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Le Congo et la Somalie armés à profusion

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  • Le Congo et la Somalie armés à profusion

    Dans deux études publiées cette semaine, le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), un centre de réflexion suédois spécialisé dans les transferts d'armements, s'intéresse à la fourniture d'armes dans deux "trous noirs" africains, la République démocratique du Congo et la Somalie. Dans le premier pays, ex-Zaïre, dirigé par Joseph Kabila, les armes continuent d'affluer pour alimenter les groupes armés luttant pour le contrôle des richesses minières au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri. Les affrontements violents se poursuivent entre d'une part les forces armées gouvernementales (FARDC - Forces armées de la République démocratique du Congo) et d'autre part les groupes rebelles - singulièrement le FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) composé principalement d'anciens génocidaires hutus dirigés par Ignace Murwanashyaka et le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) de Laurent Nkunda, actuellement détenu au Rwanda.

    En 2003, un embargo de l'ONU avait été décidé contre ces groupes alimentés depuis l'étranger, mais il n'est pas appliqué. Des quantités considérables de fusils d'assaut, de munitions, de lance-roquettes et de mitrailleuses lourdes leur parviennent, principalement depuis la Tanzanie, le Burundi et le Rwanda. Par ailleurs, il paraît acquis que des membres des FARDC facilitent la contrebande d'armes vers les groupes rebelles. Le gouvernement congolais s'approvisonne activement en Ukraine, en Corée du nord et en Chine, les armes transitant souvent par le Soudan. La RDC n'est pas soumise à un embargo, mais doit notifier ses achats au Comité des sanctions de l'ONU, tout comme les pays vendeurs. Or Joseph Kabila s'y refuse avec énergie. Le SIPRI note que les États-Unis s'interdisent également de faire connaître à l'ONU la nature des formations et entraînements qu'ils fournissent à la RDC. Pour l'organisation suédoise, "alors qu'ils sont membres du conseil de sécurité, le refus de la Chine et des États-Unis de se conformer au processus de notification adresse un message particulièrement mauvais aux autres États fournisseurs d'armements, et sapent les efforts visant à les encourager à se soumettre aux règles".

    Le chaos somalien

    La situation est différente en Somalie, mais certainement pas plus simple. Depuis 1991 et la sécession du Somaliland, au nord du pays, la situation n'a cessé de se dégrader. En 1992, l'ONU lance l'opération de maintien de la paix, l'UNOSOM, mais les casques bleus pakistanais sont attaqués. Une opération plus agressive, Restore Hope, est alors lancée par l'ONU avec un fort appui américain, mais c'est un désastre et le président Clinton ordonne le retour de ses troupes en octobre 1993. Le chaos dure depuis près de vingt ans, et les efforts de la communauté internationale demeurent vains à ce jour pour remettre sur pied ce pays. Outre le Somaliland, le Puntland a fait sécession. Les milices islamistes Shebab se sont imposées par la force et règnent sur la majeure partie de la capitale Mogadiscio. Un gouvernement de transition sans réel pouvoir est protégé par 6.000 soldats de l'Union africaine (Amisom) et demeure le seul interlocuteur de la communauté internationale. L'Union européenne a lancé un programme de formation des forces de ce gouvernement, l'EUTM (European Training Mission) à laquelle participe l'armée française.

    Malgré un embargo international, les milices sont alimentées en armes, allant du fusil d'assaut aux équipements antichars et antiaériens. Ces armes proviennent pour partie des stocks constitués pour les forces du gouvernement de transition. Une bonne partie de leurs armes seraient revendues au marché noir. De même, des officiers éthiopiens et ougandais de l'Amisom procéderaient à de juteux trafics avec les milices. Mais la principale source d'approvisionnement serait le gouvernement érythréen, sous embargo depuis décembre 2009.

    Une chose, au moins, est certaine : toutes les forces concernées par les conflits en RDC et en Somalie reçoivent des armes à profusion. Certains États respectent les embargos, d'autres pas. Les belligérants trouvent sans aucune peine les fonds nécessaires pour acheter les armes, et tout ce qui est nécessaire pour les transporter. C'est dans cette phase-là qu'un trafic peut être stoppé, comme ce fut le cas en décembre 2009 pour un Iliouchine-76 intercepté à Bangkok alors qu'il transportait des armes de Corée du Nord vers l'Afrique.

    source : Le Point
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