Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Délit d’opinion : un universitaire condamné à 6 mois de prison.

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Délit d’opinion : un universitaire condamné à 6 mois de prison.

    L’universitaire Ahmed Rouadjia, docteur d’Etat en histoire et en sociologie politique, a été condamné à six mois de prison ferme et 20 000 DA d’amende par la cour de M’sila, le 29 septembre dernier, suite à une deuxième plainte pour diffamation, déposée par le recteur de l’université de M’sila, Slimane Barhoumi.

    Un verdict qui vient confirmer la décision du tribunal du 5 mai dernier. Ahmed Rouadjia vient de faire appel en attendant l’avis de la Cour suprême. «Je préfère être condamné pour un délit d’opinion que pour corruption», nous déclarait, hier, l’universitaire. Et d’ajouter : «si cette affaire aidera à mettre en exergue les problèmes de l’université, je suis prêt à purger la peine.» L’enseignant, dont le seul tort était d’avoir exprimé une opinion sur l’Université algérienne dans la presse nationale, a déjà été traduit en justice une première fois suite à une plainte du même recteur. Une plainte suivie d’une condamnation confirmée par la cour de M’sila, le 14 octobre 2009, pour diffamation en plus des 25 000 DA d’amende. Le recteur l’avait même suspendu de ses fonctions d’enseignant à l’université et avait bloqué son salaire suite à son article «L’Université algérienne en général et celle de M’sila en particulier» paru dans le quotidien El Watan du 10 mai 2008. Article dans lequel il dénonçait la situation précaire des enseignants de l’université.

    Cette affaire intervient alors que le président Bouteflika vient de souligner (mercredi) dans son discours d’ouverture de l’année universitaire à Ouargla, la nécessité d’améliorer les conditions socioprofessionnelles des enseignants. Dans ses articles, le professeur Rouadjia mettait l’accent sur la nécessité de revaloriser le travail des enseignants et leur donner tous les moyens nécessaires pour mener à bien leurs missions de recherche et d’enseignement. «Les enseignants, tous grades confondus, travaillent dans un environnement plus que précaire, les conditions d’enseignement et de recherche sont lamentables», avait-il écrit.

    Nina Sellés (El Watan).
    Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay

  • #2
    Il y a moyen d'en savoir un peu plus?

    Cela dit, j'émets des réserves (déjà le délit d'opinion n'existe pas dans un état de droit et pour cause). OK tout n'est pas rose en Algérie (affaire des jeûneurs) mais quand même, on peut quand même encore dire à peu près ce qu'on veut.

    Il n'a semble-t-il été poursuivi que par l'université de M'sila et son recteur et a été condamné pour diffamation par pour ce qu'il pense de l'université algérienne en général...
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

    Commentaire


    • #3
      Il y a beaucoup d'articles plubliés sur cette affaire, je ne peux pas les lire tous, ni les mettre d'ailleurs, l'article qui a mis le feu aux poudres, je n'ai pas réussi à le retrouver, mais bon, voila comment que ça se passe dans nos universités :


      M’sila : Ahmed Rouadjia réhabilité.

      Par El Watan du 16/07/2009.

      Ahmed Rouadjia, enseignant à l’université de M’sila, est enfin rétabli dans ses droits ! Après une année de suspension absolument arbitraire de son poste, assortie d'une privation injuste de son salaire.

