Contrairement à fin 2009 qui avait vu l'affaire Aminatou Haïdar redonner des ardeurs à un Polisario vieillissant, l'année 2010 (en tout cas jusqu'à aujourd'hui), est une véritable année cauchemar pour le mouvement. Si l'affaire Mustapha Salma constitue le plus dur coup politique pour les séparatistes, il y a d'autres chiffres qui viennent étayer ce constat. Analyse.
Alors que l'étau du plan d'autonomie se resserrait sur le Polisario, il avait terminé l’année 2009 sur une note qu’il pouvait estimer positive en sa faveur. L’affaire Aminatou Haïdar étant passée par là et donné quelques gages de succès au mouvement. Ce fut plutôt une bonne manière d’entamer 2010, qui s’annonçait alors sous de bons auspices.
Mais à presque un an jour pour jour après l’affaire Aminatou Haïdar, la vapeur s'est renversée. L’affaire Mustapha Salma vient de lever un coin du voile sur la manière dont les choses fonctionnent du côté de Tindouf, notamment sur la délicate question des droits humains. Mais l’affaire Mustapha Salma n’est que l’ultime épisode d’une succession d’évènements qui continuent de malmener le Polisario depuis janvier dernier.
Ainsi, en dix mois, 1561 personnes auraient quitté les camps de Tindouf pour rallier le Maroc. La dernière vague, de 46 personnes, vient de rejoindre le Royaume le week-end dernier. Depuis le tournant des années 90 et jusqu'en 2009, 8000 personnes avaient rallié le Maroc. Pendant les seuls 10 derniers mois, le flux a augmenté de plus de 18%.
Ces ralliements successifs des populations de Tindouf témoignent certainement des conditions de vie peu enviables dans les camps, une situation dans laquelle le Maroc ne devient que plus attrayant. Dans un numéro d'avril 2010, TelQuel parlait d'une « sorte de hrig mi-politique mi-économique ». Dans tous les cas, les ralliements mettent à mal la légitimité des dirigeants des camps de Tindouf.
La reconnaissance internationale de la "RASD" en mode rétropédalage
Autre coup dur pour le Polisario, l'effritement de sa popularité sur le plan international. Ce qui, de plus en plus, se traduit par le gel de relations diplomatiques ou du retrait de la reconnaissance accordée par la plupart des Etats.
Un petit aperçu historique démontre l'envergure du phénomène. A noter qu'il est difficile d'avoir des informations concordantes sur le sujet, mais les tendances restent les mêmes. Selon les informations fournies sur Wikipedia.fr, dans les 4 années après sa proclamation en 1976, 31 pays avaient officiellement reconnu la prétendue "République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD)" comme Etat souverain. Les années 80 ont vu 41 pays proclamer leur soutien au Polisario en reconnaissant la "RASD".
De plus, la "RASD" est devenue membre de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1982 (raison pour laquelle le Maroc s'est retiré de l'organsation).
Ces vagues de reconnaissance ont fortement chuté dès les années 90, où seuls 2 pays se sont joints au mouvement. La dynamique a quelque peu reprise dans les années 2000, avec 6 pays déclarant reconnaître la "RASD", et notamment l'Afrique du Sud en 2004. Mais depuis 2006 (Haïti), aucun pays s'est ajouté à la liste. Y a-t-il un lien avec l'annonce, en 2007, du plan d'autonomie proposé par le Maroc ? Il y a de fortes chances.
Mais pourquoi la chute dans les années 90 ? Le cessez-le-feu de 1991 a surement constitué un élément important. A l'ONU et la MINURSO de gérer le conflit désormais, se disaient certains dirigeants. De plus, avec la fin de la Guerre Froide, le conflit était sorti de son contexte international. De nouveaux soutiens auraient nécessité des efforts diplomatiques considérables, et ce dans une décennie dans laquelle le principal parrain du Polisario, l’Algérie traverse guerre civile, crise économique et plan d’ajustement structurel... Les moyens n'y étaient pas.
D'ailleurs, s'il y a un enseignement à tirer des dates auxquelles la reconnaissance de la "RASD" auprès de pays tiers évoluait, c'est bien le lien avec les efforts diplomatiques entrepris au préalable. Le soutien d'un pays comme Saint-Christophe-et-Niévès pour la "RASD", acquis en 1987, n'a que peu à voir avec des sentiments de solidarités. Il est le fruit d'efforts et d'incitations précis.
Mais au vu des efforts entrepris, ces soutiens des pays tiers évoluent. Le 16 août de cette année 5 pays de l'archipel des Antilles ont retiré leur reconnaissance de la "RASD". Cela ne faisait que corroborer une dynamique qui a débutée dans les années 90, venue contrecarrer les efforts
Ainsi, il n'y a pas seulement eu un ralentissement des reconnaissances de la "RASD", mais de nombreux pays qui, s'ils ne retiraient pas leur soutien, l'ont gelé. Si, encore une fois, le nombre exact est controversé, la tendance est univoque. Les offensives diplomatiques marocaines auraient été couronnées de succès. Et l'année 2010 constitue, encore une fois l'année la plus douloureuse. Pas moins de 7 pays ont retiré leur reconnaissance à la "RASD", ce qui constitue une année record. A ce rythme, il ne restera plus que l'Algérie et les deux autres pays communistes, Cuba et la Corée du Nord.
