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«CPE»: un nouveau psychodrame franco-français

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  • «CPE»: un nouveau psychodrame franco-français

    Une réforme contestable, un Premier ministre rigide, une opinion publique mécontente, un mouvement de jeunesse qui se radicalise: tous les ingrédients sont réunis pour une bonne petite crise gouvernementale.

    L’Histoire nous apprend qu’on n’apprend rien de l’Histoire. De nombreux gouvernements de droite comme de gauche ont confirmé l’adage en tentant par exemple de faire passer en force et sans succès des réformes touchant à la jeunesse, qu’il s’agisse de l’organisation des études ou de l’entrée dans la vie active.

    L’affaire du «Contrat Première Embauche» (CPE) souligne également que le «syndrome de l’échec» affecte régulièrement la classe politique. Comme beaucoup d’entre nous, les hommes politiques (mais pour eux, les effets sont beaucoup plus spectaculaires) sont capables de se placer avec obstination dans des situations répétitives d’impasses, de douleurs, de regrets et d’insuccès, qui ne sont dues qu’à eux-mêmes.

    Une réforme «sabre au clair»

    Au départ, le CPE proposé par Dominique de Villepin n’est qu’une répétition des innombrables formules de stages ou de contrats emploi-jeunes que tous les gouvernements ont, sous des biais divers depuis vingt-cinq ans, proposé aux jeunes sortant du système éducatif: des emplois peu payés, précaires, sous-qualifiés, où l’Etat prenait souvent à sa charge une grande partie des charges sociales des employeurs.

    Pour le CPE, le Premier ministre français a voulu frapper les esprits. Les entreprises dorénavant embaucheraient des jeunes de moins de 26 ans tout en pouvant les licencier sans motif et sans indemnités pendant une durée de deux ans. Persuadé de la création de très nombreux emplois (au moins 350.000 selon ses experts), Dominique Galouzeau de Villepin, a voulu forcer tout obstacle au déploiement de son dispositif.

    Inutile donc la concertation avec les organisations syndicales, pourtant très rétives à toute modification du contrat de travail. Beaucoup trop long le débat parlementaire où les députés de l’opposition et même de la majorité multipliaient les mises en garde et les amendements à ce texte de loi bizarrement placé sous l’égide de «l’égalité des chances». Bien qu’il disposait d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale comme au Sénat, le Premier ministre a utilisé l’arme de l’article «49-3» de la Constitution qui permet à un chef de gouvernement de faire passer n’importe quelle loi sans amendements en exigeant un vote de confiance du Parlement.

    Vite. Il fallait aller vite.

    Hélas ! Hélas ! Hélas ! Une mobilisation aussi rapide que puissante de la jeunesse, étudiants, lycéens, précaires, jeunes salariés, est venue sérieusement ternir le timing de la réforme.

    Plutôt que prendre la mesure de la contestation naissante, Dominique de Villepin a préféré mener une charge à la hussarde, n’hésitant pas à bousculer ce qu’il estimait être des pesanteurs et des archaïsmes de la négociation sociale. De plus, Dominique de Villepin qui n’a jamais tenté de se présenter au suffrage universel, ne cache pas un solide mépris pour les «blablas politiciens». Pour lui, un responsable politique doit avant tout décider, trancher et garder le cap dans la tempête. Ça passe ou ça casse.

    Dans le cas précis, «ça casse». Le pouvoir ne peut pas ignorer des manifestations rassemblant à plusieurs reprises un million de personnes sur l’ensemble du territoire national. Le Premier ministre a eu à plusieurs reprises l’occasion de procéder à un repli tactique honorable. Il a préféré foncer sabre au clair vers le mur qu’il avait lui-même bâti, renouvelant ainsi l’amère expérience d’Alain Juppé affrontant et perdant «droit dans ses bottes» un bras de fer lors d’une longue grève des fonctionnaires sur les retraites en 1995. A l’époque, Dominique de Villepin était secrétaire général du cabinet du président de la République, Jacques Chirac. C’est également lui qui, à ce poste, a conseillé à son patron en 1997 une calamiteuse dissolution de l’Assemblée nationale où la droite était pourtant largement majoritaire. Les élections qui suivirent amenèrent une large majorité de gauche et un Lionel Jospin, Premier ministre de cohabitation du Président Chirac.

    Dominique de Villepin, homme fort intelligent et très cultivé, notamment en matière historique, aurait dû donc se méfier avant tout de ses propres foucades. En politique, il ne faut pas confondre courage et arrogance, détermination et obstination.

