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Profondeur et foisonnement de la culture africaine

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  • Profondeur et foisonnement de la culture africaine

    Kateb Yacine déplora fortement notre méconnaissance du continent africain, le nôtre. Il regretta alors le fait qu’il puisse connaître les peuples et les hommes de culture d’Europe et du monde occidental en général, sans pouvoir jeter les passerelles avec des écrivains, des poètes ou des hommes de théâtre des pays africains voisins, immédiats ou proches de l’Algérie. En effet, hormis ce qui nous est transmis par l’intermédiaire des anciennes puissances coloniales d’Afrique (principalement la France et l’Angleterre), nous ne pouvons nous prévaloir que de peu de chose en matière de connaissance directe de la culture et des peuples du Mali, du Niger ou du grand Nigeria.

    Pourtant, la révolution algérienne a noué de solides relations avec les libérateurs des pays africains des années 1960. Lors de la Conférence panafricaine de Léopoldville le 25 août 1960, les militants Omar Oussedik et M’hamed Yazid y furent présents avec des militants de la cause algérienne issus d’autres horizons, à l’image de Frantz Fanon et Serge Michel.
    Paradoxalement, c’est pendant le bouillonnement révolutionnaire de ses pays que le continent africain fit brasser les profils, les cultures et les espérances des peuples. Les solidarités dans l’entreprise de libération- même pour les pays où la décolonisation a eu lieu de manière ‘’pacifique’’- ont nourri l’idéal africain pour des peuples s’estimant inexorablement liés par une communauté. Les grands militants africains, à l’image de Nkrumah (qui participa, en 1945 déjà, au premier congrès panafricain), de Patrice Lumumba et de bien d’autres encore, ont voulu donner sens au panafricanisme face aux tentations des anciennes métropoles coloniales de maintenir leur mainmise sur l’économie et la culture africaines et face également à la présence coloniale qui persistait jusqu’au milieu des années 1970, pour certaines régions du continent (Mozambique, Angola).

    La lutte contre l’apartheid telle qu’elle fut menée par Nelson Mandela et ses amis de l’ANC s’est également inspirée de ce souffle libérateur pour imposer le respect des races et des peuples. En Namibie, l’esprit de la libération des peuples africains a aussi soufflé puissamment pour faire cesser la domination de l’ancien régime d’apartheid sud-africain sur le pays en 1990. Dans cette belle mosaïque de pays, d’ethnies et de peuples, demeurent quelques îlots de domination et d’occupation à l’exemple du Sahara occidental qui sera occupé par le Maroc au moment où les troupes et l’administration espagnoles quittent le territoire.

    Outre les luttes de libération qui ont épuisé les énergies de beaucoup de peuples africains, d’autres tâches historiques ont requis l’effort des responsables du continent et même des institutions internationales. Il s’agit de la lutte contre la sous-alimentation, la malnutrition et les maladies épidémiques. Plusieurs fronts ont été ouverts par ces fléaux dans les quatre points cardinaux du territoire du continent, fléaux auxquels se sont greffés- et parfois c’est le mouvement inverse- les conflits ethniques ou frontaliers.

    La problématique du développement


    L’Organisation de l’unité africaine (OUA), née à Addis-Abeba en 1963, en présence du premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, a essayé de contenir et de régler une grande partie des conflits nés sur la base des frontières ou des considérations tribales. Elle a contribué par son action politique à la libération des derniers pays colonisés d’Afrique (Angola, Mozambique, Guinée-Bissau, Sao Tomé et Principe, qui étaient des colonies portugaises).
    Cependant, dans beaucoup de conflits meurtriers, voire génocidaires, l’organisation continentale s’est montrée complètement impuissante. Il en est ainsi dans la guerre civile en République démocratique du Congo, et surtout des massacres des populations civiles au Rwanda qui ont fait entre avril et juin 1994, un million de morts dont certains cadavres furent retrouvés dans les eaux du Nil à quelques milliers de km du lieu du massacre.

    Sur le modèle de l’Union européenne, l’organisation continentale évoluera en 2001 en Union Africaine (U.A.) pour se donner de nouvelles ambitions en matière d’intégration économique et monétaire.

