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On ne peut parler de citoyenneté dans le monde arabe

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  • On ne peut parler de citoyenneté dans le monde arabe

    Peut-on parler de citoyenneté dans le monde arabe ?

    C’est un projet vers lequel on se dirige. Je ne pense pas qu’on puisse parler effectivement de citoyenneté dans le monde arabe. Un citoyen est celui qui vit pleinement ses droits politiques, économiques, sociaux et culturels et on ne discrimine pas les gens en fonction de leur race, de leur religion ou de leur langue. Or, ce qui se passe dans le monde arabe c’est tout le contraire.

    Cependant, on voit depuis quelque temps des ressortissants arabes qui commencent à revendiquer farouchement leurs droits. Ces gens-là n’acceptent plus d’être des sujets et qu’on dispose de leur sort. Ils veulent participer sérieusement à la prise de décision à tous les niveaux de la vie politique, économique et sociale. Je dois dire aussi qu’on commence à sensibiliser les gens à l’idée des droits de l’homme. Mais de là à dire qu’on est des citoyens, on est encore loin. Il reste beaucoup à faire avant que les valeurs et les principes de liberté, de démocratie et de droits de l’homme soient intégrés dans les consciences des personnes et ensuite se transforment en comportement et en pratiques. C’est un processus qui demande du temps et aussi des générations.

    Le problème se pose-t-il au niveau du pouvoir politique, de la société ou les deux à la fois ?

    Le problème vient aussi bien d’en haut que d’en bas. La famille, qui est la première structure sociale, n’inculque pas à l’enfant toutes ces valeurs qui font qu’une société puisse vive librement. Lorsqu’un enfant s’identifie à une mère discriminée qui n’est pas l’égale de l’homme, à une femme qui n’a pas sa place dans la société, il y a là une déformation de la personne. Au niveau de l’éducation et de l’environnement social, c’est la même chose. Pareil dans l’enseignement, qui utilise des méthodes qui ne sont pas démocratiques où l’on n’apprend pas à l’enfant à réfléchir et à penser, mais on lui fait un bourrage de crâne.

    Au sommet de la pyramide, on voit cette image de père fouettard qui fait peur et qui veut légitimer son pouvoir par la force et par des méthodes arbitraires, misogynes et autoritaires. Un père qui demande à tous ceux qui sont autour de lui d’être à son image pour qu’il puisse durer. Il y a absence d’un contre-pouvoir qui corrige. On connaît, dans le monde arabe, des exemples de pouvoirs qui ne laissent aucune autre force d’exister en dehors d’eux.

    Est-ce une fatalité ?

    Pas du tout. On n’est pas condamnés à vivre dans cet engrenage, je ne le crois pas. On voit bien des ouvertures et de l’espoir suscité par beaucoup de gens qui résistent et militent pour transformer cette inacceptable situation. Des gens qui sont animés d’une grande conviction pour le changement. Mais comme on dit, on ne peut pas faire de révolution du jour au lendemain. Le changement est quelque chose qui se construit au prix de beaucoup de sacrifices, d’abnégation et de difficultés. La vie est un combat permanent. Il y a ceux qui combattent pour leur bien-être personnel, de manière égoïste, mais il y a ceux qui combattent pour changer la face du monde et transformer cette réalité trop pesante.

    Quel est l’état des droits de l’homme dans le monde arabe ?

    Catastrophique au regard des idéaux des droits de l’homme et au vu de nos aspirations à tous, dans le monde arabe. On est encore des sujets et non pas des citoyens. Des êtres déformés vu toutes les problématiques, qu’elles soient intérieures ou extérieures. La mainmise sur notre destinée et sur nos ressources par des despotes qui nous gouvernent et vendent leur âme au diable seulement pour durer au pouvoir le plus longtemps possible.

    Il y a une politique qui se fait à l’échelle internationale, économique et financière, qui voit dans notre région une source de profits et de richesses et veut mettre la main dessus. Ils mettent des milliards pour rentabiliser la mise en sabotant les droits des peuples. Cela se fait en trouvant des agents (les régimes, ndlr) et les moyens de les diviser pour que les conflits perdurent et qu’ils puissent pendant ce temps tirer le maximum de profits. Fort heureusement, il y a des résistances qui sautent à leur figure et chamboulent leur vie sans pour autant les stopper.

    L’une des grandes problématiques liées aussi aux droits de l’homme est la question de la femme et sa place dans la société…

    Le féminisme n’est le propre d’une culture ou d’une civilisation. Les femmes dans le monde arabe, depuis longtemps, en temps de guerre comme de paix, ont voulu prouver qu’elles sont égales de l’homme. Ce n’est pas parce qu’il y a des différences de genre qu’il y a forcément une inégalité et une hiérarchisation. Ce n’est pas la faute de la religion, mais de ceux qui parlent de religion et utilisent l’idéologie à des fins discriminatoires. On utilise l’action d’une minorité dogmatique pour décréditer tout le monde.

    Par ailleurs, je crois que la femme doit croire qu’elle est capable de beaucoup de choses, tout comme l’homme, et qu’elle ne doit plus continuer à intégrer l’idée qu’on se fait d’elle. Il faut qu’elle croie en ses capacités. Il est évident que la société arabe est misogyne et patriarcale. Il y a une interaction entre l’idée qu’on se fait de nous-mêmes et le regard posé par l’autre sur nous. On se voit à travers l’autre. C’est pour cela que je dis qu’il y a nécessité de travailler sur ces leviers pour débloquer cette situation qui demeure problématique. Cela doit passer par la compréhension de l’homme, de l’idée, qu’il s’agisse avant tout de son intérêt, en libérant la femme, il se libère lui-même.

    Comment voyez-vous la situation des minorités dans le monde arabe ?

    Elles n’ont pas la vie facile. Au lieu d’intégrer ces minorités en respectant leurs différences et en faire une grande richesse, on les a sacrifiés.

    Hacen Ouali
    El Watan
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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