      Il doit cette réhabilitation à une solidarité active. Les deux branches sœurs du CNES , ont apporté chacune à sa manière leur soutien sans lequel sa cause aurait été perdue, comme celle de dizaines de ses collègues qui furent contraints à l’exil, faute d’avoir été défendus de manière ferme. A l’exemple de Saïd Kouachi qui, après avoir été muté de l'université de Tébessa, où on lui a créé bien des ennuis, à celle de Khenchela, s'est trouvé soudainement projeté dans l'enfer des petits complots locaux qui lui valurent quelques nuits en prison, le licenciement abusif, l'humiliation, la déprime, puis ce sentiment d'injustice intolérable. Il durent, lui, son épouse et ses enfants, s'exiler en Arabie Saoudite Les syndicats de l'enseignement supérieur n'ont pas été les seuls à soutenir Ahmed Rouadja : Des dizaines de collègues des quatre coins du pays, et non affiliés aux syndicats l’ont soutenu, qui par message électronique, qui par coup de fil, qui par des articles reproduits sur les divers sites Internet et qui, encore, par virement sur son compte CCP. Certains quotidiens nationaux, notamment El Watan, Algérie News, Le Quotidien d'Oran, ont fait connaître ce qu'il était convenu d'appeler «l'affaire Rouadjia». Des hommes de culture, de lettres et de lois qu’il n'a jamais connus, hormis à travers leurs écrits, lui ont apporté leur soutien moral.
      Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay

      Commentaire


      • #4
        Larges extraits de l'article "diffamatoire":

        L'université algérienne en général et celle de M’sila en particulier

        Les enseignants de l'université de M'sila se coltinent au quotidien avec un «gros paquet» de problèmes insolubles. Le premier — de taille — auquel sont confrontés la plupart d'entre eux est celui du logement.
        Le second est celui de l'inexistence des moyens matériels qui leur permettraient d'accomplir leur mission dans des conditions normales. Le troisième, qui leur complique encore plus la vie, est le refus systématique et réitéré par le recteur d'établir le moindre contact ou dialogue avec les enseignants représentés par les syndicats (Cnes, UGTA). La plupart de ces enseignants ne sont pas logés. Leur nombre s'élèverait à plus de 600 dont beaucoup viennent de loin (Alger, Blida, Biskra, Bou Saâda, Sétif, El Bourdj, etc.). Ils n'ont de cesse de réclamer aux responsables de l'université un logement décent qui leur permettrait d'avoir pied-à-terre pour accomplir à bien leur mission. Leur demande ne sont pas entendues, et cela dure depuis environ cinq ans. Ceux qui ont eu «la chance» d'avoir un lit pour dormir se partagent, à cinq voire à huit, un appartement de deux pièces attribué par l'établissement. [...] La raison de l'entassement des hommes et des objets est que ces enseignants sont confinés, malgré eux, dans une sorte de «clochardisation», de paupérisation, qui ne leur donne que peu de temps pour produire un enseignement ou un savoir de qualité pour eux-mêmes et pour leurs étudiants.[...]
        Le second problème crucial est celui de l'absence d'espace de travail propice à la recherche. Les enseignants, tous grades confondus, travaillent dans un environnement plus que précaires. Leurs conditions d'enseignement de recherche sont lamentables. Nous pensons que ce problème n'est pas l'apanage de la seule université de M'sila, mais qu'il affecte sans doute toutes les universités nationales où les enseignants logent à la même enseigne. Mais là, en l'occurrence à M'sila, il y a une spécificité locale qui la distingue des autres. Cette spécificité réside dans la gestion quasi «monarchique» de l'établissement qui fait que le dialogue se trouve bloqué et les vrais problèmes qui les concernent, y compris le devenir de l'université, sont refoulés ou niés. Ici, les problèmes, plus qu'ailleurs peut-être, se trouvent multipliés et aggravés par le fait que les enseignants ne sont pas seulement privés de logement, mais aussi et plus grave encore de dignité et de moyens de travail. Comme chez eux, ils sont mal «logés» à l'université, et seuls les couloirs leurs servent de point de ralliement, de rencontres et d'échanges plus chargés de propos amers, que d'enthousiasme. Point de goût pour parler «science», communication, colloque, thèses et antithèses ! Souvent, ces enseignants se confondent avec les étudiants auxquels ils se mêlent malgré eux. En effet, en dehors des fonctionnaires et des employés (doyens, vice-doyens, chefs de départements, etc.), nul enseignant ne dispose de bureau, d'ordinateur et de téléphone pour mener ses recherches, et être par ce biais en contact avec les chercheurs nationaux et étrangers. Pour tout contact lié à la recherche, les enseignants usent de leurs téléphones portables. Pour imprimer des textes, faire des recherches sur le Web, consulter leurs boites électroniques et envoyer des e-mails, ils recourent aux cybercafés, ce qui grignote leur budget constitué de leurs maigres salaires. Telle est la triste réalité de l'enseignant universitaire, en général, et celui de M'sila, en particulier. [...]
        Ce sont ces deux problèmes — le logement et l'inexistence d'espace propice à la réflexion — qui rejettent les enseignants vers les cafés d'alentour dont nous avons vu l'insalubrité et les vacarmes assourdissants pour y accomplir, tant bien que mal, certaines de leurs tâches (correction, rédaction, correspondances inter-universitaires, etc.) Ceux qui répugnent à se replier sur ces espaces populaires, ils se trouvent tout bonnement contraints de faire ce qu'ils peuvent dans les couloirs de l'université, debout, sans autres supports pour écrire que leurs serviettes ou cartables.[...]

