Des centaines d’Algériens furent massacrés froidement par la police française
MANIFESTATION DU 17 0COTBRE 1961 À PARIS ORDONNÉE PAR LE FLN
DE TIZI-OUZOU, PAR SAÏD TISSEGOUINE
Quarante-neuf ans sont passés depuis les terribles massacres d’Algériens à Paris. D’après des études historiques, au cours des mois de septembre et octobre 1961, plusieurs centaines d’Algériens des deux sexes et de tous âges furent froidement tués par la police française et des milliers d’autres furent sauvagement tabassés avant d’êtres enfermés dans les prisons comme du bétail.
13/10/2010 - 19:17 mis a jour le 13/10/2010 - 22:46 par Saïd Tissegouine
Officiellement, le commanditaire de cette grave atteinte aux droits de la personne humaine était le préfet de police d’alors, un certain Maurice Papon. Cependant, les jeunes d’aujourd’hui aussi bien kabyles, algériens que français pensent que si la responsabilité de Maurice Papon n’était pas des moindres dans ces actes qui ont porté un sérieux coup à la réputation de la France en matière des Droits de l’Homme, il n’en demeure pas moins que l’ordre était venu de personnages plus importants que lui ; donc des gens du gouvernement. Par conséquent, pense-t-on aujourd’hui, c’est suite à l’indépendance de l’Algérie ; donc à l’échec lamentable de la répression en Algérie et en France que les hauts responsables français d’alors, comme d’ailleurs ceux d’aujourd’hui, ont fait porter le chapeau au préfet Maurice Papon pour cet acte particulièrement odieux. Ce triste passage de l’histoire de France sera sans doute éclairé un jour.
Notre objectif n’est pas de laver Maurice Papon de ses crimes, d’autant plus qu’il est établi aussi que durant les années d’occupation de la France par les armées hitlériennes, il manifestait un plaisir sadique à voir monter les Juifs dans les trains pour un voyage sans retour. Cependant, les Israéliens ont fini par sanctionner l’homme qui a fait beaucoup de mal à leurs aînés alors que les responsables algériens, pourtant d’habitude fort goinfres dans leur majorité, perdent jusqu’à l’appétit, rien qu’en entendant un fifrelin concernant la guerre d’Algérie. Tout de même, ce qui s’est réellement passé entre 1954 et 1962 sera connu un jour dans les moindres détails. Idem concernant ceux et celles qui ont réellement affronté la France coloniale. Le tout n’est qu’une question de temps.
En attentant ce grand jour où la vérité triomphera devant le mensonge, contentons-nous d’écrire et de réécrire sur cette période sanglante. En ce début donc de la décennie 1960, le Front de Libération Nationale (FLN) a marqué des points tant sur le terrain des opérations militaires que sur celui du politique. Le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), dont la diplomatie était dirigée par Krim Belkacem, a réussi à faire rallier à sa cause même les capitales occidentales en exhibant la carte du pétrole.
Le socialisme soviétique et le communisme chinois sont un danger moindre que le pétrole du Sahara algérien entre les mains de la France capitaliste. Avec les puits de pétrole et des gisements gaziers entre ses mains, la France qui maîtrise la science et la technologie de pointe peut devenir facilement une super-puissance aussi bien économiquement que militairement. Par contre, si le pétrole et le gaz se trouvaient entre les mains du FLN qui ferait des échanges commerciaux avec tous les pays selon ses intérêts, les chances pour la France de devenir une super-puissance économique et militaire seront fort réduite.
Le GPRA a si bien développé ses thèses que même les Anglais ont « oublié » les malheurs et les moments de gloire qu’ils ont partagé avec les Français durant les guerres de 1914-1918 et 1939-1945 pour ne se rappeler que leurs rivalités des siècles passés. Les Américains aussi ont « oublié » que le sol a été fortement arrosé par le sang français dans leur guerre d’indépendance (1776-1783). Krim Belkacem et ses camarades savaient que le sentiment n’a jamais pesé devant l’intérêt économique. Et dès lors qu’il a réussi à convaincre les Américains et les Anglais, le FLN, soutenu déjà par le bloc soviétique et les pays non alignés, a gagné à sa cause tous les pays de la planète.
C’est pourquoi en ce début de la décennie 1960, la France a décidé de combler son vide politique par le renforcement de l’action militaire. Le FLN était fort conscient de cette réalité aussi. C’est pourquoi la journée du 17 octobre 1961 a été mûrement réfléchie aussi. La raison officielle de cette manifestation mémorable était de protester contre le couvre-feu imposé déjà depuis longtemps aux Algériens par les autorités françaises à partir de 20h30 jusqu’à 5h30.
