien est en outre peu susceptible de brader à Israël cette carte de négociation majeure que constitue le renoncement au droit au retour des réfugiés de 1948.

    Les Palestiniens s'inquiètent aussi du statut des Arabes israéliens, cette population de la Palestine du mandat restée sur place après la proclamation de l'indépendance d'Israël, qui s'est présenté dès 1948 comme un "Etat juif" qui respecte les droits civiques de ses minorités musulmanes et chrétiennes.

    L'intérêt porté par les Palestiniens à leurs frères arabes israéliens irrite au plus haut point les dirigeants de l'Etat juif, prompts à voir dans leur présentation par les médias palestiniens comme des Arabes "vivant sous occupation" une preuve de la mauvaise fois de Mahmoud Abbas.

    Pour Akiva Eldar, commentateur au journal de gauche israélien Haaretz, l'exigence de Benjamin Netanyahu revient à proposer un "suicide politique au leader palestinien" alors qu'il s'efforce de satisfaire les Etats-Unis et de calmer l'indignation de ses alliés arabes envers Israël.

    "TERRIBLE ERREUR DE NETANYAHU"

    Le gouvernement israélien s'est prononcé dimanche en faveur d'un projet de loi qui exige que tout candidat à la citoyenneté israélienne promette loyauté "à l'Etat juif et démocratique d'Israël", une initiative visant, selon les commentateurs, à complaire à la frange la plus radicale de l'électorat de Netanyahu.

    Ce dernier attendrait en retour de ce texte qui ne concerne pas les Arabes israéliens, parce que non-rétroactif, un soutien du parti d'extrême droite de son chef de la diplomatie, Avigdor Lieberman, à la poursuite du processus de paix avec les Palestiniens.

    Le ministre (travailliste) des Minorités, Avishay Braverman, a dénoncé une "terrible erreur" de la part de Netanyahu et une provocation contre les Arabes israéliens, ajoutant: "Dans le monde, l'opinion publique se dressera pour l'essentiel contre nous, une fois de plus. Et pourquoi ? Parce que Netanyahu doit calmer Lieberman."

    Akiva Eldar prédit que Barack Obama ne reprendra pas à son compte la nouvelle exigence israélienne, laissant l'Etat juif en assumer seul les conséquences négatives pour les perspectives de paix. De fait, tout en considérant l'enjeu comme stratégique pour Israël, Moshe Yaalon a reconnu que cette revendication serait "dure à vendre".

    source : Reuters
Chargement...
X