        Le recteur et ses méthodes de gestion
        C'est que notre université est gérée non pas selon une conception d'un savoir autonome et indépendant, mais d'après une vision administrative étroite et étriquée[...] Ce qui se passe chez nous, malheureusement, c'est l'enrôlement de la sphère intellectuelle, son asservissement au service de la fonction bureaucratique dont nous allons donner des exemples tirés de l'observation des faits. Notre recteur n'est pas seulement peu commode, mais ne se prête guère non plus à l'écoute d'autrui. Rares sont les enseignants qui peuvent l'approcher, l'interpeller. Ils redoutent ses réactions imprévisibles, et parfois brutales. A sa vue, certains enseignants, aussi bien «précaires» que «permanents», tremblent de peur. Combien de fois n'a-t-il pas eu maille à partir avec certains enseignants ? Lors des examens du mois de mars passé, toutes les salles et les amphis, où se déroulaient les examens, ont eu presque tous une visite improvisée de M. le recteur qui ne se déplaçait, en de telles occasions, que flanqué de quatre ou cinq agents de sécurité triés en fonction de leurs mines sévères et résolues. En dehors des périodes d'examens, M. le recteur effectue aussi quelquefois des visites improvisées aux salles de cours et de TD. Toujours suivi de ses inévitables agents; il s'y introduit sans crier gare. Certains enseignants, au lieu de protester contre cette manière de procéder aussi incivique qu'illégale, s'empressent au contraire de lui réserver une sorte d'accueil impérial en ordonnant à leurs étudiants de se lever, comme au primaire ! La peur fait plier l'échine et perdre la dignité de certains de mes collègues qui oublient que nous sommes dans un Etat de droit où la Constitution et les lois de notre pays imposent des règles strictes et des limites à l'arbitraire. La méconnaissance des lois, jointe à la peur et à ses réminiscences, font que certains favorisent plus qu'ils ne combattent les violations de nos droits et de nos libertés politiques, civiques et civiles. De telles pratiques sont indignes et contraires aux lois et aux intérêts de l'université qui doit être un espace de dialogue, de concertation et de responsabilité partagé et non exclusif. Je devine bien les soucis de M. le recteur qui seraient ceux de ne pas avoir «de vagues» de contestation dans l'établissement. Il voudrait une université paisible, calme, sans bruit, où les choses se dérouleraient le plus normalement possible, et comme il le désirerait lui-même. En effet, nous sommes tous pour le calme, l'ordre, le respect de la hiérarchie, des règles et de la discipline. Mais ce n'est pas avec l'autoritarisme, le recours aux agents de «la peur» et le refus de tendre la main aux enseignants que l'on peut parvenir à une gestion apaisée de notre université. La bonne gestion de l'université et sa réussite est une affaire de tous, administration et enseignants, et non l'affaire d'une poignée d'individus grisés par leurs responsabilités, et qui en abusent. Il en résulte de ce qui précède que l'enseignement et la recherche dans ce type d'environnement social et institutionnel auront le plus grand mal à «décoller». Ils sont tributaires et conditionnés par des structures mentales, psychologiques et psychiques complexes qui s'enracinent au plus profond de l'inconscient collectif. Ce ne sont donc pas forcément les institutions en tant que cadres juridiques et physiques qu'il faut incriminer, mais ce sont surtout les hommes, ou certains hommes, qui, prisonniers qu'ils sont par des schèmes de pensée, de sentir et d'agir préétablis, dévient de leur mission première ou pervertissent l'institution particulière qui leur est confiée en gérance. Ainsi en est-il de certains responsables qui gèrent l'université de manière à la fois autoritaire et privative. De cette manière, la culture saisie au sens général ne saurait s'épanouir ou progresser d'un iota. Un responsable qui refuse le dialogue avec les enseignants ; qui ne sait pas qui fait quoi ; qui n'accorde pas d'audience ; qui ne répond pas au courrier ni aux propositions de recherche ; qui ne s'enquiert pas de l'état de la recherche dans son établissement ; qui confond gestion administrative et gestion scientifique, et, qui plus est, bloque toutes les initiatives susceptibles de donner corps à des projets de recherche, un tel responsable ne saurait en effet prétendre concourir dans le sens de l'excellence et de la visibilité scientifique de son établissement. «Surveiller et punir.» (Michel Foucault) n'est pas une bonne chose, car elle ne fait pas progresser d'un atome la science. Au contraire, elle l'a fait régresser. La meilleure manière, la plus élégante et la plus civilisée, est la bonne gouvernance qui consiste à écouter, à comprendre et à associer les efforts de tous aux objectifs communs que sont la réussite et la performance de l'université. Telle devrait être en effet toute démarche ordonnée et intelligente.