D’autre part, les débits de boissons gérés et fréquentés par les Algériens devaient être fermés à parti de 19 heures. La note de service n°149-61 du 05-10-1961 du directeur général de la police municipale, Maurice Legay, stipule : « Je vous communique ci-dessus le texte d’un ordre du jour que vient de me faire parvenir M. le préfet de police et qui annonce la mise en application de mesures qui rendront plus facile le contrôle du milieu FMA (Français musulmans d’Algérie, ndlr). Vous voudrez bien le porter à la connaissance du personnel placé sous votre autorité en le faisant lire à trois appels et en le faisant afficher dans les postes et locaux de vos services ».
Quant à cet ordre du jour en question de Maurice Papon, le voici : « Dans le cadre des mesures prises pour neutraliser le terrorisme algérien et accroître la protection des personnels de police, j’ai décidé de prononcer le couvre-feu, pour les Français musulmans d’Algérie, de 20h30 à 5h30 du matin.
D’autre part, les débits de boissons tenus et fréquentés par les Français musulmans doivent être fermés à partir de 19 heures.
Enfin, tout Français musulman circulant en voiture doit être interpellé et, en attentant la décision du commissaire de police ou du service de coordination des affaires algériennes, la voiture sera provisoirement mise à la fourrière.
Cet ensemble de dispositions doit faciliter les contrôles des services de police et l’efficacité de leur surveillance dans de meilleures conditions de sécurité pour le personnel ».
Notons que l’obligation de fermeture des débits de boissons gérés par les Algériens est précisée par la circulaire n°41-61 et annoncée le 07-10-1961 par le directeur général de la police.
Devant de telles mesures draconiennes, le coordinateur principal de la Fédération FLN de France, Mohand-Saddek Mohammedi, adresse en urgence un courrier au Comité Fédéral basé en Allemagne où il le presse de prendre des dispositions pour contrecarrer les mesures arrêtées par les autorités françaises.
Dans la même missive, son rédacteur fait également au destinataire des propositions que voici : «
1- Les Algériens ne doivent tenir aucun compte des conseils, recommandations ou menaces du sieur Papon ;
2- En conséquence, les Algériens devront sortir aussi nombreux que possible à partir de 20h30 ;
3- Toujours dans le même esprit, les Algériens sortiront au contraire par groupe de trois, ou quatre ou plus pour se promener le soir après une dure journée de labeur. En outre, nous pouvons envisager que les familles algériennes dont les femmes et les enfants sortent, et ce, dans les agglomérations et quartiers à forte concentration algérienne. Dans ce cas, vous pouvez et nous devons ici sur place mettre au pied du mur le peuple français. Les partis politiques et syndicats démocratiques « conseilleraient » à leurs militants de sortir, aussi nombreux que possible, à partir de 20h30 pour s’intégrer s’il le faut aux paisibles promeneurs algériens et s’opposer, s’il y a lieu, aux provocations de la police ».
Trois jours plus tard, soit le 10 octobre, le Comité Fédéral se réunit à Cologne (Allemagne) pour examiner la situation signalée par Mohand-Saddek Mohammedi ainsi que ses propositions. Celui-ci est convoqué à Cologne et s’y rend en traversant la frontière en se déguisant en mineur. Les deux parties ne sont pas d’accord sur la manière d’organiser la manifestation. Le Comité Fédéral veut que les Algériens manifestent pacifiquement alors que Mohand-Saddek veut que les Algériens ripostent aux attaques. « Resterons-nous les bras croisés si la police tire ? », dit-il. Boudaoud du Comité Fédéral lui répond : « Quiconque aura ne serait-ce qu’une épingle sur lui sera passible de la peine de mort. ». La date du 14 octobre est proposée mais est vite rejetée pour le motif l’impossibilité d’assurer les préparatifs. Le jour du mardi 17 octobre à 20 heures est alors arrêté.
Voici dans son intégralité la circulaire du comité fédéral de la Fédération de France du FLN du 10 octobre 1961, rédigée par Ali Haroun, responsable de la Direction de la propagande et de l’information et signée par Kaddour Ladlani, responsable de l’organique :
« Cher frère,
Reçu votre courrier du 07.10.1961.