    Au bout d’une dizaine de jours d’affrontements, qu’obtient en effet le Premier ministre français ? Une jeunesse à cran, une opinion publique très défavorable au projet de réforme, une opposition politique et syndicale requinquée, de grosses lézardes dans sa propre majorité et même dans le patronat. De nombreux députés du parti majoritaire, l’UMP, ne cache plus leurs inquiétudes et les conséquences électorales découlant de l’impasse dans laquelle se place le Premier ministre. Réunissant les députés de la majorité autour d’un «pot amical» en début de semaine, Dominique de Villepin en a fait sursauter plus d’un en appelant à la fois les partenaires sociaux à un dialogue fructueux tout en indiquant: «Sur cette loi, il y a trois choses qui sont impossibles. La première, c’est le retrait (...), la deuxième, c’est la suspension (...), la troisième, c’est la dénaturation du projet». Dans un tel état d’esprit, il est pratiquement impossible de négocier avec un mouvement de jeunesse particulièrement remonté et qui réclame avant toute discussion une suspension de la loi, également demandée mezzo voce par le frère ennemi, Nicolas Sarkozy.

    Radicalisation des jeunes manifestants


    Celui-ci, plus politique que son rival, a rapidement compris que le projet de réforme «coinçait» vis-à-vis des jeunes et plus largement dans l’opinion. Partagé entre sa place dans le gouvernement, ses ambitions présidentielles, son plaisir à peine dissimulé de mettre en difficulté son challenger électoral au sein de l’UMP et sa crainte d’être associé à l’échec, le ministre de l’Intérieur faisait entendre très fort son opposition silencieuse au «Contrat Première Embauche». Position un peu schizophrène difficilement compréhensible par l’électorat.

    Pour donner le change, Nicolas Sarkozy a joué dans son registre préféré, la sécurité. Garant de l’ordre public, le ministre de l’Intérieur a donné comme consigne en fin de semaine dernière aux forces de sécurité, de canaliser la puissante manifestation «dans le calme» prévue le samedi 18 mars. En clair, pas de bavures. Patatras ! Les Gardes mobiles lors de la dissolution de cette manifestation s’acharnent sur un syndicaliste et le laissent sur le bitume dans le coma. Depuis, Nicolas Sarkozy se fait plus discret et fait dire par ses amis qu’il pourrait éventuellement quitter le gouvernement. Partir ou ne pas partir ? Et si Dominique de Villepin gagnait son pari en jouant l’essoufflement du mouvement ? Ah ! Quel dilemme !

    Car aujourd’hui le Premier ministre peut difficilement reculer. S’il retire son projet, au mieux il ne pourra plus présenter de réformes sérieuses avant l’élection présidentielle, au pire il devra se démettre. Dans tous les cas, sa candidature à la succession de Jacques Chirac est compromise. S’il s’obstine, il doit parier sur un pourrissement de la situation: une grève qui s’essouffle, des jeunes manifestants qui se radicalisent, des partis de gauche et des syndicats qui ne veulent surtout pas d’un durcissement du mouvement. Les dérapages sont en effet tout à fait probables. Après les luttes lycéennes et les émeutes de banlieue de 2005, on assiste en effet à une réelle radicalisation d’une frange importante du mouvement de la jeunesse. La rigidité de la

    position actuelle du gouvernement ne pourra que la conforter. Mais dans cette hypothèse, assistera-t-on à un décrochage de l’opinion publique ? Difficile à dire.

    Pour la première fois depuis longtemps, les manifestations regroupent des étudiants et des salariés, des jeunes et leurs parents. Tous sont inquiets pour l’avenir et tous sont las que l’on exige d’eux depuis trois décennies des sacrifices sur les conditions de travail et les salaires pour des promesses sur l’emploi qui ne sont jamais tenues. A treize mois de l’élection présidentielle, le dossier est à manier avec prudence.

    Que va dire le Président de la République française ?

    Jacques Chirac qui était déjà aux affaires en mai 1968, se méfie comme de la peste des mouvements de jeunesse. En décembre 1986, il a dû retirer dans la précipitation une réforme du système éducatif après la mort d’une jeune manifestant, Malik Oussekine. Pour l’instant, il soutient son Premier ministre. Jusqu’à quand ?

    Il sait bien que l’opinion est de plus en plus rétive à la précarité et au discours libéral. Les Français sont loin d’être enthousiastes devant la globalisation, synonyme pour eux de délocalisations et de concurrence éperdue sur les salaires. Mais, dans un marché de libre-circulation des capitaux, les marges de manoeuvres sont réduites. Conscient de l’impopularité de la prise de contrôle de grandes entreprises françaises par des sociétés étrangères, le Président de la République en a appelé au «patriotisme économique». Un discours très éloigné de celui des tenants du libre-échange et qui a été épinglé comme «protectionniste» par les gouvernements italiens et anglais lors du Conseil européen qui s’achève aujourd’hui.


    Par Le Quotidien d'Oran (Pierre Morville)

  • #2
    Cpe

    En tout cas ça maifeste dans Paris. En balieue des groupes de jeunes prenaient le rer en début d'aprés midi, ils allaient à la manif.

    Commentaire

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