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Les États-Unis et le Pakistan condamnés à s'entendre

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  • Les États-Unis et le Pakistan condamnés à s'entendre

    Alliés de circonstance dans la guerre contre le terrorisme, les États-Unis et le Pakistan n'avaient jamais été aussi près de la rupture qu'au cours des dernières semaines.

    Jamais, pourtant, les deux pays n'ont eu aussi cruellement besoin l'un de l'autre qu'en cette dernière phase du conflit afghan. Une équation à inconnues multiples que Washington et Islamabad vont s'efforcer de résoudre dans le cadre du troisième round du dialogue stratégique américano-pakistanais qui a débuté mercredi à Washington et s'achèvera vendredi.

    Comme lors de la première session, en mars dernier, la délégation américaine est emmenée par la secrétaire d'État Hillary Clinton. L'équipe pakistanaise est toujours officiellement dirigée par le ministre des Affaires étrangères d'Islamabad, Shah Mehmood Qureshi. Comme au printemps, il est accompagné du tout-puissant chef des armées, le général Ashfaq Kayani. Mais la tonalité, elle, a changé.

    Les Pakistanais sont plus offensifs. «Nous nous battrons avec vous pour réaliser nos objectifs communs, et en particulier pour détruire le cancer du terrorisme qui menace toutes les civilisations. Mais comme toute nation qui se respecte, nous avons en priorité l'obligation de préserver notre intérêt national», a déclaré Qureshi lors d'un discours à l'université Harvard, mardi.

    Or, il devient de plus en plus clair que «l'intérêt national» du Pakistan dans la région diverge de celui des États-Unis. Depuis que Barack Obama a laissé entendre que les troupes américaines pourraient entamer leur retrait en juillet 2011, Islamabad n'a de cesse de se positionner pour ne laisser aucun vide politique à Kaboul. Sa hantise est de voir l'Inde se profiler en Afghanistan, un pays qu'elle a toujours considéré comme son arrière-cour. Pour parer à toute éventualité, le général Kayani en personne est monté au créneau dès le début de l'année, offrant les bons offices du Pakistan. L'idée est de devenir l'indispensable médiateur dans d'inévitables négociations avec les talibans.

    Après avoir applaudi à cette offre, Washington a apparemment réalisé qu'il pouvait être dangereux de confier les clés de l'Afghanistan au Pakistan. Les révélations des derniers jours sur l'existence de pourparlers directs entre les talibans et le gouvernement afghan, avec le soutien de l'Otan, le montrent à l'envi. La semaine dernière, le général David Petraeus, qui dirige les forces de la coalition en Afghanistan, a lui-même admis que sans l'aide de l'Otan, «les chefs talibans ne pourraient pas entrer en Afghanistan et encore moins aller jusqu'à Kaboul». Cela revenait à reconnaître que le leadership taliban se trouvait bien au Pakistan. Des responsables de l'Otan ont enfoncé le clou en affirmant, il y a quelques jours, qu'Oussama Ben Laden et ses acolytes jouissent d'une vie plutôt agréable dans le nord-ouest du Pakistan. Ils y seraient protégés par les autochtones et par l'ISI, les services secrets pakistanais. Les États-Unis ont cependant bien conscience que des négociations entre Kaboul et les talibans n'ont quelque chance de réussir que si les rebelles sont affaiblis. Et pour cela, ils ont besoin de l'aide du Pakistan. Depuis des années, Washington presse Islamabad de déloger les talibans et al-Qaida de leurs «sanctuaires» en territoire pakistanais. En vain.

    Le ton s'est durci entre Américains et Pakistanais lorsque les États-Unis ont entrepris de faire le travail eux-mêmes. D'abord en intensifiant les tirs de drones sur les Zones tribales. L'incursion d'un hélicoptère de l'Otan dans la zone tribale de Kurram, fin septembre, tuant deux soldats pakistanais, a mis le feu aux poudres. Islamabad a bloqué pendant une dizaine de jours les camions de ravitaillement de l'Otan qui transitent par le Pakistan.

    Les responsables pakistanais ont indiqué qu'ils mettraient tous ces contentieux sur la table. Les Américains répondront probablement en signant un gros chèque, tant au titre de l'effort militaire que pour les inondations du moins d'août…

    source : Le Figaro
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