Après étude de la situation créée par les nouvelles mesures répressives prises (couvre-feu), transferts en Algérie, exécutions sommaires de compatriotes) et après avoir pris connaissance de votre rapport du 07 octobre 1961 , le comité fédéral a pris les décisions suivantes :
Les mesures énumérées doivent être combattues énergiquement par une action en trois phases :
MANIFESTATION DU 17 0COTBRE 1961 À PARIS ORDONNÉE PAR LE FLN
DE TIZI-OUZOU, PAR SAÏD TISSEGOUINE
Quarante-neuf ans sont passés depuis les terribles massacres d’Algériens à Paris. D’après des études historiques, au cours des mois de septembre et octobre 1961, plusieurs centaines d’Algériens des deux sexes et de tous âges furent froidement tués par la police française et des milliers d’autres furent sauvagement tabassés avant d’êtres enfermés dans les prisons comme du bétail.
13/10/2010 - 19:17 mis a jour le 13/10/2010 - 22:46 par Saïd Tissegouine
Officiellement, le commanditaire de cette grave atteinte aux droits de la personne humaine était le préfet de police d’alors, un certain Maurice Papon. Cependant, les jeunes d’aujourd’hui aussi bien kabyles, algériens que français pensent que si la responsabilité de Maurice Papon n’était pas des moindres dans ces actes qui ont porté un sérieux coup à la réputation de la France en matière des Droits de l’Homme, il n’en demeure pas moins que l’ordre était venu de personnages plus importants que lui ; donc des gens du gouvernement. Par conséquent, pense-t-on aujourd’hui, c’est suite à l’indépendance de l’Algérie ; donc à l’échec lamentable de la répression en Algérie et en France que les hauts responsables français d’alors, comme d’ailleurs ceux d’aujourd’hui, ont fait porter le chapeau au préfet Maurice Papon pour cet acte particulièrement odieux. Ce triste passage de l’histoire de France sera sans doute éclairé un jour.
Notre objectif n’est pas de laver Maurice Papon de ses crimes, d’autant plus qu’il est établi aussi que durant les années d’occupation de la France par les armées hitlériennes, il manifestait un plaisir sadique à voir monter les Juifs dans les trains pour un voyage sans retour. Cependant, les Israéliens ont fini par sanctionner l’homme qui a fait beaucoup de mal à leurs aînés alors que les responsables algériens, pourtant d’habitude fort goinfres dans leur majorité, perdent jusqu’à l’appétit, rien qu’en entendant un fifrelin concernant la guerre d’Algérie. Tout de même, ce qui s’est réellement passé entre 1954 et 1962 sera connu un jour dans les moindres détails. Idem concernant ceux et celles qui ont réellement affronté la France coloniale. Le tout n’est qu’une question de temps.
En attentant ce grand jour où la vérité triomphera devant le mensonge, contentons-nous d’écrire et de réécrire sur cette période sanglante. En ce début donc de la décennie 1960, le Front de Libération Nationale (FLN) a marqué des points tant sur le terrain des opérations militaires que sur celui du politique. Le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), dont la diplomatie était dirigée par Krim Belkacem, a réussi à faire rallier à sa cause même les capitales occidentales en exhibant la carte du pétrole.
Le socialisme soviétique et le communisme chinois sont un danger moindre que le pétrole du Sahara algérien entre les mains de la France capitaliste. Avec les puits de pétrole et des gisements gaziers entre ses mains, la France qui maîtrise la science et la technologie de pointe peut devenir facilement une super-puissance aussi bien économiquement que militairement. Par contre, si le pétrole et le gaz se trouvaient entre les mains du FLN qui ferait des échanges commerciaux avec tous les pays selon ses intérêts, les chances pour la France de devenir une super-puissance économique et militaire seront fort réduite.
Le GPRA a si bien développé ses thèses que même les Anglais ont « oublié » les malheurs et les moments de gloire qu’ils ont partagé avec les Français durant les guerres de 1914-1918 et 1939-1945 pour ne se rappeler que leurs rivalités des siècles passés. Les Américains aussi ont « oublié » que le sol a été fortement arrosé par le sang français dans leur guerre d’indépendance (1776-1783). Krim Belkacem et ses camarades savaient que le sentiment n’a jamais pesé devant l’intérêt économique. Et dès lors qu’il a réussi à convaincre les Américains et les Anglais, le FLN, soutenu déjà par le bloc soviétique et les pays non alignés, a gagné à sa cause tous les pays de la planète.
C’est pourquoi en ce début de la décennie 1960, la France a décidé de combler son vide politique par le renforcement de l’action militaire. Le FLN était fort conscient de cette réalité aussi. C’est pourquoi la journée du 17 octobre 1961 a été mûrement réfléchie aussi. La raison officielle de cette manifestation mémorable était de protester contre le couvre-feu imposé déjà depuis longtemps aux Algériens par les autorités françaises à partir de 20h30 jusqu’à 5h30.