    Parallèlement, et dans la même année où l’OUA se transforma en Union Africaine, une nouvelle initiative africaine verra le jour en s’appuyant sur trois pays africains de grande envergure : l’Algérie, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Ce cadre appelé ‘’Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique’’ (NEPAD en anglais), est un plan adopté en octobre 2001 par seize chefs d’État africains avec l’objectif de combler le retard qui sépare l’Afrique des pays développés et de renforcer sa présence et son rôle dans l'économie mondiale. Il est conçu comme un contrat passé avec la communauté internationale (en fait les pays développés), proposant d'échanger bonne gouvernance et libéralisme contre investissements massifs et aides au développement.

    Au lancement de l’Union Africaine, les chefs d’État du continent soulignent que, « une quarantaine d'années après nos indépendances, en intégrant les acquis de l'OUA, nous venons de donner à notre continent les moyens d'entrer avec les meilleures chances de succès dans le monde impitoyable de la globalisation et de la compétition.

    Ce monde est notamment caractérisé par les grands ensembles économiques et doit faire face aujourd'hui à des défis de tous genres. L'Union Africaine était donc devenue pour nous une nécessité. Elle dessine le vaste mouvementde la renaissance de l’Afrique, cette Afrique que nous voulons inventive, combattante et solidaire. Une Afrique fraternelle et humaine, démocratique et paisible, unie et prospère. Une Union qui a donc pour mission de promouvoir une coopération agissante, de favoriser une réelle intégration, de se constituer en pôle économique dynamique, en créant dans son espace le progrès et un développement durable ».

  • #2
    Faire du dialogue des cultures une réalité

    Unis dans la douleur commune de la colonisation, rapprochés par la nécessité d’éloigner les conflits ethniques, tribaux, religieux et frontaliers nés après la décolonisation, mus par la volonté de s’arrimer à la dynamique de développement économique, les peuples d’Afrique ont d’abord en partage le fond culturel africain. Le berceau de l’Humanité doit être aujourd’hui revisité par ses propres enfants sans aucune tutelle morale ou intellectuelle venant d’ailleurs. Ses peuples ont besoin de se connaître et d’échanger leurs expériences.

    Ainsi, des savants anthropologues africains qui ont fait valoir l’africanité de leurs peuples par des œuvres magistrales de recherche en anthropologie culturelle ont reçu un hommage appuyé et original à l’occasion du deuxième Festival panafricain qui s’est dértoulé à Alger en 2009. En tout cas, c’est la première fois qu’ils sont présentés de cette manière, c’est-à-dire un ‘’corps professoral africain’’ versé dans la recherche du ‘’moi’’ africain. Jomo Kenyatta, Ahmadou Hampaté Bâ, Mouloud Mammeri, Cheikh Anta Diop. « Plus qu’un simple hommage, c’est un véritable piédestal qui a été dressé à ces quatre figures emblématiques, ‘’quatre phares précieux’’, de la recherche scientifique en Afrique », écrit le journal Cameroon tribune du 2 juillet 2009.
    Le savant sénégalais Cheikh Anta Diop a exalté dans ses œuvres le caractère nègre et l’antériorité des civilisations africaines, et particulièrement égyptiennes, par rapport à l’héritage gréco-latin sacralisé par les Européens.

    Malgré les remous soulevés chez les intellectuels d’Europe, Anta Diop continua sérieusement ses recherches. On a eu droit à : « Nations nègres et culture » (1956), « Unité culturelle de l’Afrique noire » (1960), « L’Afrique noire précoloniale » (1960), « Antériorité des civilisations nègres » (1967), « Civilisation ou barbarie » (1981). Anta Diop a pour langue maternelle le wolof, il lit couramment les hiéroglyphes et travaille en français. Promoteur de la négritude, cheikh Anta Diop et le continuateur de la pensée du libérien Edward Wilmot Blyden émise au 19e siècle et prise en charge intellectuellement par Aimé Césaire dès la fin des années 30 du siècle dernier.

    En tout cas, la culture africaine, au vu des recherches continues qui s’effectuent au nord, au sud et au centre de ce continent ne laissent pas d’imposer l’idée maintenant admise dans la communauté scientifique que l’Afrique, aussi bien sur le plan phylogénétique que sur le plan des arts et de la culture, est le berceau de l’Humanité.

    Le visiteur du Musée des Arts premiers au Quai Branly à Paris- établissement inauguré en novembre 2002, par le président Chirac- ne peut rester indifférent ou sourd à cette richesse continentale sortie du fond des âges. La paix civile, le développement économique, la promotion sociale, la sauvegarde des ressources naturelles, tous ces beaux idéaux ont à leur base la culture, l’échange culturel et le dialogue des cultures.

    Par Amar Naït Messaoud, La Dépêche de Kabylie

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