L'année 2010 n'a-t-elle finalement vu qu'une accélération d'une évolution qui tend vers l'isolation du Polisario ? Dans tous les cas, la partie est loin d’être gagnée pour le Maroc. Accélérer le processus de démocratisation et le développement des provinces du Sud doivent être des priorités pour séduire davantage les populations de Tindouf.
Oumar Baldé
Alors que l'étau du plan d'autonomie se resserrait sur le Polisario, il avait terminé l’année 2009 sur une note qu’il pouvait estimer positive en sa faveur. L’affaire Aminatou Haïdar étant passée par là et donné quelques gages de succès au mouvement. Ce fut plutôt une bonne manière d’entamer 2010, qui s’annonçait alors sous de bons auspices.
Mais à presque un an jour pour jour après l’affaire Aminatou Haïdar, la vapeur s'est renversée. L’affaire Mustapha Salma vient de lever un coin du voile sur la manière dont les choses fonctionnent du côté de Tindouf, notamment sur la délicate question des droits humains. Mais l’affaire Mustapha Salma n’est que l’ultime épisode d’une succession d’évènements qui continuent de malmener le Polisario depuis janvier dernier.
Ainsi, en dix mois, 1561 personnes auraient quitté les camps de Tindouf pour rallier le Maroc. La dernière vague, de 46 personnes, vient de rejoindre le Royaume le week-end dernier. Depuis le tournant des années 90 et jusqu'en 2009, 8000 personnes avaient rallié le Maroc. Pendant les seuls 10 derniers mois, le flux a augmenté de plus de 18%.
Ces ralliements successifs des populations de Tindouf témoignent certainement des conditions de vie peu enviables dans les camps, une situation dans laquelle le Maroc ne devient que plus attrayant. Dans un numéro d'avril 2010, TelQuel parlait d'une « sorte de hrig mi-politique mi-économique ». Dans tous les cas, les ralliements mettent à mal la légitimité des dirigeants des camps de Tindouf.
La reconnaissance internationale de la "RASD" en mode rétropédalage
Autre coup dur pour le Polisario, l'effritement de sa popularité sur le plan international. Ce qui, de plus en plus, se traduit par le gel de relations diplomatiques ou du retrait de la reconnaissance accordée par la plupart des Etats.
Un petit aperçu historique démontre l'envergure du phénomène. A noter qu'il est difficile d'avoir des informations concordantes sur le sujet, mais les tendances restent les mêmes. Selon les informations fournies sur Wikipedia.fr, dans les 4 années après sa proclamation en 1976, 31 pays avaient officiellement reconnu la prétendue "République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD)" comme Etat souverain. Les années 80 ont vu 41 pays proclamer leur soutien au Polisario en reconnaissant la "RASD".
De plus, la "RASD" est devenue membre de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1982 (raison pour laquelle le Maroc s'est retiré de l'organsation).
Ces vagues de reconnaissance ont fortement chuté dès les années 90, où seuls 2 pays se sont joints au mouvement. La dynamique a quelque peu reprise dans les années 2000, avec 6 pays déclarant reconnaître la "RASD", et notamment l'Afrique du Sud en 2004. Mais depuis 2006 (Haïti), aucun pays s'est ajouté à la liste. Y a-t-il un lien avec l'annonce, en 2007, du plan d'autonomie proposé par le Maroc ? Il y a de fortes chances.
Mais pourquoi la chute dans les années 90 ? Le cessez-le-feu de 1991 a surement constitué un élément important. A l'ONU et la MINURSO de gérer le conflit désormais, se disaient certains dirigeants. De plus, avec la fin de la Guerre Froide, le conflit était sorti de son contexte international. De nouveaux soutiens auraient nécessité des efforts diplomatiques considérables, et ce dans une décennie dans laquelle le principal parrain du Polisario, l’Algérie traverse guerre civile, crise économique et plan d’ajustement structurel... Les moyens n'y étaient pas.
D'ailleurs, s'il y a un enseignement à tirer des dates auxquelles la reconnaissance de la "RASD" auprès de pays tiers évoluait, c'est bien le lien avec les efforts diplomatiques entrepris au préalable. Le soutien d'un pays comme Saint-Christophe-et-Niévès pour la "RASD", acquis en 1987, n'a que peu à voir avec des sentiments de solidarités. Il est le fruit d'efforts et d'incitations précis.
Mais au vu des efforts entrepris, ces soutiens des pays tiers évoluent. Le 16 août de cette année 5 pays de l'archipel des Antilles ont retiré leur reconnaissance de la "RASD". Cela ne faisait que corroborer une dynamique qui a débutée dans les années 90, venue contrecarrer les efforts
Ainsi, il n'y a pas seulement eu un ralentissement des reconnaissances de la "RASD", mais de nombreux pays qui, s'ils ne retiraient pas leur soutien, l'ont gelé. Si, encore une fois, le nombre exact est controversé, la tendance est univoque. Les offensives diplomatiques marocaines auraient été couronnées de succès. Et l'année 2010 constitue, encore une fois l'année la plus douloureuse. Pas moins de 7 pays ont retiré leur reconnaissance à la "RASD", ce qui constitue une année record. A ce rythme, il ne restera plus que l'Algérie et les deux autres pays communistes, Cuba et la Corée du Nord.
L'année 2010 n'a-t-elle finalement vu qu'une accélération d'une évolution qui tend vers l'isolation du Polisario ? Dans tous les cas, la partie est loin d’être gagnée pour le Maroc. Accélérer le processus de démocratisation et le développement des provinces du Sud doivent être des priorités pour séduire davantage les populations de Tindouf.
Oumar Baldé
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