ÊTRE ÉMIGRÉ MUSULMAN EN EUROPE
La Valise ou la dissolution identitaire
«J’ai une grande estime pour la religion prêchée par Mohammed parce qu’elle déborde d’une vitalité merveilleuse. Elle est la seule religion qui me paraît contenir le pouvoir d’assimiler la phase changeante de l’existence - pouvoir qui peut la rendre attractive à toute période...J’ai prophétisé sur la foi de Mohammed qu’elle sera acceptable à l’Europe de demain.» Goethe, en 1810
Un événement qui défraie la chronique cette semaine en Europe: l’affirmation d’Angela Merkel quant à l’échec du multiculturalisme. Ceci vise, on l’aura compris, en priorité l’émigration turque qui a accompagné l’Allemagne pendant plus d’un siècle. Souvenons-nous tout le XIXe siècle a vu les coups de boutoir occidentaux russes et principalement anglais et français s’en prendre à l’intégrité du territoire de l’empire ottoman arrachant les provinces chrétiennes, Grèce, Bulgarie, attisant les haines religieuses vers 1856 au Liban pour finalement imposer un «moutassarif chrétien» à même de gérer les communautés chrétiennes mettant à mal les firmans des millets qui ont permis la coexistence pacifique des communautés religieuses pendant des centaines d’années.
La fin du XIXe siècle a vu les fameux accords entre le sultan Abdulhamid et le kaiser Guillaume pour la construction du train Bagdad Bahn en réalité pour exploiter les gisements de pétrole sur le parcours jusqu’à Baghdad. La Première Guerre mondiale a vu la défaite de l’Allemagne et de son allié l’empire ottoman qui fut dépecé par Sykes et Picot (les ministres des Affaires étrangères anglais et français) avant même la fin de la guerre. L’émigration turque n’est donc pas récente et il est connu qu’il y a une acculturation, il y a des députés d’origine turque au Bundestag.
Pourquoi alors cette déclaration d’Angela Merkel qui, bien que fille de pasteur, ne fait pas de la religion un credo comme George Bush? De plus sa formation de brillante scientifique, elle est titulaire d’un doctorat en Physique quantique, ne la prédispose pas à l’irrationnel. Il est vrai que ces déclarations ravivent le débat sur l’immigration et l’Islam. Comme rapporté dans le Nouvel Observateur, l’Allemagne manque de main-d’oeuvre qualifiée et ne peut pas se passer d’immigrants, mais ceux-ci doivent s’intégrer et adopter la culture et les valeurs allemandes, a-t-elle insisté dans un discours devant les Jeunesses de sa formation conservatrice.
L’Allemagne divisée
Le credo «Multikulti» (multiculturel). Le débat sur l’immigration divise l’Allemagne depuis la publication d’un pamphlet d’un haut fonctionnaire, Thilo Sarrazin, qui, sous le titre «L’Allemagne se défait», affirme que son pays «s’abrutit» sous le poids des immigrés musulmans. Une étude publiée cette semaine montre même que plus de 50% d’entre eux tolèrent mal les musulmans. Plus de 35% estiment que l’Allemagne est «submergée» par les étrangers et 10% que l’Allemagne devrait être dirigée «d’une main ferme» par un «Führer».
Angela Merkel semblait ainsi ménager l’aile libérale de sa formation et l’aile conservatrice, incarnée par le chef de la CSU, Horst Seehofer. Ce dernier avait déjà lancé vendredi devant le même public: «Nous nous engageons pour la culture de référence allemande et contre le multiculturel. Le Multikulti est mort». Les déclarations ravivent le débat sur l’immigration et l’Islam-NouvelObs.com 20 octobre 2010.
Le Financial Times Deutschland analysant ces déclarations, écrit: «La vie politique allemande ne connaît à l’heure actuelle de problème plus important que l’Islam. Mais pour quelles raisons? Augmentation de la violence? Attentat? Nouvelles révélations désastreuses sur le système scolaire? Pas du tout. La raison est simple: les chrétiens-démocrates craignent de perdre leur base conservatrice.
Et voilà que Horst Seehofer, le président de la CSU, et Angela Merkel, la présidente de la CDU, s’imaginent qu’ils vont regagner le terrain perdu avec des concepts des années 80 comme «le multiculturalisme» et «la culture dominante.» (..) On pourrait presque ignorer ce battage à usage interne des dirigeants chrétiens-démocrates sur la culture dominante s’il n’avait un effet dévastateur à l’étranger. La chancelière allemande a également insisté sur la nécessité de se montrer «exigeant» à l’égard des immigrés».(1)
Le discours d’Angela Merkel est du pain bénit pour les extrémistes en France d’Ivan Rioufol, pyromane. Ecoutons-le déverser sa bile: «Nicolas Sarkozy est-il prêt à reprendre les propos tenus par Angela Merkel? Le constat de faillite du système multiculturel, dressé par la chancelière, est identique à celui qui s’observe en France ou partout en Europe. (...) Merkel est poussée par une opinion qui est en train de se radicaliser vis-à-vis de l’immigration et singulièrement de l’Islam. «Nous nous sentons liés aux valeurs chrétiennes. Celui qui n’accepte pas cela n’a pas sa place ici».
