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Science psychologique - l'Estime de soi

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  • Science psychologique - l'Estime de soi



    En ce sens, la plupart des conduites d’évitement apparaissent paradoxales et inscrivent le sujet dans un cercle vicieux. En effet, lorsque l’estime de soi est tellement faible, le sujet ne peut croire qu’il sera apprécié tel qu’il est. A ses propres yeux, il est un nul, indigne d’être aimé et accepté. Il souffre si fort de cette dévaluation continue que le regard de l’autre lui est parfois insupportable. Sa construction du monde qui dérive de son système de croyances le pousse à rester en retrait afin de ne pas être rejeté comme un vulgaire déchet. En même temps qu’il tente désespérément et inconsciemment de restaurer son estime de soi, il se prive des occasions et des expériences au cours desquelles il pourrait retirer de la considération. D’une part, son inhibition est en décalage avec ce qu’il admet être admirable de sorte que, de son point de vue, il est coupable de lâcheté ce qui le mène devant le tribunal où il est lui-même le juge qui le condamne. D’autre part, comme il se replie sur lui, le regard d’autrui ne peut corriger l’image qu’il a de lui-même. La conviction d’être un moins que rien s’auto-entretient.

    En outre, l’estime de soi joue un rôle considérable sur la façon de mener sa vie, d’imaginer son avenir et d’initier ou non des projets. Une bonne estime de soi est étroitement corrélée avec la confiance en soi et la capacité de s’appuyer sur ses points forts. Les difficultés sont perçues mais la personne ne s’y arrête pas, animée de la conviction qu’elle pourra les surmonter ou les contourner. Seul l’objectif importe. A l’inverse, une faible estime de soi s’accompagne d’une tendance à souligner ses défauts et ses lacunes, à se décourager rapidement, d’où il ressort un manque de confiance en soi et une paralysie des projets qui restent très souvent à l’état d’ébauche, voire carrément avortés. D’un côté, la personne qui s’estime si peu ne s’autorise pas à rêver d’une vie meilleure ; elle pense ne pas mériter autre chose. D’un autre côté, les obstacles apparaissent amplifiés et indépassables avec pour conséquence l’inertie puisqu’il semble vain de se lancer dans l’aventure.

    En bref, la chance sourit aux audacieux et qui ne tente rien n’obtient rien. L’individu téméraire, dans le sens de se jeter dans le fleuve de la vie, rencontre bien sûr des écueils mais il se donne aussi la possibilité d’atteindre son but alors que celui qui, les bras ballants, reste sur la rive se morfond. Il s’est échoué avant même d’avoir navigué. Pour celui qui s’en relève, elle est une expérience. De plus, tôt ou tard, celui qui s’est investi, avec persévérance, en vue d’améliorer sa condition récolte les fruits de ses efforts tandis que celui qui a eu trop peur des intempéries et qui n’a pas semé a tout perdu. Le véritable danger est ailleurs, il est de perdre sa vie par crainte de la risquer.

    Certes, la personne qui risque connaît des échecs mais aussi des réussites. Lorsque l’on comprend ses erreurs, elles deviennent une source d’information enrichissante. Les épreuves analysées, comprises et digérées, forment l’expérience, parfois plus précieuse que n’importe quelle théorie. Ce plus de savoir renforce tout autant l’estime de soi que les victoires qui la confortent plutôt. A l’opposé, celui qui n’a pas entrepris quoi que ce soit stagne et s’auto-reproche cette attitude mollassonne, à moins de se complaire, en guise de parade, dans cette sorte de marasme. Au plus le temps passe sans que l’individu ait réalisé aucun de ses rêves, au plus l’estime de soi baisse et au moins il y a de chances de la voir remonter.

