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Kassaman et des fleurs jetées dans la Seine. C'était, ce dimanche 17 octobre 2010, sur le pont Saint-Michel, entre trois cents et quatre cents personnes recueillies à la mémoire des centaines d'Algériens jetés dans la Seine par une police remontée de haine et munie d'un permis de tuer sans équivoque de la part du préfet Maurice Papon.
Des Algériens, bien sûr, mais aussi de nombreux Français qui ne se résignent pas à ce que ce «crime d'Etat», commis de manière préméditée il y a 49 ans, soit recouvert du voile de l'oubli officiel.
Ces Français, engagés dans une trentaine d'associations, continuent avec une constance méritoire d'exiger la «reconnaissance officielle du crime commis par l'Etat français les 17 et 18 octobre 1961», «la liberté d'accès effective aux archives pour tous, historiens et citoyens» et le «développement de la recherche historique sur ces questions dans un cadre franco-algérien et international».
Des prises de parole et une voix ferme qui lance l'alerte : au refus de reconnaissance des faits va s'ajouter, pour ce mardi, le lancement d'une «Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie, des combats de Tunisie et du Maroc», managée par d'anciens cercles militaires très nostalgiques de la colonisation et de ses «bienfaits», grands défenseurs de la torture et dont la jonction est évidente avec des courants d'extrême droite xénophobe.
Celui qui a lancé la mise en garde, sur le pont, est à la fois historien et vice-président de la Ligue des droits de l'homme, Gilles Manceron. Il a rappelé que cette fondation est le produit de la loi scélérate du 23 février 2005 qui glorifiait le colonialisme et ses «bienfaits». Pour G. Manceron, sa mise en place est un indicateur que la France se trouve à la «croisée des chemins» entre une grande partie de la population «qui veut que la vérité soit dite sur la nature de la colonisation et, d'autre part, une fraction de celle-ci, plus âgée, surtout implantée dans le Midi de la France, qui ne veut rien reconnaître ni regarder en face et reste attachée aux dénégations et aux anciens mensonges».
Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants, prétend que cette fondation va permettre de «réconcilier toutes les mémoires entre les ennemis d'hier, qu'ils soient issus du FLN ou de l'OAS». Cette manière insidieuse de mettre sur le même plan les bourreaux et les victimes en les «réconciliant» n'est même pas vraie. Une fondation contrôlée par des «institutions à la tête desquelles se trouvent des généraux qui persistent dans la justification de l'emploi de la torture par l'armée française en Algérie et dans la négation du mouvement nationaliste algérien», ne sert pas la réconciliation.
C'est même une entreprise guerrière visant à entretenir l'esprit colonial.
Le fait qu'elle soit mise en place deux jours après la commémoration de la ratonnade de Paris d'octobre 1961 en dit suffisamment long sur les intentions de ceux qui sont derrière. La loi scélérate du 23 février 2005 a beau avoir été débarrassée de l'article 4 qui imposait une histoire officielle, ses autres dispositifs, chargés de justifier l'inacceptable, continuent de prolonger ses méfaits. Et d'empoisonner le présent et l'avenir des relations entre Algériens et Français.
UNE FONDATION POUR MILITAIRES «NOSTALGERIQUES»
Kassaman et des fleurs jetées dans la Seine. C'était, ce dimanche 17 octobre 2010, sur le pont Saint-Michel, entre trois cents et quatre cents personnes recueillies à la mémoire des centaines d'Algériens jetés dans la Seine par une police remontée de haine et munie d'un permis de tuer sans équivoque de la part du préfet Maurice Papon.
Des Algériens, bien sûr, mais aussi de nombreux Français qui ne se résignent pas à ce que ce «crime d'Etat», commis de manière préméditée il y a 49 ans, soit recouvert du voile de l'oubli officiel.
Ces Français, engagés dans une trentaine d'associations, continuent avec une constance méritoire d'exiger la «reconnaissance officielle du crime commis par l'Etat français les 17 et 18 octobre 1961», «la liberté d'accès effective aux archives pour tous, historiens et citoyens» et le «développement de la recherche historique sur ces questions dans un cadre franco-algérien et international».
Des prises de parole et une voix ferme qui lance l'alerte : au refus de reconnaissance des faits va s'ajouter, pour ce mardi, le lancement d'une «Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie, des combats de Tunisie et du Maroc», managée par d'anciens cercles militaires très nostalgiques de la colonisation et de ses «bienfaits», grands défenseurs de la torture et dont la jonction est évidente avec des courants d'extrême droite xénophobe.
Celui qui a lancé la mise en garde, sur le pont, est à la fois historien et vice-président de la Ligue des droits de l'homme, Gilles Manceron. Il a rappelé que cette fondation est le produit de la loi scélérate du 23 février 2005 qui glorifiait le colonialisme et ses «bienfaits». Pour G. Manceron, sa mise en place est un indicateur que la France se trouve à la «croisée des chemins» entre une grande partie de la population «qui veut que la vérité soit dite sur la nature de la colonisation et, d'autre part, une fraction de celle-ci, plus âgée, surtout implantée dans le Midi de la France, qui ne veut rien reconnaître ni regarder en face et reste attachée aux dénégations et aux anciens mensonges».
Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants, prétend que cette fondation va permettre de «réconcilier toutes les mémoires entre les ennemis d'hier, qu'ils soient issus du FLN ou de l'OAS». Cette manière insidieuse de mettre sur le même plan les bourreaux et les victimes en les «réconciliant» n'est même pas vraie. Une fondation contrôlée par des «institutions à la tête desquelles se trouvent des généraux qui persistent dans la justification de l'emploi de la torture par l'armée française en Algérie et dans la négation du mouvement nationaliste algérien», ne sert pas la réconciliation.
C'est même une entreprise guerrière visant à entretenir l'esprit colonial.
Le fait qu'elle soit mise en place deux jours après la commémoration de la ratonnade de Paris d'octobre 1961 en dit suffisamment long sur les intentions de ceux qui sont derrière. La loi scélérate du 23 février 2005 a beau avoir été débarrassée de l'article 4 qui imposait une histoire officielle, ses autres dispositifs, chargés de justifier l'inacceptable, continuent de prolonger ses méfaits. Et d'empoisonner le présent et l'avenir des relations entre Algériens et Français.
par K.Selim
Le Quotidien d'Oran
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