Elle estime néanmoins nécessaire une immigration qualifiée et ajoute que «l’Islam fait partie de l’Allemagne». Cette volte-face allemande, qui officialise la mise en danger de l’identité occidentale par la poursuite d’immigrations de peuplement heurtant les valeurs des pays d’accueil, est une déclaration de guerre au politiquement correct et à son idéologie antiraciste.(...) Or, cela n’est pas vrai.
Le multiculturalisme, loin d’être une addition de richesses, se vit comme un appauvrissement de la cohésion nationale et comme une source croissante de tensions ethniques et religieuses. Mais, l’Elysée persiste à tenir un discours ambigu sur ce multiculturalisme, même si Sarkozy en a suggéré les limites en rendant hommage, par sa visite à Benoît XVI, aux racines chrétiennes de la France. (...) Sarkozy aurait tout intérêt à la suivre aussi dans son analyse de la faillite du métissage, que les faussaires s’emploient à nier. Osera-t-il?» (2)
Dans le même ordre et dans toute l’Europe de droite, «on se bat» pour faire retrouver à l’Europe ses valeurs et son fond rocheux chrétien.
C’est le cas des mouvements populaires européens mis en branle par une «volonté de résister» à la destruction des identités nationales, la ligue du Nord en Italie, le mouvement de Geert Wilders en Hollande,l’English Defense League en G-B. On assiste ainsi en Europe à des tentatives lancinantes pour stigmatiser la communauté émigrée d’origine musulmane, pour attiser les tensions, et semer la haine. Les médias occidentaux, acquis dans leur majorité à ce discours, tendent graduellement vers une lepénisation des esprits par une doxa incantée comme une certitude.(3)
Pour rappel, L’Express a publié une enquête début 2006 sur la montée de l’Islam en Europe. Malraux, lors de la campagne présidentielle en 1974 écrivait: «Politiquement, l’unité de l’Europe est une utopie. Il faudrait un ennemi commun pour l’unité politique de l’Europe, mais le seul ennemi commun qui pourrait exister serait l’Islam.» Déjà en 1956 au plus fort de la Guerre d’Algérie, Malraux traçait à sa façon le chemin à des idéologues comme Huntington et surtout Bernard Lewis. Que disait-il?: «La nature d’une civilisation, c’est ce qui s’agrège autour d’une religion. Notre civilisation est incapable de construire un temple ou un tombeau. Elle sera contrainte de trouver sa valeur fondamentale, ou elle se décomposera.»(4)
«Pendant des décennies, écrivent Eric Conan et Christian Makarian, la plupart des pays ont compté sur leur force d’attraction et d’intégration pour que ces nouveaux fidèles se fondent dans leurs modèles. Ils s’aperçoivent aujourd’hui que certaines revendications remettent en question leurs propres valeurs. En 1989, l’Europe avait cru sortir des tensions de l’Histoire avec l’effondrement de l’hydre soviétique. (...) Comme si, dans l’histoire longue du continent, la parenthèse refermée de la courte confrontation Est-Ouest du XXe siècle laissait à nouveau la place au face-à-face entre Islam et Occident balisé par quelques dates immémoriales dans l’histoire de l’Europe et du monde musulman: 732, la victoire de Poitiers; 1492, la reconquête de la péninsule Ibérique; 1571, la bataille de Lépante; 1683, le siège de Vienne, et 1918, la chute de l’Empire ottoman.
Une histoire qui a laissé des traces profondes dans la vie quotidienne des Européens, dont beaucoup trempent tous les jours un «croissant» dans leur café sans savoir que ce rite date de la défaite de la «Horde» (l’armée turque) devant les remparts de Vienne» Au début des années 1990, M.Bolkestein commissaire européen, a déclaré incompatibles les valeurs des musulmans et celles de son pays. S’agissant de l’adhésion de la Turquie: «Si cela devait arriver, la libération de Vienne, en 1683, n’aurait servi à rien. Nous «les» avions arrêtés à Poitiers...Nous «les» avions arrêtés devant Vienne. Nous «les» arrêterons encore...sinon, l’Europe sera musulmane d’ici à la fin du siècle.»(5)
à suivre...