    Par ailleurs, une situation n’est problématique et inquiétante, voire stressante, qu’aussi longtemps que l’on ne trouve pas d’issue pour en sortir. Entrevoir la solution fait partie du processus de résolution de problème. Élaborer le plan d’action, c’est déjà être en action et cela permet de calmer les affects déplaisants. Un individu contraint à la passivité est obligé de déployer d’autres stratégies pour contrôler l’angoisse. A partir des considérations qui précèdent, on peut concevoir que la personne entravée par une piètre estime d’elle se soumette passivement aux événements et les subisse sans trouver la force de déployer les comportements efficaces et qu’en leur absence, elle soit submergée par l’anxiété ou l’angoisse.

    C’est ainsi que de nombreux individus rêvent leurs vies sans jamais essayer de concrétiser leurs aspirations, se sentant si peu à la hauteur ou ayant bien trop peur de se vautrer qu’ils se coupent de leurs potentialités si bien que le décalage avec la réalité ne se réduit jamais. Au contraire, la comparaison avec leurs contemporains creuse encore le fossé. Le constat de leurs réalisations a l’effet d’un miroir et l’image est piteuse, le verdict déplorable. Malgré eux, ils alimentent la machine infernale.

    Plus particulièrement, la fragilité de ces personnes aboutit très souvent à une distorsion de la relation amoureuse. Tout d’abord, vu qu’elles s’accordent peu de valeur, elles sont constamment sur la défensive. Elles doutent de l’amour de leur partenaire et chaque dispute engendre un vent de panique, comme si la prophétie allait inévitablement se confirmer, que l’issue catastrophique présumée du conflit était certaine. Ensuite, comme elles ne s’aiment pas elles-mêmes, ces personnes ne peuvent pas concevoir qu’on les aime et qu’on les admire. Le(a) partenaire devient méprisable d’avoir à ce point de la boue devant les yeux et d’aimer une personne comme elle. Ceci explique parfois pourquoi quand la rupture se profile à l’horizon, ces individus passent sans transition de l’amour à la haine, des mots tendres aux injures. Finalement, se perdent toutes les réparations affectives qu’une authentique relation de couple peut apporter.

    Bien évidemment, le niveau de l’estime de soi n’est pas fixé une fois pour toutes. Il est fonction de plusieurs paramètres. La sécurité de base est le premier élément sur lequel la confiance en soi se fonde. Par la suite, l’identité, l’appartenance, la compétence et la détermination interviennent pour moduler l’estime de soi. A condition, que les oscillations n’atteignent pas des seuils critiques, ces variations insufflent une énergie supplémentaire à la dynamique du désir. De fait, régulièrement l’être humain module le cadre de son existence afin de retrouver un niveau acceptable d’estime de soi. Par contre, lorsque l’estime de soi est excessivement basse, il ne trouve plus la force de se redresser et de faire face correctement ; la course désirante devient alors mortifère. Le système défensif mis en place pour parer à l’angoisse est pathologique dans la mesure où il n’est pas adapté aux normes comportementales de vie communautaire admises par la majorité et il est pathogène puisqu’il ne permet pas à l’individu de sortir de sa problématique et d’évoluer vers le mieux-être.

    En conclusion, une bonne estime de soi est un préalable indispensable à l’admiration, à la confiance et au respect qui sont trois piliers de l’amour. Ces composantes de base sont nécessaires pour que l’attachement ne se transforme pas en dépendance affective, prison psychique où la liberté d’épanouissement de chacun est réciproquement entravée par les besoins infantiles hérités d’un passé non dépassé. Le niveau de l’estime de soi n’est jamais définitivement établi. Toutefois, lorsqu’il se maintient bas, voire très bas, sur de longues périodes, il semble indépendant des circonstances de la vie et plus intimement lié à l’image que la personne a d’elle-même. Il y a alors lieu d’entamer un travail de réconciliation avec son passé et avec soi-même afin de relancer les possibilités évolutives de la personne.

    Isabelle LEVERT
    "un gouvernement oppressif amène la ruine de la prospérité publique" Ibn Khaldoun
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