D’autre part, les débits de boissons gérés et fréquentés par les Algériens devaient être fermés à parti de 19 heures. La note de service n°149-61 du 05-10-1961 du directeur général de la police municipale, Maurice Legay, stipule : « Je vous communique ci-dessus le texte d’un ordre du jour que vient de me faire parvenir M. le préfet de police et qui annonce la mise en application de mesures qui rendront plus facile le contrôle du milieu FMA (Français musulmans d’Algérie, ndlr). Vous voudrez bien le porter à la connaissance du personnel placé sous votre autorité en le faisant lire à trois appels et en le faisant afficher dans les postes et locaux de vos services ».
Quant à cet ordre du jour en question de Maurice Papon, le voici : « Dans le cadre des mesures prises pour neutraliser le terrorisme algérien et accroître la protection des personnels de police, j’ai décidé de prononcer le couvre-feu, pour les Français musulmans d’Algérie, de 20h30 à 5h30 du matin.
D’autre part, les débits de boissons tenus et fréquentés par les Français musulmans doivent être fermés à partir de 19 heures.
Enfin, tout Français musulman circulant en voiture doit être interpellé et, en attentant la décision du commissaire de police ou du service de coordination des affaires algériennes, la voiture sera provisoirement mise à la fourrière.
Cet ensemble de dispositions doit faciliter les contrôles des services de police et l’efficacité de leur surveillance dans de meilleures conditions de sécurité pour le personnel ».
Notons que l’obligation de fermeture des débits de boissons gérés par les Algériens est précisée par la circulaire n°41-61 et annoncée le 07-10-1961 par le directeur général de la police.
Devant de telles mesures draconiennes, le coordinateur principal de la Fédération FLN de France, Mohand-Saddek Mohammedi, adresse en urgence un courrier au Comité Fédéral basé en Allemagne où il le presse de prendre des dispositions pour contrecarrer les mesures arrêtées par les autorités françaises.
Dans la même missive, son rédacteur fait également au destinataire des propositions que voici : «
1- Les Algériens ne doivent tenir aucun compte des conseils, recommandations ou menaces du sieur Papon ;
2- En conséquence, les Algériens devront sortir aussi nombreux que possible à partir de 20h30 ;
3- Toujours dans le même esprit, les Algériens sortiront au contraire par groupe de trois, ou quatre ou plus pour se promener le soir après une dure journée de labeur. En outre, nous pouvons envisager que les familles algériennes dont les femmes et les enfants sortent, et ce, dans les agglomérations et quartiers à forte concentration algérienne. Dans ce cas, vous pouvez et nous devons ici sur place mettre au pied du mur le peuple français. Les partis politiques et syndicats démocratiques « conseilleraient » à leurs militants de sortir, aussi nombreux que possible, à partir de 20h30 pour s’intégrer s’il le faut aux paisibles promeneurs algériens et s’opposer, s’il y a lieu, aux provocations de la police ».
Trois jours plus tard, soit le 10 octobre, le Comité Fédéral se réunit à Cologne (Allemagne) pour examiner la situation signalée par Mohand-Saddek Mohammedi ainsi que ses propositions. Celui-ci est convoqué à Cologne et s’y rend en traversant la frontière en se déguisant en mineur. Les deux parties ne sont pas d’accord sur la manière d’organiser la manifestation. Le Comité Fédéral veut que les Algériens manifestent pacifiquement alors que Mohand-Saddek veut que les Algériens ripostent aux attaques. « Resterons-nous les bras croisés si la police tire ? », dit-il. Boudaoud du Comité Fédéral lui répond : « Quiconque aura ne serait-ce qu’une épingle sur lui sera passible de la peine de mort. ». La date du 14 octobre est proposée mais est vite rejetée pour le motif l’impossibilité d’assurer les préparatifs. Le jour du mardi 17 octobre à 20 heures est alors arrêté.
Voici dans son intégralité la circulaire du comité fédéral de la Fédération de France du FLN du 10 octobre 1961, rédigée par Ali Haroun, responsable de la Direction de la propagande et de l’information et signée par Kaddour Ladlani, responsable de l’organique :
« Cher frère,
Reçu votre courrier du 07.10.1961.
Après étude de la situation créée par les nouvelles mesures répressives prises (couvre-feu), transferts en Algérie, exécutions sommaires de compatriotes) et après avoir pris connaissance de votre rapport du 07 octobre 1961 , le comité fédéral a pris les décisions suivantes :
Les mesures énumérées doivent être combattues énergiquement par une action en trois phases :
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