La Valise ou la dissolution identitaire
«J’ai une grande estime pour la religion prêchée par Mohammed parce qu’elle déborde d’une vitalité merveilleuse. Elle est la seule religion qui me paraît contenir le pouvoir d’assimiler la phase changeante de l’existence - pouvoir qui peut la rendre attractive à toute période...J’ai prophétisé sur la foi de Mohammed qu’elle sera acceptable à l’Europe de demain.» Goethe, en 1810
Un événement qui défraie la chronique cette semaine en Europe: l’affirmation d’Angela Merkel quant à l’échec du multiculturalisme. Ceci vise, on l’aura compris, en priorité l’émigration turque qui a accompagné l’Allemagne pendant plus d’un siècle. Souvenons-nous tout le XIXe siècle a vu les coups de boutoir occidentaux russes et principalement anglais et français s’en prendre à l’intégrité du territoire de l’empire ottoman arrachant les provinces chrétiennes, Grèce, Bulgarie, attisant les haines religieuses vers 1856 au Liban pour finalement imposer un «moutassarif chrétien» à même de gérer les communautés chrétiennes mettant à mal les firmans des millets qui ont permis la coexistence pacifique des communautés religieuses pendant des centaines d’années.
La fin du XIXe siècle a vu les fameux accords entre le sultan Abdulhamid et le kaiser Guillaume pour la construction du train Bagdad Bahn en réalité pour exploiter les gisements de pétrole sur le parcours jusqu’à Baghdad. La Première Guerre mondiale a vu la défaite de l’Allemagne et de son allié l’empire ottoman qui fut dépecé par Sykes et Picot (les ministres des Affaires étrangères anglais et français) avant même la fin de la guerre. L’émigration turque n’est donc pas récente et il est connu qu’il y a une acculturation, il y a des députés d’origine turque au Bundestag.
Pourquoi alors cette déclaration d’Angela Merkel qui, bien que fille de pasteur, ne fait pas de la religion un credo comme George Bush? De plus sa formation de brillante scientifique, elle est titulaire d’un doctorat en Physique quantique, ne la prédispose pas à l’irrationnel. Il est vrai que ces déclarations ravivent le débat sur l’immigration et l’Islam. Comme rapporté dans le Nouvel Observateur, l’Allemagne manque de main-d’oeuvre qualifiée et ne peut pas se passer d’immigrants, mais ceux-ci doivent s’intégrer et adopter la culture et les valeurs allemandes, a-t-elle insisté dans un discours devant les Jeunesses de sa formation conservatrice.
L’Allemagne divisée
Le credo «Multikulti» (multiculturel). Le débat sur l’immigration divise l’Allemagne depuis la publication d’un pamphlet d’un haut fonctionnaire, Thilo Sarrazin, qui, sous le titre «L’Allemagne se défait», affirme que son pays «s’abrutit» sous le poids des immigrés musulmans. Une étude publiée cette semaine montre même que plus de 50% d’entre eux tolèrent mal les musulmans. Plus de 35% estiment que l’Allemagne est «submergée» par les étrangers et 10% que l’Allemagne devrait être dirigée «d’une main ferme» par un «Führer».
Angela Merkel semblait ainsi ménager l’aile libérale de sa formation et l’aile conservatrice, incarnée par le chef de la CSU, Horst Seehofer. Ce dernier avait déjà lancé vendredi devant le même public: «Nous nous engageons pour la culture de référence allemande et contre le multiculturel. Le Multikulti est mort». Les déclarations ravivent le débat sur l’immigration et l’Islam-NouvelObs.com 20 octobre 2010.
Le Financial Times Deutschland analysant ces déclarations, écrit: «La vie politique allemande ne connaît à l’heure actuelle de problème plus important que l’Islam. Mais pour quelles raisons? Augmentation de la violence? Attentat? Nouvelles révélations désastreuses sur le système scolaire? Pas du tout. La raison est simple: les chrétiens-démocrates craignent de perdre leur base conservatrice.
Et voilà que Horst Seehofer, le président de la CSU, et Angela Merkel, la présidente de la CDU, s’imaginent qu’ils vont regagner le terrain perdu avec des concepts des années 80 comme «le multiculturalisme» et «la culture dominante.» (..) On pourrait presque ignorer ce battage à usage interne des dirigeants chrétiens-démocrates sur la culture dominante s’il n’avait un effet dévastateur à l’étranger. La chancelière allemande a également insisté sur la nécessité de se montrer «exigeant» à l’égard des immigrés».(1)
Le discours d’Angela Merkel est du pain bénit pour les extrémistes en France d’Ivan Rioufol, pyromane. Ecoutons-le déverser sa bile: «Nicolas Sarkozy est-il prêt à reprendre les propos tenus par Angela Merkel? Le constat de faillite du système multiculturel, dressé par la chancelière, est identique à celui qui s’observe en France ou partout en Europe. (...) Merkel est poussée par une opinion qui est en train de se radicaliser vis-à-vis de l’immigration et singulièrement de l’Islam. «Nous nous sentons liés aux valeurs chrétiennes. Celui qui n’accepte pas cela n’a pas sa place ici».