        Ahmed Rouadjia
        El Watan le 10/05/2008
        "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

        Commentaire


        • #5
          Merci benam pour l'article.

          On aurait tout vu et tout entendu, quand la vérité devient diffamation.
          Ceux qui ont eu «la chance» d'avoir un lit pour dormir se partagent, à cinq voire à huit, un appartement de deux pièces attribué par l'établissement. [...] L
          Quel gâchis ! Et on pousse les enseignants, ainsi que les medecins à exercer à l'intérieur du pays
          Notre recteur n'est pas seulement peu commode, mais ne se prête guère non plus à l'écoute d'autrui. Rares sont les enseignants qui peuvent l'approcher, l'interpeller. Ils redoutent ses réactions imprévisibles, et parfois brutales. A sa vue, certains enseignants, aussi bien «précaires» que «permanents», tremblent de peur. Combien de fois n'a-t-il pas eu maille à partir avec certains enseignants ?
          Si M. Ahmed Rouadjia dit vrai, ce recteur n'est pas sociable du tout, pour ne pas le comparer à autre chose.
          Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay

          Commentaire


          • #6
            Bonsoir RoboCop.

            Les termes de l'article de M. Rouadjia sont durs à l'égard du recteur de l'université de M'sila, mais je ne vois pas en quoi ils sont diffamatoires.
            M. Rouadjia dénonce à la fois les conditions de l'enseignement et de la recherche scientifique, les modes de gestion de l'université de M'sila ainsi que les attitudes et comportements du recteur. En gros, il parle de ce qu'il considère comme préjudiciable à l'accomplissement correct des missions de son université.
            Si ce qu'il dit est un tant soit peu vrai, devait-il alors subir et se taire?

            J'ai visité cet été un grand campus universitaire d'Oran. Après un petit tour dans les amphis et locaux administratifs, j'en suis reparti écoeuré avec l'impression d'avoir visité un bidonville insalubre.

            Ce que M. Rouadjia ne dit pas, ou évite de dire en sa (supposée) qualité de syndicaliste(?), c'est que les enseignants portent une lourde responsabilité dans la dégradation sur tous les plans de l'université algérienne. Et son propre cas en est une illustration: si son article apparaît comme diffamatoire c'est principalement en raison de la passivité de ses collègues et de leur acceptation, parce qu'e cela les arrange d'une façon ou d'une autre, de la situation déplorable de l'enseignement et de la recherche universitaires...
            "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

            Commentaire

            Chargement...
            X