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Les universités turques s'ouvrent dans la confusion aux étudiantes voilées

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  • Les universités turques s'ouvrent dans la confusion aux étudiantes voilées

    ISTANBUL | Les universités turques vivent une petite révolution : longtemps bannies des campus, les étudiantes voilées sont désormais autorisées, au moins en théorie, à assister aux cours. Mais les défenseurs les plus intransigeants de la laïcité n'ont pas dit leur dernier mot.

    AFP | 23.10.2010 | 19:01

    Saisi par la plainte d'une étudiante de l'Université d'Istanbul exclue d'une classe parce qu'elle portait une casquette pour cacher sa chevelure, le président du Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK) a prévenu début octobre l'établissement qu'aucun élève ne pouvait être renvoyé en raison de sa tenue.

    Depuis, la décision a fait tâche d'huile et de nombreuses universités ont ouvert leurs portes au voile islamique, 12 ans après son interdiction par une décision en sens opposé du YÖK.
    Le revirement du Conseil, désormais contrôlé par l'AKP (Parti de la justice et du développement), le parti islamo-conservateur au pouvoir, a été accueilli avec soulagement par les étudiantes voilées, lassées de recourir au subterfuge de la perruque ou de la casquette pour entrer sur les campus.

    "On avait l'air ridicule, avec nos chapeaux, nos cols roulés... surtout en été (...) Je me sentais mal, on se retournait à mon passage dans les couloirs", raconte Tugba Pistofoglu, étudiante en ingénierie à l'Université technique d'Istanbul.
    "Maintenant, ça va beaucoup mieux. Je vais au cours avec plus de plaisir. Et comme je peux m'exprimer librement, je pense que ça va aussi jouer sur mes résultats scolaires", poursuit-elle.

    La décision du YÖK semble pourtant loin d'avoir réglé une fois pour toutes la question. Plusieurs recteurs maintiennent l'interdiction, estimant que l'injonction ne concernait que l'Université d'Istanbul, ou attendant une décision de la Cour de cassation.
    L'avocate Fatma Benli, spécialisée dans la défense des étudiantes voilées, considère que la moitié environ des universités pratiquent encore l'interdiction.

    "Il arrive aussi que les étudiantes puissent entrer sur le campus, mais que leur professeur leur explique en tête-à-tête qu'elles doivent enlever leur voile, sinon ils leur donnera une mauvaise note, ou bien il dresse un procès-verbal, ou parfois il les chasse de son cours", explique-t-elle.
    Tandis que la recherche d'un compromis entre l'AKP et l'opposition sur la question piétine, le procureur de la Cour de cassation Abdurrahman Yalçinkaya a lancé mercredi un avertissement qui laisse présager d'une contre-offensive du camp laïque.

    "Autoriser l'usage du voile (dans les universités) ouvrirait une brèche dans le principe de laïcité", a commenté M. Yalçinkaya, qui avait tenté en 2008, sans succès, de faire interdire l'AKP pour atteinte à la laïcité.
    Une pétition contre le voile à l'université a par ailleurs réuni les signatures d'un millier d'universitaires, selon le quotidien Milliyet.
    "Ce n'est pas de la liberté de porter le voile qu'il faut discuter, mais de celle de ne pas le porter", affirme dans ce journal le professeur Alpaslan Isikli, à l'origine de la pétition, faisant allusion aux craintes du camp laïque : l'apparition de nouvelles revendications, comme l'autorisation du voile au lycée ou dans la fonction publique, et la montée des pressions sur les femmes non voilées.

    Etudiante en sciences politiques à l'Université d'Istanbul, Kübra Nurçakmak balaie la dernière objection.
    "Et puis quoi encore ? (...) Ma copine, elle a les cheveux à l'air et on n'a jamais eu de conflit sur ce sujet. Vous pensez vraiment que je vais lui mettre la pression, que je vais l'exclure ?", plaisante-t-elle, en désignant son amie Kevser, à l'abondante chevelure noire.

    AFP


    © AFP | Une femme voilée devant l'Université d'Istamboul, le 23 octobre 2010
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