Elle estime néanmoins nécessaire une immigration qualifiée et ajoute que «l’Islam fait partie de l’Allemagne». Cette volte-face allemande, qui officialise la mise en danger de l’identité occidentale par la poursuite d’immigrations de peuplement heurtant les valeurs des pays d’accueil, est une déclaration de guerre au politiquement correct et à son idéologie antiraciste.(...) Or, cela n’est pas vrai.
Le multiculturalisme, loin d’être une addition de richesses, se vit comme un appauvrissement de la cohésion nationale et comme une source croissante de tensions ethniques et religieuses. Mais, l’Elysée persiste à tenir un discours ambigu sur ce multiculturalisme, même si Sarkozy en a suggéré les limites en rendant hommage, par sa visite à Benoît XVI, aux racines chrétiennes de la France. (...) Sarkozy aurait tout intérêt à la suivre aussi dans son analyse de la faillite du métissage, que les faussaires s’emploient à nier. Osera-t-il?» (2)
Dans le même ordre et dans toute l’Europe de droite, «on se bat» pour faire retrouver à l’Europe ses valeurs et son fond rocheux chrétien.
C’est le cas des mouvements populaires européens mis en branle par une «volonté de résister» à la destruction des identités nationales, la ligue du Nord en Italie, le mouvement de Geert Wilders en Hollande,l’English Defense League en G-B. On assiste ainsi en Europe à des tentatives lancinantes pour stigmatiser la communauté émigrée d’origine musulmane, pour attiser les tensions, et semer la haine. Les médias occidentaux, acquis dans leur majorité à ce discours, tendent graduellement vers une lepénisation des esprits par une doxa incantée comme une certitude.(3)
Pour rappel, L’Express a publié une enquête début 2006 sur la montée de l’Islam en Europe. Malraux, lors de la campagne présidentielle en 1974 écrivait: «Politiquement, l’unité de l’Europe est une utopie. Il faudrait un ennemi commun pour l’unité politique de l’Europe, mais le seul ennemi commun qui pourrait exister serait l’Islam.» Déjà en 1956 au plus fort de la Guerre d’Algérie, Malraux traçait à sa façon le chemin à des idéologues comme Huntington et surtout Bernard Lewis. Que disait-il?: «La nature d’une civilisation, c’est ce qui s’agrège autour d’une religion. Notre civilisation est incapable de construire un temple ou un tombeau. Elle sera contrainte de trouver sa valeur fondamentale, ou elle se décomposera.»(4)
«Pendant des décennies, écrivent Eric Conan et Christian Makarian, la plupart des pays ont compté sur leur force d’attraction et d’intégration pour que ces nouveaux fidèles se fondent dans leurs modèles. Ils s’aperçoivent aujourd’hui que certaines revendications remettent en question leurs propres valeurs. En 1989, l’Europe avait cru sortir des tensions de l’Histoire avec l’effondrement de l’hydre soviétique. (...) Comme si, dans l’histoire longue du continent, la parenthèse refermée de la courte confrontation Est-Ouest du XXe siècle laissait à nouveau la place au face-à-face entre Islam et Occident balisé par quelques dates immémoriales dans l’histoire de l’Europe et du monde musulman: 732, la victoire de Poitiers; 1492, la reconquête de la péninsule Ibérique; 1571, la bataille de Lépante; 1683, le siège de Vienne, et 1918, la chute de l’Empire ottoman.
Une histoire qui a laissé des traces profondes dans la vie quotidienne des Européens, dont beaucoup trempent tous les jours un «croissant» dans leur café sans savoir que ce rite date de la défaite de la «Horde» (l’armée turque) devant les remparts de Vienne» Au début des années 1990, M.Bolkestein commissaire européen, a déclaré incompatibles les valeurs des musulmans et celles de son pays. S’agissant de l’adhésion de la Turquie: «Si cela devait arriver, la libération de Vienne, en 1683, n’aurait servi à rien. Nous «les» avions arrêtés à Poitiers...Nous «les» avions arrêtés devant Vienne. Nous «les» arrêterons encore...sinon, l’Europe sera musulmane d’ici à la fin du siècle.»(5)
à suivre...
Commentaire